dimanche 5 octobre 2014

On peut pas accepter… qu’un Président de gauche puisse se comporter de façon putschiste contre sa majorité de gauche(G. Filoche)

Nous sommes les héritiers du livre de François Mitterrand « le coup d’état permanent ». Nous sommes sociaux démocrates, c’est à dire contre le « pouvoir personnel ». En tant que socialistes, si nous sommes confrontés à un conflit entre un homme et une assemblée nous sommes pour le pouvoir à l’Assemblée, pas pour le bonapartisme. Entre un président, même élu au suffrage universel (ce qui est contestable) et une assemblée parlementaire élue au suffrage universel, nous donnons préférence et priorité à l’assemblée.
Là, nous sommes dans une situation politique ou le Président de gauche élu, a changé de politique par rapport à son programme électoral, par rapport a celui du parti qui l’a désigné et élu, par rapport à ce qu’il défendait lors des primaires, et par rapport à ses engagements de gauche dans son ensemble (rappelons qu’en avril et mai 2012, François Hollande proposait à Jean Luc Mélenchon de participer au gouvernement).
Ce fossé est tellement spectaculaire, que le président à nommé un Premier ministre qui ne représentait que 5 % des voix aux primaires, et que celui-ci n’a pu rassembler aucun autre secteur de la gauche, aucun autre secteur socialiste. Pire, le premier ministre de façon putschiste, le 25 aout dernier, a insisté pour chasser deux ministres qui risquaient d’apparaître « dissidents » en dépit du fait que ceux-ci avaient voté toutes les mesures droitières de ce gouvernement.
Il est donc prévisible, naturel que surgisse une opposition parlementaire de gauche qui se réclame des projets initiaux, programmes initiaux, discours initiaux du parti, de la gauche, du président…
Que cette opposition obtienne assez de force pour contrer la politique droitière du Président et du gouvernement, pour laquelle elle n’a pas votée, pour laquelle elle n’a pas été élue… est légitime. Or on en est pas loin, puisque la majorité est de 289 voix, et qu’il y a 290 députes socialistes. Au total il y a 340 députés de gauche rose rouge vert. Plus de 100 députés socialistes ont déclaré s’opposer à la politique d’austérité conduite par le Président en dépit du fait le Président nie qu’il s’agisse d’une politique d’austérité. Le conflit est là.
Que doit faire un président, démocrate, s’il est confronté à la mise en minorité d’un des gouvernement qu’il a désigné, par SA majorité de gauche ? Ce qui a guetté et guette encore à tout moment le gouvernement Valls, vu que le reste de la gauche ne vote pas pour lui et qu’une partie substantielle des socialistes s’opposent à lui ?
Nous noterons que la réponse de François Hollande, a d’abord été claire : ni démission, ni dissolution. Il avait évidemment raison de plaider en défense de son mandat contre le harcèlement de la droite. Il avait aussi raison de ne pas vouloir d’élections anticipées sous prétexte des difficultés rencontrées et exploitées par la droite.
Un « chantage à la dissolution » pour faire rentrer les députés socialistes opposants dans le rang, n’a aucun sens dans ce cas : puisque toute dissolution revient à la victoire de la droite et … donc à une démission.
Chacun sait en effet qu’une démission du Président ou qu’une dissolution, par lui, de l’Assemblée, dans le contexte actuel donnerait immédiatement une majorité probablement très massive à la droite.
Mais après, le vote de confiance arraché de justesse par le gouvernement Valls, le Président Hollande a déclaré que si ce vote n’avait pas eu lieu, il aurait dissous.
Notons qu’il a déclaré cela.. après. Mais notons aussi qu’une telle déclaration est inacceptable. Qu’est ce que signifie pareille menace sinon un « coup d’état permanent » ?
Cela ne signifie t il pas : « je préfère la droite plutôt qu’une autre politique de gauche dictée par une autre majorité de gauche » ?
Ou encore « - Si vous ne faites pas ce que je dis, je dissous et je donne le pouvoir à la droite ».
Ou encore il ne peut y avoir qu’une seule politique de gauche,… la mienne. Or François Hollande l’a redit « il n’y a jamais une seule politique possible ». Bien sur, il existe une autre politique de gauche possible.
Ou encore ça veut dire « le pouvoir du parlement est nul, soit il enregistre la volonté présidentielle, soit il est dissous ».
Mettre ainsi un couteau sur la nuque du Parlement est une des interprétations possibles de la Ve République : ce que fit Chirac en avril 1997.
Mais nous autres socialistes avons toujours été opposés au pouvoir personnel, à ce genre de coup de force (qui ne réussissent pas souvent… comme en 1997) et avons toujours préféré la démocratie. Au point que nous défendons une Vie République parlementaire et avons voté contre l’élection du Président au suffrage universel direct.
Il y a donc quelque chose d’intolérable et on ne doit pas s’y résigner, aux propos du Président. Cette menace est d’une extraordinaire violence contre la démocratie, contre les socialistes, contre la gauche.
Propos hardis, car si par malheur, il mettait son chantage à exécution, il en paierait cher le prix : non seulement il perdrait la majorité de gauche à l’assemblée, mais il serait réduit à une cohabitation dans les pires conditions, avec 13 % d’opinions favorables dans les sondages, la droite victorieuse demanderait chaque jour son départ, ca finirait en catastrophe totale. Un Président de gauche qui dissoudrait sa majorité de gauche dans de telles conditions serait profondément discrédité.
On doit plaider au contraire pour, dans un pareil cas, redonner davantage de pouvoir au parlement… de gauche. L’échec d’un gouvernement minoritaire nommé aux forceps contre sa propre majorité, contre sa propre politique initialement soumise au vote et adoptée, par un Président, c’est l’occasion de jouer le jeu de la démocratie, de valoriser le parlement.
Il est naturel en pareil cas que ce soit le parlement qui fasse une proposition de gouvernement et de réorientation au président.
C’est le Parlement qui doit l’emporter sur le Président en cas de conflit, pas l’inverse.
C’est pourquoi une majorité rose rouge verte doit s’imposer si le gouvernement minoritaire Valls échoue. C’est aux députés de jouer ! C’est aux groupes parlementaires de se réunir et de mettre au point une plateforme commune, un programme d’action immédiate. Nos partenaires de gauche sont prêts à cela.
Mais dira t on, le président « cohabitera » avec ce gouvernement rose rouge vert ? Ne vaut il pas mieux cohabiter avec une majorité de gauche qui défend ce que vous aviez défendu (même si vous l’aviez abandonné en route) que de cohabiter avec une majorité de droite.. qui vous combat politiquement et veut vous chasser personnellement ?
Il ne faut pas accepter le chantage exercé par François Hollande, il faut défendre la démocratie, il faut introduire de la Vie république, en pratique et non pas durcir la Ve République dans ses plus mauvais travers.
Soyons sociaux et démocrates. Pas comme les libéraux qui sont si durs et si peu démocrates pour imposer une politique impopulaire.

