vendredi 31 octobre 2014

Saint-André-de-Valborgne – Au coeur de la discorde (Cercle des volontaires)

Des rues étroites, de vieilles bâtisses, un vieux pont, le charme d’un village Cévenol. Mais ne vous laissez pas avoir par le calme apparent de cette bourgade de 450 âmes, car c’est bien ici que se livre un combat que l’on pourrait extrapoler au niveau national, voir mondial.
Quel combat ?
Il commence en mars 2014, à l’occasion des élections municipales. Une initiative nommée « Démocratie réelle », consistant à tirer au sort les candidats, trouve des relais dans la commune de Saint-André-de-Valborgne, c’est ainsi que 4 volontaires, terme qu’ils emploient pour se définir, intègrent le conseil municipal.
Le début d’un bras de fer
Apportant dans leurs bagages plusieurs idées, comme filmer les séances du conseil municipal afin de les rendre accessibles au public, ces volontaires se retrouvent vite confrontés à des menaces, des intimidations, voir même des actes de vandalisme, à l’exemple de l’incendie du véhicule d’un de leur soutient, ou encore de tentatives de vol.
Afin de réaliser leur projet, il ont ouvert un site internet sur lequel ils relaient les actualités et les vidéos des différents conseils.
Camille Halut, conseillère municipale et étudiante en droit, portera plainte à de nombreuses reprises auprès de la gendarmerie, et ira même jusqu’à réaliser un « sitting » devant le palais de justice d’Ales (sous-préfecture du département du Gard) , puis devant la préfecture de Nîmes afin de se faire entendre.
Une faible couverture médiatique
Hormis quelques articles parus dans le journal Midi Libre, rien de cette affaire ne parait dans la presse. À l’instar du Cercle des Volontaires, d’autres médias associatifs se sont intéressés à cette histoire. A l’exemple de « cause toujours » ou encore « objectifgard », qui ont relayé l’information via des articles et des reportages.
Voici notre reportage, avec les interventions de M. Bourelly (maire), Etienne Chouard (enseignant et blogueur), Camille Halut et Djaffy Pereira Da Silva (soutient de Camille Halut).
Semeen
Affaire à suivre…

Krach mondial inéluctable, imminent...........? (Denissto)

http://www.denissto.eu/node/686

Piqure de de rappel pour tous les neuneus qui se félicitent du règlement de la crise depuis 2009. Un simple détail, en 5 ans les États-Unis ont créé 700.000 emplois de livreur de pizzas, de laveur de carreau, de plongeur chez Mac donald quand 13 millions de sans emploi sont sortis des statistiques.........il suffit de voir le prix des maisons saisis avant la crise des subprimes , pour comprendre que ce sont une majorité de cadres que l'on a mis a l'encan!
Il ne reste plus qu'à organiser une refonte du système monétaire.....inéluctable, et si les banquiers se sont entendus pour éviter un sold-out, comme vous pouvez le constater dans le lien ci-dessus, c'est qu'ils ne payeront pas les pots cassés, qui payera dans ce cas? reprenons le dernier bilan de Mr Delamarche, qui fait nouveau parle de cette inéluctable refonte, de ses causes:

 

Si j'ai bonne mémoire
La ruine des États, la destruction des classes moyennes, l'inflation pour les pauvres la déflation pour les riches, le retour de la guerre froide avec la Russie, la Guerre de l'Euphrate, l'inéluctable refonte du système monétaire au profit de cet étrange nouvel ordre mondial, qui ne représente en fait qu'une poignée d'intérêts privés, vous étiez prévenus il me semble?
dormez braves gens
Denissto

Encouragé par tous les lâchages idéologiques actuels, le Medef ne se sent plus et propose de supprimer délégués du personnel et CHSCT (G. Filoche)

Le Medef vient de formuler une proposition choc (cf AFP, 28 oct. 2014) en suggérant de ne conserver qu’une seule instance de représentation du personnel (IRP) dans les entreprises. Dans un document transmis aux cinq organisations représentatives (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC), les trois organisations patronales (Medef, CGPME, UPA) proposent de créer un « Conseil d’entreprise » dans les entreprises de plus de 50 salariés, qui serait « l’instance unique de représentation du personnel ».
PS : la derniere en date, le medef propose de supprimer le motif du licenciement, je l’avais prédit c’est leur but ultime pour revenir à l’esclavage, denoncer la convention 158 de l’OIT !
Les salariés seraient consultés tous les 4 ans pour savoir s’ils veulent ou non mettre en place cette instance, qui reprendrait l’ensemble des prérogatives dévolues jusqu’ici au Comité d’entreprise, au Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), aux délégués du personnel et aux délégués syndicaux.
Dans les entreprises de moins de 50 salariés, le patronat entend aussi supprimer l’obligation d’élire des délégués du personnel, arguant qu’elle n’est déjà pas respectée.

Mesurons ce que cela veut dire :

1°) 97 % des entreprises ont moins de 50 salariés. Elles font travailler plus de 8 millions de salariés. Il n’y aurait plus aucune forme de représentation pour ces salariés.
C’est déjà le cas pour le million d’entreprises de moins de 11 salariés. C’est à dire que 4,2 millions de travailleurs des TPE n’ont aucun droit â être représentés. (en fait il faudrait corriger cela avec des délégués de site ou, mieux, par extension des pouvoirs des « conseillers du salarié »).
Par ailleurs c’est vrai, l’ordre public social n’est pas respecté, dans les plus de 11 salariés car prés de 80 % des employeurs y violent la loi sur la mise en place des délégués du personnel.
Mais c’est dans ces entreprises qu’il y a le plus de précarité, le plus de turn over, le plus de dépassement illégaux des durées du travail, le plus d’heures supplémentaires impayées, les plus bas salaires, le plus d’accidents du travail, le plus de maladies professionnelles, le plus de licenciements sans cause réelle et sérieuse, abusifs, le plus de travail dissimulé, le plus de fraude patronale aux droits sociaux, les conventions collectives les moins respectées…
C’est donc là qu’il faudrait faire porter l’effort pour les droits des salariés, pour l’état de droit dans les entreprises…Les questions de sécurité sont si graves qu’il faudrait des CHSCT à partir de 20 salariés.
…Mais non, le patronat veut tout supprimer en dessous du seuil de 50.
(Le patron joue sur de velours, il flatte tous les petits employeurs, mais si la gauche était de gauche, la bonne riposte serait de réguler la sous-traitance, responsabiliser les donneurs d’ordre, aligner les sous-traitants sur la convention collective du donneur d’ordre, faciliter la reconnaissance des UES… pour nous mettre les petits employeurs avec nous… contre les gros patrons !)
(Rappelons pour les admirateurs du « modèle » allemand, qu’il y a des délégués à partir du seuil de 5 par entreprise. Et que les conseils d’administration y sont composés à 50 % de salariés.)
2°) dans les entreprises de plus de 50 salariés, le Medef propose qu’il n’y ait plus qu’un « conseil d’entreprise ».
Une seule instance c’est la mort des fonctions dévolues sagement à chacune de celles qui existaient :
- les DP sont censés schématiquement s’occuper prioritairement des contrats et situations individuelles des salariés
- les CE sont censés schématiquement s’occuper prioritairement des situations collectives et des évolutions de l’entreprise, socialement et économiquement
- les Chsct comme leur nom l’indique s’occupent des conditions de travail, de la santé de l’hygiène de la sécurité, ce qui est un immense domaine, allant des risques physiques aux risques psycho-sociaux.
Chacune de ces instances beaucoup de mal a fonctionner, car le patronat met des bâtons dans les roues, aussi bien à l’information qu’à la prévention, à la médecine du travail qu’à l’inspection du travail.
Exit donc les CHSCT : plusieurs décennies de protection de la santé, des conditions de travail, hygiène et sécurité pris en main par les salariés eux mêmes vont donc être jetés à la poubelle. (CF « 20 ans de CHSCT », Journal officiel, avis du CES, Gérard Filoche 2001)
Même la présidente de la CGC affirme qu’on « en revient à un dialogue social préhistorique » .
Pourtant c’est le fruit d’une lutte acharnée depuis 30 ans du patronat contre tout ce qui est issu du conseil national de la résistance, perfectionné après mai 68 et ensuite par les lois Auroux et Aubry.
Avant les élections des CE/DP étaient tous les ans, ensuite tous les deux ans, puis tous les 4 ans. Avant les DP et CE étaient séparés, ils les ont déjà fusionné dans des « DUP » (délégations uniques du personnel) dans un certain nombre d’entreprises ou les syndicats se laissaient faire. A chaque fois, ils y gagnent des élus et des heures de délégation en moins. Chaque fois ils y gagnent en absence de contrôle, de vigilance et de possibilités de se défendre des salariés.
Déjà dans 25 % des entreprises qui devraient avoir un CE, 25 % n’en ont pas. 25 % ont un CE « bidon », pro patronal, propulsé sans syndicat : exemple le CE de Quik Ile de France ou règne un « syndicat » baptisé « énergie pétillante » et qui regroupe les « managers » désignés à cette fonction, dans des « après midi dansants »
Enfin dans les 25 % où il existe de vrais CE, le patronat, grâce à l’ANI du 11 janvier et la loi du 14 juin 2013 a diminué de façon drastique les obligations de communiquer des informations. (Cf. livre « Comment résister à la démolition du code du travail ? » page 51)
« Dans les grandes entreprises avec plusieurs établissements et plusieurs CHSCT, l’ANI permet désormais pour ces différents CHSCT de limiter les éventuelles expertises et les principales consultations à une seule expertise et une seule consultation, en instituant une « instance de coordination des CHSCT ». Et là encore, avec des délais impératifs. C’est un affaiblissement des CHSCT d’établissement, de terrain : l’explosion d’AZF aurait plutôt poussé à renforcer ceux-ci. »
Les CE ont été aussi « contournés » dans l’élaboration des plans sociaux, les juges dessaisis, pas à pas, de « sommets sociaux » en « sommets sociaux », hélas sous la gauche, le droit des IRP et le droit syndical reculent.
Mais là, il ne s’agit plus de « recul » mais de quasi disparition.
Les « seuils » n’ont jamais empêché d’embaucher. Mais sans C.E., le patron évite un budget de fonctionnement limité à 0,2 % de la masse salariale et un budget des œuvres sociales négociable, en moyenne de 0,7 à 0,9 % de la masse salariale. Sans DP ni C.E., le patron évite aussi un contrôle et un dialogue avec ses salariés : ça diminue des droits, baisse le coût du travail, évite ou masque des emplois.
extrait « carnets d’un inspecteur du travail » :
Je me souviens encore d’un patron d’une brasserie de la place de la République à Paris qui « préférait vendre plutôt que d’avoir un comité d’entreprise ». Donc il s’en tenait à 47, 48 ou 49 salariés et refusait de passer le seuil de 50. En fait son arrogance masquait son refus d’avoir des interlocuteurs salariés en face de lui et de rendre des comptes à un CE. Car il ne cessait de prendre, dés que son activité l’exigeait, des « extras », CDD, intérims, qu’il maltraitait, sous-payait, ou dissimulait, en s’efforçant surtout de ne pas les compter dans ses effectifs. Comme lesdits effectifs s’appréciaient sur une durée de 12 mois pendant 3 ans, l’inspecteur prit le temps de « recompter » toutes les entrées et sorties sur le registre du personnel et le livre de paie, puis lui imposa, car il était largement au dessus du seuil, d’organiser – enfin – des élections pour mettre en place un CE. Ce patron-là était un vulgaire délinquant qui voulait faire du fric, en se passant de respecter les lois de la République concernant les institutions représentatives du personnel : ça n’avait rien à voir avec l’emploi.
Comme le dit fort bien Thierry Lepaon, s’en prendre aux seuils sociaux, c’est « considérer les représentants du personnel, les droits des salariés, le syndicalisme comme un frein au développement de l’entreprise, alors qu’au contraire c’est une chance ».
Et la présence de salariés aux conseils d’administration ou de surveillance, ce n’était pas un progrès fixé par l’ANI et la loi du 14 juin 2013 ?
Cela ne concerne que très peu d’entreprises : celles de plus de 10 000 salariés dont 5 000 en France, soit autour de 250. Il s’agit de l’éventuelle participation restreinte de un ou deux salariés dont on ne sait comment ils seront désignés, mais leur fonction sera incompatible avec celle de membre du CE, du CHSCT, de DP ou de délégué syndical et ils ne seront pas « pro- tégés ». Ils auront voix délibérative mais seront soumis aux règles de confi- dentialité… Le délai pour la mise en place est de 26 mois…
Sur les 40 entreprises du CAC, 10 se considèrent comme « hors périmètre d’application de la loi »… sous prétexte que la société de tête du groupe serait une holding comptant moins de 50 salariés. Il s’agit d’Alcatel-Lucent, Axa, Cap Gemini, Carrefour, Legrand, LVMH, Sanofi, Schneider, Technip, Unibail Rodamco et Vallourec. Sous réserve d’un inventaire plus précis, plus d’un quart des entreprises du CAC 40 entendent donc échapper à l’ANI et à la loi du 14 juin 2013 qui prévoit qu’avant le 30 juin 2015, « le gouvernement remette au Parlement un rapport portant sur le bilan de la mise en oeuvre de l’obligation de représentation des salariés au conseil d’administration ou de surveillance ». Déjà le patronat, se moquant encore une fois du « contrat » comme de la loi, prend ses dispositions pour l’éviter.
Pour l’utilité des DP: lire « tabourets de bois ronds » infra sur ce même blog

