Le chantage à l’ANI de Laurence Parisot
25 février 2013
Dans son interview à RTL (Le grand Jury) le 3 février 2013 Laurence Parisot a fait une déclaration incroyable ! A la question de savoir si le MEDEF pourrait revenir sur la signature de l’ANI (signé le 11 janvier à Wagram avec des syndicats minoritaires), s’il était modifié par les parlementaires, elle répond :
« Oui c’est une façon de le dire. Nous dirions que ce n’est plus l’accord que nous avons signé, et nous mettrions ça suffisamment en cause pour que les investisseurs étrangers changent d’avis sur la France »
C’est juste une menace de trahison. Si les élus du peuple votent mal, je les livre eux et le peuple aux chiens « étrangers ». Reliez cela à la fameuse lettre du patron de Titan et à l’écho que lui ont donné les médias. La phrase de Parisot, c’est bien pire : c’est un aveu de chantage ouvert, un appel à spéculation de la part de l’étranger, une forme de coup de poignard assumé dans le dos des salariés et du gouvernement de notre pays. Du temps de la révolution française on aurait dit un « appel aux émigrés », le peuple a gagné à Valmy contre ceux-là. Et ne disons surtout rien sur la période où le patronat collaborait majoritairement avec les nazis en accusant le Front populaire.
Le gouvernement s’illusionne sur la possibilité d’obtenir l’appui du Medef pour « inverser la courbe du chômage en 2013 » et relancer « la croissance ». Pour cela, il a fait deux grandes offres : les « 20 milliards de crédit d’impôt » et la « transcription fidèle et loyale » de l’ANI.
Mais Laurence Parisot a répondu aux 20 milliards « pas question de contreparties » « il y a 1,2 million d’employeurs et il y aura 1,2 million de décisions »… qui en feront ce qu’ils veulent. Puis elle a rajouté que 20 milliards ce n’était pas assez, qu’il fallait prévoir 50 milliards.
Quand à l’ANI, le Medef a sablé le champagne rue de Wagram, le soir du 11 janvier. Pour lui c’est une victoire complète. Mais à la simple idée que la démocratie parlementaire joue, qu’une majorité de gauche n’avalise pas ce qu’une minorité syndicale a signé, Laurence Parisot sort les missiles : nous dirons partout, si l’ANI est changé d’un iota, qu’il ne faut pas faire confiance au gouvernement, nous le dénoncerons assez pour que les banquiers haussent leurs taux, et le lui fassent payer « suffisamment » cher.
Jamais le choix politique, de la part de la gauche, d’obtenir la confiance, de séduire le Medef n’aboutira : « Ennemis de la gauche et des salariés ils sont, ennemis ils se comporteront ! » La finance leur dicte leur loi.
Et l’aveu est là, limpide, de la part de Parisot : « si vous ne faites pas tout ce qu’on veut, on vous coule ! » Que le gouvernement et les députés ne croient pas une seule seconde, être « malins » et éviter cela. Ce genre de ruse n’a jamais marché » dans l’histoire, la gauche a toujours perdu à ce vain jeu. Ceux qui croient à la « ruse » avec le Medef pour éviter de l’affronter, sont naïfs, s’abusent et vont nous faire perdre.
L’argument qui consiste à dire « nous rétablissons les équilibres » en faisant un compromis avec le Medef, puis ensuite nous redistribuerons ce qui aura été reconstruit, avant la fin du quinquennat ne tient pas debout. D’abord, le Medef n’aidera pas, il licenciera plus facilement, grâce à l’ANI, puis il coulera l’économie suffisamment ce qui découragera le salariat suffisamment pour que ce soit la droite qui revienne, et alors le Medef obtiendra TOUT ce qu’il veut et pas seulement la « partie » qui lui est proposée.
Bruno Le Roux, dans une longue lettre, écrit : « La reconquête et la mobilisation de l’opinion sont pour nous une clef de la réussite à venir. Rien ne se fera sans le peuple et ce n’est pas sacrifier à l’emphase, au romantisme souvent prêté à la gauche que de dire cela. »
Sur ce point, il a raison, mais justement : le peuple se lasse des cadeaux à Parisot et Parisot, elle, se nourrit de la lassitude du peuple.
C’est ce qui fera perdre les élections : sans tournant à gauche du gouvernement vers la relance, disons-le, c’est mal parti pour 2014. Et si c’est perdu en 2014, Parisot en rajoutera face à un gouvernement affaibli électoralement, la « redistribution » promise n’aura jamais lieu ! On a déjà vu ces mécaniques inéluctables, on a déjà vu cela se terminer en déroute. Pas plus loin qu’en 1993 : combien resta t il de députés ?
