jeudi 21 novembre 2013

ENQUÊTE SUR LE SCANDALE DU PRIX DES MÉDICAMENTS (2013) (Résistance medias)




SYNOPSIS:

Par quel moyen réduire le sempiternel « trou de la Sécu » (plus de 13 milliards d’euros en 2012) ? Calculette en main, une équipe de « Pièces à conviction » s’est attaquée à l’épineux dossier du prix des médicaments, montrant, à travers quelques exemples emblématiques, qu’un milliard et demi d’euros pourrait « facilement » être économisé par l’Etat. Système opaque de négociation des prix des nouvelles molécules, influence des laboratoires pharmaceutiques sur les hommes politiques et les médecins leaders d’opinion… Le diagnostic des aberrations dans ce domaine n’est pas inédit, mais le constat français apparaît particulièrement sévère comparé à nos voisins européens. Le coût d’une boîte d’un même médicament peut ainsi varier du simple au triple entre l’Italie et la France. Autre chiffre affolant, certains génériques sont facturés quinze fois plus chers dans l’Hexagone qu’aux Pays-Bas. La Hollande, qui a privatisé son système de santé, fonctionne en effet avec un système d’appel d’offres. Seul le médicament qui l’a remporté est remboursé. Une stratégie efficace pour motiver les firmes à baisser leurs prix, assure un spécialiste, qui évalue à 900 millions d’euros les économies ainsi réalisées par les Pays-Bas en quatre ans. MAXIMISER LEURS BÉNÉFICES Les différences de prix colossales selon les pays ont même engendré une nouvelle profession : des traders du médicament sillonnent l’Europe pour acheterau meilleur prix et revendre, en toute légalité, dans des pays comme la France. C’est ainsi, comble de l’absurdité, que du Plavix, un antiagrégant fabriqué par le laboratoire français Sanofi, est acheté aux Pays-Bas puis revendu à des pharmacies hexagonales… après avoir transité par l’Italie où il a été reconditionné (changement de boîte et de notice pour s’adapter à la langue) ! La pharmacienne parisienne interrogée n’y trouve rien à redire, puisque ses factures sont ainsi allégées de 5 %. L’enquête de Mahaut Chantrel et Lionel de Coninck insiste aussi largement sur les techniques plus ou moins légales des industriels pour maximiser leurs bénéfices, notamment quand leur médicament vedette va tomber dans le domaine public.Sanofi est allé jusqu’à orchestrer une campagne de dénigrement des génériques du Plavix quand le brevet de son antiagrégant a expiré en 2009. « Si on avait identifié qu’un médecin utilisait un médicament concurrent, on nous demandait de le disqualifier de manière insidieuse », raconte, sous le couvert de l’anonymat, une ancienne employée. Le laboratoire a été condamné à 40,6 millions d’euros d’amende par l’autorité de la concurrence pour ces pratiques en mai 2013. Mais il a fait appel, et l’affaire est toujours en cours. Source: LE MONDE.