Barack Obama : « Votez mes lois, sinon je passe outre ! »
Barack Obama
est, comme chacun sait, un grand démocrate - et un constitutionnaliste
étonnant. Dans un tweet récent que je trouve sidérant, il balance
carrément cette menace : « Avec ou sans le Congrès, il est temps d'avancer sur les sujets qui importent le plus »...
La fin de la phrase sur « les sujets qui importent » n'est pas essentielle : il fait allusion à l'immigration, au salaire minimum et l'égalité homme femme. Ce qui est grave, c'est évidemment le début de la phrase : « avec ou sans le Congrès ». Comment un Président des États-Unis peut-il menacer d'agir « sans le Congrès » ? Les Pères fondateurs de la Constitution américaine doivent se retourner dans leur tombe car ce tweet présidentiel est tout de même assez immense sur le plan constitutionnel.
Ces dernières semaines, Barack Obama a passé son temps à répéter « Je n'aimerais rien de plus qu'un texte qui serait approuvé à la fois par la Chambre des Représentants et le Sénat, et qui arriverait sur mon bureau pour que je le signe »... En gros, il dit :
« Mes réformes sont miraculeuses et donc, en tant que Président, je ne supporte pas qu'on s'y oppose. Si le Congrès les vote exactement comme je l'ai décidé, alors parfait, je les signe. Sinon j'agirai avec ou sans le Congrès »...
Comment oser penser la démocratie en ces termes ?
Ce que Barack Obama aimerait en fait c'est que les Républicains du Congrès adoptent et votent les textes que leur imposent les Démocrates. C'est cela qu'il souhaite, comme d'ailleurs tous les présidents : un système bi-partisan (pour respecter l'illusion de la démocratie) mais totalement unanime : où les deux grands partis seraient, penseraient et voteraient de façon identique, dans une sublime unanimité bi-partisane (un peu ce que, chez nous, Marine Le Pen appelle « l'UMPS ») : des Démocrates solubles dans les Républicains ; et des Républicains solubles dans les Démocrates. Enfin tous identiques et interchangeables, avec une unanimité enfin dissoute dans un conformisme généralisé. Et, tout en haut, un Président pouvant enfin aller devant les prompteurs annoncer qu'il signe des lois votées de façon unanime par un Congrès uni et solidaire. Ah qu'en voilà une belle démocratie. Et, de fait, c'est tellement plus confortable.
Une dictature constitutionnelle soft
Le problème, c'est qu'il y a des grands principes démocratiques qui semblent échapper à Barack Obama. D'abord, s'il y a une opposition, c'est tout simplement qu'il y a des électeurs qui ont voté pour des représentants afin qu'ils défendent des idées qui ne sont pas celles du Président. Ensuite, les textes doivent être votés de façon constitutionnelle, sinon c'est tout simplement anticonstitutionnel. Quand Obama tweete et affirme « qu'il est temps d'avancer sur les sujets qui importent le plus avec ou sans le Congrès », il dit tout simplement : « je préférerais respecter la Constitution mais si les Républicains ne votent pas comme je le souhaite, alors je passerai outre ». Ah bon ? Il passerait illégalement ?
C'est une bien singulière conception de la démocratie : car enfin, si une majorité au Congrès décide de ne pas voter les réformes d'Obama, c'est peut-être parce qu'elle considère que les réformes proposées ne sont pas bonnes. C'est son droit le plus strict et d'ailleurs la raison d'être d'une opposition. Menacer de passer outre est donc assez inquiétant sur le strict plan constitutionnel.
Mais peut-être Obama est-il en train d'inventer une nouvelle forme de dictature constitutionnelle : une dictature sympathique et soft, une dictature élégante et distinguée, une dictature à la rhétorique bien huilée et aux discours magnifiques, une dictature qui s'adresse directement à la fibre populiste et blâme les méchants représentants - mais une dictature tout de même ; en tout cas pas une démocratie. Ouf !
On était hier le 4 juillet et, aux États-Unis, le Fourth of July c'est la fête nationale commémorant la Déclaration d'indépendance du 4 juillet 1776. Cette indépendance a été arrachée à l'époque au Royaume de Grande-Bretagne : par chance, l'Angleterre est restée un bel exemple de démocratie !
PS : On devrait d'ailleurs peut-être en profiter pour engager une réflexion sur l'état (de délabrement avancé) de la démocratie Française... Est-il normal que le Parlement continue allègrement à ne pas représenter toutes les sensibilités ? Est-il normal qu'un référendum ait pu être rejeté par le peuple souverain (comme en 2005) et soit ensuite rectifié et approuvé par les parlementaires ? Est-il normal que les lois ne soient pas votées à la majorité qualifiée ? Etc. Au lieu de parler des nouvelles lunettes du Président, il serait peut-être utile de parler de tout cela qui est déterminant pour les années qui viennent. Et vite, avant que les explosions ne se fassent dans la rue parce que la colère n'aura pas été exprimée au Parlement ! [quelques réflexions ici...]