Bruno Le Roux comprend et écrit encore : « Il est vrai que les sondages sont mauvais. Les cotes de popularité de l’exécutif baissent, stagnent et baissent à nouveau. Les partielles – mais c’est quasiment dans l’ordre des choses, qui plus est sur des terres de droite – les partielles sont perdues. Je sais que vous aussi, vous êtes nombreux à vous interroger et à demander à ce que la politique conduite depuis plus de sept mois maintenant, soit davantage expliquée, mise en perspective, que la cohérence qui l’anime soit mise au jour. C’est pour cela que j’ai décidé d’écrire ces quelques lignes.
Parce que s’installe dans le pays, une impatience, qui ressemblerait presque à un espoir trompé, alors que ce n’est pas la réalité.
Parce que l’on sent poindre un peu partout, auprès de diverses catégories de la population, une certaine déception alors que celle-ci n’est pas justifiée, elle est sans fondement et ne pourra s’installer.
Parce que certains vont même jusqu’à retirer l’échelle parlant de désaveu, ce que je ne crois pas : nul part en tout cas, auprès de celles et ceux qui ont voté pour le changement en mai et juin dernier, je n’entends de regrets.
Au pire, peut- il y avoir un malentendu, un malentendu qu’il faut nommer d’ailleurs, qu’il faut ensuite chercher à lever – de quoi parle-t-on ?
Au pire, il peut y avoir un doute, un doute qui commence à s’exprimer, un doute qui vire au scepticisme ?
Au pire peut-il y avoir un scepticisme qui grandit et au final, se transforme en indifférence à la chose publique – “tous les mêmes” et “on se débrouille au quotidien sans rien attendre d’eux. On verra bien la suite.” – une indifférence qui signe un repli sur soi. »
Il est encore temps d’ouvrir les yeux, de comprendre le fond du comportement, le chantage auquel Parisot se livre. Il est temps de faire les gestes qui redynamiseraient la gauche. La gauche n’a pas besoin qu’on lui « explique mieux » elle n’est pas bête la gauche, elle sait, elle comprend. Elle sent surtout que rien n’a été fait de solide, de sérieux, d’essentiel, pour elle.
Parisot a eu 20 milliards et risque d’imposer l’ANI. Mais le salariat lui, n’a pas vu augmenter ses salaires et est menacé de recul grave du droit du travail. Il faut affronter et combattre le chantage éhonté de Parisot. C’est simple : il faut augmenter les salaires et baisser les dividendes. Il faut contrôler les licenciements, pas les faciliter. Cela veut dire affronter le chantage de la finance, comme promis.
« Oui c’est une façon de le dire. Nous dirions que ce n’est plus l’accord que nous avons signé, et nous mettrions ça suffisamment en cause pour que les investisseurs étrangers changent d’avis sur la France »
C’est juste une menace de trahison. Si les élus du peuple votent mal, je les livre eux et le peuple aux chiens « étrangers ». Reliez cela à la fameuse lettre du patron de Titan et à l’écho que lui ont donné les médias. La phrase de Parisot, c’est bien pire : c’est un aveu de chantage ouvert, un appel à spéculation de la part de l’étranger, une forme de coup de poignard assumé dans le dos des salariés et du gouvernement de notre pays. Du temps de la révolution française on aurait dit un « appel aux émigrés », le peuple a gagné à Valmy contre ceux-là. Et ne disons surtout rien sur la période où le patronat collaborait majoritairement avec les nazis en accusant le Front populaire.
Le gouvernement s’illusionne sur la possibilité d’obtenir l’appui du Medef pour « inverser la courbe du chômage en 2013 » et relancer « la croissance ». Pour cela, il a fait deux grandes offres : les « 20 milliards de crédit d’impôt » et la « transcription fidèle et loyale » de l’ANI.
Mais Laurence Parisot a répondu aux 20 milliards « pas question de contreparties » « il y a 1,2 million d’employeurs et il y aura 1,2 million de décisions »… qui en feront ce qu’ils veulent. Puis elle a rajouté que 20 milliards ce n’était pas assez, qu’il fallait prévoir 50 milliards.
Quand à l’ANI, le Medef a sablé le champagne rue de Wagram, le soir du 11 janvier. Pour lui c’est une victoire complète. Mais à la simple idée que la démocratie parlementaire joue, qu’une majorité de gauche n’avalise pas ce qu’une minorité syndicale a signé, Laurence Parisot sort les missiles : nous dirons partout, si l’ANI est changé d’un iota, qu’il ne faut pas faire confiance au gouvernement, nous le dénoncerons assez pour que les banquiers haussent leurs taux, et le lui fassent payer « suffisamment » cher.
