lundi 7 juillet 2014

Economie : une offensive mondiale contre le dollar ? (Les moutons enragés)

Economie : une offensive mondiale contre le dollar ?

Suite à l’affaire BNP-Paribas, notre inénarrable ministre des finances Michel Sapin semble s’être rendu compte qu’il y avait un problème avec l’hégémonisme du dollar. Lors des rencontres du cercle des économistes qui se tenaient à Aix-en-Provence, il a plaidé pour l’abandon du dollar dans les transactions et à notamment déclaré :
Nous autres, Européens, effectuons des transactions en dollars, par exemple lorsque nous vendons des avions. Est ce que cela est nécessaire ? Je ne pense pas
C’est énorme, on dirait presque qu’il vient de découvrir la lune. Cependant, ce discours quasi révolutionnaire et qui ressemble à une déclaration de guerre pour Washington, n’est malheureusement certainement pas dû à la défense de l’intérêt national. N’oublions pas que le secteur bancaire est le premier pourvoyeur de personnel hautement qualifié à la direction du trésor et aux finances, et que dans le petit milieu de la finance hexagonale, le racket américain passe très mal… On semble néanmoins assister à la naissance d’un front mondial anti-dollar, les déclarations de Sapin venant s’ajouter aux initiatives sino-russes  et à celles des BRICS visant à l’abandon la monnaie américaine pour leurs échanges. L’histoire mondiale semble décidément à un tournant car si le dollar perd son statut privilégié de monnaie de référence pour les règlements internationaux, c’est l’hégémonisme de Washington qui s’effondre.
Dans une interview avec le Financial Times, le ministre français des Finances, Michel Sapin, a appelé à un rééquilibrage des monnaies utilisées pour les règlements dans les transactions internationales. Sapin a fait les déclarations en marge des rencontres du Cercle des Economistes à Aix-en-Provence, où se sont réunies des grandes personnalités du monde des affaires français.
Il faisait allusion à l’amende à laquelle la plus grande banque française, BNP Paribas, a été condamnée par les autorités américaines parce qu’elle avait effectué des transactions pour le compte de pays qui faisaient l’objet d’un embargo américain.
Nous autres, Européens, effectuons des transactions en dollars, par exemple lorsque nous vendons des avions. Est ce que cela est nécessaire ? Je ne pense pas »
Sapin pense que ce rééquilibrage devrait se faire non seulement pour l’euro, mais aussi pour les monnaies des économies émergentes, qui sont de plus en plus impliquées dans le commerce mondial. Le PDG de Total, Christophe de Margerie, a abondé dans son sens, notant que « bien que le cours d’un baril de pétrole soit donné en dollars, rien n’interdit aux raffineries de prendre ce cours et en utilisant la parité de l’euro/dollar du jour donné, et de s’entendre pour effectuer le paiement en euro ».
D’autres dirigeants du monde des affaires français s’interrogent sur la condamnation de la BNP, estimant qu’elle n’a pas violé de lois européennes. Sapin a promis de discuter de cette affaire avec ses collègues européens à l’occasion d’un futur sommet. Mais il n’a donné aucun détail de la façon dont il veut mettre fin à l’hégémonie du dollar.
Les Français ne sont pas seuls. La semaine dernière, on a appris que les BRICS cherchaient à établir une alliance anti-dollar. En plus de l’accord qu’ils ont conclu avec la Chine pour régler les échanges commerciaux mutuels en yuan et en roubles, les Russes veulent aussi créer un partenariat avec les autres BRICS pour établir un système multilatéral faisant appel à leurs monnaies respectives pour échapper au dollar.
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, s’était déjà demandé au cours du mois de juin s’il était nécessaire d’utiliser le dollar pour les transactions entre l’Europe et la Chine. Il avait spéculé que les sanctions contre la BNP risquaient d’encourager les entreprises à cesser d’utiliser systématiquement le dollar. Enfin, la Chine et la Corée du Sud ont récemment conclu un accord pour effectuer les paiements de leurs échanges commerciaux dans leurs monnaies respectives.
Plus de la moitié des prêts et dépôts dans le monde sont effectués en dollars, et une récente enquête sur les 5.000 milliards de dollars de valeurs qui sont échangés sur les marchés des changes a montré que le dollar était utilisé dans 87% des transactions. Malgré tous les efforts qu’elles font pour diversifir leurs avoirs, les banques centrales du monde détiennent encore plus de 60% de leurs réserves en dollars en moyenne.
Source : Express.be