dimanche 12 janvier 2014
Espagne : Indifférence et silence total des médias sur l'avancée du fascisme
Respectant un schéma qui semble bien établi, la montée du fascisme constatée en Grèce ne cesse de prendre de l'ampleur enEspagne, et ce, dans le silence assourdissant des médias, bien trop occupés à répandre la propagande haineuse du général Her Wallz, et, plus récemment, des dérives amoureuses du bouffon intérimaire actuel qui nous sert de président.
Il est d'ailleurs inquiétant de constater (une fois de plus) la passivité du peuple Français devant les magouilles ministérielles actuelles qui réduisent régulièrement et de manière drastique nos droits constitutionnels, et ce en toute impunité ! La montée du fascisme en Europe est bien réelle, et la France y emboite le pas dans l'indifférence générale... Le veilleur
Sous couvert de l'inattaquable excuse de la sécurité, le gouvernement de Mariano Rajoy considère préventivement le manifestant comme dangereux. Il est ainsi automatiquement regardé comme une menace à la loi grâce aunouveau projet législatif de « Sécurité citoyenne » adopté par le conseil des ministres le 29 novembre dernier.
Metteur en scène et dramaturge, Astrid Menasanch Tobieson travaille entre la Suède et l'Espagne. Elle est membre du groupe de théâtre Sta ! Gerillan. La lettre ci-dessous était initialement adressée aux journalistes suédois et a été publiée le 19 décembre. Avec l'autorisation de l'auteure, la traductrice a pu la retranscrire en français. Mathilde Rambourg
La lettre d'Astrid Menasanch Tobieson
Bouleversée, je vous écris sous le coup de l'indignation. L'Espagne, dans peu de temps, empruntera le chemin qui mène d'une démocratie ouverte à ce qui risque de devenir une démocratie fasciste et autoritaire. Je vous écris après les événements qui se sont produits dans le quartier de Kärrtorp à Stockholm (où un groupe néonazi ultraviolent a attaqué une manifestation antirasciste il y a quelques jours).
Je vous écris à propos de qui se trame en Espagne. Je crois en tout cas que la Suède et l'Espagne se ressemblent en un point : l'avancée du fascisme devant l'indifférence de la société. Le 19 novembre, le gouvernement espagnol a approuvé un projet de loi dont le but est d'en finir avec les manifestations et les contestations au régime actuel. La méthode est classique : instaurer le silence grâce à la répression.
Je vous demande maintenant de l'aide, je vous demande d'informer. Le samedi 14 décembre à Madrid s'est dérouléune des 6000 manifestations qui se sont organisées cette année en Espagne. Je le répète : une des 6000.
Ces dernières années, le réseau de protection sociale a été ébranlé : privatisation des théâtres, tentatives de privatiser les hôpitaux, droit du travail ébranlé et transformé depuis sa base, licenciements innombrables, familles chassées de leur domicile, éducation civique suspendue dans les écoles, etc. Et afin de clore une longue liste, le vendredi 20 décembre, le gouvernement a approuvé la réforme du droit à l'avortement.
Ce que l'on a désigné comme une crise économique est, depuis le début, avant tout une crise démocratique. La couverture médiatique en Suède et en France sur la situation en Espagne a été très faible, et son analyse d'un point de vue social, inexistante. La manifestation qui s'est tenue au pied du Congrès de Madrid le samedi 14 décembre, avait pour but de protester contre une nouvelle proposition de loi : la « ley de Seguridad Ciudadana », loi de Sécurité citoyenne.
Un groupe Facebook : 30.000 euros
Cette loi, qui contient 55 articles et punit autant d'actes différents, prévoit des amendes pour le manifestant, allant de 100 à 600.000 euros. Les infractions ?
• Pour commencer, toutes les manifestations non-déclarées et prenant place devant le Congrès ou autre édifice appartenant à l'Etat - comme celle qui s'est déroulée samedi 14 à Madrid - seront interdites et la sanction ira jusqu'à 30.000 euros par participant. Cela sera le cas lorsque plusieurs personnes seront considérées comme un groupe.
• L'interdiction des manifestations non-déclarées s'appliquera également aux réseaux sociaux. Se rassembler en tant que groupe sur Internet, autour d'une opinion, sera sanctionné de 30.000 euros. Créer un groupe, sur les réseaux sociaux ou dans un lieu public, autour de symboles ou de drapeaux, sera interdit : 30.000 euros d'amende.
