Lors d’une conférence à la Chambre de commerce belgo-suisse à Bruxelles, le commandant de corps suisse André Blattmann, chef de l’Armée, a déclaré que la crise de la dette en Europe et le chômage élevé qui l’accompagne constituaient, pour la Suisse, la plus grande menace en matière de politique de sécurité.
« Pour moi », a-t-il dit, « le risque le plus grand est la crise de l’endettement. L’Italie comptabilisait à la fin de l’an passé une dette de 1900 milliards d’euros. Dans son budget de 2012, 80 milliards sont prévus pour le seul paiement des intérêts de la dette. La Suisse, elle, a un budget de 62 milliards de francs ». « De cette crise, pronostique-t-il, peut naître le désespoir, qui peut entraîner des phénomènes de radicalisation. » Exemples : le parti néonazi « Aube Dorée », qui vient d’entrer au Parlement grec avec 7 % des voix, et le parti d’extrême-droite hongrois Jobbik, qui a été créé en 2003. « Nous avons déjà vécu cela en Europe », a-t-il dit. « À mon avis, il faut être prêt à réagir ». Certes, les pays de l’UE promettent d’investir pour sortir de la crise « mais ils n’ont pas d’économies », constate-t-il.
Agacée, la porte-parole de la Commission européenne, Pia Ahrenkilde, a déclaré vendredi passé que Bruxelles ne comprenait pas les peurs de la Suisse. Que la Commission européenne n’avait aucune intention de commenter de pareils «scénario-catastrophe». Selon elle, l’Union européenne est et demeure un projet de paix. «C’est en tant que telle qu’elle a récemment aussi été honorée du prix Nobel de la paix».
Le chef de l’Armée regrette la «colère de Bruxelles», mais il affirme qu’il maintient son point de vue. Il dit que le but de n’importe quelle organisation de sécurité était de se préparer à des cas difficiles. Qu’il avait parlé des risques pour la sécurité en relation avec la crise de la dette. Si des cohortes de réfugiés débordaient sur la Suisse, l’armée devait protéger l’infrastructure nationale sensible, même s’il ne désirait pas voir ce scénario. L’armée a exercé ce cas en septembre, au cours de l’exercice «Stabilo Due», basé sur le scénario d’une guerre en Europe, qui provoquerait l’instabilité et des attentats.
Au printemps 2010, le même chef de l’Armée avait montré la «carte des risques» comme celle qu’il a présenté à Bruxelles, et il avait désigné cinq pays comme étant «en danger»: la Grèce, l’Espagne, l’Italie, la France et le Portugal.