Tabourets de bois rond

C’était rue Notre Dame de Nazareth. Elles étaient huit. Des femmes assises, le dos courbé, les fesses endolories, sur des tabourets de bois ronds autour d’une grande table métallique. Toute la journée. 8 heures par jour, 35 h par semaine, 151 h 66 par mois, et les heures supplémentaires pas comptabilisées. A peine plus que le smic. Avec de petites mains, elles faisaient de la petite bijouterie fantaisie, des petits assemblages, des enchâssements méticuleux. A côté d’elles quelques hommes, aux bras plein d’eczéma, trempaient des métaux dans divers « bains » d’acide. Au total la petite entreprise, comptable inclus, était composée de 14 salariés
Ce qu’elles voulaient, ces huit femmes, c’était des vrais sièges, si possible ergonomiques, avec un rembourrage, un dossier, des accoudoirs, équilibrés avec cinq roulettes. Juste pour moins souffrir.
Après avoir timidement une par une demandé au patron, elles avaient fini par faire une pétition. Signée à 8. Même les hommes à côté n’avaient pas osé signer. Le patron s’était aussitôt emporté ! Un colérique : « – Ca on ne me la fera jamais, moi je suis un ancien ouvrier, je sais ce que c’est, j’en ai bavé, elles me l’auraient demandé poliment, d’accord, mais là avec une pétition, pourquoi pas une grève pendant qu’on y est ! Jamais, jamais je ne céderai pas à ce genre de chantage ! ».
Elles saisissent l’inspection du travail (c’était avant le plan Sapin, l’inspecteur pouvait encore décider d’y aller, en opportunité). L’inspecteur demande des sièges, le patron s’empourpre, refuse. Lettre recommandée, mise en demeure. Le patron conteste encore. Puisqu’il y a plus de dix salariés, l’inspecteur demande de mettre en place des élections de délégué du personnel. Le patron refuse toujours : « Des délégués chez moi, jamais, si on veut me parler, ma porte est ouverte, des élections, on est 14, grotesque, ridicule, pas la peine, pas ici ». Nouvelle lettre recommandée, nouvelle mise en demeure, menace de procès verbal. Pourtant c’était par là qu’il fallait passer.
Il faudra trois mois, trois lettres, trois visites, pour arriver à des élections qui soient réelles. L’inspecteur doit menacer à plusieurs reprises le petit patron irascible. Il doit expliquer aux salariées elles-mêmes comment faire. Les huit femmes se mettent d’accord. A la fin, il y a une date, une candidate, une suppléante, une urne, des bulletins de vote, et enfin deux élues. Le patron dut s’incliner.
Je me rappelle, en retard dans un nombre trop important de visites, je revins dans cette entreprise, en coup de vent, peu après, car la déléguée élue des femmes m’avait appelé. Et comme j’arrivais à l’atelier, bêtement distrait, la tête ailleurs, elles me dirent éclatantes de sourires : « - Alors, alors, vous avez vu, vous avez vu ? » Elles étaient toutes assises sur des fauteuils confortables, appropriés, avec dossiers et accoudoirs. Elles avaient gagné !
L’ANI et la loi Medef qui en est issue, ont reculé les délais avant qu’un patron soit obligé d’organiser des élections de délégués du personnel.
Puis Jean-François Copé l’avait dit : si la droite revient, elle modifiera les seuils sociaux, au lieu que les délégués du personnel soient obligatoirement élus à partir de 11 salariés, ce sera à partir de 50. Le Medef a hâte d’accélérer le processus. Vals, Macron, Rébsamen, maintenant hélas vont au devant de ses voeux.


Les images de la révolution en cours au Burkina Faso (Investig'action)

http://www.michelcollon.info/Les-images-de-la-revolution-en.html?lang=fr

En exclusivité pour Investig'Action, le reporter Mikaël Aurelio Doulson Alberca livre les images de la révolution en cours au Burkina Faso

La manifestation du peuple burkinabé à Ouagadougou le 28 octobre 2014 a dégénéré en guérilla urbaine lorsque les manifestants ont quitté la Place de la Nation en direction du rond-point des Nations Unies avec le projet d’atteindre l’Assemblée Nationale pour l’occuper.
Après quelques minutes de sit-in et d’occupation pacifique par les manifestants au rond point des Nations Unies, les forces de police ont lancé l’assaut et ont chargé les manifestants à coup de gaz lacrymogène et de camion à eau.




Les pick-up des policiers se sont lancés aux trousses des manifestants, en tirant des grenades de gaz lacrymogène parfois à bout portant. On déplore des blessés, mais pas de morts. La manifestation aurait rassemblé des centaines de milliers de manifestants à Ouagadougou, près d’un million selon les organisateurs.






Les partis d’opposition au CDP (parti au pouvoir) avaient lancé pour cette manifestation le mot d’ordre suivant : désobéissance civile, jusqu’à la chute du régime.
Le Président du Faso Blaise Compaoré espère que le vote de jeudi 30 octobre à l’assemblée nationale lui permettra de changer l’article 37 de la Constitution sans passer par un référendum, et ainsi de se présenter à sa propre succession aux élections présidentielles de 2015.
Source : Investig’Action

Hong Kong : quand les médias nous demandent d’oublier l’histoire coloniale D.R. (investig'action)

Hong Kong : quand les médias nous demandent d’oublier l’histoire coloniale D.R.

Nos médias (les médias du capital, ne l’oublions pas !) adorent les manifestants hongkongais qui, par milliers prétendent-ils, brandissent des parapluies pour exiger la démocratie, la pure, la vraie, l’authentique ! Il paraît que le gouvernement chinois n’est pas d’accord. Il préférerait désigner lui-même les hommes qui dirigeront Hong Kong. Alors, qui a raison, les manifestants ou le gouvernement chinois ? Attention aux réponses un peu trop spontanées !

Nous qui avons l’expérience de cette démocratie dont rêvent, paraît-il, certains Hongkongais, on sait bien que celui qui gagne ce genre d’élection est celui qui a le soutien du capital : la presse lui passe la soupe tous les jours, les sondeurs expliquent qu’il est incontournable et les experts montrent que son programme est vraiment tout ce qu’il y a de plus raisonnable. En somme, le vainqueur est celui qui dispose de grosses sommes d’argent attribuées à sa campagne par ceux qui en disposent, et qui comptent avoir comme « élus » des gens qui prendront soin de leurs intérêts !
On l’a bien vu en France en 2007 lorsque la presse, les sondeurs et les experts ont largement contribué à promouvoir Nicolas Sarkozy. Les mêmes, en 2012, ont soutenu François Hollande ! On constate (comme c’est surprenant !) que l’un et l’autre mènent des politiques relevant de la même stratégie… en faveur du capital !
Dans le cas particulier de Hong Kong, on remarque que la méthode employée par les manifestants se rapproche des « révolutions orange » : une revendication soi-disant démocratique, un emblème simple à reconnaître (ici, les parapluies) et l’occupation permanente d’un lieu central.
Le gouvernement chinois et les Hongkongais ont bien repéré ce qui se tramait. La main étasunienne et britannique ne fait aucun doute ! Cette revendication « démocratique », si elle était effectivement mise en œuvre, aurait en effet comme conséquence à court terme de séparer Hong Kong de la Chine, et de revenir sur l’accord de rattachement de 1997.
Car si on parle aujourd’hui de rattachement, c’est qu’il y avait auparavant séparation : pendant les guerres de l’opium au milieu du XIXème siècle, les puissances coloniales avaient obligé le gouvernement chinois de l’époque à concéder des territoires à leur profit exclusif, sous forme de bail de long terme. C’est ainsi que Hong Kong, territoire chinois, est devenu britannique. À l’époque, les Chinois ont parlé de « traités inégaux », dont fait partie le traité de Nankin.
Les Britanniques pensaient bien que Hong Kong leur appartenait toujours. Mais, au terme de ce long bail centenaire, le gouvernement chinois a fait valoir ses droits et signifié à la Grande-Bretagne qu’il ne serait pas renouvelé : Hong Kong allait redevenir une terre chinoise, gouvernée par la Chine.
La République populaire de Chine et le Parti communiste chinois avaient bien préparé l’affaire : pour convaincre les Britanniques de ne pas faire d’histoire et apaiser les craintes de l’économie hongkongaise, l’accord proposé se résumait en : « un pays, deux systèmes » (c’est d’ailleurs la même proposition que fait la Corée du Nord à la Corée du Sud depuis 1953 : « un pays, deux système »).
L’économie de Hong Kong relève donc d’un système capitaliste, sous contrôle de Pékin. Hong Kong n’est donc pas « un pays indépendant » : c’est une province chinoise, mais administrée de façon très spécifique.
Il est certain que la Chine n’envisage pas un instant de revenir en arrière. Les guerres de l’opium sont bel et bien terminées et Hong Kong restera à la Chine.
Le gouvernement chinois a donc expliqué que le futur gouverneur de Hong Kong sera élu par les habitants du territoire. Cependant, les candidats ne pourront pas être des hommes sous influence faisant campagne avec des financements étasuniens et britanniques : Pékin propose donc des candidats qui portent le principe simple, mais complexe : « un pays, deux systèmes »…
Ce type de filtre est-il légitime ? Oui, parce que le « laisser-faire » favorise de fait la fortune, l’argent de l’étranger anglo-saxon, et, dans le cas particulier de Hong Kong, aurait pour but une nouvelle séparation.
On aura remarqué que le gouvernement chinois traite l’affaire par la négociation et un usage prudent des forces de police. Mais il ne cède pas. L’humiliation des traités inégaux du XIXème siècle n’est pas oubliée ! Aujourd’hui, la Chine a réglé les questions de frontières avec la plupart de ses voisins, en particulier la Russie. Reste la question de Taïwan et celles, en suspens, avec le Japon et le Vietnam.
Il y a là une tentative manifeste des États-Unis de déstabiliser la Chine. Il y en aura d’autres, soyons-en certains. N’accordons aucun crédit à ces manœuvres !

