Voici avec Carrefour, un exemple parmi tant d’autres de la dérive de l’utilisation abusive et systématique de termes anglais chaque fois qu’apparaît un nouveau concept : le "Cross marchandising", le "remodeling", la "Supply Chain", le "e-learning", le "self scanning" ainsi que les noms donnés à certaines succursales "drive", "market", "city", sans parler du "Monday, happy day". Carrefour donne également des noms anglais à ses produits : First line, Blue Sky, Top Bike, Green Cut, Bootstore, Ooshop, Home, Ink Set, Powder Flash, Carrefour Discount, Tex Fashion Express, Tex Baby, Energy Drink, N°1 Apple Nectar’s, Pomelos Drink, Ananas Juice, N°1 Home Clean, Carrefour Light, Carrefour on line, etc. Je ne fais pas une fixation sur Carrefour, vous pouvez remarquer le même phénomène dans la plupart des autres enseignes. Il faut rappeler que la langue du commerce, c’est celle du client, et pas forcément en priorité et systématiquement, celle de Mickey. Pourquoi cette orgie de mots anglais ? Serions-nous sous protectorat-anglo-americain ? Mais évidement, à force de formater…
Lutter contre l’anglicisation est un combat qui doit tous nous concerner, et un bon nombre de syndicalistes commencent à penser aujourd’hui qu’il y a une relation entre le fait de perdre peu à peu ses acquis sociaux et de perdre sa propre langue au profit de l’anglais, la langue des financiers qui veulent gouverner le monde. Tous nos gouvernants, qu’ils soient de droite ou de gauche, n’ont de cesse de vouloir rogner sur nos avancées sociales pour obéir aux directives de la gouvernance mondiale que leur dictent le FMI, l’OMC, Bilderberg, la Trilatérale, le Siècle, la Round Table, Davos, Goldman Sachs, Morgan, Moody’s, le CFR, le RIIA, la FAF, etc.Et comme par hasard, chaque réforme qu’elle soit de droite ou de gauche, proposent toujours plus d’anglais dans nos écoles. Ainsi, que ce soit les ministres de l’Éducation de droite Darcos, Chatel, Pécresse ou les ministres de l’Éducation de gauche Allègre, Peillon, Fioraso, ils sont tous d’accord pour imprégner toujours davantage d’anglais le cerveau de nos enfants, et cela dès la maternelle.
On pourrait simplement parler de domination linguistique, ce qui serait en soi un phénomène « naturel » et somme toute acceptable, mais le processus s’accompagne d’une volonté de conquête, à la fois économique, politique et culturelle. D’où le terme d’impérialisme, justifié notamment par les propos de divers responsables politiques anglo-saxons. On pense évidemment à Margaret Thatcher, qui déclarait en 2000, lors d’une conférence donnée aux États-Unis, que « le pouvoir dominant est l’Amérique, le langage dominant est l’anglais, le modèle économique dominant est le capitalisme anglo-saxon ».
On connaît moins les propos tout aussi brutaux mais plus détaillés de David Rothkopf, un ancien responsable de l’administration Clinton, qui valent pourtant leur pesant de cacahuètes : « Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais ; que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de télécommunications, de sécurité et de qualités, ces normes soient américaines ; que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les Américains se reconnaissent… Les Américains ne doivent pas nier le fait que, de toutes les nations dans l’histoire du monde, c’est la leur qui est la plus juste, la plus tolérante, la plus désireuse de se remettre en question et de s’améliorer en permanence, et le meilleur modèle pour l’avenir . »
La connaissance de l’anglais est devenue la condition sine qua non de la réussite sociale, et certaines familles sont prêtes à tout pour que leurs chérubins acquièrent une parfaite maîtrise de cette langue. En France, l’usage de l’anglais dans les entreprises technologiques et financières devient quasi systématique, et son usage accentue le stress de celles et ceux qui ne maîtrisent pas suffisamment cette langue, tout en créant une élite à partir de critères pour le moins discutables. Dans les grandes écoles et les universités l’usage systématique de l’anglais va accentuer les différences sociales et barrer la route à des élèves qui sont peut-être brillants dans d’autres domaines.
En conséquence de quoi, il est temps de se révolter contre cette dictature qui ne dit pas son nom, et la première chose à faire pour la combattre, c’est de refuser la politique actuellement menée qui consiste à mettre de l’anglais en tout lieu et en tout domaine. Ainsi, exigeons que la première langue étrangère enseignée aux écoliers soit une langue différente de l’anglais, et que partout où il y a de l’anglais, il y ait aussi, à égalité, d’autres langues étrangères, sinon, accusons les « angliciseurs » de faire de la discrimination par rapport aux autres langues du monde. Soyons des Indignés linguistiques, en refusant catégoriquement de nous soumettre au diktat de la langue unique, véritable cheval de Troie d’un système économique et social qui n’est pas le nôtre.
Réalisé d’après des articles du F S C et d’ATTAC FRANCE