jeudi 5 juin 2014

L’URSSAF veut taxer les compagnons d’Emmaüs (ce qui ferait 500 000 euros/an) (Les moutons enragés)

L’URSSAF veut taxer les compagnons d’Emmaüs (ce qui ferait 500 000 euros/an)

Et si au lieu de s’attaquer à un tel organisme qui est là pour aider les plus pauvres, l’état s’occupait de ceux qui fuient à l’étranger avec leur fortune pour payer moins d’impôts?
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Ils sont venus du Cambrésis, d’Armentières, de Wambrechies ou encore de Fontaine Notre-Dame pour manifester leur colère devant les locaux arrageois de l’URSSAF. Des bénévoles, des compagnons, des anonymes, des hommes de foi… Environ 300 personnes réunies pour scander « l’URSSAF, c’est pour ceux qui ont du taff ! ».
Des dizaines de valises sont posées le long de la route et bloquent l’accès aux locaux de l’Urssaf, des valises pour symboliser « le jour où nous devrons partir à cause de l’Urssaf », explique un bénévole.
Taxer la solidarité
« Nous n’avons pas l’habitude de manifester, mais là nous sommes victimes d’un chantage. Nous avons bien compris que l’État avait besoin d’argent, mais qu’il aille le chercher ailleurs, s’insurge Anne Saingier, présidente d’Emmaüs Nord – Pas-de-Calais. Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est obtenir un moratoire pour qu’au 1er janvier 2015, on ne soit pas obligés de payer des cotisations à l’Urssaf pour des personnes qui ne sont pas salariées. »
La présidente fait référence aux compagnons d’Emmaüs, « des personnes qui sont blanchies, nourries, logés et réinsérées quand c’est possible par l’association ». Pas de salaire, mais « de l’argent de poche », soit par exemple 20 € par semaine et par compagnon à Saint-André. « Ces cotisations sont une taxe sur la solidarité », assène Anne Saingier.
Des compagnons toujours plus jeunes
Présent également, l’abbé Robert Meignotte, prêtre associé au service des paroisses de l’Escaut et de la Sensée. « L’Église est solidaire. Emmaüs donne une nouvelle vie aux objets, mais aussi aux humains blessés dans la vie. C’est une deuxième chance qu’on leur donne, explique le religieux. C’est inhumain de prendre de l’argent dessus. »
L’avis est partagé par Anaïs, une bénévole. « Ces gens sont déjà dans la misère et on veut leur prendre ce qu’ils n’ont même pas. Ce n’est pas évident pour eux de s’en sortir, ils n’ont pas besoin de ça en plus. » La bénévole évoque des compagnons toujours plus jeunes, toujours plus pauvres. « On a des compagnons de 19 ans, c’est malheureux… »
« Défendre notre bifteck »
Du côté des compagnons, qui préfèrent tous rester anonymes, on évoque une injustice. «On n’a pas de taff et on doit payer. On doit défendre notre bifteck », lance l’un d’entre eux. «Quand on n’a plus rien, on a Emmaüs. Il n’y a pas de mot pour décrire ce que ça nous apporte », témoigne un autre.
Un Iranien, arrivé en France il y a deux mois et qui est compagnon à Calais, affirme en anglais être venu manifester pour soutenir Emmaüs. « Le gouvernement devrait taxer les riches plutôt que les pauvres. Le gouvernement ferait mieux de nous aider à trouver un travail plutôt que de nous mettre à la porte. »
Manifestation levée à 14 h 30
La circulation a bien sûr été fortement perturbée boulevard Salvador-Allende et dans le centre-ville. La manifestation s’est terminée dans le calme vers 14 h 30.