Face au chômage massif ?
Des économistes allemands proposent de passer à la semaine de 30 heures
Par (20 février 2013)
« Le chômage a atteint en Europe des ordres de grandeurs insupportables. Le chômage des jeunes est particulièrement effrayant », alertent des économistes allemands. Sans oublier les travailleurs pauvres, qui triment parfois 50h par semaine sans pouvoir en vivre. Dans une lettre ouverte, ces économistes proposent de réduire équitablement le temps de travail en passant à la semaine de 30h, sans baisse de salaires. Une proposition qui suscite le débat en Allemagne.
Surprise au pays du « modèle allemand » : dans une lettre ouverte aux syndicats et aux partis politiques, des économistes allemands demandent une réduction du temps de travail à 30 heures par semaine. Il n’y aura « jamais plus de plein emploi sans réduction du temps de travail », défendent les auteurs de l’appel déjà signé par plus de cent économistes, chercheurs, responsables syndicaux et quelques personnalités politiques de gauche ou indépendantes (Die Linke, SPD et Pirates). L’initiative a été discutée dans des grands journaux nationaux, de gauche comme de droite.
« L’Allemagne et toute l’Union européenne se trouvent dans une crise sociale et économique grave », écrivent les auteurs de la lettre ouverte. « Le chômage a atteint en Europe des ordres de grandeurs insupportables. Le chômage des jeunes, qui dépasse les 50 % dans certains pays, est particulièrement effrayant. En Allemagne le nombre d’emplois a certes augmenté ces dernières années, mais il s’agit en grande partie d’emplois précaires et à durée déterminée, qui ne suffisent pas pour vivre », assènent-ils, loin des poncifs répétés à l’envi par certains commentateurs français.
Allemagne : 6 millions de quasi chômeurs
« Aujourd’hui en Allemagne, si nous incluons les employés travaillant à temps partiel de manière contrainte, environ six millions de personnes sont au chômage ou sont sous-employées, poursuivent les économistes. Alors que beaucoup de personnes au chômage souffrent de dépression et de dévalorisation, les salariés doivent, eux, assumer un surcroît de travail. Comme nombre d’études scientifiques le montrent, le stress, le phénomène de Burnout et les maladies chroniques et psychosomatiques augmentent. Cette situation est indigne dans une société moderne du XXIe siècle. » De quoi faire écho aux débats sur l’accord interprofessionnel signé le 11 janvier à Paris.
« Près d’un million de travailleurs pauvres font aujourd’hui des semaines de 50 heures et plus pour gagner un revenu suffisant pour vivre. De plus en plus d’actifs doivent recevoir, malgré un emploi, des allocations sociales en complément. Et ceux qui n’ont rien aujourd’hui sont aussi promis à la pauvreté quand ils arriveront à l’âge de la retraite. Les conditions dans les autres États européens sont comparables, voire pires. »
Une solution : la semaine de 30h également répartie
Face à ce terrible constat, économistes et syndicalistes estiment qu’« une réduction du temps de travail à 30 heures par semaine est nécessaire et urgente. Le temps de travail moyen en Allemagne est de toute façon aujourd’hui déjà en moyenne de 30 heures par semaine, mais le travail est réparti de manière inégale [1]. L’exigence d’une semaine à 30 heures prend en compte toutes les formes de réduction envisageables (allongement des congés payés, sortie plus précoce de la vie active, années sabbatiques). Cette revendication est à poser pour tous les États européens. Car le chômage de masse est partout présent et augmente de manière dramatique dans beaucoup de pays de l’Union. »
Pour les initiateurs de l’appel, la réduction du temps de travail ne concerne plus seulement les partenaires sociaux : « Il s’agit d’un projet de la société toute entière. » Ils insistent par ailleurs sur la nécessité d’une réduction « sans perte de salaire ». « Nous connaissons les nombreux cas où les travailleurs ont fait des expériences négatives, parce que les réductions du temps de travail réalisées jusqu’ici se sont faites sans embauche de chômeurs et souvent avec une hausse de la pression au travail ». Pour eux, seule une réduction collective du temps de travail à 30 heures, à un niveau macroéconomique, est « une clé décisive, si ce n’est la plus importante, pour la perspective d’un plein emploi. »
Des réductions du temps de travail ont déjà été entreprises en Allemagne, mais au niveau d’une entreprise, avec la semaine des 28,8 heures dans certains ateliers de Volkswagen, ou d’une branche, avec la semaine de 35 heures instaurée dans les années 1990 dans le secteur de la métallurgie dans l’ouest du pays.
