mercredi 2 avril 2014

Blanchiment, mafias, trading : « Le capitalisme est devenu criminogène » (blogapares)

Blanchiment, mafias, trading : « Le capitalisme est devenu criminogène »

gayraud Blanchiment, mafias, trading : « Le capitalisme est devenu criminogène »
Par Camille Polloni sur Rue89
Le commissaire divisionnaire Jean-François Gayraud arrive au jardin des Tuileries en costume cravate. Il travaille à deux pas, place Beauvau. Cet ancien de la DST – il y a passé dix-sept ans, se spécialisant notamment dans l’intelligence économique – désormais en poste à l’Unité de coordination de la lutte antiterrorisme (Uclat), a toujours eu une double casquette : policier et docteur en droit, auteur d’ouvrages sur le crime qu’il aborde du point de vue géopolitique. Il revendique son adhésion à une disciplinecontroversée sur le plan académique, la criminologie.

Lorsque son nom est cité dans la presse à l’occasion de l’affaire Clearstream 2, il est étiqueté comme « chiraquien » et donc villepiniste. Lui récuse tout engagement politique. Son intérêt pour l’homme d’affaires Alexandre Djouhri l’a mis en délicatesse professionnelle quand Nicolas Sarkozy et Bernard Squarcini ont pris les manettes de l’institution policière.
La jovialité de Jean-François Gayraud tranche avec le pessimisme de ses thèses. Dans son dernier livre, « Le Nouveau Capitalisme criminel » (éd. Odile Jacob), il dresse un sombre tableau des rapports entre finance et crime organisé.

« Le gendarme ne rattrapera jamais le voleur »

La dérégulation, « le pouvoir de chantage des établissements financiers » et l’impuissance des Etats à contrôler les flux de capitaux transnationaux lui font pressentir de grandes catastrophes.
Il voit dans la folle accélération des transactions financières la porte ouverte au blanchiment d’argent sale, à la tromperie sur la qualité des titres et aux prêts frauduleux. Et pour lui, « le gendarme ne rattrapera jamais le voleur ».
Rue89 : Vous analysez l’économie et la finance sous l’angle de leur « part d’ombre ». Qu’est-ce qui vous amène à penser que la criminalité joue un rôle sous-évalué dans le déclenchement des crises financières ?
Jean-François Gayraud : Traditionnellement, les économistes ne veulent pas penser la question criminelle. Pourtant, lorsqu’elle est importante, elle modifie profondément le fonctionnement des marchés.
Depuis les années 80, le capitalisme a profondément changé de visage. Il s’est financiarisé, mondialisé et dérégulé à l’excès. En prenant ces trois caractéristiques, il est devenu criminogène.
« La mauvaise monnaie chasse la bonne », dit la loi de Gresham. De même, quand un marché n’a plus de régulateur, les mauvaises pratiques chassent les bonnes et les mauvais acteurs chassent les bons. Sans qu’il n’y ait aucun complot, mais de manière mécanique, naturelle et spontanée.
Les crises financières sont excessivement rapprochées, répétitives et brutales par leurs conséquences budgétaires (les Etats doivent aller à la rescousse des institutions financières), extrêmement violentes dans leurs conséquences sociales (augmentation du chômage, de la pauvreté).
Qui sont les acteurs de cette dimension criminelle des marchés ?
Dans la criminologie classique, deux concepts discutables s’opposent :
  • le crime organisé : les gangsters, les voyous, le Milieu ;
  • la criminalité « en col blanc » : des individus bien insérés socialement, dont l’activité première n’est pas le crime, mais qui à l’occasion de leur profession peuvent rencontrer des opportunités à frauder et le font.
Dans le cas des subprimes, la dimension criminelle de la crise est manifestement issue de la criminalité en col blanc. Le crime organisé n’a eu quasiment aucun rôle.