• Si dans une manifestation, un citoyen manifeste avec une capuche ou avec le visage couvert : 30.000 euros d'amende.
• Refuser de décliner son identité devant un policier : 30.000 euros.
• Empêcher un policier de remplir sa fonction : 30.000 euros, ce qui, dans la pratique, signifie que les sit-in comme ceux qui initièrent le mouvement du 15-M en Espagne [ « Les Indignés », ndlr], seront strictement interdits.
• Déshonorer le drapeau espagnol : 30.000 euros [en France, cet acte est passible de 1 500 euros d'amende, ndlr].
• Réaliser un dessin satirique, prenant pour sujet, par exemple, un politique, sera interdit.
• Utiliser des pancartes critiquant la nation espagnole : 30.000 euros.
• Filmer ou photographier un policier en service : 30.000 euros.
Et la liste n'est pas exhaustive. Dans tous les cas, le témoignage d'un policier ou d'un agent de sécurité sera suffisant pour infliger une amende au citoyen. D'aucuns peuvent par conséquent se demander : l'Espagne fait-elle face à un mouvement de manifestations violentes ? Eh bien non. Le chef de la police Ignacio Casido a déclaré que ces 6000 manifestations sont jusqu'à ce jour le mouvement le plus pacifique de l'histoire de l'Espagne. (voir la capture d'écrandu Huffington Post espagnol qui montre huit photos prises en 2013, qui ne pourront être diffusées en 2014 - Huffingtonpost.es)
Il n'y a pas si longtemps, l'Espagne était encore une dictature. Il n'y a pas si longtemps non plus que la guerre civile a eu lieu. Tous les débats sont politiques. Informer d'un événement est un acte politique. Ne pas le faire est un acte politique. Le silence est, au plus haut point, un acte politique. Le choix de garder le silence se fige dans la mémoire des générations. Cette loi néofasciste qui va être votée n'est pas sans lien avec la montée des fascismes en Europe. Cela nous concerne tous.
Je m'adresse à tous les journalistes, aux éditorialistes en France. Vous qui détenez l'espace médiatique. Je vous demande sincèrement de briser le silence vis-à-vis du régime qui est en train de s'imposer en Espagne.
Je vous demande de commencer à informer. Je vous demande de soutenir la liberté d'expression avec vos articles et vos apports au débat, je vous demande d'y apporter des analyses rigoureuses et profondes. Informez ! Informez sur tout !
Source : Rue89
Source : Leveilleur
Il est d'ailleurs inquiétant de constater (une fois de plus) la passivité du peuple Français devant les magouilles ministérielles actuelles qui réduisent régulièrement et de manière drastique nos droits constitutionnels, et ce en toute impunité ! La montée du fascisme en Europe est bien réelle, et la France y emboite le pas dans l'indifférence générale... Le veilleur
Sous couvert de l'inattaquable excuse de la sécurité, le gouvernement de Mariano Rajoy considère préventivement le manifestant comme dangereux. Il est ainsi automatiquement regardé comme une menace à la loi grâce aunouveau projet législatif de « Sécurité citoyenne » adopté par le conseil des ministres le 29 novembre dernier.
Metteur en scène et dramaturge, Astrid Menasanch Tobieson travaille entre la Suède et l'Espagne. Elle est membre du groupe de théâtre Sta ! Gerillan. La lettre ci-dessous était initialement adressée aux journalistes suédois et a été publiée le 19 décembre. Avec l'autorisation de l'auteure, la traductrice a pu la retranscrire en français. Mathilde Rambourg
La lettre d'Astrid Menasanch Tobieson
Bouleversée, je vous écris sous le coup de l'indignation. L'Espagne, dans peu de temps, empruntera le chemin qui mène d'une démocratie ouverte à ce qui risque de devenir une démocratie fasciste et autoritaire. Je vous écris après les événements qui se sont produits dans le quartier de Kärrtorp à Stockholm (où un groupe néonazi ultraviolent a attaqué une manifestation antirasciste il y a quelques jours).
Je vous écris à propos de qui se trame en Espagne. Je crois en tout cas que la Suède et l'Espagne se ressemblent en un point : l'avancée du fascisme devant l'indifférence de la société. Le 19 novembre, le gouvernement espagnol a approuvé un projet de loi dont le but est d'en finir avec les manifestations et les contestations au régime actuel. La méthode est classique : instaurer le silence grâce à la répression.
