Comment la Russie et l'Allemagne peuvent empêcher la guerre en Europe
Traduction : Daniel pour Vineyardsaker.fr
Les USA, l'Otan et la Russie sont-ils entraînés dans une folle spirale qui mènera à la guerre en Europe ? La guerre est-elle inévitable ? Loin de là !
Petro Porochenko, le vassal propulsé par les USA, qui tient actuellement le premier rôle dans le numéro de danse Les oligarques à l'affiche en Ukraine, a avancé cette semaine la proposition que dans un proche avenir, soit après l'adoption de ses réformes, les Ukrainiens seront appelés à se prononcer sur une intégration à l'Otan. Un peu de sérieux s'impose ici ! Certains parmi vous connaissent peut-être le concept de shatter belt, utilisé pour décrire les territoires et les peuples historiquement pris en étau entre l'aigle allemand et l'ours russe.
À l'heure actuelle, tous les pays qui répondent à cette description ont rejoint l'Otan, à l'exception de l'Ukraine et de la Biélorussie. Si jamais l'Ukraine intégrait l'Otan dans un avenir hypothétique, cette zone tampon disparaîtrait. L'Otan (lire les USA) s'implanterait ainsi directement à la frontière occidentale de la Russie.
Washington vient d'annoncer son intention de prépositionner d'autres véhicules militaires en Europe, qui seront utilisés au cours d'exercices qualifiés d'opérations militaires potentielles. L'annonce va tout à fait dans le sens de la diatribe incessante provenant du royaume du baratin que forment les groupes de réflexion aux USA, à savoir que les USA seront forcés de rééquilibrer leur engagement envers la sécurité en Europe de l'Est contre une éventuelle agression russe.
Comme l'Ukraine, les pays baltes et la Pologne sont devenus complètement hystériques par rapport à cette agression, la question de la possibilité d'une guerre nucléaire entre les USA et la Russie post-équilibre de la terreur revient fortuitement sur la table. Il existe tout de même un mouvement qui va à contre-courant, formé de nombreux Américains bien informés, qui se demandent pourquoi leur pays devrait payer pour la défense d'une Europe, dont le produit intérieur brut (PIB) est plus important que celui des USA.
Tu veux jouer à la guerre, p'tit gars ?
Passons maintenant à la menace (bidon ou non) d'une guerre nucléaire en Europe. S'il est vain de comparer la capacité nucléaire stratégique des USA et de la Russie en terme de nombre, on peut toujours le faire du point de vue qualitatif. Prenons le PIB combiné des USA, de la France et de l'Angleterre et comparons-le à celui de la Russie. C'est évidemment la victoire à plate couture des premiers. Sauf que l'examen de l'arsenal nucléaire stratégique révèle une toute autre histoire. Le PIB à lui seul ne permet de gagner absolument rien.
Les élites de Washington et de Wall Street sont aujourd'hui en plein délire paranoïaque à propos d'une guerre nucléaire. Quelques études [1] font toutefois allusion à l'évidence même, soit l'éclatante faiblesse stratégique des USA, ce que n'a pas manqué de souligner la Pravda dans l'article indiqué en note [2].
Énumérons quelques éléments de base :
- Les missiles balistiques intercontinentaux russes dotés de la technique de mirvage [3], qui atteignent une vitesse d'environ Mach 18. Ces missiles sont plus rapides que tout ce qui se trouve dans l'arsenal des USA. Ils sont en fait imbattables.
- La double calamité que sont les systèmes de défense antiaérienne S‑400 et S‑500. Moscou a convenu de vendre le S‑400 à la Chine, ce qui rendra celle-ci imperméable à la puissance aérienne, aux missiles balistiques intercontinentaux et aux missiles de croisière des USA. De son côté, la Russie se polarise sur son tout nouveau S‑500, qui donne au système de défense antimissile Patriot l'allure de missiles V2 remontant à la Seconde Guerre mondiale.
- Le missile Iskander russe, qui atteint une vitesse de Mach 7, qui a une portée de 400 km, dont la charge de 700 kg peut varier et dont la précision est d'environ cinq mètres. Bref, il s'agit d'une arme meurtrière contre des installations aériennes ou l'infrastructure logistique. L'Iskander peut frapper des cibles profondément à l'intérieur de l'Europe.
