Hier Manuel Valls annonçait
que les frappes françaises ne se porteraient pas sur la Syrie, tout en
affirmant que la France apporterait son aide aux « opposants démocratiques » (sic!) syriens. Entendez: opposants à Bachar el Assad.
Personne n’a jamais su précisément quelle était cette « opposition modérée » ou« oppositions démocratique » syrienne. Maintenant certains affirment que cette oppositionmodérée démocratique aurait
été exterminée par l’armée de Bachar el Assad-le-terrible. Dans ce cas
la question reste la même, à qui la France entend-elle apporter son aide
?
Aujourd’hui, sans doute du fait de la décapitation de notre compatriote par l’Etat Islamique en Algérie,
le discours se fait plus mâle. Légitimée par la barbarie, l’opération
militaire en Syrie devient nettement plus présentable et la France se
dit prête à frapper en Syrie et à intensifier encore son aide aux opposants modérés démocrates à
Bachar el Assad. Elle offre même son assistance militaire à tous les
pays qui en feront la demande. Mais en dehors de la Syrie, à quel pays
peut donc bien penser François Hollande en faisant cette proposition ?
Mais voilà, comme M. Hollande ne veut pas s’allier avec Bachar el Assad
contre l’Etat Islamique, à quoi peut-il donc bien penser ?
La réponse est peut-être dans une révélation de l’ambassadeurs de
Géorgie aux Etats-Unis, Artchil Guéguéchidze. Interviewé par le magazine
américain Foreign Policy, il a déclaré que la Géorgie avait proposé
d’accueillir des camps d’entraînement de l’opposition syrienne sur son
territoire. « Nous l’avons proposé [à Washington], mais cette question n’est pas encore à l’étude « , a indiqué M.Guéguéchidze. Cette proposition viendrait à point nommé, toujours selon Foreign Policy, compléter le projet des USA de former 5.000 opposants syriens en Arabie saoudite en vue de lutter contre l’ Etat islamique (EI). M. Guéguéchidze ajoute qu’« Il s’agit d’un camp d’entraînement antiterroriste destiné aux citoyens de tous les pays« .
Ainsi donc les « opposants modérés démocratiques syriens« ,
seront tout, sauf des Syriens… Avis aux amateurs! Musulmans de tous les
pays engagez-vous chez les Américains pour être opposants de Bachar el
Assad en Syrie, vous verrez du pays et c’est certainement bien payé!
Certes, cette information du Foreign Policy a été rapidement démentie: « Le
Conseil pour la sécurité d’Etat et la gestion des crises déclare que
les informations diffusées par les médias selon lesquelles la Géorgie
envisage de former des insurgés syriens dans le cadre de l’opération
antiterroriste internationale contre l’Etat islamique ne correspondent
pas à la réalité », a indiqué la source gouvernementale géorgienne.
L’ambassadeur a lui aussi démenti mercredi avoir déclaré au magazine américain Foreign Policy que la Géorgie accueillerait des camps d’entraînement pour former une opposition syrienne: « J’ai
déclaré que si cette question était posée, le gouvernement géorgien
l’examinerait en toute responsabilité. Ma réponse ne signifiait pas que
je confirme quoi que ce soit », a-t-il précisé à la presse géorgienne. Selon lui, la faute reviendrait au journaliste du Foreign Policy qui aurait mal interprété ses propos.
Notons néanmoins que l’ambassadeur ne rétracte pas le projet de la formation en Arabie Saoudite de 5000 opposants syriens!
Mais son démenti ne tient pas non plus selon Foreign Policy qui persiste et signe: non il n’y a pas eu d’erreur, affirme-t-il!
Récapitulons: Les djihadistes
ont été favorisés et armés en Lybie par Sarkozy, les Américains et les
Arabes, en Syrie par Hollande, les Américains et les arabes et se sont
répandus en Irak et dans le nord de l’Afrique. Comme ils se sont
répandus et ont assassiné des journalistes anglo-saxons, la France et
la coalition occidentalo-sunnite a déclaré la guerre aux djihadistes qu’elle a elle-même suscités. De quoi rester médusé!
D’autant plus que malgré toute
cette gabegie le régime de Bachar el Assad, grâce à l’appui de la
Russie son alliée, a gagné la guerre et tient toujours le coup. Mais
n’était-ce pas de ce régime dont les alliés voulaient la peau au départ ?
Ce régime qui accepte en son sein des chiites et des chrétiens abhorrés
aussi bien que des sunnites ?
Alors sous prétexte de faire la guerre à l’Etat Islamique en
Syrie en armant de pseudo opposants modérés démocratiques syriens
(sic!), ne vise-t-on pas encore et toujours Bachar el Assad ? Ne
serait-ce pas un bon moyen d’attaquer le régime légitime de Syrie par
mercenaires interposés sans affronter de face la Russie, l’Iran, la
Chine et autres pays qui soutiennent le régime de Bachar el Assad, parce
qu’ils n’ont pas envie de voir s’instaurer chez eux la tyrannie
islamiste sunnite?
Emilie Defresne