Discours de Valls au Medef : la gauche de la gauche effondrée...
Laurent Baumel, député d'Indre-et-Loire, est l'un des leaders des frondeurs du Parti socialiste. © DR
Le
discours résolument pro-entreprises et patronat du Premier ministre,
mercredi, à l'université d'été du Medef, à Jouy-en-Josas, laisse à la
gauche de la gauche un goût amer.Laurent Baumel : le député PS frondeur a qualifié mercredi de "copié-collé" des discours de Tony Blair le discours de Manuel Valls devant l'université d'été du Medef. "Moi qui connais assez bien l'évolution idéologique des partis socialistes depuis deux décennies, a dit Laurent Baumel sur BFM TV, je peux vous dire que c'est un copié-collé du type de discours que tenait Tony Blair dans les années 95-97-99 en Angleterre, c'est-à-dire que c'est une proposition idéologique pour rompre avec tout ce à quoi nous avons cru à gauche depuis des décennies." À la tête du Parti travailliste, puis comme chef du gouvernement, Tony Blair avait réformé en profondeur l'idéologie de son parti, désormais surnommé le New Labour, le convertissant à l'économie de marché.
"Je peux difficilement cacher mon trouble", a encore dit le député d'Indre-et-Loire. "C'est la première fois, je crois, qu'un Premier ministre socialiste va faire applaudir des piques contre des députés socialistes par un syndicat patronal", a-t-il poursuivi. "Je connais bien Manuel Valls, je sais que sa posture est toujours d'abord politique, et là je pense qu'il a fait un discours politique", a-t-il conclu.
Parti de gauche : à l'issue du discours de Manuel Valls, sur Twitter, le parti cofondé par Jean-Luc Mélenchon ne sait plus si "le président du Medef applaudit le Premier ministre. Ou l'inverse. On ne sait plus trop qui est qui..."
Olivier Dartigolles : le porte-parole du PCF a publié un communiqué précisant : "À la tête d'un nouveau gouvernement, où tous les ministres sont désormais alignés derrière ses coups de talonnettes et de menton, Manuel Valls est allé cet après-midi aux universités d'été du Medef pour déposer aux pieds de Pierre Gattaz ce qu'il croit être le cadavre de la gauche. (...) Même dans leurs rêves les plus fous, ils n'auraient jamais imaginé, à peine plus de deux ans après son élection, une telle convergence d'intérêts et d'objectifs avec l'homme du Bourget. Pour la première fois, un Premier ministre lâche ses coups en stigmatisant par ses moqueries les députés socialistes de sa propre majorité, qui se sont rendus coupables à ses yeux de poser une question : pourquoi serait-il hors de question de changer une politique qui échoue ? Dans les allées de la prochaine Fête de l'Humanité, les forces de gauche, politiques, sociales et citoyennes, se donneront rendez-vous pour échanger, construire et agir."
Jean-Claude Mailly : le secrétaire général de Force ouvrière a raillé la "standing ovation" reçue par Manuel Valls, estimant que le Premier ministre était "un bon communicant". "Je n'applaudis pas", a-t-il commenté, dénonçant la politique économique d'un gouvernement qui donne l'impression, selon lui, d'être "dans les cordes".
Thierry Lepaon : pour le secrétaire général de la CGT, "le Premier ministre a choisi de venir faire applaudir sa politique par le Medef, le jour même de la publication des chiffres du chômage qui continuent d'augmenter". "La confusion des genres entre l'État et le Medef, le trait d'union qu'il (Manuel Valls, NDLR) tire entre le Medef et les entreprises, ont quelque chose de scandaleux", a souligné le leader cégétiste dans un communiqué. Dans le discours du Premier ministre, "aucune stratégie n'est annoncée concernant l'évaluation des politiques publiques en direction des entreprises, poursuit-il. Sur 45 minutes de discours, il consacre une phrase timide sur les comptes qu'elles auront à rendre à la nation". Le Premier ministre "passe sous silence les 220 milliards d'euros d'aides publiques aux entreprises qui ne sont soumises à aucune évaluation, alors que tous les observateurs attentifs constatent que le versement du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, NDLR) n'a servi ni à l'investissement ni à l'emploi". "Le Premier ministre dit vouloir rassembler pour réformer, mais la question cruciale qui est posée est sur quoi ? Comment ?" a ajouté Thierry Lepaon. Lors de son discours, le Premier ministre a également indiqué que la France vivait "au-dessus de ses moyens depuis 40 ans" : "C'est insupportable ! réagit le syndicaliste. Où sont les salariés, les retraités, les chômeurs, les jeunes en galère, qui vivent au-dessus de leurs moyens aujourd'hui en France ?"
Source : Lepoint.fr