Languedoc-Roussillon : des millions d’abeilles décimées par intoxication
"Ce sont des territoires sains, déserts"
À Font Romeu. Au grand air. L’été dernier, à leur retour au bercail, les reines ne voulaient plus reprendre la ponte. Et de façon fulgurante, le cheptel de 92 ruches, partie en transhumance, s’est éteint. Totalement décimé. Laissant l’agriculteur dans l’incompréhension et le désarroi. "Les zones où j’avais installé les ruches sont éloignées de toutes exploitations. Ce sont des territoires sains, déserts".
"Aucune pathologie, pas plus que de la mortalité naturelle"
Thierry Mendez fait alors appel à deux experts. Yvan Bouisson, en charge de recherche phytosanitaire à l’Institut national de la recherche agronomique et Marc-Édouard Colin, vétérinaire conseil du groupement de défense sanitaire apicole (GDSA) de l’Hérault. "On a vite écarté la piste de l’acarien parasite qu’est le Varroa. Ainsi que la possible responsabilité de l’apiculteur quant à une quelconque négligence", témoigne le spécialiste des maladies des abeilles. D’après les premières analyses du miel, de la cire, et l’observation des rares abeilles survivantes, tout laisse entendre qu’il s’agit d’intoxication. "On a, de plus, recoupé ce qui arrivait avec ce qui a été constaté dans les cheptels des Pyrénées-Orientales et de l’Ariège, fortement touchés", poursuit Yvan Bouisson.
"Il n’y a aucune pathologie qui ressorte"
En Catalogne, en effet, plus de 1 300 ruches ont été ainsi détruites. "On compte 18 apiculteurs sinistrés", observe Jean Adestro, président du groupement de défense sanitaire apicole des Pyrénées-Orientales, qui répertorie chaque jour les dégâts engendrés. "Il n’y a aucune pathologie qui ressorte. Il ne s’agit pas de mortalité naturelle. Ce n’est pas non plus lié à un manquement des apiculteurs."
Se balader dans l’atmosphère, c’est que c’est toxique
Lui-même, professionnel de l’abeille, a perdu des ruches. Il a sa petite idée sur les origines de l’intoxication mais ne veut pas se prononcer avant la délivrance des résultats des expertises et contre-expertises. Ce que partage Yvan Bouisson de l’Inra : "Il faut rester extrêmement prudent. Ne pas faire de mauvais procès d’intention". Et de rappeler que les abeilles sont le plus performant baromètre des pollutions. Même des plus infimes. "Quand elles ne peuvent plus butiner les fleurs, se balader dans l’atmosphère, c’est que c’est toxique". Pour Jean Adestro, c’est d’autant plus dramatique que les apiculteurs sont déjà très exposés, fragilisés. Il déplore aussi que l’intoxication provienne "de la montagne. L’endroit, par excellence où l’on dit que l’on se requinque, fait ses réserves de bon air".
Le GDSA et l’union syndicale apicole du Roussillon ont voté, en janvier dernier, une motion visant à la reconnaissance des récentes mortalités, afin que des moyens humains et financiers soient dégagés pour soutenir les apiculteurs sinistrés. Certains ont perdu la totalité de leur cheptel. L’Héraultais Thierry Mendez, lui, a fait estimer les dommages subis, entre la perte de ses ruches, de sa récolte, l’achat d’essaims pour remonter une activité. La facture s’élève à 67 988 €.
Le samedi 12 avril, au théâtre municipal de Perpignan, à 9 h, conférence-débat sur la mortalité massive des abeilles, avec Marc-Édouard Colin et Luc Belzunges, toxicologue environnemental à l’Inra.
Des millions d'abeilles sont décimées par intoxication. Les apiculteurs de la région Languedoc-Roussillon sont touchés. Parmi eux, l’Héraultais Thierry Mendez. Dégâts importants dans les P.-O.