- À tout cela s'ajoute le Soukhoï T-50 PAK-FA [4].
Il faudrait que les guignols à l'Otan, qui rêvent d'une guerre contre la Russie, se munissent d'un système de défense à toute épreuve pour venir à bout des Iskanders. Sauf qu'ils n'en ont pas. De plus, ils auraient affaire aux S‑400 que les Russes peuvent déployer sur la totalité du spectre. Imaginons un instant le déploiement d'un nombre imposant de S-400 dans l'enclave de Kaliningrad. Ce serait assez pour rendre cauchemardesque toute opération aérienne de l'Otan à l'intérieur de l'Europe. D'autant plus que les bons vieux avions de combat de l'Otan coûtent une fortune. Imaginons maintenant les répercussions de centaines d'avions de combat détruits dans une Union européenne déjà dévastée financièrement et blessée à mort sous les coups de l'austérité.
Comme si ce n'était pas assez, personne ne connaît l'étendue exacte des capacités stratégiques de l'Otan. C'est motus et bouche cousue du côté de Bruxelles. Officieusement, ces capacités n'ont pas de quoi émerveiller et les services du renseignement russes le savent très bien. En supposant que les guignols à l'Otan aient toujours l'intention de jouer à la guerre, Moscou a déjà dit très clairement que la Russie aurait recours à son immense arsenal, comptant plus de 5 000 armes nucléaires tactiques (et à toute autre mesure qui s'impose) pour défendre le pays contre une attaque conventionnelle de l'Otan. Qui plus est, quelques milliers de systèmes S‑400 et S‑500 suffisent pour bloquer une attaque nucléaire des USA.
Ce scénario apocalyptique ne fait même pas mention de l'alliance russo-chinoise, l'événement majeur des années 2010 qui change toute la donne en Eurasie.
Juste au cas où le groupe préconisant le pivot vers l'Asie commencerait aussi à nourrir de drôles d'idées à propos de l'Empire du Milieu, la Chine investit massivement une technologie permettant de faire rebondir des lasers contre des satellites, des missiles antisatellite, des sous-marins silencieux pouvant faire surface juste à côté de porte‑avions américains sans être détectés, ainsi qu'un missile antimissile Made in China, plus rapide que n'importe quel missile balistique intercontinental et capable de frapper un satellite réintégrant l'atmosphère. Pour résumer, Pékin sait que la flotte de surface des USA est obsolète et indéfendable. Il va de soi aussi que la cadence de la modernisation chinoise dépasse largement celle des USA.
Une proposition modeste
Le baratin répété en boucle aux USA, c'est que la Russie cherche à devenir un empire du XXIe siècle. Dans son discours que nous avons traduit [5], Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe, explique en détail en quoi ces allégations sont de la pure foutaise. Ce qui s'est réellement produit, c'est que Moscou a adroitement dénoncé le bluff inspiré par Zbigniew Brzezinski en Ukraine, avec tous ses tenants et aboutissants. L'Empire du Chaos [6] est furieux et il n'y a rien d'étonnant à cela.
Il existe pourtant une solution pour mettre fin à cette course effrénée à la logique de guerre. Dans l'article indiqué en note [7], je me suis arrêté à la façon dont Washington joue à la roulette russe. Voici venue l'heure de présenter une proposition modeste, qui a déjà été abordée par quelques analystes que la situation préoccupe aux USA, en Europe et en Asie.
Essentiellement, la proposition est très simple. Tout dépend de l'Allemagne et il ne s'agit que de défaire l'œuvre de Staline. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Staline a ravi la Prusse orientale à l'Allemagne et a transféré la partie orientale de la Pologne à l'Ukraine. L'est de l'Ukraine faisait partie à l'origine du territoire russe et c'est Lénine qui l'a remis à l'Ukraine.