En revanche dans la crise japonaise des années 90, les responsabilités entre la mafia des yakuzas, les élites politiques issues du parti majoritaire et le monde économico-financier (immobilier, banque, etc.) sont relativement équilibrées.
Est-ce que la distinction entre ces deux mondes est fondée ?
Il y a une différence de nature évidente entre une carrière criminelle dans une organisation mafieuse et un banquier issu d’une école de commerce. En même temps, on observe des rapprochements, parfois même une symbiose entre ces univers, amenés à se rencontrer.
De plus en plus de « cols blancs » ont une capacité à mener sur le long terme, de manière pérenne, des activités frauduleuses. Et puis le monde de la criminalité organisée « classique » s’immerge de plus en plus dans la criminalité économique et financière, en particulier avec le blanchiment d’argent.
Cela signifie que la criminalité organisée a acquis des compétences en matière financière, sait mieux se débrouiller une fois le produit de son crime récolté pour le placer, le rendre invisible et le dissoudre dans le système financier classique ?
En tout cas, elle sait trouver les individus qui ont ces compétences. Cet univers a besoin d’intermédiaires, de passerelles vers le monde légal. Pour cela ils s’associent avec des banquiers, des avocats, des fiscalistes. Ils leur sont indispensables pour mener à bien leurs activités de blanchiment, en présentant le double avantage de la respectabilité sociale et du savoir-faire.
Existe-t-il d’un côté un capitalisme sain, fait de « ceux qui gagnent honnêtement leurs vies », et de l’autre des banquiers ou des avocats qui présentent une apparence de respectabilité et servent en réalité d’instrument au crime organisé, parfois sans le savoir ?
L’argent issu des activités criminelles, que ce soit le crime organisé ou la fraude et l’évasion fiscale, représente aujourd’hui des masses telles qu’elles ne peuvent pas totalement et uniquement se blanchir à travers l’économie réelle « de brique et de mortier ». Ces sommes très volumineuse, souvent en cash, doivent passer par des institutions financières.
Certaines décident de laisser rentrer l’argent sale de manière très consciente et stratégique. A échéances régulières depuis les années 70, de très grandes institutions bancaires ont ouvert la porte du poulailler.
Bien sûr, la très grande majorité des banquiers ou des financiers se comportent honnêtement et font preuve de bonne foi. Depuis le début des années 2000, de plus en plus de normes empêchent le développement d’activités frauduleuses, l’immixtion de l’argent sale dans les circuits financiers. Ce sont toutes les techniques dites de « due diligence » et de « compliance ».
Cependant pour ces professionnels, en première ligne avant même l’Etat, la détection de l’argent sale est un processus de plus en plus complexe. Cet argent passe par les paradis fiscaux et bancaires, on le sait, mais surtout par l’instrument des trusts et fiducies, qui permettent d’anonymiser le capital. Quand l’argent arrive dans une institution financière, il devient extrêmement compliqué de savoir qui en est le détenteur réel.
La série « The Wire » met bien en scène le recyclage des fonds de l’économie criminelle dans l’économie réelle, à travers l’immobilier et des magasins de photocopies. Quelles fictions vous semblent utiles pour comprendre les phénomènes complexes dont vous parlez ?
Quand la fiction nous dit quelque chose de juste – c’est le cas de « The Wire » mais aussi des « Soprano » – c’est de la vraie sociologie participante, du Balzac des temps modernes. On peut avoir là de très beaux instruments descriptifs sur la réalité. D’ailleurs, « The Wire » constitue moins une description du monde criminel que de la chute d’une ville due aux dégâts du capitalisme.
Il faut aussi être très attentif aux fictions pour ce qu’elles nous disent de faux. Les représentations oniriques, naïves et folkloriques que le cinéma donne du monde criminel vient profondément l’influencer.
