Le FMI découvre que l’austérité est bien plus nocive que prévu
Aïe...Le FMI a fait une découverte : l’austérité a un impact plus sévère que prévu sur l’économie. Après avoir fait boire bien des potions amères, pendant des decennies, à des pays en crise, le Fonds monétaire semble constater que ses prescriptions n’étaient pas forcément adaptées.
François Hollande, qui s’est engagé dans une course folle à la réduction du défict, avec pour objectif un chiffre totemique, les « 3% du PIB », devrait lire cette étude. (résumée page 41 de l’Economic Outlook, ici en PDF) Que dit elle ?
Depuis l’économiste John Maynard Keynes, la plupart des économistes l’admettent : sauf circonstances exceptionnelles, l’austérité budgétaire (baisse des dépenses publiques) ou fiscale (hausse des impôts) n’est pas bonne pour la croissance. Symétriquement, les mesures de relance prises par l’Etat, baisse d’impôts ou hausses des dépenses, dopent la croissance.
Le lien entre l’intervention budgetaire et fiscale de l’Etat et la croissance est appelé le « multiplicateur ».
Jusque là, le FMI considérait que pour les économies avancées, ce multiplicateur était de 0,5. Autrement dit : 10 euros de hausse d’impôt (ou de baisse des dépenses) entrainait une perte pour la croissance de 5 euros.
Le FMI estime aujourd’hui que cette évaluation était erronée. Selon leurs recherches, qui portent sur les huit dernières decennies, le multiplicateur serait situé entre 0,9 et 1,7.
Autrement dit : si un Etat augmente ses impôts ou baisse ses dépenses de l’équivalent de 1% du PIB, l’impact pour la croissance se situera entre 0,9 et 1,7 point, selon la conjoncture.
Bercy ne dévoile pas le multiplicateur qu’il retient pour ses prévisions budgétaires – une opacité regrettable. Mais il y a de fortes chances que ce dernier soit proche de 0,5, car la prévision de croissance officielle pour 2013, de 0,8%, est plus élevée comparé que les projections d’autres organismes.
Prenez par exemple l’Observatoire français des conjonctures économiques : le multiplicateur fiscal que ses chercheurs ont retenu est de 0,9 et leur prévision de croissance « sort » à 0%.
Pour un homme politique, réduire le déficit budgétaire sur la base d’un multiplicateur de 0,5 peut-être une option efficace. Mais si le multiplicateur est de 1,7 toute politique d’austérité ne peut qu’être inefficace.
Et le résultat de cette politique de « sérieux budgétaire », en terme de réduction du déficit public, sera nul.
Ce scénario n’est pas imaginaire. « C’est ce qui se passe actuellement en Espagne où malgré les efforts budgétaires, le déficit public reste à près de 8%. Cela a un coût social énorme : le chômage atteint 25% », commente Mathieu Plane, de l’OFCE.
Et l’effet dévastateur est démultiplié par le fait que tous les pays européens sont partis dans cette course délirante aux 3% : dans cette sarabande funeste, chacun importe la rigueur de l’autre, et l’ensemble du continent glisse vers la dépression.
François Hollande, qui s’est engagé dans une course folle à la réduction du défict, avec pour objectif un chiffre totemique, les « 3% du PIB », devrait lire cette étude. (résumée page 41 de l’Economic Outlook, ici en PDF) Que dit elle ?
Gare au « multiplicateur »
Avant d’entrer dans le vif de celle-ci, il faut faire un détour par le « multiplicateur keynésien ». Ne fuyez pas, vous allez voir, c’est assez simple à comprendre.Depuis l’économiste John Maynard Keynes, la plupart des économistes l’admettent : sauf circonstances exceptionnelles, l’austérité budgétaire (baisse des dépenses publiques) ou fiscale (hausse des impôts) n’est pas bonne pour la croissance. Symétriquement, les mesures de relance prises par l’Etat, baisse d’impôts ou hausses des dépenses, dopent la croissance.
Le lien entre l’intervention budgetaire et fiscale de l’Etat et la croissance est appelé le « multiplicateur ».
Jusque là, le FMI considérait que pour les économies avancées, ce multiplicateur était de 0,5. Autrement dit : 10 euros de hausse d’impôt (ou de baisse des dépenses) entrainait une perte pour la croissance de 5 euros.
Le FMI estime aujourd’hui que cette évaluation était erronée. Selon leurs recherches, qui portent sur les huit dernières decennies, le multiplicateur serait situé entre 0,9 et 1,7.
Autrement dit : si un Etat augmente ses impôts ou baisse ses dépenses de l’équivalent de 1% du PIB, l’impact pour la croissance se situera entre 0,9 et 1,7 point, selon la conjoncture.
Sérieux ou stupidité budgétaire ?
Si cette étude du FMI est exacte, conduire une politique d’austérité en période de crise est d’une stupidité sans nom (ce que beaucoup d’économistes savent déjà, mais l’orthodoxie économique ambiante les dissuadent de le crier trop fort).Bercy ne dévoile pas le multiplicateur qu’il retient pour ses prévisions budgétaires – une opacité regrettable. Mais il y a de fortes chances que ce dernier soit proche de 0,5, car la prévision de croissance officielle pour 2013, de 0,8%, est plus élevée comparé que les projections d’autres organismes.
Prenez par exemple l’Observatoire français des conjonctures économiques : le multiplicateur fiscal que ses chercheurs ont retenu est de 0,9 et leur prévision de croissance « sort » à 0%.
Pour un homme politique, réduire le déficit budgétaire sur la base d’un multiplicateur de 0,5 peut-être une option efficace. Mais si le multiplicateur est de 1,7 toute politique d’austérité ne peut qu’être inefficace.
« C’est ce qui se passe en Espagne »
Avec un multiplicateur de 1,7, l’effort budgétaire et fiscal qui nous est aujourd’hui demandé (environ 1,8% de PIB : 28 milliards de hausses des prélèvements obligatoires et 8 milliards d’euros de réduction des dépenses) nous fera tout droit plonger en récession, avec des conséquences dramatiques en terme de chômage.Et le résultat de cette politique de « sérieux budgétaire », en terme de réduction du déficit public, sera nul.
Ce scénario n’est pas imaginaire. « C’est ce qui se passe actuellement en Espagne où malgré les efforts budgétaires, le déficit public reste à près de 8%. Cela a un coût social énorme : le chômage atteint 25% », commente Mathieu Plane, de l’OFCE.
Et l’effet dévastateur est démultiplié par le fait que tous les pays européens sont partis dans cette course délirante aux 3% : dans cette sarabande funeste, chacun importe la rigueur de l’autre, et l’ensemble du continent glisse vers la dépression.