Face à la coalition de droite de Berlusconi et à la coalition de centre gauche de Barsini, Beppe Grillo réussit le tour de force de devenir le premier parti d’Italie. Au grand dam des antipopulistes primaires. Les adeptes de ce dernier clan vont pourtant devoir ravaler leurs cris d’orfraie et se faire une raison. Le choix du « tout à l’austérité », inspiré par l’Allemagne, était-il approprié ? Certes, une remise en ordre des finances publiques s’imposait. A quel prix, toutefois ? Le bilan économique des options prises est douteux. Et leur bilan politique désastreux. Qui se sent encore protégé par cette Europe qui, entre autres faiblesses, tremble devant les agences de notation et plie face aux marchés ? Le rêve européen est en train de se fracasser. De ce développement tragique, la responsabilité est partagée. Dans les hautes sphères des institutions européennes, on peut épingler José Manuel Barroso, qui a renoncé depuis longtemps au rôle d’aiguillon dévolu à la Commission. Il faut aussi montrer du doigt la plupart des dirigeants nationaux. Cette Europe froide, fonctionnelle, qui a érigé en dogmes quelques obsessions libérales largement anglo-saxonnes, est née d’eux. Ce que marque l’émergence d’un populisme de gauche, c’est la rupture bête et brutale des citoyens avec ceux qui prétendaient garantir leurs intérêts et qui ne parviennent même plus à masquer leurs collusions avec la finance en folie. Ah, la claque sur la figure de l’austérité personnifiée par le technocrate Monti (10,5%) ! Ah, la gifle à l’Union européenne et à sa triste Commission ! Cette victoire de Beppe Grillo doit leur rester sur l’estomac tels des raviolis Panzani façon Jolly Jumper ou des lasagnes Findus fourrées avec Seabiscuit…