Sur une petite île italienne, les habitants, qui vivaient uniquement de la pêche, ne survivent maintenant que grâce au tourisme. Les images sont belles et le réalisateur insiste sur les contraires, avec, par exemple, les prises de vue au dessus et au fond de la mer, les paysages vues de loin ou de haut, et le carré de sable de la plage. Quand la relative quiétude des insulaires est troublée par l'arrivée de clandestins, chacun va se révéler aux autres mais surtout à lui même. Le film nous montre les évènements à travers le regard de chacun des personnages, et selon la distance qu'il veut, ou qu'il peut y mettre, distance physique et émotionnelle. Les situations sont mises en parallèle et il est alors facile de comprendre les différences de points de vue, mais aussi la disparité dans les conditions humaines. L'image la plus marquante est celle de ce radeau surpeuplé transportant des clandestins morts de fatigue, de faim et de soif, se jetant à l'eau avec l'espoir de survivre, et le bateau, surpeuplé lui aussi, mais transportant, en musique, les nombreux touristes qui dansent et font la fête, et qui plongeront eux aussi, mais pour le plaisir et l'agrément. Mais ce film ne porte pas un jugement, il présente les faits, tels qu'ils sont, avec sensibilité et honnêteté, en laissant toute liberté à chaque spectateur.