TTIP ou Tentative Terroriste des Investisseurs Privés (chapitre 2)
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6 octobre 2014
"Monsanto s’y connaît aussi en mauvaises herbes, nous ne dresserons pas ici la liste de tous les produits éradicateurs que la firme a commercialisés. Sachez seulement que ces produits sont tellement performants qu’ils n’éradiquent pas seulement les mauvaises herbes, ils éradiquent aussi les agriculteurs..."
Amis lecteurs,
A ce jour, nous ne disposons pas encore de toutes les données
relatives au programme de Monsanto qui s’est porteur acquéreur de
l’agriculture, de la pisciculture et de l’élevage. Nous pouvons
cependant vous en dévoiler déjà quelques unes.
Faisons d’emblée confiance à ce génie qui, il y a 25 ans déjà,
inventait le poisson antigel. Grâce à un gène particulier, ce poisson
pouvait en effet nager en eaux profondes et glacées, là où il était sûr
de ne pas rencontrer de concurrence, et ratisser le plancton sur des
kilomètres. Bien sûr, le poisson antigel a nui aux autres variétés et à
la flore sous-marine mais, comme il grossissait vite, il assurait aussi
une nourriture abondante et rapportait des dollars à profusion.
Quelques riverains ont bien essayé de protester, ils ne trouvaient plus
au marché leurs sardines habituelles, mais tous les procès qu’ils ont
intentés sont restés sans suite. Et si l’on veut manger, eh bien on
mange ce qu’on trouve et on arrête de faire la fine bouche. D’autant
que, d’après les prévisions et les calculs, la population mondiale ne va
pas cesser de sitôt de croître et d’embellir.
Monsanto s’y connaît aussi en mauvaises herbes, nous ne dresserons
pas ici la liste de tous les produits éradicateurs que la firme a
commercialisés. Sachez seulement que ces produits sont tellement
performants qu’ils n’éradiquent pas seulement les mauvaises herbes, ils
éradiquent aussi les agriculteurs. Là encore, il y a eu des
protestations, là encore Monsanto a réfuté ces plaintes « injustifiées
et frivoles » et mis ses détracteurs au défi d’apporter des preuves
scientifiques pertinentes. Vous penserez « vive l’impertinence ! » mais
ce n’est pas si simple que ça. Qui étudie les preuves ? Qui pratique
les tests ? Qui compare ? Qui réfléchit ou fait mine de réfléchir au
problème ? Et, finalement, qui juge ? Ajoutons : qui paie les juges ?
Questions « banco ».
Un peu mégalomane quand même, Monsanto a créé les bœufs obèses,
piqués à l’hormone de croissance. Cela rapporte, un bœuf obèse est plus
lourd qu’un bœuf « normal », c’est donc plus cher, et, débité en
morceaux, ça fait un plus gros tas. Pour arriver à un bon résultat, il a
quand même fallu un peu de tripotage dans toutes les hormones parce
qu’au début on ne se rendait pas compte que les femelles traitées
étaient stériles et que, si ça continuait ainsi, ce ne serait pas
rentable. C’était trop vache !
Bref, tout cela, c’est de l’histoire. Venons-en aux premières
mesures dont nous avons réussi, non sans mal car Monsanto est un
spécialiste des brevets et des secrets de fabrication, à prendre
connaissance.
1) Les produits ne seront plus étiquetés que de manière très
succincte. Les exigences de marquage et de certification sont effet
onéreuses et restrictives pour le commerce. Le consommateur saura
simplement s’il achète des champignons de Paris ou des croquettes pour
son chat. Seule, la « variété » du produit sera indiquée. Il ne s’agit
pas de donner des croquettes « goût bacon » à un chat qui n’aime que
les croquettes « goût salami ».
2) Toutes les normes sanitaires, phytosanitaires et environnementales
seront annulées car elles constituent des entraves au profit et
représentent des obstacles plus rigoureux que nécessaires. Elles sont
de toute façon inutiles puisqu’en cas de procès le gagnant est connu
d’avance. Remarquons d’ailleurs que certains procès durent si longtemps
que tout le monde est mort avant que le verdict ne soit prononcé.
3) Les exploitations agricoles devront être concentrées au maximum,
les petits exploitants seront donc expropriés (et pourront
éventuellement bénéficier du ramassage matinal – voir TTIP chapitre 1).
4) Il sera mis fin aux circuits courts entre producteurs et
consommateurs, ces circuits courts constituant une concurrence déloyale.
Des inspecteurs en civil circuleront pour détecter les fraudes, ce qui
fera plaisir à Arcelor Mittal puisque cela créera des emplois. A
l’occasion, Arcelor Mittal renvoiera la balle.
5) Les potagers privés seront taxés en fonction de leur superficie et
de leur rendement, et il sera interdit de cultiver des herbes
aromatiques dans des bacs à fleurs.
6) Toute graine ramassée au hasard d’une promenade familiale dans un
bois devra faire l’objet d’une déclaration auprès d’un office de
contrôle qui vérifiera si la graine figure sur la liste des propriétés
privées de Monsanto.
7) Toutes les semences seront brevetées et appartiendront en fait et
en droit à Monsanto. Celles que vous achèterez pour votre jardin seront
stériles, vous en achèterez donc chaque année et vous obtiendrez une
carte de fidélité. Mais, même sans carte de fidélité, vous serez fiché.
8) Monsanto sera d’ailleurs propriétaire de la chaîne alimentaire
complète, depuis la semence jusqu’à l’assiette. Du coup, vous ne
perdrez pas de temps à vous poser la question de l’origine du produit.
Une belle vue d’ensemble, n’est-ce pas ? Il faut une fameuse équipe
de chimistes, de financiers, d’avocats et de banquiers pour mettre au
point un tel programme. Gageons que ce n’est pas fini et que ce
« ministère » nous réserve encore quelques belles surprises.
Entre-temps, soyez rassurés, l’équipe gagne bien sa vie et c’est vous qui payez.
Source : Investig’Action