Posté par 2ccr le 7 juin 2012 sur Conscience Citoyenne Responsable
Un point commun majeur est que toutes sont des démocraties
représentatives qui reposent essentiellement sur l’élection, mais
paradoxalement le poids du citoyen sur la prise de décision par les gouvernants
est de plus en plus faible. Le pouvoir est finalement exercé par une élite peu
contrôlée, qui est très proche de l’élite économique, et beaucoup plus sensible
aux pressions des lobbys que des mouvements citoyens. Ensuite, les gouvernants
se sont laissés eux-mêmes dessaisir d’une grande partie de leur pouvoir et ils
ont de moins en moins d’emprise sur la sphère économique et financière.
Contrairement à l’idéal antique de la démocratie
athénienne, où l’assemblée des citoyens concentrait l’essentiel du pouvoir
décisionnel et où se pratiquait le tirage au sort, la rotation et la
collégialité des fonctions, le pouvoir est actuellement exercé par une classe
politique professionnelle. Cette professionnalisation proche de l’oligarchie
prolonge le principe que tout le monde n’est pas capable d’exercer des charges
gouvernementales, et qu’il est nécessaire de gouverner à la place d’une opinion
publique jugée versatile et dangereuse.
La France est le seul pays d’Europe où une même personne, le président
de la république, incarne la communauté politique et à la fois gouverne.
Ailleurs, le président assure un rôle moral et symbolique d’arbitre, mais le
pouvoir exécutif est aux mains du premier ministre. De plus, dans nos
frontières, le poids du législatif par rapport à l’exécutif est
particulièrement faible, et le cumul des mandats généralisé. Notre système est
vraiment très déséquilibré.
Notre culture du pouvoir ne va pas nécessairement dans le
sens de la démocratie. Des formes de prises de décisions autoritaires et
personnalisées s’observent à tous les niveaux, au niveau national (président de
la république) comme au niveau local (maire). Avec cette culture de l’autorité,
va aussi une absence de contre-pouvoirs et d’acceptation de la possibilité
d’une remise en question des pouvoirs élus. La France est un exemple
paroxystique de démocratie majoritaire où, lorsqu’un pouvoir l’a emporté grâce
à une élection, il peut en faire ce qu’il veut. On est loin de l’idéal
démocratique !
Il faut en finir avec l’idée que seuls les élus par
la grâce d’une élection peuvent incarner l’internet général, et donc
monopoliser la prise de décision. Il faudrait par exemple ouvrir le champ à des
assemblées citoyennes tirées au sort ou permettre les référendums d’initiative
populaire. Cela exige cependant que des mouvements sociaux d’ampleur fassent
bouger le centre de gravité de l’agenda politique. Cela s’est déjà produit à
partir du 19éme siècle par exemple, l’émergence de partis de masse a favorisé
l’instauration de l’état social.
On ne pourra absolument pas changer le système s’il n’y a pas
un réveil citoyen via des mouvements sociaux de masse, des mobilisations
importantes… ; rien ne peut dire encore si ces mouvements pourront contraindre
le système à s’adapter, mais il est certain que les institutions et les élites
telles qu’elles sont ne se réformeront que si elles y sont contraintes par la
rue.
D’après un article de Loïc BLONDIAUX
et Yves SINTONER pour le journal du CNRS
« Il vient une heure ou
protester ne suffit plus, après la philosophie, il faut l’action »…Victor HUGO