Rachel Knaebel
Photo : DR
« L’Allemagne et toute l’Union européenne se trouvent dans une crise sociale et économique grave », écrivent les auteurs de la lettre ouverte. « Le chômage a atteint en Europe des ordres de grandeurs insupportables. Le chômage des jeunes, qui dépasse les 50 % dans certains pays, est particulièrement effrayant. En Allemagne le nombre d’emplois a certes augmenté ces dernières années, mais il s’agit en grande partie d’emplois précaires et à durée déterminée, qui ne suffisent pas pour vivre », assènent-ils, loin des poncifs répétés à l’envi par certains commentateurs français.
Allemagne : 6 millions de quasi chômeurs
« Aujourd’hui en Allemagne, si nous incluons les employés travaillant à temps partiel de manière contrainte, environ six millions de personnes sont au chômage ou sont sous-employées, poursuivent les économistes. Alors que beaucoup de personnes au chômage souffrent de dépression et de dévalorisation, les salariés doivent, eux, assumer un surcroît de travail. Comme nombre d’études scientifiques le montrent, le stress, le phénomène de Burnout et les maladies chroniques et psychosomatiques augmentent. Cette situation est indigne dans une société moderne du XXIe siècle. » De quoi faire écho aux débats sur l’accord interprofessionnel signé le 11 janvier à Paris.
« Près d’un million de travailleurs pauvres font aujourd’hui des semaines de 50 heures et plus pour gagner un revenu suffisant pour vivre. De plus en plus d’actifs doivent recevoir, malgré un emploi, des allocations sociales en complément. Et ceux qui n’ont rien aujourd’hui sont aussi promis à la pauvreté quand ils arriveront à l’âge de la retraite. Les conditions dans les autres États européens sont comparables, voire pires. »
Une solution : la semaine de 30h également répartie
Face à ce terrible constat, économistes et syndicalistes estiment qu’« une réduction du temps de travail à 30 heures par semaine est nécessaire et urgente. Le temps de travail moyen en Allemagne est de toute façon aujourd’hui déjà en moyenne de 30 heures par semaine, mais le travail est réparti de manière inégale [1]. L’exigence d’une semaine à 30 heures prend en compte toutes les formes de réduction envisageables (allongement des congés payés, sortie plus précoce de la vie active, années sabbatiques). Cette revendication est à poser pour tous les États européens. Car le chômage de masse est partout présent et augmente de manière dramatique dans beaucoup de pays de l’Union. »
Pour les initiateurs de l’appel, la réduction du temps de travail ne concerne plus seulement les partenaires sociaux : « Il s’agit d’un projet de la société toute entière. » Ils insistent par ailleurs sur la nécessité d’une réduction « sans perte de salaire ». « Nous connaissons les nombreux cas où les travailleurs ont fait des expériences négatives, parce que les réductions du temps de travail réalisées jusqu’ici se sont faites sans embauche de chômeurs et souvent avec une hausse de la pression au travail ». Pour eux, seule une réduction collective du temps de travail à 30 heures, à un niveau macroéconomique, est « une clé décisive, si ce n’est la plus importante, pour la perspective d’un plein emploi. »
Des réductions du temps de travail ont déjà été entreprises en Allemagne, mais au niveau d’une entreprise, avec la semaine des 28,8 heures dans certains ateliers de Volkswagen, ou d’une branche, avec la semaine de 35 heures instaurée dans les années 1990 dans le secteur de la métallurgie dans l’ouest du pays.
Rachel Knaebel
Photo : DR