Pour Rocard, il faut réduire le temps de travail et reculer l’âge de la retraite
L’ancien Premier ministre plaide pour une réduction du temps de travail, un ralentissement dans la réduction des déficits et un report de l’âge de la retraite à 65 ans.
L’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard plaide dans le Journal du dimanche pour un «ralentissement» dans la réduction des déficits, pour une réduction du temps de travail et pour un report de l’âge de la retraite à 65 ans.
«Il y a le feu», affirme Michel Rocard dans un entretien. «Regardez où en sont les moteurs de la croissance. La consommation est en panne à cause du chômage, l’investissement aussi puisque les perspectives sont nulles, les exportations sont en berne car l’Europe est en récession et la dépense publique est contrainte par l’objectif de réduire les déficits.»«Aussi longtemps que nous n’aurons pas fait accepter à nos partenaires européens un ralentissement dans la réduction de la dette, nous serons sous contrainte».«La première des urgences, c’est de faire baisser le chômage. Comme nous n’avons pas de croissance économique, la seule façon d’y parvenir est de réduire le temps de travail», assure-t-il. Reconnaissant que «ce sujet est un tabou», il souhaite «que la réflexion s’ouvre à nouveau».«En France, les salariés travaillent en moyenne 36,5 heures par semaine, contre moins de 33 heures en Allemagne et moins de 31 aux Etats-Unis. Il faut y parvenir par la négociation, en réduisant les cotisations sociales des entreprises», propose-t-il.
«Je dis qu’il faut travailler plus tous collectivement pour gagner plus collectivement. Ce qui permettra de réduire un peu la durée de chacun. Si les partenaires sociaux s’en saisissent, Hollande n’ira pas contre», assure Michel Rocard, qui vient de publier avec l’économiste socialiste Pierre Larrouturou un livre intitulé La gauche n’a plus droit à l’erreur.
Le socialiste suggère aussi d’en finir avec une borne d’âge pour le départ à la retraite et de se focaliser sur le nombre d’annuités. «La seule solution est d’allonger la durée de cotisation, d’aller peut-être jusqu’à 43 annuités», dit-il.
«On peut aller jusqu’à 65 ans. C’est vivement souhaitable, à tous points de vue. Il y a une mortalité forte juste après 60 ans car le travail maintient en forme. Et travailler plus longtemps résoudrait le sous-emploi des seniors. Ce serait un apport considérable.».