En quête d'un leader au-dessus de tout soupçon
"L’incertitude politique gâche la joie des marchés". Voici ce que l’on peut lire dans l’Expansion au lendemain des élections italiennes. De ce que j’entends à la radio, les peuples ont encore mal voté. En Italie cette fois.
Saloperie de peuple italien gâchant la bonne marche des marchés par son égoïsme et son manque flagrant de tolérance envers la politique d’austérité qui le frappe depuis deux ans. "Le comique" Beppe Grillo sème sa zone au Sénat avec un tel résultat (25%) qu’il provoquerait "une impossibilité de gouverner". On pourrait écrire que c’est le comeback invraisemblable de Silvio Berlusconi qui fout le brun ? Non. C’est son reflet médiatique inversé, Grillo, qui devient le diable. La montée de l’un et l’autre (et la claque des urnes pour Monti) n'est que la conséquence de l’application froide d'une de ces politiques de rigueur qui font l’impasse sur les peuples au nom de la sauvegarde de l’Europe et des "marchés".
Les peuples d’Europe ont des "gestionnaires", ils veulent des leaders prêts à apporter si ce n’est du rêve, au moins le sentiment qu'ils sont écoutés. Oui, dans le cas de Berlusconi, c’est risible. Néanmoins, le blocage électoral italien (dont je ne doute absolument pas qu’il se résolve par l’émergence d’un gouvernement de cohésion de retour à la case départ) est révélateur 1 / de l’impasse européenne sur les bases actuelles. 2 / ce qui attend inéluctablement les autres pays si leurs dirigeants poursuivent sur la ligne de l'autisme social.
Le peuple, une fois de plus, se retrouve au banc des accusés. On fustige sa tendance au "populisme", son manque de culture politique, sans se pencher sur le coeur des rancoeurs: la vidange progressive chez nos dirigeants, devenant chefs comptables de succursales bancaires une fois au pouvoir, de leur part d’humanité. Derrière le "blocage", le message italien est clair : le sacrifice de peuple pour contenter des divinités énigmatiques, Bruxelles et les marchés, n'est pas une politique viable à long terme dans une démocratie.
Traitez les gens comme des chiens, ils finiront par vous mordre. Ce n’est qu’une question de temps.
Illus : Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, E.Petri (1970)