lundi 6 janvier 2014

Banques, la spoliation des déposants est décidée, un "accord historique" (susauxbanques)

Banques, la spoliation des déposants est décidée, un "accord historique"

 
 http://susauxbanques.wordpress.com/2014/01/05/banques-la-spoliation-des-deposants-est-decidee-un-accord-historique/
 
"Dans la plus grande opacité, sans tambour, sans trompette, les fonctionnaires européens viennent d’instituer la possibilité et même l’obligation de spolier les déposants auprès des banques en cas de faillite ou de difficultés. La difficulté se définissant comme une crise systémique. Par exemple, une chute de 40% des marchés financiers comme celle que l’on a connue en début de crise pourra, et même peut-être devra, déclencher le processus.
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C’est en effet un accord historique infâme et scélérat. Il a été obtenu sous la conduite du Français « de droite » Michel Barnier ; lequel Michel Barnier est assisté de son conseiller spécial, l’ancien communiste rédacteur du Programme Commun de la Gauche, l’économiste communiste Philippe Herzog. Comme quoi il y a quand même des convergences qui ne sortent pas simplement du cerveau embrumé des commentateurs.
Cette coterie se gargarise de l’accord qui a été obtenu la nuit dernière. Pour eux, c’est un accord historique qui garantit qu’à l’avenir, les pertes des banques enregistrées au cours des mauvais jours (rainy days) ne seront plus supportées par les contribuables. Quel culot ! Comme si tous les contribuables n’avaient pas un compte en banque. Et comme si tous les gens qui ont un solde significatif sur leurs comptes n’étaient pas contribuables. En réalité, ce sont les mêmes qui paient mais avec un chapeau différent, ce sont les classes moyennes, bien évidemment.
Voici le contenu de l’accord scélérat :
1) Cet accord dit de résolution des crises bancaires prendra effet en 2015
2) Le bail-in, c’est-à-dire le prélèvement sur les porteurs d’obligations bancaires et les créanciers des banques, prendra effet en 2016
3) Un fonds de résolution sera créé. Il devrait représenter, dans dix ans, 1% des dépôts garantis, ce qui représenterait environ 70 milliards sur les bases actuelles
4) A partir de 2016, la procédure du bail-in sera obligatoire. Cette procédure du bail-in consiste dans l’ordre à faire payer les actionnaires, puis à faire payer les détenteurs d’obligations bancaires, puis à faire payer les déposants qui ont un crédit supérieur à 100.000€. Nous vous rappelons, pour ceux qui ne le sauraient pas, que si vous avez de l’argent en banque, c’est-à-dire de l’argent en dépôt, vous n’êtes pas propriétaire de cet argent, vous êtes simplement créancier de la banque et, comme tel, vous serez victime du prélèvement.
Il est prévu que les petits dépôts et les PME, sans être exemptés, bénéficieront d’un statut spécial. Nous nous interrogeons en effet sur le sens de l’expression qui est utilisée : "les petits bénéficieront d’un statut préférentiel."
5) Le bail-in devra être effectué jusqu’à 8% du passif des banques, ce n’est qu’après que l’on pourra utiliser le fonds de résolution des crises bancaires
6) Après le bail-in ainsi décrit, deux options seront possibles. Soit on pourra taper dans le fonds de résolution, soit on pourra faire appel à des ressources d’Etat pour être recapitalisé. L’intervention de l’Etat sera plafonnée à 5% du passif des banques et elle sera soumise à l’approbation des autorités européennes
La nationalisation ne sera possible qu’après que le bail-in de 8% ait été mis en place.
Barnier a déclaré : « les bails-out publics sont maintenant une pratique du passé ».
Il est évident que cet accord est infâme. Pourquoi ?
1) Considérer que les gens qui déposent leur argent en banque sont responsables est une imbécillité. Il est obligatoire de disposer d’un compte bancaire, donc on ne choisit pas. Par ailleurs, il est impossible d’obtenir la vérité sur la santé des banques tant leur comptabilité est trafiquée avec la complicité de l’Etat et des organismes de contrôle. Ceci signifie que le client d’une banque n’a pas le choix. Et s’il n’a pas le choix, il ne peut être tenu responsable. L’une des règles de la vie, c’est que l’on est responsable de ce que l’on choisit de faire.
2) Cet accord infâme ne tient pas compte du passé et de toute la classe sociale de gens et des institutions qui se sont enrichis pendant la période de vaches grasses de la kleptocratie dominante. Le mécanisme ne prévoit nulle obligation de « rendre » l’argent que l’on a touché indûment, nulle obligation de souscription forcée au capital, nulle obligation pour les banques d’émettre du nouveau capital avant 2016. Or, depuis la crise, avec l’aide de la BCE, les banques ont réduit les risques de leurs très gros apporteurs de capitaux, soit par le biais de manipulations du capital, soit par le jeu sur les passifs obligataires de différentes catégories. On a en quelque sorte, au plus haut niveau, fermé les yeux sur des distributions, remboursements ou conversions iniques qui réduisaient le risque des très gros et augmentaient le risque des petits.