De Bellerive, à Bierville et Vieux Boucau… Vive la gauche !

Il faut une grande coalition de gauche au sein du PS pour barrer la route à l’aile droite aux néo-blairistes -

L’aile droite du parti socialiste a le pouvoir. Elle est au gouvernement. Elle est à la direction du parti. Mais elle n’est pas majoritaire en son sein. Ni dans la gauche. Ni dans le pays.
La droite du PS incarnée actuellement par Valls, est à l’offensive pour tenter de gagner la majorité du PS mais elle est encore loin d’avoir réussi. Le gouvernement Valls est minoritaire et repose sur une tête d’épingle, il est isolé dans la gauche, et isolé dans la base des socialistes, isolé aussi de la grande masse des électeurs de gauche, – qui désormais s’abstiennent.
Ceci dit, ce sont Hollande et Valls qui dirigent de facto et imposent, contre la volonté de la majorité des militants, contre les votes des derniers congrès (Reims et Toulouse), contre les thèmes de la campagne électorale de mai juin 2012 (« projet 2011 », discours du Bourget), l’austérité, la politique de l’offre, la baisse du coût du travail, le recul des retraites, le blocage des salaires, le recul de la sécurité sociale, le recul des communautés territoriales, et, maintenant, même le recul de la politique familiale… Cette politique va dans le mur, mais elle fait mal à la gauche, à toute la gauche.
C’est Valls qui a imposé un « putsch » le 25 août dernier et écarté deux des ministres, qui l’avaient pourtant aidé à devenir Premier ministre et qui avaient tout voté, tout avalé de la politique dite de l’offre et de baisse du cout du travail, les 41 milliards donnés au patronat, et les 50 milliards d’économies sur les besoins publics.
Valls mène une offensive déterminée à la façon de Tony Blair, pour casser « the old labour », ce qu’il appelle « la vieille gauche », ce que Macron considère comme « une étoile morte », et mettre un terme à ce qu’est le Parti socialiste depuis des décennies. Tony Blair pour imposer « The new labour » avait d’abord conquis l’appui de la City, écarté les dirigeants traditionnels du Labour, cassé les liens avec les syndicats, modifié les statuts, puis chassé les militants, ré orienté vers la droite, et nommé à la direction du parti une armée de financiers à la Macron. C’est ce que tentent de faire Valls et ses partisans : si par malheur ils réussissent à l’occasion du prochain congrès, c’en sera fini du parti socialiste ancré a gauche que nous voulons.

