mercredi 30 avril 2014

Cocktail de pesticides dans les cheveux de nos enfants (Sott)

   
Santé.Des substances interdites depuis plusieurs années, des produits anti-puces pour animaux ou des anti-moustiques. C'est le cocktail retrouvé par un laboratoire indépendant. Une première.

Analyser les cheveux est une technique connue chez les légistes pour détecter des traces d'empoisonnement. Pour la première fois en France, une association a fait expertiser par un laboratoire indépendant des mèches de cheveux de trente écoliers âgés de 3 à 10 ans afin de mesurer le niveau d'imprégnation aux pesticides de ces enfants vivant ou allant à l'école dans des zones agricoles. Le résultat, dévoilé aujourd'hui par l'association Générations futures, fait froid dans le dos. Vingt et un résidus de pesticides ont été détectés en moyenne sur chaque mèche.

Sur les 53 pesticides suspectés d'être des perturbateurs endocriniens recherchés, 35 ont été retrouvés au moins une fois et treize détectés dans tous les échantillons. Notamment des insecticides interdits d'usage en France depuis des années ! Au cours des trois mois précédant le prélèvement, 80 % des enfants auraient été exposés à des pulvérisations d'insecticides agricoles.

Soupe chimique

Si Générations futures a choisi d'analyser des cheveux, c'est que nos mèches en disent beaucoup sur notre santé. « Cette étude montre que nos enfants sont exposés au quotidien à une véritable soupe chimique », souligne le porte-parole de l'association, François Veillerette.

« La présence de traces de pesticides n'est pas forcément synonyme de danger pour la santé, surtout si les doses sont infinitésimales, et je suis certains qu'on trouverait aussi des traces de gazole dans nos cheveux si on les cherchait », relativise Jean-Charles Bocquet, directeur de l'Association européenne des fabricants de produits de protection des plantes.

« Ce n'est pas tellement la dose qui pose problème, mais l'accumulation de pesticides et l'effet cocktail », rétorque François Veillerette. Si l'association reconnaît qu'on ne peut pas « considérer ces résultats comme représentatifs de l'exposition moyenne des petits Français vivant dans des zones agricoles », elle estime « qu'il y a urgence à protéger ces populations sensibles ».

Alors que le ministre de l'Agriculture a annoncé hier l'interdiction des épandages en journée pour protéger... les abeilles, l'association exige « le retrait de tous les pesticides perturbateurs endocriniens » listés dans son rapport. Elle pointe aussi du doigt l'usage domestique des bombes insecticides et produits antiparasitaires. Dans les trois mois précédant l'étude, 27 % des enfants ont été exposés à des anti-moustiques ou à des anti-puces pour animaux.