Leboncoin.fr visé par le gouvernement pour remplir les caisses…(les moutons enragés)

Leboncoin.fr visé par le gouvernement pour remplir les caisses…

Il faut des sous, il faut donc trouver des solutions pour cela, sans pour autant s’en prendre aux responsables, sans fâcher Bruxelles ni les banques, et encore moins les Etats-Unis, et surtout en restant au niveau de la télévision, donc ne surtout pas proposer d’idée pouvant montrer aux gens qu’il y a des solutions autres que de taper sur le bas de la pyramide!!! Et la dernière idée socialiste serait une nouvelle réglementation pour récupérer les 312 millions à manquer pour l’état…
À ce rythme-là, ils finiront par interdire les ventes entre particulier puisque cela ne leur rapporte rien…
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Le Bon Coin ferait perdre plusieurs centaines de millions d’euros de recettes à l’Etat, car aucune TVA ne s’applique à ses transactions.
C’est dans une question écrite adressée au gouvernement hier que le député socialiste Jacques Cresta s’est interrogé sur le manque à gagner pour l’Etat au sujet du site Le Bon Coin. Une semaine plus tôt, une autre élue s’était posée la même question, comme l’indique France TV Info.
Le député indique que près de 312 millions d’euros seraient perdus en recettes fiscales tous les ans à cause au site de petites annonces. La raison ? Les transactions entre particuliers ne sont pas frappés de la TVA. Le Trésor Public voit une taxe providentielle lui échapper lors des ventes par petites annonces.
Le Bon Coin peut-être bientôt soumis à de nouvelles réglementations
Comme l’indique le site d’information, les élus regrettent également une concurrence déloyale mise en oeuvre par les sites de mises en ligne gratuite de petites annonces immobilières, comme peut le faire Le Bon Coin.
Source et fin de l’article sur 24matins.fr

Le poids des euros, le choc des critères (Le grand soir)

Aides à la presse, un scandale qui dure

Le poids des euros, le choc des critères

Fin 2013, les chiffres publiés par le ministère de la culture et de la communication ont signalé que le magazine Closer avait, l’année précédente, reçu une aide publique trois fois supérieure à celle du Monde diplomatique (1). La publication qui se consacre aux potins sur les célébrités se hissait ainsi au 91e rang des titres aidés par le contribuable, tandis que ce mensuel n’accédait alors qu’à la 178e place. L’injustice parut sans doute insoutenable puisque l’année suivante, tandis que Closer progressait de trois places… Le Monde diplomatique disparut du classement (2).
D’autres modifications étaient intervenues entre-temps. Avec 16,2 millions d’euros de subsides divers, Le Figaro raflait d’une très courte tête au Monde la médaille d’or des publications assistées par ce que, dans d’autres circonstances, les libéraux appellent la « mamma étatique ». Même lorsqu’ils sont détenus par des industriels et des financiers, les journaux et les magazines les plus gavés de publicité et les plus éloignés de toute mission d’information publique se taillent en effet la part du lion des aides publiques. Les quatre magazines de télévision Télé 7 Jours, Télé Star, Télé Loisirs et Télé Z se sont ainsi adjugé près de 20 millions d’euros en 2013. Moisson moins abondante pour Le Monde diplomatique et Manière de voir : 108 600 euros.
Dans une question écrite adressée à Mme la ministre de la culture et de la communication et publiée au Journal officiel le 27 mai dernier, le député socialiste d’Ille-et-Vilaine Marcel Rougemont s’est étonné que Closer ait reçu «  une aide publique en 2012 d’un montant de 558 619 euros, contre seulement 188 339 euros pour Le Monde diplomatique ». Et il a estimé qu’il convenait d’« interroger la cohérence d’une telle disparité ». Enfin, il a relevé que « la situation semble s’être aggravée puisque Le Monde diplomatique a tout simplement disparu du tableau des deux cents titres les plus aidés selon les chiffres 2013 publiés en avril 2014. Ce constat renforce la nécessité d’une véritable réforme des aides à la presse, aujourd’hui trop dispersées. Les aides publiques doivent servir, selon la volonté du législateur, à soutenir les publications concourant au débat public ».
Dans sa réponse, publiée le 2 septembre dernier au Journal Officiel, le ministère de la culture et de la communication s’est abrité derrière les grands principes : « Le respect de l’indépendance éditoriale et économique a pour corollaire que les aides de l’Etat sont instituées et accordées de façon impartiale, sur la base de règles connues à l’avance, élaborées en concertation avec l’ensemble des familles de presse dans leur diversité et mises en œuvre en s’appuyant sur des organismes paritaires. L’Etat ne privilégie pas tel ou tel titre de presse au regard de son contenu éditorial. » Le Monde diplomatique et Manière de voir profitent ainsi, au même titre que les autres publications, indépendamment de leurs contenus, de la fortune de leurs propriétaires et de leurs volumes publicitaires, « des tarifs postaux de presse et de leur compensation partielle par l’Etat ». Toutefois, « ces deux publications ne bénéficient pas des tarifs dits d’information politique et générale ». Motif de cette discrimination ? « Les accords de 2008 ont restreint ces tarifs, entre autres critères, aux titres au plus hebdomadaires. » Mais, ajoute le ministère, « une réflexion est en cours [qui] permettra, le cas échéant, de faire évoluer les critères et les modalités d’attribution du soutien public à la distribution de la presse ». En d’autres termes, le ministère juge attentatoire au pluralisme de réserver les aides publiques à des publications qui concourent au débat démocratique plutôt qu’à des magazines de tricot ou de ragots. Mais il continue de « réfléchir » à la légitimité de continuer à en priver celles qui n’ont pas opté pour la « bonne » périodicité, quotidienne ou hebdomadaire.
Au total, la logique est somptueuse : plus une publication compte d’abonnés, en général grâce à des tarifs de dumping, plus sa pagination est étoffée par des encarts commerciaux, des suppléments publicitaires ou le catalogue des Galeries Lafayette, et plus le contribuable se porte à son secours. En revanche, plus le journal est pauvre et maigre, moins on s’en soucie. Il y a bien cependant une aide réservée aux publications à faibles recettes publicitaires ; mais décidément nous jouons de malchance, puisqu’elle ne vaut que pour les quotidiens…
Tout cela est pédagogique et il faut savoir gré au ministère de la culture et de la communication d’avoir enfin publié la liste des deux cents publications les plus aidées. Mais cette transparence risque de ne pas durer. Car dorénavant, a-t-on appris, les montants (substantiels) qui subventionnent la distribution de la presse ne figureront plus dans le tableau du ministère de la culture, « mais dans celui du ministère de l’économie et des finances, qui assure la tutelle de La Poste ». Histoire de rendre à nouveau un peu plus opaque ce qui commençait à devenir dangereusement clair ?
»» http://www.monde-diplomatique.fr/2014/11/FONTENELLE/50948#nb1
(1) Lire « “Closer” écrase “Le Monde diplomatique” », La valise diplomatique, 19 décembre 2013. http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2013-12-19-aides
(2) Lire « “Le Monde diplomatique” disparaît… », La valise diplomatique, 9 mai 2014. http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2014-05-09-le-diplo-disparait
URL de cet article 27284

La valise ou le cercueil. (Le grand soir)

La valise ou le cercueil.

