L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a définitivement rejeté, mercredi 28 novembre, l’étude controversée du biologiste français Gilles-Eric Séralini, publiée le 19 septembre dans la revue Food and Chemical Toxicology, sur la toxicité du maïs OGM NK 603 de Monsanto et de l’herbicide Roundup.
« Les lacunes importantes constatées dans la conception et la méthologie de l’article (…) impliquent que les normes scientifiques acceptables n’ont pas été respectées et, par conséquent, qu’un réexamen des évaluations précédentes de la sécurité du maïs génétiquement modifié NK 603 n’est pas justifié », écrit l’EFSA.
L’agence européenne avait déjà conclu, dans un avis préliminaire rendu le 4 octobre, que l’étude incriminée était « de qualité scientifique insuffisante » pour être considérée comme « valide pour l’avaluation des risques ». L’examen final de l’EFSA confirme ce premier avis, en estimant « qu’il n’est pas possible de tirer des conclusions valables sur l’occurrence des tumeurs chez les rats testés ».
Dans son étude, Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen, a testé pendant deux ans, sur un groupe de 200 rats, les effets d’un régime alimentaire comprenant du maïs transgénique NK 603, à différents dosages et traité ou non au désherbant Roundup. Selon le biologiste, ce régime serait responsable de tumeurs mammaires, de nécroses du foie et d’inflammations rénales, provoquant une mortalité accrue des rongeurs..
L’EFSA, mais aussi les six Académies savantes françaises, le Haut Conseil des biotechnologies et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ont tous invalidé ces résultats. Les principales critiques portent, d’une part sur le fait que la souche de rats utilisée est connue pour développer spontanément des tumeurs, d’autre part que les effectifs des groupes de rats testés (dix mâles et dix femelles seulement servant de témoins) sont insuffisants pour en tirer des statistiques robustes.
Quelque 140 scientifiques français ont toutefois pris leurs distances avec les Académies savantes françaises. Et M. Séralini a également reçu le soutien de 200 scientifiques internationaux. Sans se prononcer sur le fond de l’étude, les partisans de M. Séralini, président du conseil scientifique du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen), estime qu’elle plaide en faveur d’études de long terme (plus de trois mois) sur la toxicité du maïs NK603 et de son herbicide associé.