lundi 29 octobre 2012

L’Ultimatum Aux « Grands » Patrons (Politis)


Par Sébastien Fontenelle - 28 octobre 2012

L’Ultimatum Aux « Grands » Patrons

 
Ce matin, à la une du Journal du Dimanche (qui est, rappelons, la propriété d’Arnaud Lagardère), « les PDG des 98 plus grandes entreprises » françaises lancent au gouvernement un « ultimatum des grands patrons » - sur le thème : maintenant, Jean-Marc Ayrault, tu nous fais vite fait « une baisse massive des charges » et tu planifies, pour la financer, « 60 milliards de réduction des dépenses ».
(Tu ponctionnes dès demain la plèbe pour mieux nous gaver, Jean-Marc Ayrault, ou sinon : tu vas t’en prendre plein ta petite gueule.)
On lit ça, n’est-ce pas : on se frotte les yeux, et on se dit que ça doit être une blague.
Mais pas du tout - et on découvre plutôt, dans les interminables pages que Le Journal du Dimanche consacre à cette « mise en garde », qu’« un haut responsable patronal », courageusement caché derrière son anonymat, « menace » carrément les pouvoirs publics, et les prévient que, s’ils choisissent la vie plutôt que la bourse, « les hostilités seront lourdes », et « les réactions excessivement violentes ».
Car explique-t-il : « Il y a des gens à cran dans nos rangs ».
On se dit alors que les gens du [1] Journal du Dimanche (les GDJDD) ne vont pas laisser passer sans réagir les propos de cette sinistre petite frappe, et qu’ils vont lui opposer la même fermeté qu’ils mettent, habituellement, dans leurs crânes dénonciations des « incivilités » de la « jeunesse » des « quartiers ».
Mais là encore : ça ne se passe pas du tout comme on l’attendait.
Puisqu’en effet : les GDJDD, loin de s’offusquer des intimidations de ce grotesque bouffon, les trouvent, manifestement, très excitantes - et se contentent par conséquent - merveilles du dressage - de les restituer, au mot près, sans la moindre réserve.
(Même : l’excellent Bruno Jeudy, rédacteur en chef, peine, dans son éditorial de la semaine, à bien dissimuler qu’en sortant « de leur réserve dans le JDD » - et nulle part ailleurs -, les « plus gros employeurs privés français » lui donnent des tumescences.)
Mais gageons que le gouvernement saura, de son côté, trouver les mots pour faire aux ultimateux la réponse qu’ils méritent - et pour leur signifier que puisqu’ils ont eux-mêmes fait le choix de promettre des « hostilités » et « des réactions extrêmement violentes », ils devront désormais se tenir sur leurs gardes.
Car il se pourrait qu’un jour le bon peuple, fatigué de leur insultante arrogance - et las, surtout, de leurs incessantes brutalités langagières et sociales, réagisse, lui aussi, de façon extrêmement violente.
Et qu’à son tour il leur lance un ultimatum un peu net, du style : vous êtes 98, nous sommes vingt millions, et nous sommes un peu « à cran » - vous choisissez quoi, les rigolos ?
La valise, ou la valise ?