L’affaire fut, dès le départ, cousue de fil blanc.
Il y eu d’abord l’opération Serval lancée en janvier 2013, sensée sauver les Maliens des islamistes, puis vint le temps de l’opération Barkhane déclenchée cet été en vue de sécuriser le Sahel, mais dont l’objectif véritable visait évidemment à repositionner la France dans cette région d’Afrique et de pérenniser sa présence militaire.
Aussi, comme au bon vieux temps du partage de la Conférence de Berlin et des conquêtes coloniales, le souci du bien-être des populations locales avait été mis au centre d’une rhétorique justifiant l’incongrue présence de militaires français sur le sol africain, en ce début de XXIème siècle.
Malgré quelques réticences d’un exécutif malien faiblard, sans forces de défense dignes de ce nom, et ne devant sa bonne fortune qu’à l’interventionnisme du gouvernement français, l’ouverture d’une base française à Tessalit avait été entérinée par un accord de « Partenariat de défense » signé à la mi-juillet 2014 (Lire ici).
Lisant entre les lignes, nous annoncions un retour en force et durable d’une France, à genoux économiquement, sur le sol africain.
Les dialectiques de la lutte contre le terrorisme, de celle de l’aide au développement et de la lutte contre le trafic de drogue nous apparaissaient alors comme le minuscule cache-sexe d’ambitions néocoloniales.
Les dernières décisions et actions françaises dans la région, prises comme il se doit en catimini, valident notre lecture-diagnostic d’hier et fondent nos propectives-antidotes de demain.
Comme souvent en matière françafricaine, c’est sous couvert d’anonymat qu’un responsable du ministère français de la Défense a annoncé le renforcement du dispositif militaire tricolore. On notera la persistance des autorités françaises à traiter leurs partenaires (ou subordonnés) africains avec la plus grande des condescendances.
Méprisant toute prérogative étatique ou exercice de souveraineté, le choix du moment et du vecteur de l’annonce n’est même pas laissé au pays concerné, celui-ci n’ayant qu’à se taire et obtempérer.
Ainsi, la source anonyme s’étant confiée à l’AFP, a informé nigériens et français qu’une nouvelle base militaire serait sise au Niger, plus précisément en la ville de Madama, distante d’une centaine de kilomètres de la frontière libyenne.
Resserrant le maillage militaire français au Sahel, l’emplacement de cette base, qualifié de « stratégique » a pour but avoué de contrôler l’accès à la Libye aux djihadistes et trafiquants. L’ex-Jamahiriya étant devenue, depuis le renversement de Mouammar Kadhafi, une oasis et un marché d’armes à ciel ouvert pour terroristes.
A toutes fins utiles, il nous faut soulever le heureux hasard que constitue l’annonce de l’ouverture d’une base militaire au nord du Niger, dix jours à peine après l’officialisation de la mise en œuvre d’un accord signé le 26 mai 2014, entre le gouvernement local et la société française Areva.
Hasard heureux, mais des plus troublants, puisque les mines d’uranium, pour lesquelles la multinationale tricolore a obtenu des conventions d’exploitations, se trouvent elles aussi au nord du Niger.
Areva ayant accepté, dans la plus pure tradition coloniale, de financer la construction de la route permettant d’évacuer le produit de son pillage, l’armée française, en plus de poursuivre les djihadistes et trafiquants de drogue, aura la mission de protéger le convoyage d’un précieux minerai obtenu à vil prix garantissant l’indépendance énergétique du pays des droits de l’homme, et au passage, de juteux dividendes aux actionnaires d’Areva...
Apparaissant au grand jour, les véritables raisons de la présence française au Sahel et les incohérences dans l’exposé de ses missions successives dans la région, nécessitent cependant un rapide rappel chronologique, permettant une contextualisation nécessaire à l’établissement des fondements crapuleux de l’interventionnisme hexagonal sur la terre d’Afrique en général, au Sahel en particulier.
Soucieuse de sauver le peuple libyen de la folie sanguinaire d’un tyran, auquel elle avait réservé un accueil grandiose dans les jardins de l’Élysée en décembre 2007, la France soutenue par l’OTAN, avait procédé, avec la barbarie distinguée des démocraties occidentales, au renversement le 20 Octobre 2011 de Mouammar Kadhafi.
Le résultat de cette croisade blanche pour l’avènement de la démocratie chez les arabes s’était soldée par un fiasco équivalant à celui du précédent irakien : un pays divisé, plongé dans le chaos, en proie à une violence politique aveugle, et bientôt déserté par ses libérateurs.
Français et américains, après avoir mis le pays à feu et à sang, mais s’étant d’abord assurés que leurs intérêts économiques seraient correctement gérés par la bourgeoisie compradore qu’ils avaient contribué à installer aux commandes de cet état en guerre civile permanente, s’étaient enfuis.
Las, comme en Irak, les feux qu’ils avaient initiés en Libye n’allaient pas tarder à faire tâche d’huile dans la sous-région et menacer les intérêts économiques français : les mines d’or et d’uranium (Faléa) au Mali et les mines d’uranium (Arlit et Imouraren) du Niger.
L’aspect économique de cet interventionnisme prédateur a toujours été sciemment éludé par les responsables politiques français, et pire encore, largement ignoré par des médias encore plus incompétents qu’à l’accoutumée.
Il fallait donc une bonne raison pour envoyer la troupe dans cette zone méconnue des français et qui ne leur semblerait pas, de prime abord, ressortir des intérêts vitaux de l’hexagone.
 
Arrivèrent alors, et à point nommé, des djihadistes menaçant la république malienne : l’opération Serval pouvait être lancée.
Faisant d’une pierre deux coups, François Hollande sauvait les maliens de l’instauration d’un califat, tout en épongeant la dette de la France envers l’Afrique (le ridicule ne tue pas !).
Il repositionnait corrélativement l’armée française au cœur d’une zone stratégique, en prévision de tensions qui découleront à coup sûr dans un futur proche, de la nouvelle ruée vers l’Afrique.
Mais aussi et surtout dans l’optique immédiate de protéger les intérêts locaux de l’ex-puissance coloniale.
Si le triomphe de Serval fut rapide et total, le suspens fut maintenu par les autorités françaises. Celles-ci, poussant leur avantage, en profitèrent pour maintenir le gouvernement malien sous pression. En soutenant discrètement les irrédentistes touaregs et en gonflant la menace djihadiste, elles obtinrent de ce dernier, dont la faiblesse et le dénuement en matière de défense confinent au pathétique, la signature d’un « Partenariat de défense » portant création d’un base militaire française à Tessalit.
Dans ce monde plus sûr était lancée par surprise l’opération Barkhane : l’enfumage se révélera final et définitif.
Se positionnant sur une ligne partant du Sénégal/Mauritanie et passant par le Mali, le Niger, le Tchad, le Soudan pour finir en Érythrée, la France s’était octroyée le rôle de puissance régionale, elle qui se situe pourtant en Europe.
Contre toute attente, ce repositionnement s’avère être insuffisant. On apprend aujourd’hui que les djihadistes chassés du Mali, s’étant réfugiés dans une Libye devenue, depuis l’intervention de le l’OTAN, un havre pour terroriste et un marché d’armes à ciel ouvert, il est nécessaire d’ouvrir une base au Niger, dans la localité de Madama.
En clair, la France déclenche un chaos en Libye d’où émergent des fous d’Allah qu’elle chasse du Mali. Ceux-ci se réfugient dans une Libye en proie au désordre, leur offrant un sanctuaire ce qui « contraint » la France à surveiller les environs, de crainte qu’ils ne reviennent.
 
Gageons qu’ils reviendront au Mali ou au Niger et qu’il faudra encore les en déloger.
Notons que pour 200 djihadistes (selon l’AFP), la France a dépêché sur place de 3 à 4000 soldats et personnels militaires. Que la zone d’action des djihadistes soit immense, personne n’en disconvient, mais l’asymétrie des forces en présence (il faut ajouter les 8200 hommes de la Minusma stationnés au Mali) rendent encore moins plausibles les motifs avancés par Paris, afin de justifier une présence suintant le néocolonialisme, matérialisée par les deux nouvelles bases militaires ouvertes au Mali et au Niger.
C’est donc à un jeu à sommes nulles auquel participe l’Afrique à son corps défendant.
Le chaos installé par l’OTAN en Libye étant appelé à durer, les va-et-vient incessants des barbus dans la bande sahélienne ne sont pas prêts de s’arrêter et la France, de par l’ampleur de ses méfaits dans la région, a rendu incontournable pour plusieurs années une présence urticante et prédatrice.
Présence qu’elle souhaite étendre vers l’Afrique de l’Ouest et centrale, puisqu’elle a proposé ses services au Nigeria et au Cameroun, confrontés à Boko Haram. 
Boko Haram, terme générique désignant tout à la fois la persistance de particularismes religieux, de déséquilibres économiques et sociaux au nord du Nigeria, la cristallisation de règlements de comptes politiques internes préfigurant une lutte acharnée lors de l’élection présidentielle à venir, et d’une lutte non moins acharnée pour l’obtention de la place du vieillissant président-fainéant Paul Biya.
Arrive le moment où, en tant qu’africain conscient, sain de corps et d’esprit, l’on doive s’arrêter pour apporter réponse à une question de bon sens, voire d’application du sain principe de réciprocité.
Alors que Nicolas Sarkozy, le maître-d’œuvre du pandémonium libyen, dans une tentative désespérée d’échapper à la justice de son pays, opère un retour en politique et use d’une rhétorique raciste visant, entre autres cibles, les africains (l’immigration menacerait la l’identité et la façon de vivre des français), ne devons-nous pas repenser les voies et moyens entraînant la fin de la présence non désirée et non désirable de l’armée française, où qu’elle se trouve sur le sol africain ?
Alors que la France quasi-unanime, se répand en pleurs et hommages mielleux à la mémoire d’un ennemi objectif des peuples africains, feu Monsieur de Margerie, pouvons-nous persister à tolérer la présence invasive et prédatrice d’un État qui canonise l’ordure économique, et par là, légitime le pillage de nos matières premières ?
Total, ce joyau du CAC 40, synonyme de corruption, de pollution, de spoliation sur le sol africain, est, au même titre qu’Areva, Bouygues ou les entreprises Bolloré, le fer d’une lance aux mains de l’état français, plantée dans les reins de l’Afrique.
Peut-on en conséquence ajouter foi aux déclarations grandiloquentes de François Hollande ou de son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, lorsqu’ils prétendent envoyer soldats, ouvrir bases militaires à chaque croisement de rue africaine pour lutter contre le terrorisme, et suprême injure, nous aider ?
Aux questions du bon sens et de la réciprocité, s’ajoutent celles qui portent sur l’essence même de notre refus : que voulons-nous atteindre collectivement et quel est le degré de notre volonté ?
Que faut-il pour que, collectivement, nous décidions de changer de fusil d’épaule, pour cette fois le charger et nous en servir ?
Que faut-il pour que collectivement, nous choisissions de nous opposer à la persistance de la mainmise sur nos états de ce parasite que constitue la France en Afrique ?
Cette dernière a assez menti et triché, a assez pillé et et tué, a suffisamment menacé et attaqué nos identités et façons de vivre pour qu’il n’y ait plus d’ambiguïté sur la marche à suivre et surtout la direction à lui faire prendre : la reconduite immédiate à nos frontières de cet immigré voleur et assassin.
Il n’y a pas de générosité à chercher et encore moins à trouver dans les actions de la patrie des droits de l’homme en Afrique. On se souviendra avec profit de la réaction de son exécutif, lors du refus manifesté par la Guinée de Sékou Touré d’intégrer, en 1958, une Communauté Française voulue par De Gaulle, continuation du droit de cuissage économique de la métropole.
L’histoire du continent est jalonnée des forfaitures et trahisons françaises, toutes enrobées dans des concepts séduisants mais trompeurs, tels que l’apport de la civilisation, le développement économique, la promotion de la démocratie et aujourd’hui la lutte contre le fondamentalisme musulman.
Dans l’optique de ce changement de logiciel dans les relations pays Africains/France, un préalable est nécessaire et indispensable : la mise à l’écart du jeu politique d’une élite complice de la France et tout comme elle prédatrice.
 
Il ne peut y avoir d’émancipation véritable, si reste accrochée aux plus hauts cercles du pouvoir la classe politique corrompue qui, se perpétuant depuis plus de cinquante ans, est responsable du retard de l’Afrique, et de son statut de marionnette sur la scène internationale.
Ce pouvoir confisqué par des laquais, il nous faut, peuples d’Afrique avoir le courage et la volonté collective de s’employer à le récupérer.
 
