samedi 19 avril 2014

Selon l’OFCE, les mesures de rigueur en France pèseront sur la croissance (Blogapares)

Selon l’OFCE, les mesures de rigueur en France pèseront sur la croissance

 Selon lOFCE, les mesures de rigueur en France pèseront sur la croissance
Par Anne Eveno sur Le Monde.fr
Du mieux, mais ce n’est pas encore la reprise. C’est un diagnostic tout en nuances qu’ont délivré, jeudi 17 avril, les économistes de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Notant que le paysage s’est « notablement éclairci » en Europe, avec un « retour de la croissance et un raffermissement des indicateurs conjoncturels », ces experts estiment que, pour la France, les enquêtes de conjoncture « témoignent également d’un retour de la confiance dans les secteurs productifs ».
Dans ce contexte, ils considèrent que le relatif « relâchement de l’austérité », par rapport aux années 2010-2013, « permettra à l’économie française de prolonger ce mouvement positif ». Mais ils soulignent aussi que les mesures d’économies supplémentaires sur la dépense publique, annoncées par le premier ministre, Manuel Valls, devraient amoindrir le taux de croissance.
ON NE PEUT PAS ENCORE PARLER DE VRAIE REPRISE
Selon l’OFCE, le produit intérieur brut (PIB) devrait croître de 1,2 % en 2014 et de 1,6 % en 2015. La prévision pour 2014 est supérieure à l’estimation du gouvernement, qui a arrêté un chiffre de 0,9 %, mais marque tout de même une accélération par rapport à la croissance enregistrée en 2013 (+0,3%).
Si l’OFCE reconnaît que l’économie française paraît sur de bons rails pour prolonger le mouvement engagé en 2013, ses experts se refusent néanmoins à parler de reprise. Le profil de croissance décrit ne repose pas « sur la hausse de l’emploi, la distribution de revenu, l’accélération de la consommation et la reprise de l’investissement », soulignent-ils.
Le regain de croissance devrait toutefois être utilisé par les entreprises pour résorber les surcapacités de production et restaurer leurs marges financières. Mais il ne devrait pas y avoir d’amélioration sur le front de l’emploi. D’après l’OFCE, en 2015, le taux de chômage s’élèverait à 10,1 % pour la France métropolitaine (10,5 % pour la France entière).
L’EFFET « MULTIPLICATEUR NÉGATIF » DE LA BAISSE DES DÉPENSES PUBLIQUES
Même si l’OFCE pointe un desserrement de l’austérité, l’observatoire note que la politique budgétaire restrictive restera le principal déterminant de la croissance en 2014 et 2015. Selon ses calculs, l’effet des restrictions internes et externes serait environ deux fois moindre qu’en 2012 et 2013 dans les deux années à venir.
Pour autant, l’économie française devrait se voir amputer de 0,9 point de croissance en 2014 et de 0,7 point en 2015, du fait des mesures de rigueur prises par la France. Dans ce scénario, le déficit public se situerait à 3,7 % du PIB en 2014 et 3 % en 2015 (au lieu de 2013 initialement). Cette estimation ne tient cependant pas compte des annonces faites par le premier ministre, Manuel Valls, lors de son discours de politique général le 8 avril.
L’OFCE remarque que les points de croissance gagnés du fait de l’allègement de la rigueur seront en partie rognés par la modification de la structure de cette austérité.
Alors que, jusqu’en 2013, la politique budgétaire avait privilégié les hausses de prélèvements obligatoires, ceux-ci devraient se stabiliser à compter de 2014, alors que les efforts seront consacrés à une maîtrise des dépenses publiques, dont la progression, en 2014, sera inférieure de 15 milliards à l’évolution tendancielle.
Or, selon l’OFCE les effets d’une diminution des dépenses « exerce un multiplicateur négatif plus prononcé que la hausse de la fiscalité quand l’économie se trouve en bas de cycle ».
A noter que la stabilité des prélèvements obligatoires masque une disparité entre ménages et entreprises. En 2014, les premiers subiront une hausse de leurs impôts de 12,6 milliards d’euros, quand les secondes se verront restituer 9 milliards d’impôt du fait du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).
EVALUATION DE L’IMPACT DES NOUVELLES ANNONCES DU GOUVERNEMENT
A ce scénario central, établi avant la déclaration de politique générale du 8 avril, l’OFCE a ajouté une rapide évaluation de l’impact des mesures annoncées par le M. Valls et notamment l’annonce d’une économie supplémentaire sur la dépense de 4 milliards d’euros.
Dans le cas où ces mesures seraient adoptées telles quelles dans le cadre d’un budget rectificatif, les économistes estiment que le PIB ne progresserait finalement que de 1 % cette année au lieu de 1,2 % dans leur scénario actuel.
Se livrant au même exercice pour 2015 avec la prise en compte de l’impact des mesures du pacte de responsabilité (allègements sur les bas salaires), celles du pacte de solidarité et les conclusions des assisses de la fiscalité, pronostic une croissance de 1,5 % en 2015 (au lieu de 1,6 %), un taux de chômage à 10 % et un déficit public à 3,1 %.
Anne Eveno
Source: Le Monde.fr