mercredi 10 octobre 2012

Le traité budgétaire européen ratifié par l'Assemblée (Libération)

Économie

Le traité budgétaire européen ratifié par l'Assemblée

(Mis à jour: )
Les résultats du vote solennel sur le traité européen, à l'Assemblée nationale, ce mardi.
Les résultats du vote solennel sur le traité européen, à l'Assemblée nationale, ce mardi. (Charles Platiau. Reuters)

Analyse Le total des voix de gauche atteint 282, au-dessus du seuil pour la majorité absolue. Mais si le Premier ministre se félicite d'avoir pu faire adopter le texte sans les voix de droite, 20 socialistes ont voté contre.

Par LAURE EQUY
Avec ou sans le renfort de la droite? François Hollande et son Premier ministre peuvent souffler: le traité budgétaire européen vient d’être ratifié, ce mardi après-midi, par les députés et le total des voix de gauche atteint 282, au-dessus du seuil pour la majorité absolue (à 274 voix). Certes, l’exécutif a réussi son pari d’adopter le texte sans avoir à compter sur les voix de la droite et du centre, mais les votes «non» parmi les socialistes correspondent finalement à la fourchette haute des prévisions.
Ils sont 20, au sein du groupe PS - dont trois chévènementistes du MRC - à avoir maintenu leur vote «contre», 9 à s’être abstenus, malgré les multiples approches pour faire rentrer dans le rang les réticents. Parmi les «nonistes» invétérés, plusieurs figures de l’aile gauche du PS: Pascal Cherki, Henri Emmanuelli, Jérôme Guedj et même le député de Seine-Saint-Denis, Razzy Hammadi, qui semblait pourtant se diriger vers l’abstention.

«Pistolet sur la tempe»

Dans la matinée, le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, s’était montré confiant, misant sur une «majorité claire», adressant une dernière mise en garde: «Si politiquement il n’y avait pas cette majorité claire, alors ceux qui n’ont pas voté le texte porteraient une grave responsabilité.» Son homologue du groupe UMP, Christian Jacob, avait raillé ces pressions et accusé le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, d’avoir été «obligé de mettre un pistolet sur la tempe» des députés récalcitrants.
Aux 264 voix «pour» du groupe PS, il a donc fallu ajouter les 14 du groupe radical, républicain (Parti radical de gauche) et trois petits «oui» chez les écologistes pour obtenir une majorité de gauche. Un calcul dont se satisfait Jean-Marc Ayrault. «L’essentiel, c’est que la majorité socialiste, radicale de gauche et quelques écologistes ont compris ce qui était en train de se passer», a-t-il souligné. François Hollande a, lui aussi, voulu retenir que «la gauche s’est réunie pour voter ce traité et qu’elle n’aurait pas eu besoin des voix de la droite pour le faire adopter même s’il est bon et bien que la droite, l’opposition, une large partie d’entre elle, ait également voté ce traité».
Lors des explications de vote, les députés communistes et écologistes ont rappelé les raisons de leur «non». Deux semaines après la manifestation antitraité du Front de gauche, André Chassaigne (PCF) a tonné contre le refus du gouvernement de consulter les électeurs sur ce traité. Il en est sûr, ce «traité de l’austérité» n’aurait pas passé l’épreuve pas du référendum. «Vous craignez le débat démocratique» et «le verdict du peuple», a-t-il accusé.
La co-présidente du groupe EELV, Barbara Pompili, a, elle, tenté d’assurer que «l’explosion de la majorité» prédite n’avait finalement pas eu lieu lors du débat parlementaire. Tout en garantissant que les écologistes restaient «partenaires de la majorité», elle a justifié le fait que 12 des 17 députés EE-LV aient voté contre par «une parole d’exigence vis-à-vis de l’Europe»: «Nous avons besoin de plus d’Europe mais d’une Europe qui met en commun et non qui fonctionne sur une méfiance mutuelle».

Dix-sept votes contre à l'UMP

La droite, plus à l’aise pour voter un traité qu’elle juge conforme «à la virgule près» au texte négocié en mars par Nicolas Sarkozy, ne s’est pas privée pour insister sur les couacs de la majorité. «Pendant que l’UMP se montre responsable, le comportement de la gauche est un peu surréaliste», surfe Pierre Lequiller, chargé de l’explication de vote. Pourtant, au sein du principal groupe d’opposition, les souverainistes n’ont pas non plus flanché: 17 ont voté contre, dont les membres du collectif Droite populaire, Jacques Myard, Lionnel Luca, Jean-Pierre Decool et Patrick Verchère. Et 6 se sont abstenus.
Dans le camp du «non» de droite, on retrouve aussi le Modem Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), la villiériste Véronique Besse, et les trois députés d’extrême droite, Marion Maréchal-Le Pen, Gilbert Collard et Jacques Bompard.
Ce sont, dès mercredi, les sénateurs qui vont entamer l’examen du traité européen. «Après ce vote de l’Assemblée nationale, le Sénat se prononcera, j’ai toute confiance: la France aura donc décidé de consolider son engagement en Europe», a assuré le Premier ministre.