lundi 8 octobre 2012

Christine Lagarde : la Marie-Antoinette du FMI (MediaBeNews)

Christine Lagarde : la Marie-Antoinette du FMI

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C’est une interview qu’il faudra conserver tant elle démontre la bêtise économique des technocrates qui nous gouvernent mais aussi leur manque le plus élémentaire de tout humanisme et d’intérêt du sort d’autrui. La Marie-Antoinette de Bercy, qui a déménagé à Washington, a encore frappé.
Qu’on leur donne de la brioche !
Christine Lagarde est une spécialiste des dérapages. Elle avait proposé comme solution de prendre son vélo au lieu de la voiture en 2008 quand le prix de l’essence s’était envolé. Pratique quand on a des enfants et pour les courses ! Elle s’était aussi félicitée de la croissance en novembre 2008 ! La marquise de Bercy semble encore plus déconnectée de la réalité depuis qu’elle a remplacé DSK à la tête du FMI, comme le montre cette incroyable interview donnée au Figaro.
A une question sur la dévaluation interne menée dans la zone euro, pour compenser le fait qu’ils ne peuvent pas faire baisser les prix avec la monnaie unique, elle ose dire : « un des signes avant-coureur du succès de cette approche est la reprise des exportations. En faisant baisser les prix des facteurs de production, en particulier le prix du facteur travail, on espère rendre le pays plus compétitif (…) On le voit déjà un peu au Portugal, en Espagne, et on commence à le voir un peu en Grèce ».
On se demande dans quel monde la patronne du FMI vit pour parler de « signes avant-coureur du succès ». S’agit-il du triplement du niveau du chômage en Espagne ou en Grèce, passé de 8 à 24% en 5 ans ? S’agit-il de l’effondrement du pouvoir d’achat, de la misère qui se développe, du système de santé qui ne parvient plus à soigner les citoyens ? Et quand elle dit qu’il faut faire baisser « le prix du facteur travail », c’est la novlangue pour dire « baisser les salaires » de la population. Quelle ironie de la part de quelqu’un qui a promu le pouvoir d’achat de Bernard Tapie.
Perroquet néolibéral
Le pire est que cette inhumanité révoltante n’est même pas compensée par une pensée économique un tant soit peu valable. Elle répête les imbécilités de Jean Claude Trichet pour qui « croissance et austérité ne sont pas incompatibles » au mépris de la simple observation de la réalité, des études réalisées par les services du FMI, ou des travaux de deux « prix Nobel d’économie », Paul Krugman et Joseph Stiglitz. Le reste de l’interview révèle la pauvreté de sa réflexion dans le domaine.
Il y a quelque chose de terrifiant à la voir admettre que la Grèce a fait un effort considérable en réduisant son déficit budgétaire de 9% du PIB en seulement trois ans, de proposer toujours plus d’austérité, de considérer que cette voie est la bonne et d’y voir des « signes avant-coureur du succès » malgré la misère qui se répend dans ce pays. A-t-elle seulement un cœur ? Ou l’idéologie néolibérale est-elle une religion si puissante qu’elle arrive à faire croire que la terre est plate ?
Christine Lagarde affirme que « dans le cas de la Thaïlande ou de l’Indonésie, par exemple, nous avons dans le passé opté pour des programmes forts, demandant beaucoup d’efforts immédiats, mais sur des durées relativement courtes. Cela tenait aux caractéristiques de ces pays ainsi qu’au fait qu’autour d’eux la croissance se maintenait ». Le constat est juste mais il est incroyable qu’elle ne tire pas la conclusion que la Grèce, le Portugal et l’Espagne sont dans une impasse.
Cette élite technocratique est à vomir. Certes, nos sociétés sont aujourd’hui démocratiques et policées, mais de telles provocations en viennent presque à faire regretter les pratiques d’il y a 220 ans. A force de torturer les peuples, leur révolte pourrait bien finir par ne pas être calme et posée.