L’exemple typique, c’est la trilogie du « Parrain » de Coppola, qui au-delà des immenses qualités esthétiques du film et d’un certain nombre de vérités, comporte aussi des erreurs profondes. Ce film a développé tout un folklore moderne autour de Cosa Nostra, dont les voyous eux-mêmes se sont emparés : des phrases, des comportements, des manières d’être. La réalité vient imiter le cinéma en permanence.
Quand on parle de criminalité organisée aujourd’hui, à quel type d’activités illégales on fait référence concrètement : trafic de drogue, trafic d’armes, prostitution internationale ? Quelles sont les sources de bénéfices du crime organisé ?
Une organisation criminelle n’a jamais de spécialité, elle est toujours présente en même temps sur plusieurs types de « marchés ». Tout peut faire bénéfice et parfois les plus gros volumes ne se situent pas là où on l’imagine.
Aujourd’hui, les « cartels » mexicains de la drogue font la moitié de leur chiffre d’affaires en dehors du trafic d’héroïne, de cocaïne et de cannabis. En Sicile, les familles de Cosa Nostra font l’essentiel de leur chiffre d’affaires à travers le racket et le trucage des marchés publics. En revanche, dans nos cités et banlieues devenues anomiques, l’économie souterraine est d’abord structurée par le trafic de drogue.
Derrière la catastrophe nucléaire de Fukushima, vous voyez la main du crime organisé. Pourquoi ?
Comme après chaque catastrophe, on voit émerger des phénomènes qui jusque-là sont cachés et clandestins. Le grand opérateur nucléaire japonais, Tepco, avait l’habitude de sous-traiter à des entreprises qui embauchaient à très bas coût des salariés. Certaines d’entre elles étaient entre les mains des yakuzas, comme dans à peu près tous les secteurs économiques du pays.
Après Fukushima, Tepco a dû trouver en urgence des salariés, entre guillemets volontaires, pour aller faire ce très sale boulot de nettoyage des terres et fatalement mettre en danger la vie de ces pauvres gens. Les relations entre le patronat et le crime organisé sont complexes et subtiles, à la fois instrumentales, utilitaires, de coopération et d’intimidation.
Pourquoi les organisations criminelles s’intéressent-elles souvent au bâtiment et au marché des déchets ?
Nous vivons dans un monde urbain. Plus de 50% de la population mondiale vit désormais en ville. Or qu’est-ce qu’une ville ? Du béton et des déchets.
Ce sont des activités extrêmement poreuses et perméables, des marchés particulièrement lucratifs à capter pour les organisations criminelles de niveau supérieur. C’est le cas pour la mafia italo-américaine qui va de la côte est des Etats-Unis au Canada. C’est vrai aussi pour Cosa Nostra, ou dans le sud de la France pour une partie du crime organisé.
Les sources de revenus potentielles sont multiples :
  • racketter les acteurs sains de cette économie, de manière très prédatrice ;
  • blanchir et investir ;
  • comme les Italo-Américains, devenir des entrepreneurs capitalistiques avec une profondeur stratégique et des méthodes qui ne correspondent pas à l’économie de marché. Si vous êtes un patron gangster, vous avez un avantage concurrentiel. Vous ne respecterez pas les droits syndicaux et le droit du travail de vos employés et vous aurez dans la captation des marchés un avantage fondé sur l’intimidation voire la violence.
Pensez-vous qu’en France il existe une mafia ?
Le mot « mafia » a dégénéré en espèce de nom commun devenu synonyme de crime et de criminalité, jusqu’à être complètement dilué, alors que la plupart des entités criminelles sont des bandes, des gangs, etc.
Il faut réserver le concept de « mafia » à des entités très particulières, qui partagent les caractéristiques de sociétés secrètes. La dizaine d’organisations criminelles qu’on peut qualifier de mafias à travers le monde sont très anciennes, elles partagent une sociologie de l’entre-soi et de l’invisibilité :
  • les quatre mafias italiennes,
  • les clans albanais,
  • les yakuzas au Japon,
  • les triades dans le monde chinois,
  • Cosa Nostra, la mafia italo-américaine.