Il n’y aura pas d’homme providentiel, laissons derrière nous la chimère du leader charismatique, détenant à lui seul la solution à nos problèmes.
Le salut, comme le marasme actuel, sera collectif, et c’est d’un peuple devenu providentiel pour lui-même qu’émergeront le changement et le remplacement des élites défaillantes nous ayant représenté, à notre corps défendant, depuis si longtemps.
Se dessine à cet égard, un test déterminant pouvant potentiellement marquer une étape importante, préfigurant la fin d’un cycle. Blaise Compaoré, l’assassin de Thomas Sankara, souhaitant pérenniser sa présence pernicieuse à la tête de l’État burkinabé et usant de tours de passe-passe éculés, a décidé de modifier l’article 37 de la constitution de son pays, portant sur la limitation du nombre de mandat présidentiel.
L’opposition a d’ores et déjà notifié qu’elle ne laissera pas l’autocrate agir à sa guise, et le peuple semble prêt à la désobéissance civile. Il est à espérer que les États-Unis, ayant déjà manifesté leur opposition à Compaoré, ne s’octroient le contrôle du Burkina Faso, par un des coups tordus dont ils sont coutumiers, en favorisant la prise du pouvoir par une marionnette, qui comme celle occupant actuellement la présidence ivoirienne, et tenue en laisse par Paris, rendra des comptes à Washington.
Ce test, s’il est passé avec succès peut être, (non pas le déclic, car l’avenir du continent ne se joue ni sur un homme, ni sur un moment), une base sur laquelle repenser le rôle politique de peuples africains, ayant appris à dire non et le faisant savoir.
Cette étape passée, alors il nous sera possible de faire entendre à la France et aux autres nations impérialistes, le rugissement que nous retenons tant bien que mal par-devers nous depuis des générations : allez-vous en !
Ceux suffisamment sages, parmi les autoproclamés maîtres du monde, mesurant alors la force de notre détermination, d’eux-mêmes s’en iront.
Aux autres, bornés et têtus, il sera toujours temps d’imposer un dilemme naguère synonyme d’une Algérie brûlante luttant pour accéder à son l’indépendance : la valise ou le cercueil...
»» http://alternativesetcoherence.blogspot.fr/2014/10/la-valise-ou-le-cer...
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[Reprise] Ce que l’extrême droite ne nous prendra pas, par Frédéric Lordon (Les Crises)

Papier intéressant de Lordon de 2013 – même si je ne le suis pas sur tous les points, en particulier sur les régularisations (il y a des choses qu’une corps social accepte en période de croissance et ne peut accepter en période de crise, il faut aussi en tenir compte).
En hommage aussi à tous les petits Fouquier-Tinville aux tous petits pieds faisant des procès en extremedroitisme dès qu’on n’est pas d’accord avec eux…
(N.B. Pour les mal-comprenants, non, je n’ai aucune complaisance avec “l’extrême-droite“, arrêtez de me harceler avec ça, merci d’avance – cela devient lourd)
[Exemple, je trouve qu'il faut juger à la CPI tout État attaquant un État, bombardant et tuant des civils, cela va donc des USA à la Syrie, de l'État Islamique à l'Ukraine et d'Israël à la France (Libye) - c'est bien la preuve que je suis humaniste me semble t-il...]
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La colorimétrie des demi-habiles ne connaissant que deux teintes, toute mise en cause de l’Europe, fût-elle rendue au dernier degré du néolibéralisme, est le commencement d’une abomination guerrière, toute entrave au libre-échange est la démonstration manifeste d’une xénophobie profonde, toute velléité de démondialisation l’annonce d’un renfermement autarcique, tout rappel au principe de la souveraineté populaire la résurgence d’un nationalisme du pire, tout rappel au principe de la souveraineté populaire en vue d’une transformation sociale, la certitude (logique) du… national-socialisme, bien sûr ! Voilà sur quel fumier intellectuel prospère le commentariat européiste quand, à bout d’argument, il ne lui reste plus que des spectres à brandir.
Le pire cependant tient au fait que ces imputations, où le grotesque le dispute à l’ignoble, font sentir leurs effets d’intimidation jusque dans la gauche critique, terrorisée à l’idée du moindre soupçon de collusion objective avec le FN, et qui se donne un critère si bas de cet état de collusion que le moindre regard jeté sur une de ses idées par les opportunistes d’extrême droite conduit cette gauche à abandonner l’idée – son idée – dans l’instant : irrémédiablement souillée. A ce compte-là bien sûr, la gauche critique finira rapidement dépossédée de tout, et avec pour unique solution de quitter le débat public à poil dans un tonneau à bretelles. Comme on sait, sous couleur de ne pas donner prise aux accusations de « repli national », elle a laissé tomber de fait toute idée de mettre quelque entrave que ce soit au libre-échange puisque toute restriction à la libre circulation des conteneurs est une offense égoïste faite aux peuples des pays exportateurs – et la démondialisation y a été vue comme une inacceptable entorse à un internationalisme de principe. En bonne logique ne faudrait-il pas, à cette partie de la gauche, renoncer également à la critique de la déréglementation financière internationale au motif que l’extrême droite, elle aussi, en fait l’un de ses thèmes de prédilection, en conséquence de quoi la chose ne pourrait plus être dite ?
Souverainisme de droite, souverainisme de gauche

« Repli national », en tout cas, est devenu le syntagme-épouvantail, générique parfait susceptible d’être opposé à tout projet de sortie de l’ordre néolibéral. Car si cet ordre en effet se définit comme entreprise de dissolution systématique de la souveraineté des peuples, bien faite pour laisser se déployer sans entrave la puissance dominante du capital, toute idée d’y mettre un terme ne peut avoir d’autre sens que celui d’une restauration de cette souveraineté, sans qu’à aucun moment on ne puisse exclure que cette restauration se donne pour territoire pertinent – n’en déplaise à l’internationalisme abstrait, la souveraineté suppose la circonscription d’un territoire – celui des nations présentes… et sans exclure symétriquement qu’elle se propose d’en gagner de plus étendus !
Prononcer le mot « nation », comme l’un des cas possibles de cette restauration de la souveraineté populaire, peut-être même comme l’un de ses cas les plus favorables ou du moins les plus facilement accessibles à court terme – précision temporelle importante, car bien sûr le jacquattalisme du gouvernement mondial, lui, a le temps d’attendre… –, prononcer le mot « nation », donc, c’est s’exposer aux foudres de l’internationalisme, en tout cas de sa forme la plus inconséquente : celle qui, soit rêve un internationalisme politiquement vide puisqu’on en n’indique jamais les conditions concrètes de la délibération collective, soit qui, les indiquant, n’aperçoit pas qu’elle est simplement en train de réinventer le principe (moderne) de la nation mais à une échelle étendue !
En ce lieu de la souveraineté, qui donne naissance à toutes les confusions politiquement intéressées, il pourrait être utile de commencer par montrer en quoi un souverainisme de gauche se distingue aisément d’un souverainisme de droite, ce dernier se concevant généralement comme souveraineté « de la nation », quand le premier revendique de faire droit à la souveraineté « du peuple ». Les tenants de la « souveraineté nationale » en effet ne se posent guère la question de savoir qui est l’incarnation de cette souveraineté, ou plutôt, une fois les évocations filandreuses du corps mystique de la nation mises de côté, ils y répondent « tout naturellement » en tournant leurs regards vers le grand homme, l’homme providentiel – l’imaginaire de la souveraineté nationale dans la droite française, par exemple, n’étant toujours pas décollé de la figure de de Gaulle. L’homme providentiel donc, ou tous ses possibles succédanés, comités de sages, de savants, de compétents ou de quelque autre qualité, avant-gardes qualifiées, etc., c’est-à-dire le petit nombre des aristoi (« les meilleurs ») à qui revient « légitimement » de conduire le grand nombre.
La souveraineté vue de gauche, elle, n’a pas d’autre sens que la souveraineté du peuple, c’est-à-dire l’association aussi large que possible de tous les intéressés à la prise des décisions qui les intéressent. Le souverainisme de droite n’est donc rien d’autre que le désir d’une restauration (légitime) des moyens de gouverner mais exclusivement rendus à des gouvernants qualifiés en lesquels « la nation » est invitée à se reconnaître – et à s’abandonner. Le souverainisme de gauche est l’autre nom de la démocratie – mais enfin comprise en un sens tant soit peu exigeant.
Faute de ces élémentaires distinctions, une partie de la gauche en est venue à ostraciser l’idée de souveraineté quand elle prétend par ailleurs lutter pour une extension de la démocratie… qui n’en est que le synonyme ! Démocratie, souveraineté populaire : une seule et même idée, qui est celle de la maîtrise par une communauté de son propre destin. On mesure donc les effets de captation et de terrorisme intellectuels de l’extrême droite, et les effets de tétanie de la gauche critique, à cette aberration d’auto-censure et d’intoxication qui a conduit cette dernière à abandonner l’idée de souveraineté, faute d’être simplement capable de se souvenir que, sous l’espèce de la souveraineté populaire, elle est l’une de ses propres boussoles idéologiques depuis la Révolution française !
Contre l’« armée de réserve » des sans-papiers : la régularisation !

Il est bien vrai cependant que le FN se montre d’une redoutable habileté dans le pillage éhonté des idées de la gauche critique. Il aurait tort de se gêner puisqu’il ne vient personne pour lui rappeler les orientations foncièrement reaganiennes de sa « pensée économique » jusqu’au début des années 2000, ni lui faire observer les légères traces de pneu qui résultent d’un tête-à-queue idéologique aussi parfait – mais les journalistes politiques qui disent déplorer le dépérissement du « débat d’idées » ne sont visiblement pas très intéressés par ce genre d’idées… Le terrain de l’imposture intellectuelle ainsi grand ouvert, le FN s’avance gaiement, sans le moindre complexe ni la moindre vergogne, se goinfrant de thèmes de gauche pour mieux semer une réjouissante confusion, mais affinant également son art de couler ses obsessions xénophobes de toujours dans une critique du néolibéralisme de fraîche date.
Ainsi, dans cette veine, sa nouvelle empathie pour les travailleurs revient-elle périodiquement souligner que l’immigration irrégulière constitue une « armée de réserve » prête à s’employer aux pires conditions, et vouée par là à faire une concurrence déloyale aux salariés réguliers (on est invité à comprendre nationaux), notamment à tirer vers le bas les salaires. Il n’y aurait pas pire objection que celle qui se réfugierait dans le pur et simple déni de tout effet de cette sorte. Car il est hautement vraisemblable que l’entretien d’une armée de réserve, et même d’une « sous-armée de réserve », constituée de travailleurs rendus au dernier degré de la précarité pour être exclus de toute protection légale, offre au patronat une formidable masse de main d’œuvre corvéable à merci avec, oui, pour effet de tirer vers le bas tous les standards sociaux, en tout cas de faire une concurrence directe aux salariés « réguliers » du niveau juste au dessus.
Le MEDEF, lui, ne s’y trompe pas qui défend l’immigration avec des accents que ne renierait pas Harlem Désir : « Restons un pays ouvert, qui accueille de nouvelles cultures et profite du métissage » déclare la main sur le cœur Laurence Parisot [1], inquiète des tours de vis de l’équipe Guéant-Sarkozy en 2011 qui pourrait bien tarir la source miraculeuse aux exploitables. « Je ne crois pas qu’il faille faire de l’immigration un problème », ajoute-t-elle avec un humanisme criant de sincérité. Bien sûr – il ne s’agit tout de même pas de se mettre le gouvernement d’alors à dos –, Parisot ne manque pas de préciser que l’immigration à laquelle elle pense est l’immigration de travail légale – mais c’est celle dont Guéant se propose de réduire les volumes… Il suffirait cependant de pas grand-chose pour imaginer que Parisot étendrait volontiers le métissage et l’accueil de toutes les cultures à une immigration moins légale, celle, précisément qui fait les meilleures (sous-)armées de réserve.
On remarquera au passage que, dans une asymétrie caractéristique, l’endos enthousiaste de l’immigration par le MEDEF est un de ces rapprochements bizarres qui pose curieusement moins de problème que la récupération de la démondialisation par le FN… Mais l’essentiel est ailleurs. Il est dans l’instrumentation éhontée de l’immigration par le patronat telle qu’elle donne symétriquement sa matière à la xénophobie d’extrême droite, qui trouve ici le moyen idéal de se rendre présentable en se ripolinant de critique sociale. Vu de loin, on admirera l’habileté tactique, car c’est indéniablement une manœuvre très réussie que de faire cheminer ainsi un fond inaltérable de racisme sous les dehors les plus honorables de la préoccupation pour la condition ouvrière, la seconde, protestée de bonne foi, permettant alors de faire vibrer implicitement toutes les cordes du premier sans avoir l’air d’y toucher – parfois aussi sans prendre la peine de ne pas avoir l’air…
Rien n’oblige cependant à tomber dans des stratagèmes aussi grossiers, et ceci d’autant plus que les capacités de récupération idéologique de l’extrême droite atteignent assez vite leur limite, en tout cas ici on va les leur faire atteindre, et rapidement. Car, au-delà de l’immigration légale à laquelle Laurence Parisot affecte de s’en tenir, on fera observer à Marine Le Pen qu’on règle très facilement le problème de la sous-armée de réserve des clandestins : par la régularisation intégrale ! Plus de clandestinité, plus de vulnérabilité ; plus de vulnérabilité, plus de chantage patronal, donc plus de salaires de misère ni de traitement de quasi-esclaves. Les régularisés auront les mêmes salaires et les mêmes droits que les nationaux et les résidents légaux – auxquels ils appartiendront –, cessant par là même de créer cette poche de sous-salariat dépressionnaire qui produit objectivement tous ses effets de dumping social intérieur, et ceci d’autant plus violemment qu’on a poussé plus loin la déréglementation du marché du travail.
Faucher la nation au FN