3) Un tel système n’est défendable moralement et économiquement que si la transparence bancaire est totalement assurée d’ici l’entrée en vigueur du mécanisme de résolution. Les déposants doivent avoir une connaissance claire des résultats de l’Asset Quality Review (AQR) auquel les autorités européennes sont en train de procéder. Ils doivent connaître les fragilités de leur banque. Ils doivent savoir exactement quels sont les actifs risqués qu’ils ont dans leur bilan. Ils doivent connaître tout aussi exactement les risques qui se trouvent au passif du fait des mismatch de durée entre les ressources et les emplois. Tout cela doit faire l’objet d’une communication claire, certifiée, que n’importe qui doit pouvoir comprendre.
Par cette mesure de résolution des crises, se révèle au grand jour ce que nous ne cessons de proclamer depuis 2008, à savoir que le traitement de la crise consiste à protéger au maximum ceux qui se sont enrichis pendant la période de kleptocratie dominante et à faire payer ceux qui, non seulement n’en ont pas profité, mais ont été spoliés.
Cyniquement, l’ancien patron de la Fed, Alan Greenspan, a déclaré en 2010, devant le Congrès, que l’une des causes majeures de la crise financière était le fait que le risque "n’avait pas été assez disséminé". En clair, il voulait dire que la crise, c’était parce que les banques avaient gardé le risque pour elles, au lieu de le refiler au public et à ses caisses de prévoyance. Ici, le cynisme est à son comble puisque la dissémination qui n’a pas eu lieu avant 2008, on prévoit de la faire autoritairement après 2016. L’opération de bail-in consiste à faire porter le risque ultime, là où Greenspan voulait le faire porter : sur ceux qui sont le moins à même de le supporter : les petits.
Greenspan MarketAutre remarque, on définit généralement une crise systémique comme une chute de 40% des marchés financiers. Pourquoi ? Tout simplement parce que, en cas de chute de 40% des marchés financiers, aussi bien les prêteurs que les débiteurs deviennent insolvables. La baisse de la bourse ampute ce que l’on appelle les collatéraux, c’est-à-dire les valeurs que l’on donne en gage pour obtenir des crédits.
Depuis l’an 2000, il y a eu 2 fois des chutes supérieures à 50%. Cela veut dire que le phénomène n’est pas rare ; nous considérons que la probabilité de chute de 40% des bourses est très élevée. Pourquoi ? Tout simplement parce que la politique monétaire de la Fed et de la BCE a pour objectif de surévaluer les actions et les obligations. Leur politique vise à gonfler artificiellement les cours pour gonfler les actifs des banques. Si les cours sont, comme beaucoup le pensent, surévalués de 40 à 50%, cela veut dire qu’une chute de 40% est tout à fait dans l’ordre des choses. Pour certains, c’est à peine une probabilité, c’est une certitude. Donc, les gouvernements et les Banques Centrales se donnent la possibilité de faire payer la chute de la bourse aux petits déposants et aux classes moyennes alors même que, d’une part les cours sont artificiels, et d’autre part ces couches sociales n’ont pas bénéficié de la hausse. C’est du vol pur et simple. Les taux d’intérêt sont actuellement voisins de zéro. Cela signifie que tous les actifs financiers sont surévalués ; un jour ou l’autre, il faudra remonter les taux. Une hausse des taux jusqu’au niveau normal, compris entre 4 et 6%, balaierait les valeurs boursières, et ce faisant, provoquerait la fameuse crise systémique qui est évoquée dans le mécanisme. En clair, nous soutenons que les gouvernements et les Banques Centrales se donnent la possibilité de ratisser l’argent du public le jour où ils devront monter les taux d’intérêt. C’est une opération complexe, mais qui, en dernier ressort, s’analyse exactement comme nous le disons. Pour résumer, pour traiter la crise, on met les taux à zéro, on surévalue les actions et les obligations ; on met en place un mécanisme pour ratisser l’argent du public en cas de baisse de la bourse, puis on monte les taux et on ramasse.
Cela dit, nous sommes persuadés qu’un tel mécanisme est inapplicable en France car il est évident que toucher à l’argent des déposants pour un pouvoir quelconque serait prendre le risque de se retrouver la tête au bout d’une pique.
En attendant, vous avez évidemment compris ce qu’il fallait faire. Les dépôts au-dessus de 100.000€ ne sont pas assurés et risquent au minimum un prélèvement de 8% ; les dépôts inférieurs à 100.000€ ne sont pas totalement garantis. C’est ce qui ressort d’une lecture attentive du texte. Si vous avez de l’argent à la banque, on vous compte un taux d’intérêt négatif par le biais des frais qui sont prélevés sur votre solde moyen ; vous n’avez évidemment aucun intérêt positif. Conclusion : il est déraisonnable de laisser s’accumuler de l’argent sur son compte bancaire. Cash is king.
Nous avons développé récemment une idée très riche, à savoir qu’il y avait maintenant plusieurs monnaies et qu’un euro, à un endroit, n’était pas équivalent à un euro à un autre endroit. Un euro bancaire n’est qu’une créance sur la banque et ne vaut pas un euro. Ce qui vaut un euro, c’est la monnaie Banque Centrale, celle qui est en billet et chez vous. Nous allons de plus en plus vers une segmentation de l’univers des monnaies, à la fois en fonction des lieux où elle est détenue, en fonction des institutions, en fonction des régimes fiscaux, en fonction de la situation économique et financière du pays d’accueil, etc. On maintient la fiction d’une monnaie unique au prix d’un éclatement réel de ce qu’est la monnaie. Ce sont ce que nous appelons les germes de la destruction".
Bruno Bertez, Le blog à Lupus, le 12 décembre 2013