L’inéluctable confiscation des dépôts bancaires (Les moutons enragés)
L’inéluctable confiscation des dépôts bancaires
28 mai, 2014 | Posté par Benji |
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Dans cet article nous allons voir pourquoi la confiscation de vos dépôts bancaires (bail-in) sera la “solution” choisie pour faire face aux faillites bancaires.
Dans un obscur document intitulé “From Bail-Out to Bail-In — Mandatory Debt Restructuring of Systemic Financial Institutions“, le FMI explique pourquoi les banques devront être sauvées par les déposants plutôt que les Etats.
Evidemment, cela est présenté comme une “avancée”, à savoir que les contribuables ne seront plus sollicités, mais uniquement les déposants de la banque…
Comme il y a plus de déposants que de contribuables, c’est en réalité une façon de faire porter la charge à plus de monde, et surtout cela évite de poser la vraie question : pourquoi devrait-on sauver les banques ?
Il existe 3 grands risques d’effondrement systémique identifiés par le FMI (la liste est non exhaustive) :
1. Le risque de contrepartie
Les grandes banques sont toutes interconnectées, notamment via les produits dérivés, où la solvabilité de chaque banque est assurée en quelque sorte par une autre banque…
En théorie, le risque est assuré, mais en réalité, si un des maillons de la chaîne (le plus faible) rompt, alors toute la chaîne rompt.
C’est ce qui a commencé à se passer en 2008 suite à la faillite de Lehmann Brothers… La chute des dominos n’ayant été stoppée que par les sauvetages des Etats et des banques centrales (bail-out), in fine financée par les contribuables, leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. Cela a augmenté considérablement la dette des nations, dont la France, merci Sarkozy.
2. Le risque de liquidité
Etant surendettés et ayant un déficit de fonctionnement structurel, les Etats ont constamment besoin de liquidité, ne serait-ce que pour payer les factures courantes (salaires, retraites, sécu, etc.).
Les banques françaises, utilisant des effets de levier supérieurs à 20, ont également besoin du marché interbancaire pour continuer à fonctionner normalement, notamment lorsqu’elles subissent des pertes importantes, comme sur les obligations grecques.
Si elles devaient vendre des actifs dans l’urgence, cela créerait un krach systémique, qui mettrait à terre banques, compagnies d’assurances, et Etats.
Or en 2009, les banques, ne sachant pas quelle était l’ampleur des pertes sur les subprime de leurs consoeurs, ont arrêté de se prêter de l’argent entre elles, asséchant toute liquidité. Encore une fois, ce sont les banques centrales qui ont dû les sauver, en créant de la liquidité ex nihilo, ce qui revient à détruire la valeur de la monnaie et donc l’épargne des épargnants.
3. Le risque de contagion
Avec un tel jeu de dominos, il suffit qu’un domino tombe pour entraîner tous les autres.
Cela a été le cas en 2008 lors de la faillite de Lehmann Brothers, mais aussi lors de la crise grecque, qui, sans le sauvetage de l’Union européenne et de la BCE, aurait fait chuter une grande banque française ou allemande…
Le sauvetage grec ne visait nullement à sauver la population grecque mais bien les banques françaises et allemandes, et surtout le système bancaire international.
Le bail-out (sauvetage des banques par les contribuables)
Lorsque vous déposez de l’argent sur votre compte en banque, par exemple 1 000 euros, cela crée un passif de 1 000 euros pour la banque, car celle-ci vous “promet” de vous rendre cet argent lorsque vous le demanderez (N.B : les promesses n’engagent que ceux qui y croient).
Avec ces 1 000 euros, la banque va pouvoir acheter des actifs, par exemple 900 euros d’obligations françaises, et 100 euros d’obligations grecques car celles-ci offrent un meilleur rendement…
Aujourd’hui, les banques françaises ont un ratio de capitaux propres d’environ 3%, cela dépend des banques évidemment. Dans notre exemple, cela voudrait dire que la banque dispose de 30 euros de fonds propres.
Donc voici ce que nous aurions :
Mais voici que la Grèce est en faillite, et donc ses obligations ne valent plus rien. Voici alors la situation :
Tout d’un coup, il manque 100 euros, la banque est en faillite, ses fonds propres sont insuffisants pour combler ses pertes…
C’est là que sont intervenus les Etats pour sauver les banques, ce qu’on appelle le bail-out, notamment en 2008 pour Lemann Brothers (mais aussi lors de la faillite du Crédit Lyonnais).
C’est pour cela que l’Union européenne et la BCE voulaient tant aider la Grèce, pour éviter la faillite des banques françaises et allemandes. Cela a permis aux obligations grecques de décoter de 50% seulement, et donc de minimiser les pertes des banques…
Le problème du bail-out
Mais avec des dettes immenses, proches de 100% du PIB, ce type de sauvetage coûte extrêmement cher aux Etats, et surtout, ceux ci n’ont pas la capacité financière pour sauver ne serait-ce qu’une seule grosse banque (trop grosse pour faire faillite), et encore moins tout le système bancaire…
Une solution, serait de laisser la banque faire faillite et que l’Etat garantisse uniquement les dépôts… mais comme ce sont les banques qui gouvernent, c’est hors de question.
L’autre solution à la Crédit Lyonnais, c’est de créer une bad bank, qui rachète les obligations grecques 100, ce qui permet de sauver le Crédit Lyonnais, et cette bad bank est ensuite chargée de vendre les obligations grecques…
La Solution du bail-in (sauvetage des banques par les déposants)
C’est là que le bail-in intervient.
Jusqu’à présent, vos dépôts étaient sacrés, sous peine notamment d’un bank run, et d’une accélération de la faillite bancaire.
Mais la situation étant critique, voici la solution préconisée par le FMI, et rendue légale par les instances européennes :
Il suffit de confisquer les dépôts bancaires !
Dans notre exemple, il suffit de confisquer 100 euros sur vos 1 000 euros et le tour est joué, la banque est de nouveau solvable !
Bien pensé, n’est-ce pas ?
Les (nombreux) avantages du bail-in
- Les Etats n’ont pas besoin de sortir 1 centime pour sauver la banque !
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