Mieux encore : s’il est évident que l’abandon de toute régulation des flux de population est une aberration indéfendable, il n’est pas moins évident que les résidents et les régularisés qui le souhaitent ont pleinement vocation à être intégrés dans la nationalité française. Ce sont des femmes et des hommes qui travaillent, qui contribuent à la vie matérielle et sociale de la collectivité, qui payent leurs cotisations et leurs impôts – eux.
Au lieu de se laisser défaire en rase campagne et de tout abandonner sans même combattre, la gauche critique ferait mieux non seulement de se tenir un peu fermement mais aussi de songer à quelques contre-mesures, manière de retourner contre le FN ses propres procédés. Cette question de l’immigration et de la régularisation offre peut-être l’occasion idéale de lui faucher la nation, dont elle s’est fait le monopole et qu’elle a constitué en pôle toxique du débat public, mais au prix bien sûr d’en avoir défiguré l’idée. Par un effet de tétanie aussi navrant que caractéristique, la gauche critique n’a pas même fait l’effort de s’y attaquer et, là encore, comme à propos de la souveraineté dont elle est évidemment profondément solidaire, la nation s’est trouvée de fait rendue à l’idée que s’en fait l’extrême droite – et à ses seuls usages.
Là contre, il faut dire que la nation n’est en aucun cas le fantasme ethnique que propage le FN, et qu’on ne voit pas au nom de quoi la gauche devrait abandonner l’idée de la nation ouverte, jouant le sol contre le sang, assise sur la citoyenneté et sur elle seule, qui lui a été, elle aussi, léguée par la Révolution. S’il est vrai que, sous couleur de « République », on a longtemps bourré les crânes avec « nos ancêtres les Gaulois », ce temps-là est révolu. A quelque chose malheur étant bon, l’époque de crise profonde est on ne peut plus propice à expliquer, et dès l’école !, qu’appartenir à la nation s’apprécie en tout premier lieu par le respect de ses devoirs fiscaux, que cette appartenance n’est pas une affaire de naissance, encore moins de lignée (pour ne pas dire de souche…), mais d’une démonstration simple et permanente de citoyenneté comprise comme participation à une forme de vie commune dont la reproduction emporte naturellement des sujétions contributives. A ce compte-là, pour parler comme Le Pen, et aussi pour parler très différemment d’elle, on voit très vite qui est « vraiment français » et qui ne l’est pas – et c’est un nouveau crible qui va sans doute lui faire tout drôle, on attend de voir si elle va le récupérer celui-là.
Car voilà le nouveau paysage de la nationalité : Bernard Arnault ? Pas français. Cahuzac ? Pas français. Johnny et Depardieu qui se baladent dans le monde comme dans un self-service à passeports ? Pas français. Les Mamadou et les Mohammed qui triment dans des ateliers à sueur, font les boulots que personne d’autre ne veut faire, et payent leurs impôts sont mille fois plus français que cette race des seigneurs. Le sang bleu évadé fiscal, dehors ! Passeport et bienvenue à tous les basanés installés sur le territoire, qui, eux contribuent deux fois, par leur travail et par leurs impôts, à la vie collective, double contribution qui donne son unique critère à l’appartenance de ce qui, oui !, continue de s’appeler une nation – mais pas la même que celle du Front « National ».
Immigration et chômage ?

Il y a peu de crainte que le FN vienne nous chercher sur ce terrain-là. Davantage que, dans sa comédie de néo-macroéconomiste, il vienne nous objecter que si la régularisation fait disparaître le « dumping interne » et la concurrence intra-salariale déloyale, elle ne règle rien à la concurrence intra-salariale « ordinaire », et même l’intensifie en faisant grossir une population active déjà confrontée à une pénurie objective d’emplois. Mais d’où vient cette pénurie elle-même ? Il faut toute l’emprise du biais xénophobe pour refuser de poser cette simple question et, par défaut – en fait par propos délibéré – faire des immigrés la cause générale, voire unique, du problème du chômage.
Or on ne répond à ce genre de question qu’en commençant par remarquer combien les liens entre démographie et emploi sont autrement plus complexes que ne le supposent ceux dont l’outillage intellectuel s’arrête aux quatre opérations de l’arithmétique élémentaire, pour conclure que si la démographie augmente alors le chômage aussi « puisqu’il y a plus de gens pour le même nombre d’emplois »… Il faudrait d’ailleurs que le FN finisse par arrêter une position car ce même argument qui cherche à singulariser les immigrés s’appliquera tout autant aux bonnes familles françaises, invitées par lui à croître et à se multiplier… Petits français de souche, ou immigrés, ça ne va pas changer grand-chose à ses équations simplistes du chômage…
En vérité il n’y a aucune détermination univoque aussi rudimentaire entre démographie et chômage. On le sait bien depuis le fordisme qui a connu simultanément une démographie salariale galopante, notamment du fait du mouvement de salarisation des femmes, et un plein-emploi éclatant… au point d’ailleurs que le patronat français n’a pas manqué d’aller faire de massives campagnes de recrutement en Afrique du Nord. Dans cette affaire, loin de se combattre, croissance démographique et emploi se soutiennent : l’afflux de nouveaux salariés employés injecte plus de revenu dans l’économie, donc plus de consommation, plus de demande… et plus d’offres d’emploi. La croissance démographique vient donc intensifier les propriétés vertueuses, établies par ailleurs, du régime d’accumulation fordien.
Le régime qui succède au fordisme est tout autre. A l’exact opposé de ce que soutient la doctrine néolibérale, la déréglementation généralisée ne produit aucune croissance : il suffit de comparer en longue période le taux de croissance moyen en Europe sur les périodes 1945-75 et 1985-2013 pour que l’affaire soit vite entendue. Les mondialisateurs libéraux répondent en général à ce genre d’objection en préférant détourner le regard vers les BRICS et autres pays émergents… à ceci près, comme l’a montré Rodrik [2], que le succès de ces pays doit tout ou presque… au fait qu’ils ont pris bien soin de n’appliquer aucune des recettes que leur préconisait le FMI, la Banque mondiale et l’ensemble des prescripteurs autorisés du néolibéralisme !
Dans le dispositif néolibéral tel qu’il s’est appliqué aux pays les plus industrialisés, un élément s’est révélé particulièrement nuisible, il s’agit du pouvoir actionnarial qui est l’un des « charmes » de la déréglementation financière. Les exigences de rentabilité des fonds propres en constant relèvement ont en effet conduit à passer à la trappe tous les projets d’investissement qui ne passent plus la barre des 15 %, et forcent les entreprises à se saigner en dividendes ou en buy-back pour rétrocéder leur cash « oisif » aux actionnaires – forcément il est « oisif » puisqu’on lui interdit de travailler à moins de 15 %… Le néolibéralisme est donc un régime d’accumulation dépressionnaire par inhibition actionnariale de l’investissement.
Il suffit d’y ajouter toutes les pertes d’emploi liées à la large ouverture aux délocalisations et à la concurrence très distordue du libre-échange, plus les politiques économiques aberrantes d’austérité en période de crise, pour avoir toute les données structurelles de la pénurie d’emploi – dont on voit alors qu’elle est le propre des orientations profondes de l’accumulation du capital en régime néolibéral, et qu’elle n’a pas grand-chose à voir avec la présence des immigrés sur notre sol. Toutes choses égales par ailleurs, l’occupation des emplois par des immigrés nourrit la boucle macroéconomique « revenu-consommation-demande » et contribue à la création d’emplois pour tout le monde – raison pour quoi, en passant, le renvoi instantané de tous les immigrés que fantasme le FN n’améliorerait en rien la situation de l’emploi, au contraire !
Mais toutes choses ne sont pas égales par ailleurs. Diffèrentes, donc, les caractéristiques structurelles du régime d’accumulation en vigueur. C’est de ce côté-là, et de ce côté-là seulement, qu’il faut aller chercher les causes du chômage, et non du côté de la couleur de peau de ceux qui occupent les postes. C’est la forme dépressionnaire prise par l’accumulation du capital en régime néolibéral qui donne toute l’explication de la pénurie d’emploi. Et ce sont ces structures-là le problème de première instance – pas l’immigration.
Le FN ou la « réconciliation nationale »… sous l’égide du capital