Elles ont su s’enraciner dans un territoire, résister aux évolutions politiques, économiques, sociales, à l’usure du temps et surtout aux vagues de répression.
Comme pour Tchernobyl, le nuage ne s’arrête pas à la frontière ! Du fait de la mondialisation, des mafias étrangères sont venues s’installer en France, entre autre la Camorra et la ’Ndrangheta. Mais je doute fortement qu’en France une mafia ait émergé.
La criminalité organisée corse et corso-marseillaise, quelle que soit sa dangerosité et son intelligence, son savoir-faire et les très graves problèmes de sécurité nationale qu’elle pose parfois, n’a pas cette permanence. Il y a des bandes, des groupes, toujours dans les mêmes aires géographiques et dans les mêmes bassins criminels mais à la disparition de leur chef (du fait d’une mort violente ou de l’emprisonnement) la même organisation ne survit pas.
Vous semblez penser que la France est plus efficace que les autres pays.
Du fait de notre tradition étatiste, nous sommes un pays qui a toujours accordé beaucoup de place à la régulation et au contrôle, sans être un système parfait bien sûr.
Selon vous, « la lutte contre le blanchiment de l’argent sale est un échec sur le plan international ». Par manque de volonté politique des Etats, ou parce que le phénomène est trop difficile à maîtriser ?
Beaucoup d’Etats sont plutôt vertueux et essaient de bien faire. C’est le cas de la France en particulier. Mais c’est une prise de conscience très récente, elle date des années 80-90 et n’a réellement été mise en œuvre que depuis les années 2000. On est dans l’enfance de cette problématique.
On a beau essayer de faire disparaître d’un trait de plume les paradis fiscaux et bancaires, à travers des listes internationales, sur cette planète balkanisée beaucoup d’Etats n’ont aucune viabilité et sont obligés pour survivre d’accueillir de l’argent douteux. Ils ont un modèle économique fondé sur la finance internationale, voire sur des intérêts criminels. Même si vous bouchez le trou à un endroit, vous avez toujours le risque de voir de nouveaux pays adopter ce type de modèle.
Enfin, pour lutter contre l’argent sale, contourner le secret bancaire n’est qu’une première étape. Nous avons laissé se développer des instruments d’anonymisation du capital. Une fois le secret bancaire levé entre les pays, si derrière vous avez un fiducie ou un trust qui renvoie à un autre fiducie ou un autre trust, vous parviendrez peut-être à une réponse sur le détenteur réel du capital mais dans une temporalité qui tue l’enquête judiciaire.
Et si les banques qui abritent le fruit d’activités criminelles font le ménage chez elles, naturellement il se créera de nouveaux établissements financiers qui pourront les récupérer ?
Toute politique de sécurité qui ne prend pas en compte l’effet de déplacement est condamnée à l’échec. Elle n’a de succès que pour le journal de 20 heures.
En vous lisant, on a l’impression que les élites politiques sont souvent corrompues, les élites économiques avides et les élites intellectuelles démunies.
J’admets une certaine déformation professionnelle, les choses sont forcément moins sombres que cela. Malgré tout, je pense que les activités criminelles dans le monde post-guerre froide ont une centralité qu’elles n’ont pas toujours eu.
En dehors des mécanismes « classiques » de fraude et de blanchiment, plusieurs chapitres de votre livre sont consacrés au trading à haute fréquence, qui permet des transactions boursières automatisées, multiples et très rapides (une milliseconde). Qu’est-ce qu’il a de commun avec les activités criminelles ?
C’est un objet barbare dont on parle très peu. Cette technique fait aujourd’hui fonctionner la moitié, voire les deux tiers des marchés financiers.
En lui-même, le trading de haute fréquence n’est pas un outil criminel, mais il a des potentialités et des dynamiques criminogènes réelles. Contrairement à une idée un peu naïve issue du positivisme, une technique n’est jamais neutre, elle façonne le réel. Le trading à haute fréquence, c’est de la concurrence déloyale et de la spéculation systématisées, du délit d’initié légalisé.