Je vous demande maintenant de l'aide, je vous demande d'informer. Le samedi 14 décembre à Madrid s'est dérouléune des 6000 manifestations qui se sont organisées cette année en Espagne. Je le répète : une des 6000.
Ces dernières années, le réseau de protection sociale a été ébranlé : privatisation des théâtres, tentatives de privatiser les hôpitaux, droit du travail ébranlé et transformé depuis sa base, licenciements innombrables, familles chassées de leur domicile, éducation civique suspendue dans les écoles, etc. Et afin de clore une longue liste, le vendredi 20 décembre, le gouvernement a approuvé la réforme du droit à l'avortement.
Ce que l'on a désigné comme une crise économique est, depuis le début, avant tout une crise démocratique. La couverture médiatique en Suède et en France sur la situation en Espagne a été très faible, et son analyse d'un point de vue social, inexistante. La manifestation qui s'est tenue au pied du Congrès de Madrid le samedi 14 décembre, avait pour but de protester contre une nouvelle proposition de loi : la « ley de Seguridad Ciudadana », loi de Sécurité citoyenne.
Un groupe Facebook : 30.000 euros
Cette loi, qui contient 55 articles et punit autant d'actes différents, prévoit des amendes pour le manifestant, allant de 100 à 600.000 euros. Les infractions ?
• Pour commencer, toutes les manifestations non-déclarées et prenant place devant le Congrès ou autre édifice appartenant à l'Etat - comme celle qui s'est déroulée samedi 14 à Madrid - seront interdites et la sanction ira jusqu'à 30.000 euros par participant. Cela sera le cas lorsque plusieurs personnes seront considérées comme un groupe.
• L'interdiction des manifestations non-déclarées s'appliquera également aux réseaux sociaux. Se rassembler en tant que groupe sur Internet, autour d'une opinion, sera sanctionné de 30.000 euros. Créer un groupe, sur les réseaux sociaux ou dans un lieu public, autour de symboles ou de drapeaux, sera interdit : 30.000 euros d'amende.
• Si dans une manifestation, un citoyen manifeste avec une capuche ou avec le visage couvert : 30.000 euros d'amende.
• Refuser de décliner son identité devant un policier : 30.000 euros.
• Empêcher un policier de remplir sa fonction : 30.000 euros, ce qui, dans la pratique, signifie que les sit-in comme ceux qui initièrent le mouvement du 15-M en Espagne [ « Les Indignés », ndlr], seront strictement interdits.
• Déshonorer le drapeau espagnol : 30.000 euros [en France, cet acte est passible de 1 500 euros d'amende, ndlr].
• Réaliser un dessin satirique, prenant pour sujet, par exemple, un politique, sera interdit.
• Utiliser des pancartes critiquant la nation espagnole : 30.000 euros.
• Filmer ou photographier un policier en service : 30.000 euros.
Et la liste n'est pas exhaustive. Dans tous les cas, le témoignage d'un policier ou d'un agent de sécurité sera suffisant pour infliger une amende au citoyen. D'aucuns peuvent par conséquent se demander : l'Espagne fait-elle face à un mouvement de manifestations violentes ? Eh bien non. Le chef de la police Ignacio Casido a déclaré que ces 6000 manifestations sont jusqu'à ce jour le mouvement le plus pacifique de l'histoire de l'Espagne. (voir la capture d'écrandu Huffington Post espagnol qui montre huit photos prises en 2013, qui ne pourront être diffusées en 2014 - Huffingtonpost.es)
Il n'y a pas si longtemps, l'Espagne était encore une dictature. Il n'y a pas si longtemps non plus que la guerre civile a eu lieu. Tous les débats sont politiques. Informer d'un événement est un acte politique. Ne pas le faire est un acte politique. Le silence est, au plus haut point, un acte politique. Le choix de garder le silence se fige dans la mémoire des générations. Cette loi néofasciste qui va être votée n'est pas sans lien avec la montée des fascismes en Europe. Cela nous concerne tous.
Je m'adresse à tous les journalistes, aux éditorialistes en France. Vous qui détenez l'espace médiatique. Je vous demande sincèrement de briser le silence vis-à-vis du régime qui est en train de s'imposer en Espagne.
Je vous demande de commencer à informer. Je vous demande de soutenir la liberté d'expression avec vos articles et vos apports au débat, je vous demande d'y apporter des analyses rigoureuses et profondes. Informez ! Informez sur tout !
Source : Rue89
Source : Leveilleur