Une chaîne de tromperie, de sottises et
de vol corrompt l’économie des Etats-Unis dans son intégralité. Du
sommet jusqu’à la base, toutes les décisions financières ont été tordues
dans une direction ou une autre. Des prêts étudiants aux prêts revolving
en passant par les émissions d’obligations d’entreprises et les rachats
d’actions, de maillon en maillon, l’argent venant de nulle part mène à
une hausse des prix des actifs.
Au plus bas de l’échelle, les choses ne
semblent pas particulièrement positives. Les étudiants qui finissent
leur cursus cette année et qui ont un prêt subventionné par le
gouvernement ont 33 000 $ de dette en moyenne, rapporte le Wall Street Journal. Ils passeront des décennies à rembourser… au mieux.
Les acheteurs immobiliers, eux aussi, se
trouvent pas tant profiter de l’argent bon marché que de se faire
concurrence pour lui. Des sociétés de private equity ayant des
milliards de capitaux à bas coûts ont fait grimper le prix des maisons
dans les zones clé. L’acheteur moyen paie des prix plus élevés en
conséquence… puis se retrouve inféodé aux prêteurs pour la majeure
partie de son existence.
Le ménage moyen se trouve aussi confronté
à une sérieuse migraine. A droite, il est écrasé par la hausse des prix
réels (nous y reviendrons dans une minute). A gauche, c’est la baisse
des salaires réels qui pèse. Et ses dettes, bien qu’inférieures à leur
niveau de 2007, semblent plus lourdes que jamais.
▪ Au sommet, en revanche, tout le monde est ravi
La Fed — avec la connivence allègre des banques — crée du nouvel argent.
Les entreprises l’utilisent pour acheter leurs propres actions. Les
banques centrales achètent elles aussi des actions. Que peuvent-elles
faire d’autre avec tout l’argent qu’elles créent ? De toute façon,
acheter des actions semble satisfaire à peu près tous ceux qui comptent.
Les investisseurs sont contents. Les économistes sont contents. Les
politiciens sont contents.
Après tout, la hausse des marchés signifie que l’économie va mieux, non ?
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Après tout, la hausse des marchés signifie que l’économie va mieux, non ?
Parallèlement, les financiers finissent
par posséder de plus en plus de vraies entreprises… de vraies maisons…
et de vraie production de la vraie économie. Les firmes de Wall Street
possèdent plus de maisons. Et plus d’actions. Toutes sont achetées avec
l’argent qu’elles — ou leurs amis — ont elles-mêmes créé.
Imaginez que vous êtes un initié de Wall
Street avec de l’entregent. Vous avez emprunté au début de l’an dernier
et avez simplement acheté le S&P. Quel génie vous étiez… avec un
gain de 30% sur le marché boursier… et un argent ne coûtant que 4%, par
exemple. Vous avez 26% d’avance, sur de l’argent que vous n’avez ni
gagné ni épargné !
Quelle rigolade ! « Imprimer » plus d’argent. Acheter plus d’actifs. Et continuer jusqu’à ce qu’on possède tout, non ?
Qu’est-ce qui pourrait vous empêcher ? Qui se plaint ? Qui le remarque, même ?
▪ Mais il doit y avoir un maillon faible quelque part dans cette chaîne…
Nous avons examiné hier les chiffres de l’inflation.
Selon la Fed, les prix à la consommation grimpent de 2%. Le MIT affirme
qu’ils grimpent deux fois plus vite. Et John Williams, de
Shadowstats,
calcule que si on mesurait l’IPC selon la formule utilisée par le
gouvernement jusque dans les années 90 (elle a été changée depuis), on
aurait un chiffre de 6%.
En d’autres termes, si le taux
d’inflation s’approche vraiment de 6%, le PIB s’effondre. La croissance
nominale du PIB US au premier trimestre n’était que de 1% environ. Si on
déduit les 2% de l’IPC, on se retrouve avec une croissance réelle du
PIB pour le trimestre à -1%. Ajustez à 6% d’inflation, et on a une
« croissance négative » de -5%.
L’inflation à 6% entame aussi
profondément le reste des chiffres économiques. Les salaires horaires,
par exemple, sont peut-être de retour aux niveaux de 1968 lorsqu’on les
ajuste aux chiffres officiels de l’inflation. Faites le calcul en
utilisant les chiffres de John Williams… et les salaires s’effondrent
eux aussi.
Nous l’avons vu hier aussi, les chiffres
officiels montrent que les prix à la consommation ont grimpé de 39%
depuis 2000. La mesure préférée par la Fed montre qu’ils n’ont grimpé
« que » de 31%. Mais si on prend la moyenne de l’alimentation, des
transports et du logement — les choses qui comptent vraiment — les prix
ont grimpé de 50% environ.
Où est le maillon faible ? Probablement
dans la devise elle-même — la matière dont sont faits les maillons. Ce
n’est pas de la devise qui a été forgée dans le commerce réel… tempérée
par des gouttes de vraie sueur… et martelée par la masse de l’épargne.
Non… cette devise manque de résistance.
Testez-la. Que va-t-elle faire ?
Nous sommes d’avis qu’elle se brisera.