Par : Bernard Dodji Bokodjin
« Les capitalistes appellent « liberté de la presse » la liberté de corruption de la presse par les riches, la liberté d’utiliser la richesse pour fabriquer de toute pièce et falsifier la supposée « opinion publique ». Les défenseurs de la « démocratie pure » se manifestent aussi dans ce cas comme des défenseurs du plus immonde et vénal système de domination des riches sur les médias de masse, et en deviennent des menteurs qui trompent le peuple et qui, avec des phrases belles mais fausses jusqu’à la moelle, le détournent de la tâche historique concrète de libérer la presse de sa soumission au capital » Oscar Arias, président du Costa Rica.
« Les capitalistes appellent « liberté de la presse » la liberté de corruption de la presse par les riches, la liberté d’utiliser la richesse pour fabriquer de toute pièce et falsifier la supposée « opinion publique ». Les défenseurs de la « démocratie pure » se manifestent aussi dans ce cas comme des défenseurs du plus immonde et vénal système de domination des riches sur les médias de masse, et en deviennent des menteurs qui trompent le peuple et qui, avec des phrases belles mais fausses jusqu’à la moelle, le détournent de la tâche historique concrète de libérer la presse de sa soumission au capital » Oscar Arias, président du Costa Rica.
Ces mots du président du Costa Rica, révèlent la place que les médias occupent dans le monde actuel pour que les « riches du monde » déploient tout leur arsenal financier pour les contrôler. Depuis quelques décennies, les Technologie de l’Information et de la Communication (TIC) ont pris une importance capitale dans le quotidien de toute la population mondiale. Toute initiative, projet ou action ne peut connaitre de réussite s’il n’y a pas une communication adéquate autour du sujet. Internet, télévision, presse écrite, radio… tous diffusent à longueur de journée des informations sur les divers sujets qui alimentent l’actualité du monde. Et la population, dans la plupart des cas, prend pour « vérité biblique » les informations véhiculées par les médias.
Or, la plupart des « grands médias » sont au service d’un système qui a pour principal objectif, la domination des pays du Sud pour une appropriation de leurs ressources minières, financières et humaines. Les médias qui voudraient montrer une résistance dans la mise en application du plan austère des capitalistes sont rapidement submergés par des dollars, et tombent dans le piège bien affiné des financiers du monde. En 1880 à New-York, le journaliste John Swinton confessait que « le travail des journalistes consiste à utiliser le mensonge pur et simple, pervertir, diffamer et adorer le « Mammon » (l’argent) à ses pieds, pour détruire la vérité, et pour vendre son pays et son humanité pour manger chaque jour. Cela, vous le savez et je le sais, mais quelle est cette illusion de célébrer une presse indépendante ? Nous sommes les instruments et les vassaux de ces riches qui se cachent dans les coulisses. Nous sommes des marionnettes pour ceux qui en tirent les ficelles, et nous dansons. Nos talents, nos potentiels et nos vies sont propriétés d’autres hommes. Nous sommes des prostitués intellectuels ».
Dans ce paysage hautement corrompu, quelques médias s’efforcent encore de ne pas succomber à la tentation et luttent pour une distribution équitable des ressources de la planète, l’avènement des États de droit et une véritable démocratie adaptée au contexte africain, avec une justice équitable. D’autres encore sont engagés pour la cause des dominés et arrivent à constituer un contre-pouvoir réel des dirigeants. Pambazuka news est l’un de ces médias qui, de part ses articles, son espace d’expression, éclaire les peuples africains et du monde entier sur le système de gouvernance en faveur de quelques dirigeants au pouvoir en Afrique. Il montre, par les analyses de ses correspondants partout dans le monde, les voies et moyens empruntés par les « riches » du monde pour imposer une domination accrue sur les « pauvres ».
Il est clair que les peuples ne sont pas assez informés, ou sont mal informés sur le système de fonctionnement érigé en loi par les néolibéraux et qui sont respectés à la lettre par des dirigeants africains à la solde de ce système. C’est là toute l’importance des médias libres ou alternatifs qui œuvrent pour une éducation dite « citoyenne » car le pouvoir véritable appartient au peuple. L’existence de ces médias constitue un problème pour « les mercenaires » africains car ils donnent des informations jugées sensibles par les pouvoirs en place.
Pambazuka news milite pour sortir l’Afrique du joug colonialiste et de la domination des mafias de la françafrique. Les articles en trois (03) langues différentes est une opportunité unique que seuls des médias « commerciaux » possèdent. Ceci est un atout considérable car des milliers de lecteurs à travers le continent africain arrivent à saisir le sens véritable des actions posées par leurs gouvernants. Il convient de préciser que le journal Pambazuka news donne la possibilité à des mouvements sociaux, ONG, associations, artistes militants et activistes des droits de l’Homme qui sont boycottés par les grands médias de vulgariser leurs différentes actions ou activités menées dans le sens du véritable développement de l’Afrique. Il constitue une tribune où tous les articles provenants des quatre coins du continent sont publiés sans distinction aucune. Quitte aux acteurs et militants du continent d’en profiter et de faire valoir notre droit et de demander des comptes aux avides du pouvoir.
La révolution au Maghreb et dans le monde arabe a montré que seul le peuple peut choisir son dirigeant ; et ce pouvoir est inaliénable. Mais, pour que ce peuple arrive à montrer sa détermination dans le choix de son dirigeant, il faut qu’il soit suffisamment informé, éduqué et formé pour revendiquer ses droits. Le grand défi est d’arriver à concurrencer les médias mainstream qui passent à longueur de journée des télénovelas pour endormir le peuple ou encore qui font la propagande des dirigeants mafieux. Ce défi peut être relevé avec beaucoup d’abnégation et de travail de la part de militants du monde. Heureusement, les médias alternatifs constituent un moyen de diffusion d’informations, riches et vraies, sans discrimination, ceci pour impulser le développement du continent noir. Les messages véhiculés par ces médias sont différents, voire s’opposent à ceux des médias mainstream. Cette tendance doit être maintenue car c’est là que réside la force des médias alternatifs. L’uruguayo-vénézuélien Aram Ahoronian, un des fondateurs de teleSUR, met en garde contre les dangers qui guettent les médias alternatifs en disant : « il ne sert à rien d’avoir de nouveaux médias, de nouvelles télés, si nous n’avons pas de nouveaux contenus, si nous continuons à copier les formes dominantes. Il ne sert à rien d’avoir de nouveaux médias si nous ne croyons pas à la nécessité de nous voir avec nos propres yeux.
Parce que lancer des médias nouveaux pour répéter le message de l’ennemi, c’est être complice de l’ennemi ». D’où la nécessité d’avoir un forum social mondial des médias libres pour vulgariser les actions et consolider les acquis de ces médias. L’importance de ce forum réside dans la mobilisation qui sera autour de l’évènement et à chaque édition suscitera le partage d’expériences et des échanges d’idées qui permettront à chaque structure d’agir localement et de développer d’autres initiatives d’information. Les informations données et les messages passés doivent être ceux correspondant à chaque milieu et qui doivent agir véritablement sur les actions des communautés concernées. Penser globalement et agir localement, tel doit être le leitmotiv des médias alternatifs. L’avenir de l’Afrique en dépend.
Source original : http://cadtm.org/Les-medias-alternatifs-moyen-de
Bernard Dodji Bokodjin, Sociologue, membre d’Attac Togo / CADTM