Aujourd’hui sur les marchés des matières premières, les prix sont surévalués ou sous-évalués en permanence de 10, 20, 30% selon les produits. Les prix du blé ou de l’électricité ont des conséquences majeures sur le consommateur et sur le producteur. Derrière tout ça il y a des réalités humaines, des gens qui vivent et qui meurent.
La combinaison de l’hypervolume et de l’hypervitesse crée de l’invisibilité à plusieurs titres :
  • une invisibilité médiatique : on parle du trading à haute fréquence alors que le système est en place ;
  • une invisibilité intellectuelle : on ne sait plus bien définir ce qu’est une fraude parce que la notion de fraude est profondément transformée par la technique elle-même.
Si tant est qu’on puisse penser la fraude, on ne sait plus la voir matériellement : il faut des outils techniques dont la plupart des Etats ne disposent pas. Et enfin, on aura de plus en plus de mal à apporter la preuve et donc une véritable sanction dissuasive.
Je ne suis pas naïf : la criminalité économique et financière est structurellement invisible. Un délit d’initiés n’a pas la même matérialité qu’un vol à main armée. Sauf que là où il y avait une capacité à voir, si on voulait s’en donner les moyens, à reconstituer les événements, c’est aujourd’hui impossible. On se trouve dans un moment historique terrible où il peut y avoir une totale impunité pour les fraudes sur les marchés financiers.
Vous décrivez les algorithmes concurrents, échangés par des machines, comme un tissu vivant d’engins terrifiants qui échappent à leur créateur, prennent leur autonomie et apprennent de leurs erreurs. C’est de la science-fiction ?
On est plus proches des romans de Philippe K. Dick que de la criminologie de Gabriel Tarde ! Mais aujourd’hui, l’intelligence artificielle s’immerge dans toutes les réalités du vivant. Il faut réfléchir à ce que va être la criminalité dans le cyberespace.
Dans ce contexte-là, que pensez-vous de l’émergence d’une nouvelle figure, celle du lanceur d’alerte ?
Il est amusant de voir comment dans la conscience démocratique, cette figure du dénonciateur, honnie et ostracisée, est devenue soudainement une figure positive et une espèce de chevalier blanc. Cela dit, face à de très grandes organisations bureaucratisées et opaques, le lanceur d’alerte apparaît comme la seule voie de décompression du système.
La compréhension de systèmes de plus en plus techniciens sera impossible de l’extérieur. Il faudra le témoignage des rares êtres humains qui restent, à l’intérieur, pour les comprendre.
Votre conclusion est très pessimiste : les Etats étant totalement dépassés par la financiarisation de l’économie, on va arriver à une fin de la démocratie et à un âge post-politique. A quoi ça ressemble, l’âge post-politique ?
A un théâtre d’ombres. On a l’apparence d’une vie démocratique, dans laquelle les choix fondamentaux sont le fruit d’un débat public, alors que les déterminants se font ailleurs et différemment. J’entends bien la critique de complot face à cette vision sombre, mais les systèmes démocratiques ont toujours été en butte à des influences extérieures.
Aujourd’hui, les flux financiers transnationaux, criminels ou non, imposent aux Etats des rapports de force. Ce sont devenus des puissances, un peu hors sol. L’un des pires aspects de la doxa ultralibérale et de sa version fondamentaliste, c’est de nous faire croire qu’il y a des choses inéluctables – « There is no alternative » – que tout est gravé dans le marbre. Il y a toujours d’autres chemins possibles.
Je crois à l’intelligence collective et à la souveraineté populaire. Quand on explique et qu’on informe, les peuples ont une capacité à défaire ce que d’autres hommes ont fait.
Source: Rue89, http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/30/blanchiment-mafias-trading-capitalisme-est-devenu-criminogene-250754