Redonnons donc la Prusse orientale à l'Allemagne, la partie orientale de la Pologne à la Pologne et l'est de l'Ukraine (ainsi que la Crimée, que Khrouchtchev a donné à l'Ukraine) à la Russie. Tout le monde y trouverait son compte. Fini Staline. Fini les frontières arbitraires. C'est ce que les Chinois qualifieraient de donnant-donnant-donnant. Évidemment, l'Empire du Chaos s'y opposerait à mort. On mettrait ainsi fin à la manipulation du chaos pour justifier une croisade contre une agression russe bidon.
La balle est dans le camp de l'Allemagne. Il revient maintenant aux habitants de la Prusse orientale de présenter les faits à Angela Merkel. Voyons voir si elle va saisir le message.
Notes :
[1] Does Russia Think Their New Nuclear Weapons Could Win a War ?, Forbes, 20-11-2014
[2] Russia prepares nuclear surprise for NATO, Pravda.ru, 12-11-2014
[3] La technique du mirvage permet d'équiper un missile de plusieurs têtes suivant chacune leur trajectoire en entrant dans l'atmosphère. Wikipédia
[4] Sukhoï T-50 PAK-FA, AviationsMilitaires.net, 17-09-2014
[5] Une déclaration de première importance de Sergueï Lavrov, le Saker francophone, 27-11-2014
[6] Empire of Chaos : The Roving Eye Collection, par Pepe Escobar, Amazon, 2014
[7] Washington joue à la roulette russe, le Saker francophone, 22-11-2014
Les USA, l'Otan et la Russie sont-ils entraînés dans une folle spirale qui mènera à la guerre en Europe ? La guerre est-elle inévitable ? Loin de là !
Petro Porochenko, le vassal propulsé par les USA, qui tient actuellement le premier rôle dans le numéro de danse Les oligarques à l'affiche en Ukraine, a avancé cette semaine la proposition que dans un proche avenir, soit après l'adoption de ses réformes, les Ukrainiens seront appelés à se prononcer sur une intégration à l'Otan. Un peu de sérieux s'impose ici ! Certains parmi vous connaissent peut-être le concept de shatter belt, utilisé pour décrire les territoires et les peuples historiquement pris en étau entre l'aigle allemand et l'ours russe.
À l'heure actuelle, tous les pays qui répondent à cette description ont rejoint l'Otan, à l'exception de l'Ukraine et de la Biélorussie. Si jamais l'Ukraine intégrait l'Otan dans un avenir hypothétique, cette zone tampon disparaîtrait. L'Otan (lire les USA) s'implanterait ainsi directement à la frontière occidentale de la Russie.
Washington vient d'annoncer son intention de prépositionner d'autres véhicules militaires en Europe, qui seront utilisés au cours d'exercices qualifiés d'opérations militaires potentielles. L'annonce va tout à fait dans le sens de la diatribe incessante provenant du royaume du baratin que forment les groupes de réflexion aux USA, à savoir que les USA seront forcés de rééquilibrer leur engagement envers la sécurité en Europe de l'Est contre une éventuelle agression russe.
Comme l'Ukraine, les pays baltes et la Pologne sont devenus complètement hystériques par rapport à cette agression, la question de la possibilité d'une guerre nucléaire entre les USA et la Russie post-équilibre de la terreur revient fortuitement sur la table. Il existe tout de même un mouvement qui va à contre-courant, formé de nombreux Américains bien informés, qui se demandent pourquoi leur pays devrait payer pour la défense d'une Europe, dont le produit intérieur brut (PIB) est plus important que celui des USA.
Tu veux jouer à la guerre, p'tit gars ?
Passons maintenant à la menace (bidon ou non) d'une guerre nucléaire en Europe. S'il est vain de comparer la capacité nucléaire stratégique des USA et de la Russie en terme de nombre, on peut toujours le faire du point de vue qualitatif. Prenons le PIB combiné des USA, de la France et de l'Angleterre et comparons-le à celui de la Russie. C'est évidemment la victoire à plate couture des premiers. Sauf que l'examen de l'arsenal nucléaire stratégique révèle une toute autre histoire. Le PIB à lui seul ne permet de gagner absolument rien.
Les élites de Washington et de Wall Street sont aujourd'hui en plein délire paranoïaque à propos d'une guerre nucléaire. Quelques études [1] font toutefois allusion à l'évidence même, soit l'éclatante faiblesse stratégique des USA, ce que n'a pas manqué de souligner la Pravda dans l'article indiqué en note [2].