Source Switchie5
La fin de la phrase sur « les sujets qui importent » n'est pas essentielle : il fait allusion à l'immigration, au salaire minimum et l'égalité homme femme. Ce qui est grave, c'est évidemment le début de la phrase : « avec ou sans le Congrès ». Comment un Président des États-Unis peut-il menacer d'agir « sans le Congrès » ? Les Pères fondateurs de la Constitution américaine doivent se retourner dans leur tombe car ce tweet présidentiel est tout de même assez immense sur le plan constitutionnel.
Ces dernières semaines, Barack Obama a passé son temps à répéter « Je n'aimerais rien de plus qu'un texte qui serait approuvé à la fois par la Chambre des Représentants et le Sénat, et qui arriverait sur mon bureau pour que je le signe »... En gros, il dit :
« Mes réformes sont miraculeuses et donc, en tant que Président, je ne supporte pas qu'on s'y oppose. Si le Congrès les vote exactement comme je l'ai décidé, alors parfait, je les signe. Sinon j'agirai avec ou sans le Congrès »...
Comment oser penser la démocratie en ces termes ?
Ce que Barack Obama aimerait en fait c'est que les Républicains du Congrès adoptent et votent les textes que leur imposent les Démocrates. C'est cela qu'il souhaite, comme d'ailleurs tous les présidents : un système bi-partisan (pour respecter l'illusion de la démocratie) mais totalement unanime : où les deux grands partis seraient, penseraient et voteraient de façon identique, dans une sublime unanimité bi-partisane (un peu ce que, chez nous, Marine Le Pen appelle « l'UMPS ») : des Démocrates solubles dans les Républicains ; et des Républicains solubles dans les Démocrates. Enfin tous identiques et interchangeables, avec une unanimité enfin dissoute dans un conformisme généralisé. Et, tout en haut, un Président pouvant enfin aller devant les prompteurs annoncer qu'il signe des lois votées de façon unanime par un Congrès uni et solidaire. Ah qu'en voilà une belle démocratie. Et, de fait, c'est tellement plus confortable.
Une dictature constitutionnelle soft
Le problème, c'est qu'il y a des grands principes démocratiques qui semblent échapper à Barack Obama. D'abord, s'il y a une opposition, c'est tout simplement qu'il y a des électeurs qui ont voté pour des représentants afin qu'ils défendent des idées qui ne sont pas celles du Président. Ensuite, les textes doivent être votés de façon constitutionnelle, sinon c'est tout simplement anticonstitutionnel. Quand Obama tweete et affirme « qu'il est temps d'avancer sur les sujets qui importent le plus avec ou sans le Congrès », il dit tout simplement : « je préférerais respecter la Constitution mais si les Républicains ne votent pas comme je le souhaite, alors je passerai outre ». Ah bon ? Il passerait illégalement ?
C'est une bien singulière conception de la démocratie : car enfin, si une majorité au Congrès décide de ne pas voter les réformes d'Obama, c'est peut-être parce qu'elle considère que les réformes proposées ne sont pas bonnes. C'est son droit le plus strict et d'ailleurs la raison d'être d'une opposition. Menacer de passer outre est donc assez inquiétant sur le strict plan constitutionnel.
Mais peut-être Obama est-il en train d'inventer une nouvelle forme de dictature constitutionnelle : une dictature sympathique et soft, une dictature élégante et distinguée, une dictature à la rhétorique bien huilée et aux discours magnifiques, une dictature qui s'adresse directement à la fibre populiste et blâme les méchants représentants - mais une dictature tout de même ; en tout cas pas une démocratie. Ouf !
On était hier le 4 juillet et, aux États-Unis, le Fourth of July c'est la fête nationale commémorant la Déclaration d'indépendance du 4 juillet 1776. Cette indépendance a été arrachée à l'époque au Royaume de Grande-Bretagne : par chance, l'Angleterre est restée un bel exemple de démocratie !
PS : On devrait d'ailleurs peut-être en profiter pour engager une réflexion sur l'état (de délabrement avancé) de la démocratie Française... Est-il normal que le Parlement continue allègrement à ne pas représenter toutes les sensibilités ? Est-il normal qu'un référendum ait pu être rejeté par le peuple souverain (comme en 2005) et soit ensuite rectifié et approuvé par les parlementaires ? Est-il normal que les lois ne soient pas votées à la majorité qualifiée ? Etc. Au lieu de parler des nouvelles lunettes du Président, il serait peut-être utile de parler de tout cela qui est déterminant pour les années qui viennent. Et vite, avant que les explosions ne se fassent dans la rue parce que la colère n'aura pas été exprimée au Parlement ! [quelques réflexions ici...]
Source Switchie5