MERCREDI 10 OCTOBRE 2012
Le scénario de la fuite en avant est gravé dans le marbre européen. Malgré les promesses du candidat François Hollande, sa majorité parlementaire a ratifié hier à Paris le Traité budgétaire européen rédigé par le duo Merkel-Sarkozy. Le texte, qui renforce la limitation du déficit public déjà prévue par le traité de Maastricht, a été plébiscité dans un bel élan d’unanimité par les socialistes et l’UMP. Paradoxalement, le principal bémol hier venait du Fonds monétaire international (FMI), dont les dernières prévisions disent mieux que de longs discours le prix des politiques d’austérité.
Selon le FMI, la zone euro est entrée en récession et son PIB se contractera de 0,4% en 2012. Pour mémoire, la croissance était encore de 2% en 2010, après que plusieurs Etats eurent mis en œuvre des plans de relance afin d’amortir la crise de 2008. C’était avant le virage imposé dès mai 2010 par les financiers et le gouvernement allemand.
La comparaison avec les Etats-Unis est à cet égard intéressante. Malgré le creusement des déficits, Barack Obama s’est, lui, refusé à sabrer trop violemment dans les dépenses fédérales. Aujourd’hui, avec 2,2% de croissance et un chômage au-dessous de son niveau de janvier 2009, le démocrate n’a pas à rougir de son bilan.
En Europe, a contrario, le chômage a crû de moitié depuis l’éclatement de la bulle financière. Et la tendance s’aggrave. Plusieurs Etats vivent cette année la pire crise de leur histoire, avec des reculs de 4% en Grèce, 2,3% en Italie, 1,5% en Espagne et 0,4% en Grande-Bretagne. Dans le cadre d’une économie capitaliste libérale, on sait ce que ces chiffres signifient en termes de suppressions d’emplois et de coupes dans le secteur public.
La France vit une situation un peu moins catastrophique. L’importance des droits sociaux a amorti la crise et le PIB devrait juste stagner. Mais les mesures prises par le nouveau président, pourtant élu sur la promesse de la relance, laissent augurer du pire. Le FMI est à ce titre implacable: les objectifs de réduction des déficits fixés par la France seraient d’ores et déjà caducs. Et le Fonds d’appeler – c’est le monde à l’envers! – les Etats à modérer leurs coupes, du moins à les étaler dans le temps.
Prise en otage par une secte technocratique qui rêve d’appauvrir le continent pour favoriser sa compétitivité, l’UE est largement responsable de cet aveuglement. Ses institutions rendent impossible un vrai débat démocratique européen. Au lieu de choix surgis des urnes, on assiste à des marchandages interétatiques parasités par les intérêts privés. Dans ce débat faussé, l’interrogation sur les causes des déficits actuels a vite été évacuée. A la place, on a préféré rédiger un traité Père Fouettard qui aligne des chiffres (0,5%, 3%, 60%) plus ou moins magiques et des concepts (déficit structurel, soutenabilité des finances) plus ou moins fumeux.
En soi, la mise en place de garde-fous limitant les déficits ne serait pas un problème. A la condition que le Souverain puisse choisir, librement, s’il entend agir sur les dépenses ou sur les recettes ou sur les deux. Mais dans cette Europe qui marche sur la tête, l’unité monétaire et budgétaire s’est imposée sans que soient prévues convergence fiscale, politique économique commune, institutions démocratiques. Le machin qui en a résulté ne pouvait être qu’une essoreuse de droits sociaux.
Selon le FMI, la zone euro est entrée en récession et son PIB se contractera de 0,4% en 2012. Pour mémoire, la croissance était encore de 2% en 2010, après que plusieurs Etats eurent mis en œuvre des plans de relance afin d’amortir la crise de 2008. C’était avant le virage imposé dès mai 2010 par les financiers et le gouvernement allemand.
La comparaison avec les Etats-Unis est à cet égard intéressante. Malgré le creusement des déficits, Barack Obama s’est, lui, refusé à sabrer trop violemment dans les dépenses fédérales. Aujourd’hui, avec 2,2% de croissance et un chômage au-dessous de son niveau de janvier 2009, le démocrate n’a pas à rougir de son bilan.
En Europe, a contrario, le chômage a crû de moitié depuis l’éclatement de la bulle financière. Et la tendance s’aggrave. Plusieurs Etats vivent cette année la pire crise de leur histoire, avec des reculs de 4% en Grèce, 2,3% en Italie, 1,5% en Espagne et 0,4% en Grande-Bretagne. Dans le cadre d’une économie capitaliste libérale, on sait ce que ces chiffres signifient en termes de suppressions d’emplois et de coupes dans le secteur public.
La France vit une situation un peu moins catastrophique. L’importance des droits sociaux a amorti la crise et le PIB devrait juste stagner. Mais les mesures prises par le nouveau président, pourtant élu sur la promesse de la relance, laissent augurer du pire. Le FMI est à ce titre implacable: les objectifs de réduction des déficits fixés par la France seraient d’ores et déjà caducs. Et le Fonds d’appeler – c’est le monde à l’envers! – les Etats à modérer leurs coupes, du moins à les étaler dans le temps.
Prise en otage par une secte technocratique qui rêve d’appauvrir le continent pour favoriser sa compétitivité, l’UE est largement responsable de cet aveuglement. Ses institutions rendent impossible un vrai débat démocratique européen. Au lieu de choix surgis des urnes, on assiste à des marchandages interétatiques parasités par les intérêts privés. Dans ce débat faussé, l’interrogation sur les causes des déficits actuels a vite été évacuée. A la place, on a préféré rédiger un traité Père Fouettard qui aligne des chiffres (0,5%, 3%, 60%) plus ou moins magiques et des concepts (déficit structurel, soutenabilité des finances) plus ou moins fumeux.
En soi, la mise en place de garde-fous limitant les déficits ne serait pas un problème. A la condition que le Souverain puisse choisir, librement, s’il entend agir sur les dépenses ou sur les recettes ou sur les deux. Mais dans cette Europe qui marche sur la tête, l’unité monétaire et budgétaire s’est imposée sans que soient prévues convergence fiscale, politique économique commune, institutions démocratiques. Le machin qui en a résulté ne pouvait être qu’une essoreuse de droits sociaux.
Le Courrier