Mais ce problème-là, le FN a-t-il quelque envie sérieuse de s’y attaquer ? Tout à son nouveau rôle, il clame vouloir faire la peau à la mondialisation et à la finance. Voire. Comme l’attestent ses revirements de longue période, le FN est un invertébré idéologique quand il s’agit d’économie, où il n’a d’autre boussole que l’opportunisme. Il se trouve qu’il peut compter avec une paire d’effrayés et d’éditorialistes décérébrés pour que tout lui profite. Mais on n’est pas forcés de s’y laisser prendre. Ni d’oublier de rappeler ce que sont les grands invariants de l’extrême droite en France (et sans doute ailleurs) : loin d’être, comme une lobotomie médiatique en entretient l’idée, l’apanage du peuple affreux, sale et méchant, l’extrême droite est un projet qui plaît beaucoup à une certaine fraction de la bourgeoisie, et dont d’autres, la bourgeoisie d’affaire notamment, s’accommoderaient très bien s’ils ne font pas œuvre de soutien manifeste.
L’histoire a suffisamment montré que la bourgeoisie avait le libéralisme politique qui s’arrêtait là où commence sa liberté de valoriser le capital. Rien ne permet d’exclure formellement une remise au goût du jour du « Hitler plutôt que le Front populaire » si la situation « l’exigeait ». Mais surtout rien ne permet de douter que la sociologie de ses élites dirigeantes, et de celles qu’elles recruteraient dans l’hypothèse d’une arrivée au pouvoir, conduirait le FN à mener une politique conforme aux intérêts du capital, ou disons à passer avec le capital un compromis politique, sans doute différent de celui de la mondialisation néolibérale, mais tout à fait satisfaisant pour la préservation de ses intérêts.
Lire le dossier « Les extrêmes droites à l’offensive », Le Monde diplomatique, janvier 2011
L’extrême droite prête à défier le capital pour les travailleurs est une fable qui ne résiste pas un instant à l’analyse. Ni encore moins aux enseignements de l’histoire. Car très loin de tout anticapitalisme, l’extrême droite est plutôt un rêve de « réconciliation nationale »… autour d’un ordre social dominé de fait par le capital. Aucun des fascismes n’a jamais cherché la confrontation avec le capital, tout au contraire : ils n’ont cessé de poursuivre la chimère d’un corps national fondu dans l’unité affective d’une appartenance mystique, cette fusion étant d’ailleurs explicitement conçue comme le moyen d’un dépassement de toutes les (inutiles) divisions « secondaires » – au premier rang desquelles le conflit de classes bien sûr…
C’est peut-être le Metropolis de Fritz Lang qui en donne la représentation la plus frappante, puisque, commençant à la manière d’un Marx cinéaste, campant la lutte des classes entre le sous-sol des prolétaires asservis et la surface de la bourgeoisie jouisseuse, il finit dans l’exaltation pré-nazie [3] de la réconciliation du capital et du travail, dont les personnages représentatifs finissent par triompher de leurs animosités respectives et se donner la main… sous le porche de la cathédrale !, soit exactement la trajectoire prévisible d’une Marine Le Pen qui tiendrait presque le discours de la lutte des classes, et emprunte tout ce qu’elle peut au discours de la gauche critique, mais finira à coup sûr dans le plus complet déni du conflit capital-travail – dont on sait qu’il est bien fait pour garantir et la domination et la tranquillité du capital –, et ceci au nom du « rassemblement » dans la « communauté nationale unanime ».
Récupérations lepénistes et braiements médiatiques

Faute de ces rectifications élémentaires, les erreurs intellectuelles et politiques s’enchaînent les unes aux autres. La gauche critique abandonne la souveraineté populaire et la nation-citoyenne à l’extrême droite qui les défigure en souveraineté du chef et nation ethnique ; et l’incapacité à qualifier, c’est-à-dire à affirmer le qualificatif pertinent – populaire pour la souveraineté, citoyenne pour la nation – suffit à rabattre ces deux idées sur les usages qu’en fait l’extrême droite, qui ne les fait plus exister implicitement que sous ses propres qualificatifs à elle – où l’on retrouve incidemment que les entreprises de récupération trouvent aussi leur possibilité dans la passivité de ceux qui se laissent dépouiller.
Or la souveraineté du peuple inscrite dans une citoyenneté élective, constituée dans et par le consentement fiscal, est cela-même qui ne cesse d’être attaqué par le néolibéralisme, comme l’attestent et les confiscations technocratiques (augmentées du pur et simple pouvoir des marchés…), et la généralisation de l’évasion fiscale des possédants. Il est certain que la lutte contre le néolibéralisme s’en trouve singulièrement compliquée lorsqu’on abandonne à l’ennemi les deux thèmes à la fois les plus centraux politiquement et les plus susceptibles de faire, à raison, levier dans l’opinion publique…
On comprend mieux alors, dans ce vide créé par une désertion intellectuelle, que des militants, voire des publicistes, sincèrement de gauche, finissent par s’égarer sérieusement en louchant du mauvais côté – mais le seul restant qui fasse vivre, quoique pour le pire, des thèmes qui leur sont chers, mauvais côté auquel ils cèdent sous l’habileté captieuse d’une extrême droite qui, comme toujours en période de grande crise, sait s’habiller des oripeaux de la révolution sociale.
Il leur suffirait pourtant d’aller creuser sous ces convergences trompeuses, et d’interroger ceux qu’ils envisagent de se donner pour nouveaux compagnons de route sur la régularisation des sans-papiers, sur leur intégration entièrement justifiée dans la nationalité, sur la profonde bêtise de la « théorie » qui lie chômage et immigration, pour recueillir des réactions qui leur montreraient le primat de la compulsion xénophobe, la manière dont elle ordonne et même dont elle subordonne toute la « doctrine », et pour voir combien ce qu’on pourrait appeler le délire de l’homogène nourrit un fantasme de « communauté nationale », littéralement parlant le fantasme d’une communauté et non d’une société, c’est-à-dire d’une fusion qui impose son principe (mystique) à tous les clivages, à tous les dissensus… à commencer bien sûr par celui qui oppose le capital et le travail.
Le voile est bien mince qui sépare cet arrière-plan de toujours de l’extrême droite de la comédie « sociale » qu’il nous joue à l’avant-scène. La stratégie de la récup’ est à coup sûr d’une grande habileté ; elle n’a cependant rien d’irrésistible, il est même assez simple de remettre quelques pendules à l’heure, pour peu qu’à gauche, on n’ait pas le désir de se laisser contraindre à un strip-tease intégral. La chose n’est pas seulement simple : elle est de la plus urgente nécessité. Elle l’est pour conserver des éléments de fond pertinents de la critique du néolibéralisme, elle l’est au moins autant pour ôter leur fourrage aux braiements médiatiques intéressés, trop content de se précipiter – « ah ! vous voyez bien ! » – sur la dernière récupération lepéniste, et dont l’empressement opportuniste à l’amalgame est le symétrique de celui du FN, l’un et l’autre également obstacles objectifs à la perspective de la transformation sociale.
Notes

[1] « Immigration : Parisot s’oppose à Guéant », Le Figaro, 16 avril 2011. [2] Dani Rodrik, Nations et mondialisation. Les stratégies nationales de développement dans un monde globalisé, La Découverte, 2008. [3] Le scénario de Metropolis a été co-écrit par Fritz Lang et par son épouse Thea von Arbou que ses inclinations nazies ont fini par faire adhérer au NSDAP.
Source : Le Monde Diplo

Loi de finances 2015 : des médicaments plus chers que l'or (Vérité)

Loi de finances 2015 : des médicaments plus chers que l'or


Révélée par DELEPINE Andree |
Photo de la Vérité
Comment jouer avec 2,8 milliards d’euros de médicaments « innovants » et 35 millions d’économies en 2016 ? Le miracle de la liste en sus.
Le projet de loi de finances, présenté le 29 septembre 2014, promet des économies sur le médicament. Le mystère de la liste « en sus » et des milliards d’euros d’économies immédiatement possibles sans nuire aux patients reste entier pour le citoyen désinformé. Dans les bonnes intentions affichées de la ministre, on peut lire : « une gestion dynamique et pertinente de la liste en sus, c'est-à-dire les produits de santé qui, du fait de leur coût, donnent lieu à un remboursement intégral aux établissements de santé par l’assurance maladie. Ces dépenses se situent à un niveau très élevé (4,4 milliards en 2013, dont 2,8 milliards pour les médicaments) et sont très dynamiques » (1).

Ces molécules terriblement coûteuses sont payées aux établissements en plus (« en sus ») de leur dotation globale établie par la tarification à l’activité (T2A) (2). Ainsi, l’hôpital n’a pas à payer les médicaments onéreux, plus chers que l’or. Les bureaucrates sont contents (gratuit pour l’hôpital mais pas pour vos cotisations), les médecins qui participent à la « recherche » ravis puisque ces drogues sont expérimentales, les patients convaincus d’être chanceux de bénéficier de la médecine moderne.

Des médicaments plus chers que l’or

La liste dite en sus est établie au ministère et de façon très opaque, sur des critères impossibles à obtenir pour le commun des mortels. Elle a été « inventée par le Plan Cancer » en 2003 pour, officiellement, permettre à tous de bénéficier très tôt des nouveautés mais, en réalité, enrichir les labos et ruiner l’assurance maladie. Elle contient des drogues supposées « innovantes » remboursées rubis sur l’ongle par la Sécurité sociale aux établissements de santé dès leur inscription et bien avant la mise sur le marché, alors qu’elles sont encore expérimentales.

Leurs prix ne sont pas négociés et sont la valeur la plus haute que le laboratoire suppose que le pays concerné peut accepter ! La négociation ne se fera que lorsque l’autorisation de mise sur le marché sera obtenue et la drogue rayée de la liste en sus, ce qui traine des années sans légitimité. Une fois sortie de la liste, le prix sera souvent très inférieur à son prix initial (rapport de un à cent parfois). Les plus « chanceux » réussissent à ce que leur drogue reste longtemps sur la fameuse liste des médicaments onéreux généreusement offerts à l’hôpital (payés aussi par nos cotisations – vous paierez ainsi deux fois : dotation globale et liste en sus).

Alors comment régler cette contradiction et noyer le poisson ?

Une « incitation financière positive » pour les établissements vertueux : une réforme a minima

Fermer Garches parce que les médecins pratiquent la médecine conventionnelle, défendre aveuglément l’ « innovation », vraie ou fausse, et diminuer l’addition. On crée une usine à gaz de plus et on laisse les choses en l’état, au grand bénéfice des labos. La magie des notes administratives fera le reste. Lisez la suite : « Leur maîtrise reposera sur des actions, sur les prix, ainsi que sur le périmètre de la liste en sus, afin de contenir les dépenses hospitalières. En outre,(…) les établissements de santé seront incités financièrement au bon usage de la prescription des produits sur la liste en sus : est donc créé un outil tarifaire, dont l’effet sera globalement neutre pour les établissements de santé, mais qui avantagera les établissements ayant une prescription modérée de ces produits. »

« Afin de garantir que cette liste répond bien à son objet, c’est-à-dire permettre aux patients dont l’état le nécessite le recours à de réelles innovations, et afin de s’assurer du bon usage de ces produits, il convient aujourd’hui de mobiliser l’outil tarifaire pour inciter au respect des bonnes pratiques et à la pertinence des prescriptions, en créant une incitation financière positive à la prescription des alternatives thérapeutiques prises en charge dans les tarifs d’hospitalisation dès lors qu’elles ne sont pas moins efficaces. »

Il suffirait de radier les médicaments inefficaces – ils sont légion – dont l’apport est nul ou mineur de la liste spéciale et/ou de ne pas les inscrire. Apport nul ou mineur signifie qu’il existe sur le marché des médicaments autorisé, dix à cent fois moins chers, aussi efficaces et mieux connus (car plus anciens, donc potentiellement moins dangereux). Vous avez dit langue de bois ? Relisez entre les lignes : la ministre avoue qu’il existe des alternatives « pas moins efficaces » et extrêmement moins chères. Qu’est-ce qui peut justifier le maintien de ces médicaments cent fois plus chers que l’or, d’apport minime ou nul si ce n’est la pression des labos ? Avez-vous une meilleure idée ? Pour ruser et faire semblant, le ministère a créé une incitation financière « positive » à la prescription des traitements validés ! Pourquoi ne supprime-t-il pas simplement les médicaments de la liste en sus quand ils n’apportent rien (absence de progrès ou progrès mineur) ?

