Soupçons de triche à l’Assemblée : la nuit où l’UDI a pris le pouvoir
Et soudain les votes du centre-droit se multiplient comme des petits pains...
Mercredi soir. Discussion technique en séance de nuit à l’Assemblée. Les rangs sont clairsemés, on cause de l’avenir des retraites. La ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, lutte contre le sommeil, André Chassaigne, vieux routier du parti communiste, proteste pour la forme, quelques députés UMP ferraillent avec les micros.
On parle de l’article 4. Celui qui reporte de six mois la revalorisation annuelle des pensions et agace les retraités. Cet article a déjà été supprimé en première lecture, suscitant la colère froide de la ministre et l’hilarité de l’opposition (des députés socialistes avaient « malencontreusement » voté pour la suppression, le gouvernement expliquant ensuite que ces derniers pensaient voter pour l’article...).
Arrive le vote sur l’article 4. Nombre de votants : 73. La suppression passe avec trois voix d’avance (38 contre 35). Flottement général. La ministre a un peu de mal à déglutir.
Très vite, une chose étrange apparaît. Selon plusieurs personnes présentes en séance, les députés du groupe de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) ne sont que deux ou trois dans l’Hémicycle. Chacun peut avoir une délégation de vote, ce qui monterait à six, au maximum, le total des voix pour le centre.
Or, sur la fiche de résultat du scrutin, on compte neuf votes UDI... Trois de trop. Les trois qui ont fait passer les amendements de suppression.
Christian Paul :
Sur les autres scrutins de la séance, on ne compte que deux votes UDI...
Le gouvernement a bataillé pour faire passer un amendement rétablissant l’article. Le fond coince autant que la manière. La ministre a demandé le vote bloqué et la réserve de vote. Les députés voteront donc mardi prochain, après les questions au gouvernement (quand quasiment tout le monde est là), sur le texte dans son ensemble.
Après l’ « incident technique » en première lecture et le pataquès de mercredi soir, l’article 4 est devenu le boulet de ce projet de loi.
Mercredi soir. Discussion technique en séance de nuit à l’Assemblée. Les rangs sont clairsemés, on cause de l’avenir des retraites. La ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, lutte contre le sommeil, André Chassaigne, vieux routier du parti communiste, proteste pour la forme, quelques députés UMP ferraillent avec les micros.
On parle de l’article 4. Celui qui reporte de six mois la revalorisation annuelle des pensions et agace les retraités. Cet article a déjà été supprimé en première lecture, suscitant la colère froide de la ministre et l’hilarité de l’opposition (des députés socialistes avaient « malencontreusement » voté pour la suppression, le gouvernement expliquant ensuite que ces derniers pensaient voter pour l’article...).
Amendements de suppression
Cette fois-ci, rebelote. Une flopée d’amendements demandant la suppression de l’article en question est déposée par l’opposition. Tout ronronne. Le gouvernement s’est assuré d’avoir assez de députés pour soutenir le projet de loi. Dans l’après-midi, ils étaient une quarantaine à adopter l’article 3, contre 25 opposants.Arrive le vote sur l’article 4. Nombre de votants : 73. La suppression passe avec trois voix d’avance (38 contre 35). Flottement général. La ministre a un peu de mal à déglutir.
Très vite, une chose étrange apparaît. Selon plusieurs personnes présentes en séance, les députés du groupe de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) ne sont que deux ou trois dans l’Hémicycle. Chacun peut avoir une délégation de vote, ce qui monterait à six, au maximum, le total des voix pour le centre.
Or, sur la fiche de résultat du scrutin, on compte neuf votes UDI... Trois de trop. Les trois qui ont fait passer les amendements de suppression.
« Faits tout à fait troublants »
Suspension puis reprise de séance. Le responsable du groupe socialiste pour ce débat, Christian Paul, se lève pour faire part de ses doutes et vise Philippe Vigier, député UDI, qui a pris une part active au débat depuis le début de l’examen du texte. Ce dernier a soudain la mâchoire un peu crispée.Christian Paul :
« Le document sur le vote qu’on vient de nous transmettre a fait apparaître des faits que nous considérons comme tout à fait troublants. Le groupe UDI a eu, tout au long de cette soirée, évidemment, pour tous, deux de ses représentants qui siégeaient sur leurs bancs. Or l’examen du scrutin fait apparaître neuf voix. Cela paraît extrêmement surprenant. »La conférence des présidents doit examiner l’accroc. Philippe Vigier, qui n’a pas décollé les fesses de l’Assemblée pendant tout le débat, n’était visiblement pas en séance jeudi matin. Son collaborateur nous déclare que cela n’a rien à voir avec l’incident. Tout ce petit monde aurait eu des hallucinations : « au moins quatre députés » du groupe étaient présents mercredi soir.
Sur les autres scrutins de la séance, on ne compte que deux votes UDI...
Passage en force
Ce jeudi, l’article 4 a de nouveau provoqué les vives critiques de la droite, comme des communistes, des radicaux et des écologistes.Le gouvernement a bataillé pour faire passer un amendement rétablissant l’article. Le fond coince autant que la manière. La ministre a demandé le vote bloqué et la réserve de vote. Les députés voteront donc mardi prochain, après les questions au gouvernement (quand quasiment tout le monde est là), sur le texte dans son ensemble.
Après l’ « incident technique » en première lecture et le pataquès de mercredi soir, l’article 4 est devenu le boulet de ce projet de loi.