Il voulait que ses ouvrières butinent les rhododendrons, ces azalées que l’on rencontre en région montagneuse. Qu’elles aillent se poser sur les fleurs de châtaignier, qu’elles titillent le tilleul. Pour pouvoir obtenir la plus large variété de miels. Depuis dix ans, Thierry Mendez, apiculteur installé à Villeneuve-lès-Maguelone dans l’Hérault, mène ses abeilles au plus haut des monts des Pyrénées-Orientales."Ce sont des territoires sains, déserts"
À Font Romeu. Au grand air. L’été dernier, à leur retour au bercail, les reines ne voulaient plus reprendre la ponte. Et de façon fulgurante, le cheptel de 92 ruches, partie en transhumance, s’est éteint. Totalement décimé. Laissant l’agriculteur dans l’incompréhension et le désarroi. "Les zones où j’avais installé les ruches sont éloignées de toutes exploitations. Ce sont des territoires sains, déserts".
"Aucune pathologie, pas plus que de la mortalité naturelle"
Thierry Mendez fait alors appel à deux experts. Yvan Bouisson, en charge de recherche phytosanitaire à l’Institut national de la recherche agronomique et Marc-Édouard Colin, vétérinaire conseil du groupement de défense sanitaire apicole (GDSA) de l’Hérault. "On a vite écarté la piste de l’acarien parasite qu’est le Varroa. Ainsi que la possible responsabilité de l’apiculteur quant à une quelconque négligence", témoigne le spécialiste des maladies des abeilles. D’après les premières analyses du miel, de la cire, et l’observation des rares abeilles survivantes, tout laisse entendre qu’il s’agit d’intoxication. "On a, de plus, recoupé ce qui arrivait avec ce qui a été constaté dans les cheptels des Pyrénées-Orientales et de l’Ariège, fortement touchés", poursuit Yvan Bouisson.
"Il n’y a aucune pathologie qui ressorte"
En Catalogne, en effet, plus de 1 300 ruches ont été ainsi détruites. "On compte 18 apiculteurs sinistrés", observe Jean Adestro, président du groupement de défense sanitaire apicole des Pyrénées-Orientales, qui répertorie chaque jour les dégâts engendrés. "Il n’y a aucune pathologie qui ressorte. Il ne s’agit pas de mortalité naturelle. Ce n’est pas non plus lié à un manquement des apiculteurs."
Se balader dans l’atmosphère, c’est que c’est toxique
Lui-même, professionnel de l’abeille, a perdu des ruches. Il a sa petite idée sur les origines de l’intoxication mais ne veut pas se prononcer avant la délivrance des résultats des expertises et contre-expertises. Ce que partage Yvan Bouisson de l’Inra : "Il faut rester extrêmement prudent. Ne pas faire de mauvais procès d’intention". Et de rappeler que les abeilles sont le plus performant baromètre des pollutions. Même des plus infimes. "Quand elles ne peuvent plus butiner les fleurs, se balader dans l’atmosphère, c’est que c’est toxique". Pour Jean Adestro, c’est d’autant plus dramatique que les apiculteurs sont déjà très exposés, fragilisés. Il déplore aussi que l’intoxication provienne "de la montagne. L’endroit, par excellence où l’on dit que l’on se requinque, fait ses réserves de bon air".
Le GDSA et l’union syndicale apicole du Roussillon ont voté, en janvier dernier, une motion visant à la reconnaissance des récentes mortalités, afin que des moyens humains et financiers soient dégagés pour soutenir les apiculteurs sinistrés. Certains ont perdu la totalité de leur cheptel. L’Héraultais Thierry Mendez, lui, a fait estimer les dommages subis, entre la perte de ses ruches, de sa récolte, l’achat d’essaims pour remonter une activité. La facture s’élève à 67 988 €.
Le samedi 12 avril, au théâtre municipal de Perpignan, à 9 h, conférence-débat sur la mortalité massive des abeilles, avec Marc-Édouard Colin et Luc Belzunges, toxicologue environnemental à l’Inra.