Testet : Le rapport d’expertise donne raison aux opposants
Dans le Tarn, le projet de barrage de Sivens menace
d’engloutir plus de trente hectares de forêts et de zone humide pour un
gain économique dérisoire. La résistance ne cesse de monter depuis
l’automne 2013.
La préfecture a publié ce matin le rapport d’expertise : résultat, il donne en grande partie raison aux opposants.
Rédigé par deux ingénieurs généraux des ponts, des eaux et des
forêts, Nicolas Forray et Pierre Rathouis, il confirme très largement
les arguments posés de longue date par les opposants :
« L’estimation des besoins a été établie sur des données anciennes et forfaitaires (…)
« La mission conclut à une surestimation des besoins de substitution de l’ordre de 35 % (…)
« Le contenu de l’étude d’impact est considéré comme très moyen (…)
« Il
existe un véritable problème de compatibilité entre le projet, tel
qu’il est actuellement présenté, les règles d’intervention du FEADER, et les règles applicables en matière d’aides publiques (…). »
Le rapport assure cependant qu’il faut poursuivre le chantier, quitte
à affecter le barrage à d’autres usages et selon une autre gestion. Une
conclusion que rejette nettement les opposants pour qui les altenatives
doivent être étudiées, et que tant que le béton n’a pas été coulé, la
nature peut reprendre sa place sur le terrain.
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DONC POUR UN PROJET MAL FICELÉ PAR SES PROMOTEURS,et par conséquent CONTESTABLE (et la Préfecture le savait) UN JEUNE HOMME EST MORT.
C’est quoi ce pays où l’on ne peut plus marquer son désaccord sans risquer sa peau ?
Version officielle :
« En marge du rassemblement pacifique d’opposants au projet de
barrage de SIVENS (Tarn) du 25 octobre 2014, quelques centaines
d’individus ont choisi une forme d’action particulièrement violente en
affrontant délibérément les forces de l’ordre par des jets de
projectiles, d’engins incendiaires et de produits corrosifs. Ces
incidents s’inscrivent dans le prolongement des violences de même
nature auxquelles les forces de l’ordre sont régulièrement confrontées
depuis plusieurs semaines.
Cette nuit, alors que ces violences avaient repris peu après minuit à
l’initiative d’un groupe extrémiste de 200 personnes environ, le corps
d’un jeune homme a été découvert vers 2h00. Les secours ont
malheureusement constaté son décès. Le préfet du Tarn l’a rendu public
en précisant qu’une enquête judiciaire était ouverte pour permettre la
recherche des causes du décès. »…
TÉMOIGNAGES
- Baïk :
« Entre 2 heures et 3 heures du matin, il y a eu des tirs tendus de grenades lacrymogènes incapacitantes et explosives [grenades dites de désencerclement, NDLR]. La scène était éclairée par les lumières des phares des camions de GM. À un moment, après un lancer massif de grenades, un groupe de GM
s’est avancé sur la dalle de béton, a attrapé une personne à terre et
l’a porté près de la route. Cette personne était à deux/trois mètres du
grillage, elle a pu recevoir une grenade en tir tendu. On pensait que
c’était une interpellation. Les affrontements ont continué jusqu’à au
moins 4 heures du matin. »
Ju :
« À un moment, lors des affrontements
nocturnes, il y a eu une grosse salve de grenades lacrymogènes et de
grenades assourdissantes. Six GM ont ramassé un mec qui était au sol et l’ont traîné puis porté jusque sur la route. Quand je suis rentré au campement [à la Métairie, à 1,5 km du lieu des affrontements, NDLR], il était 5 h moins le quart, il y avait encore des tirs de grenades. »
Christian :
« J’étais sur le lieu des affrontements,
devant, près des flics, sur la gauche, près de là où ça s’est passé.
Entre deux et trois heures du matin, ils ont envoyé une grosse charge
sur la gauche, gazé. Il y a eu un gros nuage opaque, puis dans les
lumières des phares de fourgon, six ou sept gendarmes sont arrivés sur
la dalle, ont attrapé quelqu’un au sol et l’ont porté à plusieurs. À la
façon dont ils l’ont attrapé, le mec semblait inerte. J’ai crié : « Attention, ils embarquent quelqu’un. »
On pensait qu’ils l’emmenaient en garde à vue. Environ vingt minutes
plus tard, on a vu un gyrophare bleu. Ca semblait être des pompiers.
C’était avant quatre heures du matin. »
Bonnie :
« J’ai passé la soirée et la nuit sur le
lieu des affrontements. Il y avait des tirs dans tous les sens. Vers 3
heures du matin, il y a eu une charge. Les GM
se sont avancés sur dix mètres sur la route. Ils ont chargé à une
vingtaine et tiré des lacrymos. C’était à droite, sur le lieu des
affrontements. Sur la gauche, les flics se faisaient caillasser près du
grillage sur la dalle en béton.
« Il y a eu des tirs de grenades, puis
j’ai vu un gars au sol se faire traîner en arrière, tenu de part et
d’autre par des flics. Après çà, il y a eu un écran de fumée, ils se
sont retranchés, et les tirs de grenade se sont calmés. Plus tard, on a
vu des lumières bleues d’ambulance. Il y a eu un blackout : les lumières des phares des camions de GM
ont été éteintes (il y avait deux camions dont les phares étaient
allumés). Puis ils ont recanardé un max. Plus tard dans la nuit il y a
encore eu une énorme charge avec une vingtaine de lacrymo tirées. Ca a
fait un gros nuage de fumée. Quand la fumée s’est dissipée, tous les
camions de GM étaient partis. Au cours de la
nuit, il y a eu plusieurs blessés, environ une dizaine dont cinq ont été
évacués. À partir de trois heures avant la fin des affrontements, il
n’y avait plus de sommations avant les tirs de grenades. »
Pour suivre toute l’affaire du Testet, vous trouverez toutes informations utiles sur le site :