C’est pourquoi il faut une large coalition, un large front de ceux qui veulent maintenir un Parti socialiste ancré à gauche, unitaire avec toute la gauche, et non pas un parti aseptisé, néo libéralisé, coupé de la gauche et du salariat.
Cette coalition peut et doit se faire sur la défense d’une orientation alternative pour sauver le quinquennat de la catastrophe vers laquelle la politique actuelle de Valls aboutit. L’austérité, les mesures anti sociales, anti code du travail, pro Medef, sans contreparties, non seulement échouent, non seulement accroissent la récession, la quasi déflation, mais elles heurtent notre électorat, cassent le moral de la gauche, sapent les mobilisations militantes (adhésions, engagements, luttes…)
Il y a donc une course de vitesse pour les deux années qui viennent :
- soit Manuel Valls et les siens réussissent à se maintenir, donc imposer leur cours catastrophique, déceptions, échecs s’accroitront, (avec le chômage, les inégalités et la misère) et nous irons totalement dans le mur, nous perdrons les départementales, les régionales, puis les législatives et la présidentielle – nous en seront éliminés au premier tour.
- soit la gauche se ressaisit, et dans le PS comme chez nos partenaires, EELV et FdG notamment, un sursaut s’opère, Valls est contesté et mis en minorité, la majorité rose rouge verte se ressemble derrière des objectifs centraux, immédiats de redistribution des richesses, de relance salariale, de réforme fiscale…
Plus vite Valls sera mis en minorité, plus vite un autre gouvernement de defense et de reconstruction du projet de gauche unie sera en place, plus il y aura de chances de sauver le quinquennat et d’empêcher un retour catastrophique de la droite.
La « grande coalition » qui permet de bloquer Valls, l’aile droite, le putsch des « blairistes », elle va comme on dit, des « Aubrystes » à UMA, de Montebourg à la motion 3 MLG et à la motion 4 (PVPL). La majorité du parti est là, dans « vive la gauche », et elle peut, elle doit rester majoritaire. On peut et on doit empêcher le coup de force, la main mise des droitiers, après tout Valls et les siens ne se sont jamais « comptés » dans le parti, et Valls lui-même n’a obtenu que 5 % aux primaires ouvertes.
La motion 3 a obtenu 13, 7 % des voix à Toulouse, et la motion 4 a obtenu 11,9 %… Cela fait un potentiel de 25 % des voix au départ… « UMA » (Hamon Emmanuelli, Balas, etc…) avait choisi de se fondre dans la majorité avec Valls au congrès de Toulouse, combien représentent-ils de ce fait, on ne le sait pas… Sur les 61 % de la majorité motion 1 de Toulouse, combien de voix allaient aux « aubrystes », combien allaient a UMA, combien allaient à Montebourg et ses amis, c’est difficile à dire, mais avec les motion 3 et 4 cela fait une assez large majorité potentielle, a condition qu’il y ait entente, solidarité et respect.
Cela n’empêche pas et ne résout pas tous les problèmes politiques, il restera des questions en débat mais aucune de ces questions de fond ne progressera si ce sont les « blairistes » qui gagnent. Donc, on peut et on doit les traiter entre nous, sans mettre en péril la nécessaire coalition capable de sauver le parti.
Est ce possible ?

Oui car il y a une chronologie, il y a des précédents, un chemin déjà parcouru ensemble
1°) Oui, car le 18 février dernier, il y a eu un acte fondateur avec le texte signé en commun au BN par 29 membres du BN (sur 72) et ce texte avait un fond excellent qu’on peut toujours reprendre contre l’austérité, pour une autre politique de relance… la base politique est là.
2°) Oui, c’est possible, car le premier « appel des 100 » en avril a regroupé toutes les mêmes composantes dans la mesure ou elles étaient représentées à l’Assemblée comme elles l’étaient au BN. Et le texte était héritier de celui du 18 février.
3°) Oui, c’est possible, car les 21 et 22 juin, à Bellerive sur Allier toutes ces mêmes composantes (motion 3, motion 4, UMA, appel des cent… socialistes contre l’austérité..) se sont réunies avec 300 socialistes et ont lancé un « appel » unitaire aux socialistes, sur la même orientation.
4°) Oui, c’est possible, car une quatrième initiative « unitaire » a réuni 600 militants à La Rochelle le 29 aout, avec les initiateurs du texte du 18 février, avec ceux de l’appel des cent, ceux de Bellerive sur Allier, une trentaine de parlementaires et de membres du BN, donnant naissance dans l’enthousiasme à l’appel « vive la gauche ».
Et le week-end des 4 et 5 octobre, alors il y a trois réunions distinctes ?
Oui, il y a une réunion « UMA » (ou ex UMA) à Vieux Boucau.
Oui, il y a une réunion MLG motion 3 et motion 4 à Bierville.
Oui, il y a une réunion des amis de Montebourg.
Alors que tous étaient ensemble au Bn, dans « l’appel des cent », à Bellerive, à Vive la gauche, les voilà qui se réunissent séparément ? En trois endroits le même week-end ?
C’est un héritage des débats du parti et des motions du congrès de Toulouse. Cela n’est pas contradictoire avec la coalition dont nous avons besoin pour sauver le parti. Le maximum d’unité est possible et nécessaire. Cela murit.
La preuve en est qu’une délégation de Bierville vont à Vieux Boucau, et que des délégués de Vieux Boucau viennent à Bierville. La preuve en sera surement que nous discuterons des mêmes questions, avec les mêmes préoccupations. Donc l’accord est possible.