Rudolf Balmer, correspondant de la Tageszeitung (Allemagne) et de la Basler Zeitung (Suisse), à propos de l’aéroport du Grand Ouest.
- Courrier international |
- 23 novembre 2012
Le gouvernement – et en particulier son chef – a-t-il raison de s’obstiner sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ?
Ce projet est un anachronisme. Il me semble qu’il date d’une époque où l’on croyait à une montée exponentielle du trafic aérien. Pas besoin d’être économiste pour comprendre que, dans ce domaine, l’offre ne suffit pas pour créer une telle demande. Le double rôle de Vinci en tant que constructeur et futur concessionnaire de l’aéroport est aussi troublant. Mais c’est surtout sur la concertation – principe pourtant si cher à François Hollande – que le bât blesse : on ne peut pas impunément passer outre au refus de ce projet par une partie importante de la population.
La position des écologistes – dans le gouvernement, mais contre ce projet – est-elle tenable ?
Les socialistes étaient parfaitement au courant du problème. Ce désaccord, connu par tous, ne peut donc a priori constituer une raison de démission des deux ministres verts. Mais, concrètement, il suffirait d’une bavure sur place ou d’une radicalisation du mouvement dans un contexte déjà bien tendu, et les verts ne pourraient plus justifier leur participation à un gouvernement dirigé par M. Ayrault. Pour le moment, les socialistes et les verts veulent jouer la montre, peut-être en espérant que l’hiver calmera l’ardeur des occupants sur place. Mais, théoriquement, il n’existe aucun compromis possible : soit on construit l’aéroport, soit on y renonce. Certains vont forcément perdre la face ! Sauf qu’en politique rien n’est aussi clair. Imaginons que la décision sur NDDL serve de monnaie d’échange : je renonce à l’aéroport (ou je le retarde), tu fais des concessions sur le nucléaire ou la fiscalité écologique…
La mobilisation très hétéroclite des “anti” fait-elle écho à des événements semblables en Allemagne ?
Bien sûr, elle fait penser à la résistance contre les transports Castor [les trains chargés de déchets radioactifs] ou à Stuttgart 21, c’est-à-dire la longue lutte contre le projet d’une gare dans la ville de Stuttgart.
Dans la lutte récente contre les déchets nucléaires de Gorleben, dans le Wendland, on n’observe pas seulement des formes de résistance semblables (routes barrées, cabanes dans les arbres), mais également une solidarité très forte de la population rurale avec les militants antinucléaires des villes, qui sont très politisés et qui intègrent leur combat dans une stratégie altermondialiste.
Ce projet est un anachronisme. Il me semble qu’il date d’une époque où l’on croyait à une montée exponentielle du trafic aérien. Pas besoin d’être économiste pour comprendre que, dans ce domaine, l’offre ne suffit pas pour créer une telle demande. Le double rôle de Vinci en tant que constructeur et futur concessionnaire de l’aéroport est aussi troublant. Mais c’est surtout sur la concertation – principe pourtant si cher à François Hollande – que le bât blesse : on ne peut pas impunément passer outre au refus de ce projet par une partie importante de la population.
La position des écologistes – dans le gouvernement, mais contre ce projet – est-elle tenable ?
Les socialistes étaient parfaitement au courant du problème. Ce désaccord, connu par tous, ne peut donc a priori constituer une raison de démission des deux ministres verts. Mais, concrètement, il suffirait d’une bavure sur place ou d’une radicalisation du mouvement dans un contexte déjà bien tendu, et les verts ne pourraient plus justifier leur participation à un gouvernement dirigé par M. Ayrault. Pour le moment, les socialistes et les verts veulent jouer la montre, peut-être en espérant que l’hiver calmera l’ardeur des occupants sur place. Mais, théoriquement, il n’existe aucun compromis possible : soit on construit l’aéroport, soit on y renonce. Certains vont forcément perdre la face ! Sauf qu’en politique rien n’est aussi clair. Imaginons que la décision sur NDDL serve de monnaie d’échange : je renonce à l’aéroport (ou je le retarde), tu fais des concessions sur le nucléaire ou la fiscalité écologique…
La mobilisation très hétéroclite des “anti” fait-elle écho à des événements semblables en Allemagne ?
Bien sûr, elle fait penser à la résistance contre les transports Castor [les trains chargés de déchets radioactifs] ou à Stuttgart 21, c’est-à-dire la longue lutte contre le projet d’une gare dans la ville de Stuttgart.
Dans la lutte récente contre les déchets nucléaires de Gorleben, dans le Wendland, on n’observe pas seulement des formes de résistance semblables (routes barrées, cabanes dans les arbres), mais également une solidarité très forte de la population rurale avec les militants antinucléaires des villes, qui sont très politisés et qui intègrent leur combat dans une stratégie altermondialiste.