Boxe office
Les conclusions d'une étude menée par deux chercheurs tendent à démontrer que les revenus du box-office étaient plus importants lorsque MegaUpload et MegaVideo fonctionnaient. Relevant ainsi un impact négatif de la fermeture des plateformes de Kim Dotcom, hormis sur les blockbusters, les auteurs de ces travaux pointent le rôle joué par le bouche à oreille.
Cela fait maintenant plus de dix mois que MegaUpload et Megavideo - les deux plateformes chères à Kim Dotcom - ont fermé leurs portes, suite à une décision de la justice américaine. Mais quel fut l’impact de cette fermeture sur les entrées dans les salles de cinéma ? Voilà la question qui a taraudé Christian Peukert et Jörg Claussen, chercheurs au sein de l’Université de Munich (Allemagne) et de l’École de Commerce de Copenhague (Danemark).
Le bouche à oreille mis en avant
À partir des résultats du box-office publiés sur le site Boxofficemojo entre 2007 et 2012, les deux scientifiques ont cherché à mesurer d’éventuels effets, d’après un échantillon de 1 344 films, diffusés dans 49 pays différents. « Nous avons trouvé que la fermeture [de MegaUpload] avait eu un effet négatif sur les revenus du box-office, hormis dans certains cas où cet effet était insignifiant », indiquent les chercheurs dans les conclusions de leurs travaux (PDF à télécharger ici), pointés par TorrentFreak. Cela signifie que d’une manière générale, les cinémas tournaient mieux lorsque la plateforme de Kim Dotcom fonctionnait. Afin d’assurer de la solidité de leurs résultats, les auteurs de cette étude affirment avoir pris en compte de nombreux paramètres propres à chaque pays (PIB, taux de pénétration de l’internet, popularité de MegaUpload, etc).
Pour expliquer cet « effet bénéfique » qu’aurait eu a contrario MegaUpload sur les entrées en salles, les chercheurs proposent une interprétation : il proviendrait du bouche à oreille effectué par ceux qui profitaient des services des plateformes de Kim Dotcom. Les auteurs relèvent en effet que leurs « constatations contre-intuitives » semblent suggérer une validation des théories sur les effets des réseaux sociaux, « en ce que le partage de fichiers agit comme un mécanisme de diffusion de l’information sur un bien, à partir de consommateurs dont la volonté de payer est nulle ou faible, vers des consommateurs dont la disposition à payer est élevée ».
Les blockbusters épargnés
Seule exception à cet effet négatif de la fermeture de MegaUpload : les blockbusters, ces films disposant de budgets très importants, comme le Seigneur des anneaux ou Pirates des Caraïbes. Les conclusions de l’étude révèlent en effet que les films diffusés sur plus de 500 écrans n'avaient pas vu leurs entrées diminuer après l'intervention contre les plateformes de Kim Dotcom. Les chercheurs en déduisent ainsi que les effets du bouche à oreille « semblent être particulièrement importants pour les films aux audiences les plus faibles », tout en ajoutant que « les théories traditionnelles prédisant un effet de substitution sont peut-être plus applicables aux blockbusters ».
La publication de cette étude n'a pas échappé à Kim Dotcom, qui en a profité pour railler sur Twitter les critiques régulièrement adressées à ses plateformes par la MPAA, le bras armé de l'industrie cinématographique américaine. Rappelons d'ailleurs que l'intéressé a également promis le remplacement de MegaUpload pour le 19 janvier, jour anniversaire de la fermeture du site.
Notons enfin que deux semaines après l'opération à l'encontre de MegaUpload, Canal+, M6 et TF1 n’avaient pas hésité à se féliciter de l’impact positif de cette fermeture sur les sites légaux. Nicolas de Tavernost, patron de la six, indiquait par exemple début février que W9 Replay, l’équivalent de M6 Replay pour la chaîne de la TNT, avait vu son trafic multiplié par quatre en quinze jours. Du côté du trafic français, la chute successive à la fermeture des sites de la galaxie Mega était de l'ordre de 12 %, comme le relevait Bouygues Télécom au lendemain de l'opération.
Xavier Berne
Journaliste, spécialisé dans les thématiques juridiques et politiques