Jamais le choix politique, de la part de la gauche, d’obtenir la confiance, de séduire le Medef n’aboutira : « Ennemis de la gauche et des salariés ils sont, ennemis ils se comporteront ! » La finance leur dicte leur loi.
Et l’aveu est là, limpide, de la part de Parisot : « si vous ne faites pas tout ce qu’on veut, on vous coule ! » Que le gouvernement et les députés ne croient pas une seule seconde, être « malins » et éviter cela. Ce genre de ruse n’a jamais marché » dans l’histoire, la gauche a toujours perdu à ce vain jeu. Ceux qui croient à la « ruse » avec le Medef pour éviter de l’affronter, sont naïfs, s’abusent et vont nous faire perdre.
L’argument qui consiste à dire « nous rétablissons les équilibres » en faisant un compromis avec le Medef, puis ensuite nous redistribuerons ce qui aura été reconstruit, avant la fin du quinquennat ne tient pas debout. D’abord, le Medef n’aidera pas, il licenciera plus facilement, grâce à l’ANI, puis il coulera l’économie suffisamment ce qui découragera le salariat suffisamment pour que ce soit la droite qui revienne, et alors le Medef obtiendra TOUT ce qu’il veut et pas seulement la « partie » qui lui est proposée.
Bruno Le Roux, dans une longue lettre, écrit : « La reconquête et la mobilisation de l’opinion sont pour nous une clef de la réussite à venir. Rien ne se fera sans le peuple et ce n’est pas sacrifier à l’emphase, au romantisme souvent prêté à la gauche que de dire cela. »
Sur ce point, il a raison, mais justement : le peuple se lasse des cadeaux à Parisot et Parisot, elle, se nourrit de la lassitude du peuple.
C’est ce qui fera perdre les élections : sans tournant à gauche du gouvernement vers la relance, disons-le, c’est mal parti pour 2014. Et si c’est perdu en 2014, Parisot en rajoutera face à un gouvernement affaibli électoralement, la « redistribution » promise n’aura jamais lieu ! On a déjà vu ces mécaniques inéluctables, on a déjà vu cela se terminer en déroute. Pas plus loin qu’en 1993 : combien resta t il de députés ?
Bruno Le Roux comprend et écrit encore : « Il est vrai que les sondages sont mauvais. Les cotes de popularité de l’exécutif baissent, stagnent et baissent à nouveau. Les partielles – mais c’est quasiment dans l’ordre des choses, qui plus est sur des terres de droite – les partielles sont perdues. Je sais que vous aussi, vous êtes nombreux à vous interroger et à demander à ce que la politique conduite depuis plus de sept mois maintenant, soit davantage expliquée, mise en perspective, que la cohérence qui l’anime soit mise au jour. C’est pour cela que j’ai décidé d’écrire ces quelques lignes.
Parce que s’installe dans le pays, une impatience, qui ressemblerait presque à un espoir trompé, alors que ce n’est pas la réalité.
Parce que l’on sent poindre un peu partout, auprès de diverses catégories de la population, une certaine déception alors que celle-ci n’est pas justifiée, elle est sans fondement et ne pourra s’installer.
Parce que certains vont même jusqu’à retirer l’échelle parlant de désaveu, ce que je ne crois pas : nul part en tout cas, auprès de celles et ceux qui ont voté pour le changement en mai et juin dernier, je n’entends de regrets.
Au pire, peut- il y avoir un malentendu, un malentendu qu’il faut nommer d’ailleurs, qu’il faut ensuite chercher à lever – de quoi parle-t-on ?
Au pire, il peut y avoir un doute, un doute qui commence à s’exprimer, un doute qui vire au scepticisme ?
Au pire peut-il y avoir un scepticisme qui grandit et au final, se transforme en indifférence à la chose publique – “tous les mêmes” et “on se débrouille au quotidien sans rien attendre d’eux. On verra bien la suite.” – une indifférence qui signe un repli sur soi. »
Il est encore temps d’ouvrir les yeux, de comprendre le fond du comportement, le chantage auquel Parisot se livre. Il est temps de faire les gestes qui redynamiseraient la gauche. La gauche n’a pas besoin qu’on lui « explique mieux » elle n’est pas bête la gauche, elle sait, elle comprend. Elle sent surtout que rien n’a été fait de solide, de sérieux, d’essentiel, pour elle.
Parisot a eu 20 milliards et risque d’imposer l’ANI. Mais le salariat lui, n’a pas vu augmenter ses salaires et est menacé de recul grave du droit du travail. Il faut affronter et combattre le chantage éhonté de Parisot. C’est simple : il faut augmenter les salaires et baisser les dividendes. Il faut contrôler les licenciements, pas les faciliter. Cela veut dire affronter le chantage de la finance, comme promis.