Mensonges
Par Jacques Sapir sur son site
Les différents journaux proches du gouvernement ont rapporté le vendredi 14 février qu’il y aurait des nouvelles économiquement « encourageantes ». On comprend bien qu’il fallait préparer l’opinion à de nouvelles mesures d’austérité et montrer que le gouvernement, comme son prédécesseur, faisait « quelque chose » pour la croissance. On ne se souvient que trop de l’inénarrable déclaration de Nicolas Sarkozy censé aller chercher « la croissance avec ses dents ». Pauvre homme ; au vu des résultats il avait besoin d’un dentier. Aujourd’hui, MM. Hollande et Moscovici plastronnent, l’un en Californie et l’autre à Paris. Mais les faits sont têtus…
CHOMAGE
On parle beaucoup d’un « indicateur » de l’augmentation de l’emploi que constituerait l’intérim. Il est vrai que l’usage de l’intérim s’est beaucoup développé, et que ce dernier s’était complètement effondré depuis près de deux ans. Néanmoins, un léger redressement sur ce point ne signifie rien de concret et peut très bien n’être qu’une correction après des mois de baisse. Rappelons donc les chiffres du chômage et du quasi-chômage qui sont fournis par l’organisme gouvernemental lui-même, la DARES :
CROISSANCE
L’INSEE ayant ajusté ses estimations pour le quatrième trimestre, passant de +0,2% à +0,3%, certains se sont crus autorisés à crier victoire. C’est être bien imprudent, et aussi bien impudent. En fait, le PIB par habitant est toujours inférieur à ce qu’il était en septembre 2008.
La crise affecte plus la forme d’un W et nous en sommes, hélas, loin d’en être sorti. Mon collègue Olivier Berruyer le faisait d’ailleurs remarquer vendredi 14 dans une émission sur BFM-Business à laquelle nous participions tous les deux. Si l’on rapporte maintenant le PIB à la population active, qui produit cette valeur ajoutée que l’on comptabilise, l’image est à peu près la même.
Cela veut dire que l’économie française est aujourd’hui incapable d’utiliser les ressources en travail dont elle dispose au moins aussi bien que ce qui était le cas en septembre 2008. C’est cet indicateur qui est réellement pertinent de l’état de la production.
INDUSTRIE
Dans cette production, l’industrie manufacturière apparaît comme la première victime. Or, c’est elle qui engendre les rémunérations les plus stables et les plus importantes par rapport à un niveau de formation donné.
DÉCENCE
Je rappelle que tous les graphiques présentés ici ont été réalisés à l’aide des tables de l’INSEE. On se demande donc ce que font les journalistes, dont on suppose qu’ils ne sont pas plus bêtes que la moyenne, sachant qu’en deux temps et trois mouvements on débouche sur le site de l’INSEE. Dans ces conditions, le minimum que l’on puisse exiger des politiques ainsi que de certains journalistes et de faire preuve d’un peu de décence. Non, rien ne permet d’être aujourd’hui optimiste, ce que nous déplorons, mais ce que nous constaton? Oui, la situation de l’économie française est très mauvaise, et la méthode Coué, au lieu d’arranger les choses va finir par rendre les français – à juste titre – absolument enragés !
Source: RussEurop
CHOMAGE
On parle beaucoup d’un « indicateur » de l’augmentation de l’emploi que constituerait l’intérim. Il est vrai que l’usage de l’intérim s’est beaucoup développé, et que ce dernier s’était complètement effondré depuis près de deux ans. Néanmoins, un léger redressement sur ce point ne signifie rien de concret et peut très bien n’être qu’une correction après des mois de baisse. Rappelons donc les chiffres du chômage et du quasi-chômage qui sont fournis par l’organisme gouvernemental lui-même, la DARES :
Graphique 1
On constate que non seulement la courbe de l’agrégat des catégories A+B+D continue de progresser, mais que le « quasi-chômage », soit les catégories C+E augmente fortement du fait de l’accroissement des emplois aidés. Au total, ce sont 600 000 chômeurs et quasi-chômeurs de plus qui sont venus s’ajouter aux chiffres de juin 2012.CROISSANCE
L’INSEE ayant ajusté ses estimations pour le quatrième trimestre, passant de +0,2% à +0,3%, certains se sont crus autorisés à crier victoire. C’est être bien imprudent, et aussi bien impudent. En fait, le PIB par habitant est toujours inférieur à ce qu’il était en septembre 2008.
Graphique 2
La crise affecte plus la forme d’un W et nous en sommes, hélas, loin d’en être sorti. Mon collègue Olivier Berruyer le faisait d’ailleurs remarquer vendredi 14 dans une émission sur BFM-Business à laquelle nous participions tous les deux. Si l’on rapporte maintenant le PIB à la population active, qui produit cette valeur ajoutée que l’on comptabilise, l’image est à peu près la même.
Graphique 3
Cela veut dire que l’économie française est aujourd’hui incapable d’utiliser les ressources en travail dont elle dispose au moins aussi bien que ce qui était le cas en septembre 2008. C’est cet indicateur qui est réellement pertinent de l’état de la production.
INDUSTRIE
Dans cette production, l’industrie manufacturière apparaît comme la première victime. Or, c’est elle qui engendre les rémunérations les plus stables et les plus importantes par rapport à un niveau de formation donné.
Graphique 4
On peut lire, sur ce graphique, à la fois les conséquences tragiques de la « politique du Franc Fort » mené au début des années 1990, la quasi-stagnation avec l’euro, et la chute effrayante avec la crise, accentuée bien entendu par l’effet dépressif de la monnaie unique. Mais, aujourd’hui, nous sommes en deçà du niveau que l’on avait atteint en janvier 1990. Cela dit tout sur le marasme que nous connaissons, et qui est le produit direct et immédiat des politiques menées tant par la droite que la gauche.DÉCENCE
Je rappelle que tous les graphiques présentés ici ont été réalisés à l’aide des tables de l’INSEE. On se demande donc ce que font les journalistes, dont on suppose qu’ils ne sont pas plus bêtes que la moyenne, sachant qu’en deux temps et trois mouvements on débouche sur le site de l’INSEE. Dans ces conditions, le minimum que l’on puisse exiger des politiques ainsi que de certains journalistes et de faire preuve d’un peu de décence. Non, rien ne permet d’être aujourd’hui optimiste, ce que nous déplorons, mais ce que nous constaton? Oui, la situation de l’économie française est très mauvaise, et la méthode Coué, au lieu d’arranger les choses va finir par rendre les français – à juste titre – absolument enragés !
Source: RussEurop