TTIP ou Tentative Terroriste des Investisseurs Privés
2 octobre 2014
Imaginez, lecteurs, ce qu’il risque de nous arriver. L’Etat est en faillite, il va être vendu, ministère par ministère. Arcelor Mittal aurait bien racheté l’industrie mais, comme il l’a déjà mise à mal durablement, l’industrie n’est plus en Belgique un secteur porteur. Arcelor Mittal préfère donc s’intéresser au ministère des Affaires Sociales, il y a là beaucoup à faire. Monsanto, quant à lui, se porte acquéreur de l’Agriculture et prévoit d’ores et déjà de réaliser de sérieux bénéfices.
A ce jour, nous savons aussi que Continental étudie nos
infrastructures et le domaine de la mobilité tandis que Bayer a pris
contact avec le ministère de la Santé. Nestlé discute en ce moment avec
le groupe Suez les modalités de partage du service énergétique.
Davantage intéressé par le captage et la commercialisation de l’eau,
Nestlé abandonnerait à Suez les domaines du gaz et de l’électricité.
Voyons dans un premier chapitre quelles sont les intentions du groupe repreneur des Affaires Sociales.
D’après nos informations, l’étude d’Arcelar Mittal avance à grands pas et quelques mesures choc seraient imminentes.
1) La protection sociale sera considérée comme une entrave à la libre
concurrence, les mutualités seront donc démantelées et les assurés
sociaux seront priés de s’adresser à des caisses privées. Les primes
seront calculées en fonction des coûts et des risques, comme c’est déjà
le cas pour nos assurances automobiles. Une liste sera dressée des
maladies pouvant bénéficier d’une couverture d’assurance, couverture
renouvelable chaque année après examen médical du souscripteur pour
réévaluer le montant à percevoir, et il conviendra d’exclure de la liste
celles des maladies considérées comme étant chroniques et dont les
coûts s’étalent sur des années en risquant de croître progressivement.
En outre, le souscripteur fournira à la caisse d’assurances une copie de
son contrat de travail ainsi qu’un billet de paie pour attester de la
régularité de ses revenus et prouver sa capacité à honorer ses
mensualités.
2) Les offres d’emploi seront publiées en anglais qui deviendra la
langue universelle. Des traductions pourront être obtenues moyennant
paiement.
3) Les contrats d’embauche seront établis selon le moins-disant car
il est évident que les Belges sont trop riches. Et les riches sont
capricieux, leur niveau de vie étant trop élevé, ils ont perdu le goût
de se battre. Aux USA – merci aux cow-boys pour le bon exemple qu’ils
nous donnent – on apprend à se démerder tout seul, on n’attend pas comme
une plante que la pluie tombe pour être arrosé.
4) Les contrats de travail seront conclus pour des périodes maximales
de trois ans, renouvelables trois fois. Après quoi, le travailleur
sera considéré comme ayant atteint un plafond de rentabilité. Il sera
alors contraint d’aller voir ailleurs. Cette mobilité du travail
obligera – pour son bien – le travailleur à rester performant tout
au long de sa carrière. Pour augmenter sa combativité, on veillera
aussi à augmenter le coût de la vie et donc le coût de l’énergie (débat à
prévoir avec le ou les investisseur(s) qui se montrera(ont)
intéressé(s) à prendre en charge les secteurs du gaz, de l’électricité
et de l’eau).
5) Si des contestations apparaissent, elles seront réglées – vite
fait, bien fait – par des cours d’arbitrage qui les jugeront
injustifiées et stériles (au contraire des avis rendus parfois par les
glandeurs de l’OIT). Arcelor Mittal sera sûr de pouvoir ainsi se
soustraire aux exigences actuelles en matière de temps de travail, de
salaires, de conditions de travail, de sécurité et d’hygiène. Et le
travailleur saura qu’il est inutile d’introduire une plainte car
celle-ci serait jugée d’emblée comme étant frivole. Il ne restera plus
au travailleur que de travailler en fermant sa gueule. Comme il perdra
moins de temps en discussions inutiles, il sera plus rentable.
6) Arcelor Mittal se fait fort d’éradiquer le chômage. Pour ceux des
demandeurs d’emploi qui n’auraient pas décroché de contrat, un
ramassage matinal sera organisé tous les jours pour rassembler les
forces inoccupées et répondre aux besoins non couverts par les
travailleurs sous contrat. Ces besoins évoluant en fonction des régions
et des saisons, le dossier est pour le moment encore à l’étude. Des
actionnaires d’Arcelor Mittal s’y emploient activement.
Lecteurs, nous continuerons bien entendu à vous tenir au courant de
ce qui se trame dans votre dos. Un ajout pourrait être apporté au
dossier Arcelor Mittal si d’autres mesures se précisent.
Entre-temps, un deuxième chapitre sera consacré prochainement à Monsanto.
Source : Investig’Action