35 millions d’euros d’économies… sur les trois milliards que coûte la liste en sus

Un outil et des contrôles supplémentaires pour laisser faire en donnant l’impression d’agir. Leur propagande éhontée arrive à troubler les plus honnêtes des citoyens qui ne peuvent imaginer les dons de prestidigitation de nos énarques. On stigmatise les généralistes et spécialistes de ville qui prescriraient à tort et à travers. On supprime la liberté de prescrire à l’hôpital et on supprime petit à petit la médecine libérale.

L’impact financier anticipé dans l’article 44 du projet de loi est de 35 millions d’euros, 15 millions pour 2015 puisqu’il faut bien six mois pour mettre en marche ce nouveau dispositif qui brille par sa simplicité. Vous avez bien lu : on fait payer 2,8 milliards d’euros annuels pour des molécules dont beaucoup n’apportent aucune amélioration médicale et on prévoit d’économiser 15 millions d’euros en multipliant encore les paperasses (dont on n’évalue pas le coût financier). Est-ce bien sérieux, juste pour un effet d’annonce ?

La vraie solution : radier les médicaments non-innovants de la liste en sus

Donnons quelques exemples des raisons objectives de radier ces drogues et d’en tirer beaucoup d’économies, exemples empruntés à l’excellent blog de François Pesty (4). Le célèbre Avastin devait révolutionner le traitement du cancer, si on en croyait un patron parisien au journal de TF1 en 2005, revenant de la grand-messe annuelle américaine du traitement du cancer. Si, autrefois, on s’y informait des progrès et échangeait avec des collègues de toutes nationalités sur notre pratique, l’ASCO (American Association of Clinical Oncology) est devenue une foire aux médicaments dans laquelle chaque firme tente de convaincre de la supériorité de son nouveau médicament afin de le transformer en blockbuster. Difficile d’y voir clair, car les publicistes sont très bons et les médecins naïfs.

En 2013, l’Avastin, premier anticancéreux de la liste en sus, a coûté 393 millions d’euros à l’assurance maladie française, pour un chiffre d’affaires mondial de l’ordre de cinq milliards). La commission de la transparence a évalué le progrès thérapeutique apporté par cette molécule dans cinq indications ayant l’autorisation de mise sur le marché : absence d’amélioration dans les cancers du poumon et du sein, progrès mineur dans les cancers du côlon, du rein et de l’ovaire. Autrement dit, aucune justification à maintenir l’Avastin dans cette liste spéciale. D’autres médicaments aussi voire plus efficaces existent dans le commerce que les hôpitaux pourraient payer eux-mêmes dans le cadre de la T2A. La nouvelle usine à gaz n’a pas prévu de contrôler la « bonne prescription d’Avastin », mais juste de donner de l’argent aux hôpitaux qui auront payé les autres médicaments en lieu et place de l’Avastin. On saura que l’hôpital a prescrit l’Avastin pour le lui payer mais on ne saura pas s’ils l’ont éliminé pour le remplacer par d’autres médicaments qui ne figurent pas dans les résumés individuels utilisés pour la T2A.

Autre exemple en cancérologie : l’Alimta a coûté 153 millions d’euros en 2013. Dans une forme de cancer du poumon, on sait depuis 2008 que l’apport est nul (5) par rapport à une association de médicaments Gemzar et Taxotère, génériqués, beaucoup moins coûteux et radiés de la liste depuis plusieurs années. L’amélioration du service médical rendu est mineure dans la dernière indication obtenue en « maintenance » dans le cancer bronchique, c’est-à-dire en phase terminale. Le Paclitaxel (30 euros la séance), radié de la liste en 2006, devrait être préféré à l’Alimta (environ 2000 euros la séance, soit 70 fois plus). Pourquoi l’Alimta n’est-il pas simplement radié de la liste ? Qui en tire bénéfice ? Le patient ou le labo ?

Autre exemple : le Vectibix n’apporte, selon la commission de la transparence, aucun progrès dans le traitement du cancer colorectal. Il a couté 32 millions d’euros en 2012. En février 2014, la revue Prescrire recommandait de l’écarter de la liste.

L’énorme scandale médical et financier des molécules dites innovantes qui creusent le fameux trou de la Sécu touche d’autres spécialités que la cancérologie. Le Remicade, indiqué dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, a coûté 303 millions d’euros en 2013. Or l’association méthotrexate-sulfasalazine-hydroxychloroquine s’est avérée « non inférieure » à l’association Remicade-méthotrexate dans plusieurs essais randomisés, donc aussi efficace et beaucoup moins chère. Les médicaments conventionnels peuvent permettre une économie sans perte de chance pouvant aller jusqu’à 12 000 euros par patient (6). Par quel miracle le Remicade figure- t-il encore sur cette liste honteuse ? Notez qu’avec seulement quatre médicaments à radier, nous économiserions près de 900 millions d’euros.

L’intérêt des labos dénoncé dans plusieurs rapports

En 2012, dans un rapport sur les médicaments dits innovants, Gilles Duhamel et Aquillino Morelle avaient précisé dans leur recommandation 24 : « Trois conditions cumulatives devraient être requises pour attribuer à un médicament un prix particulièrement élevé : (1) l’affection traitée doit engager le pronostic vital ou présenter un haut degré de gravité ; (2) le bénéfice thérapeutique doit être majeur ou important. Le médicament doit à la fois constituer une amélioration très nette en termes de ratio efficacité/toxicité par rapport aux alternatives thérapeutiques existantes et apporter une réponse thérapeutique majeure ou importante par rapport aux besoins thérapeutiques pour lesquels les réponses restent inexistantes ou très insuffisantes ; (3) la fixation du prix devrait obligatoirement se fonder sur une analyse coût-utilité ».

Entre temps, Aquillino Morelle est devenu plume du président de la République et rien n’a changé. Son rapport a été oublié. Il dit avoir été viré pour d’autres raisons que celles parues dans la presse. Lui a-t-on pardonné d’avoir cosigné : « Lorsque la France est saluée pour sa politique d’accès aux traitements anticancéreux, n’y a-t- il pas, au-delà de la volonté des pouvoirs publics de répondre aux besoins de santé publique, des dispositions par trop dépendantes des entreprises du médicament et des stratégies qu’elles déploient compte tenu de l’enjeu économique que représentent les traitements anticancéreux et le tremplin que constitue l’hôpital pour le marché pharmaceutique ? » ou encore « Les entreprises pharmaceutiques, année après année une des industries les plus profitables au classement du journal Fortune, disposent d’un pouvoir monopolistique leur permettant de retenir un prix nettement supérieur à leurs coûts de production, et cherchent à maximaliser leur niveau de profit principalement en fonction de ce qu’elles peuvent attendre du marché et de la propension du payeur à payer » (7). Et une des conclusions de ce rapport de l’IGAS 2012 enterré : « La collectivité est actuellement confrontée à l’obligation de financer certains médicaments à des prix exorbitants dont la rationalité n’est pas justifiée ».

Tout le monde le sait : ne manque plus que le courage politique

Le professeur Jean-Claude Vernant a fait un rapport en aout 2013 en préparation du Plan Cancer 2014. Il a fait part de ses interrogations au quotidien La Croix (8) : « Ces dernières années, le prix de certaines molécules a atteint des proportions que de plus en plus de médecins, dont je fais partie, jugent presque immorales. En une décennie, le prix des nouveaux médicaments anticancéreux a pratiquement doublé, passant d’un coût moyen de 5 000 à 10 000 dollars par mois (3 700 à 7 400 euros). » Le 5 novembre 2013, le journaliste médical Jean-Yves Nau déclare sur Slate : « Le monde médical hospitalo-universitaire n'accuse jamais Big Pharma à visage découvert ». Bref, tout le monde le sait, même en haut lieu, et il ne se passe rien. La plume du président et le rapporteur du Plan Cancer le dénoncent officiellement et on continue.

Je laisserai la conclusion à François Pesty : « Une usine à gaz de plus, alors que pour faire des économies considérables sans perte de chance pour les patients, il suffirait simplement d’appliquer à la lettre la recommandation 2010-25 du Conseil de l’Hospitalisation, dont nous allons en octobre fêter le quatrième anniversaire. Ce qu’aucun ministre n’a osé faire jusqu’à présent. IL S’AGIT JUSTE DE RADIER DE LA LISTE EN SUS LES FAUSSES INNOVATIONS DONT ELLE REGORGE, pour in fine ne plus rembourser en dehors de la T2A que les seuls médicaments qui apportent un progrès majeur, important ou modeste (vraies innovations). La LFSS 2014 avait créé les conditions d’une gestion de la liste en sus « indication par indication », il ne manque plus qu’un peu de courage à la Ministre pour procéder au toilettage qui s’impose… »




Références :

(1) Projet de loi de finances 2015

(2) La T2A est basée sur le coût moyen d’un patient en fonction de sa pathologie et de ses maladies associées, de la cause de son séjour hospitalier et des actes réalisés (d’où leur inflation) et de la durée de séjour avec des « bornes basses et hautes » : par exemple, rester un minimum de 48 heures en oncologie pour recevoir 5 000 euros pour la chimiothérapie mais, au-delà de cinq jours, vous ne serez pas mieux payés. D’où la volonté des administratifs de très vite renvoyer les malades quand ils ont atteint la borne haute. Les bornes varient selon les spécialités et sont particulièrement mal adaptées aux maladies chroniques ou aux soins palliatifs et fin de vie. Au-delà de dix jours, l’établissement perd de l’argent. Alors ?

(3) Selon l’avis de la commission de transparence et tout de même inscrite sur la liste par le mystère des négociations au ministère.

(4) Blog de François Pesty : puppem.com. « Approfondissez et professionnalisez » l’action des DAM sur le médicament, en suivant les recommandations de l’IGAS (ciblage, clarté du message, reminder, fréquence des visites, suivi d'impact...) »

(5) Avis de la commission de la transparence en date du 26 novembre 2008

(6) Démonstration scientifique et toutes références sur le site de François Pesty, avec ses commentaires détaillés sur le projet de loi de finances.

(7) Page 63 du rapport « Evaluation du dispositif de financement des médicaments en sus des prestations d’hospitalisation dans les établissements de santé », Inspection Générale des Affaires Sociales, RM2012-044P

(8) la-croix.com/Actualite/France/Les-medicaments-du-cancer-atteignent-un-niveau-de-prix-immoral-2013-11-06-1056577