lundi 1 juillet 2013

Pourquoi Internet nuit gravement à la santé (et jamais la TV) ?(le blog de Seb Musset)

Pourquoi Internet nuit gravement à la santé (et jamais la TV) ?

Donc voilà. La journaliste de la télé m'appelle :
 
"- On m'a dit que vous étiez blogueur actif et on va faire un sujet sur l'addiction au réseaux sociaux. Qu'est-ce que vous auriez à dire ?".
 
Je rétorque que je vois peu de similitudes entre un blog et facebook et que, bon, je réseausociotte modérément (4000 tweets par an, une broutille comparé à Christine Boutin un matin de procession). Son enthousiasme tombe net. Je ne reproche pas aux journalistes TV d'avoir un angle, je leur reproche d'avoir toujours le même dès lors qu'il s'agit des "réseaux sociaux" sur internet. Au choix : danger ou addiction. (En option, la variante économique : "Ces jeunes entrepreneurs américains devenus milliardaires après avoir créé un réseau social").
 
Je réponds à la journaliste que, même virtuelles, ces interfaces de communication sont des objets comme les autres. C'est l'usage qui fait le défaut et l’excès qui est néfaste : pour Facebook l'étalage non réfléchi de données personnelles (les siennes et celles des autres), et pour Twitter le papillonnage, au final la déconcentration aussi bien dans le travail (spécialement lorsqu'on écrit. Poke @MoiMême) que dans la vie réelle (La tête baissée sur sa Time-line, on est au mieux à 60% avec son interlocuteur physique. En marchant, la probabilité de se prendre un poteau full face augmente de 82%, ce qui est un vrai danger collatéral du net). Mais là encore, il y autant de pratiques et de conséquences que de caractères, sans compter que la fonction crée l'organe. Il est probable que les nouvelles générations développent bien plus aisément que leurs aînés la faculté du multitâches : facebooker, dire à son ou sa chéri(e) qu'on l'aime tout en évitant les lampadaires.


Viens le test de la journaliste (aka le casting) :
"- Pourriez-vous passer d'internet une semaine ou deux ?"
"- Oui" (t'as vu un peu la tronche du héros moderne).
" - Ah"
Là je sens mon interlocutrice dépitée, genre "Mais bordel, je ne trouve personne accroc aux réseaux sociaux ! Comment vais-je faire mon sujet sur les accrocs aux réseaux sociaux ?". Cherchons un peu de matière, histoire de réseauter et de socialiser avec la télé. Je ne vois que deux aspects des réseaux sociaux susceptible d'entraîner un effet de manque : le rythme d'information (le besoin de savoir tout, tout le temps, en temps réel. Pour se sentir raccroché à la communauté de ceux qui savent) et l'évaluation permanente de sa notoriété, le shoot à l'ego (Pas de mise de départ, ça commence très rapidement avec quelques mentions ou like). On parle ici d'effets pour une minorité, et rien qui ne puisse se régler sans une petite prise de distance, voire une période d’abstinence.
Bref, je suis le mauvais client pour le reportage. Rends-toi compte, je réfléchis sur l'usage du "réseau" tout en en minimisant son importance, voire même en lui trouvant des effets positifs[1]. Pas grave, j'invite donc la journaliste à se libérer de la dépendance de la profession aux sujets négatifs sur le sujet pour s’intéresser à d'autres addictions technologiques beaucoup plus répandues comme euh... la télévision (3h16 par jour et par français en 2011).
Pourquoi donc ne voit-on pas plus de sujets à la télé (même juste un pour commencer) sur ces drogués de Cdanslair, de Game of Thrones, de The Voice, du bulletin météo, de Plus belle la vie, de Confessions intimes ou des débilités d'M6 ou sur ces hypnotisés de l'info en continu et des priorités au direct de la TNT ou encore les cas les plus désespérés s'enquillant sans broncher 3 épisodes des Experts chaque soir depuis 10 ans ?[2] Autant de programmes d'ailleurs passablement commentés en simultané sur Twitter et Facebook, ce qui en facilite l'éloignement ces soirs-là.
Toxico potentiel, je n'en reste pas moins un gars sympa. Et, comme j'ai quand même bien envie de voir ce reportage :
Si vous êtes accroc aux réseaux sociaux, blog ou site SNCF.
Si vous le vivez vraiment mal, en menaçant de dépecer votre entourage au smartphone.
Si, pour combattre cette addiction à la notoriété facile, vous souhaitez la confesser face caméra à la France entière.

Contactez-moi, je transmettrai votre dossier à la télé.

Dis-lui merde au réseau. Ensemble nous guérirons !
[1] Ignorés aussi les côtés positifs d'une présence active sur les réseaux sociaux, ces dizaines de personnes que j'ai rencontrées en vrai via Twitter ou Facebook, ou des opportunités professionnelles que l'on y décroche. J'ai pourtant de beaux exemples.
[2] A mon sens, bien plus inquiétant que de parler avec ses potes en ligne.