Lee Chang-dong nous a habitué à des oeuvres magnifiques et cela continue. On côtoie ici la sensibilité, l'émotion, mais aussi les situations sordides. La poésie ne réside pas que dans les mots ou les vers, c'est une façon d'être, un art de vivre. Nous naviguons ici dans les oppositions : la vie et la mort, le beau et le laid, l'apparence de la réalité et la réalité elle-même, l'univers hypocrite des bien-pensants et celui d'une grand-mère excentrique qui comprend mieux qu'on ne l'imagine, la richesse d'argent et la noblesse intérieure, la pauvreté vécue et la sécheresse des coeurs, l'intimité née de la compassion et les sombres calculs, comme si la douleur d'une mère endeuillée pouvait s'acheter. Ce film plaira à tous ceux qui aiment voir la vie telle qu'elle est, avec les gens ordinaires et les autres, à tous ceux, aussi qui admettent la lenteur, car c'est le rythme qu'a choisi Lee Chang-dong.