Énumérons quelques éléments de base :
- Les missiles balistiques intercontinentaux russes dotés de la technique de mirvage [3], qui atteignent une vitesse d'environ Mach 18. Ces missiles sont plus rapides que tout ce qui se trouve dans l'arsenal des USA. Ils sont en fait imbattables.
- La double calamité que sont les systèmes de défense antiaérienne S‑400 et S‑500. Moscou a convenu de vendre le S‑400 à la Chine, ce qui rendra celle-ci imperméable à la puissance aérienne, aux missiles balistiques intercontinentaux et aux missiles de croisière des USA. De son côté, la Russie se polarise sur son tout nouveau S‑500, qui donne au système de défense antimissile Patriot l'allure de missiles V2 remontant à la Seconde Guerre mondiale.
- Le missile Iskander russe, qui atteint une vitesse de Mach 7, qui a une portée de 400 km, dont la charge de 700 kg peut varier et dont la précision est d'environ cinq mètres. Bref, il s'agit d'une arme meurtrière contre des installations aériennes ou l'infrastructure logistique. L'Iskander peut frapper des cibles profondément à l'intérieur de l'Europe.
- À tout cela s'ajoute le Soukhoï T-50 PAK-FA [4].
Il faudrait que les guignols à l'Otan, qui rêvent d'une guerre contre la Russie, se munissent d'un système de défense à toute épreuve pour venir à bout des Iskanders. Sauf qu'ils n'en ont pas. De plus, ils auraient affaire aux S‑400 que les Russes peuvent déployer sur la totalité du spectre. Imaginons un instant le déploiement d'un nombre imposant de S-400 dans l'enclave de Kaliningrad. Ce serait assez pour rendre cauchemardesque toute opération aérienne de l'Otan à l'intérieur de l'Europe. D'autant plus que les bons vieux avions de combat de l'Otan coûtent une fortune. Imaginons maintenant les répercussions de centaines d'avions de combat détruits dans une Union européenne déjà dévastée financièrement et blessée à mort sous les coups de l'austérité.
Comme si ce n'était pas assez, personne ne connaît l'étendue exacte des capacités stratégiques de l'Otan. C'est motus et bouche cousue du côté de Bruxelles. Officieusement, ces capacités n'ont pas de quoi émerveiller et les services du renseignement russes le savent très bien. En supposant que les guignols à l'Otan aient toujours l'intention de jouer à la guerre, Moscou a déjà dit très clairement que la Russie aurait recours à son immense arsenal, comptant plus de 5 000 armes nucléaires tactiques (et à toute autre mesure qui s'impose) pour défendre le pays contre une attaque conventionnelle de l'Otan. Qui plus est, quelques milliers de systèmes S‑400 et S‑500 suffisent pour bloquer une attaque nucléaire des USA.
Ce scénario apocalyptique ne fait même pas mention de l'alliance russo-chinoise, l'événement majeur des années 2010 qui change toute la donne en Eurasie.
Juste au cas où le groupe préconisant le pivot vers l'Asie commencerait aussi à nourrir de drôles d'idées à propos de l'Empire du Milieu, la Chine investit massivement une technologie permettant de faire rebondir des lasers contre des satellites, des missiles antisatellite, des sous-marins silencieux pouvant faire surface juste à côté de porte‑avions américains sans être détectés, ainsi qu'un missile antimissile Made in China, plus rapide que n'importe quel missile balistique intercontinental et capable de frapper un satellite réintégrant l'atmosphère. Pour résumer, Pékin sait que la flotte de surface des USA est obsolète et indéfendable. Il va de soi aussi que la cadence de la modernisation chinoise dépasse largement celle des USA.
Une proposition modeste
Le baratin répété en boucle aux USA, c'est que la Russie cherche à devenir un empire du XXIe siècle. Dans son discours que nous avons traduit [5], Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe, explique en détail en quoi ces allégations sont de la pure foutaise. Ce qui s'est réellement produit, c'est que Moscou a adroitement dénoncé le bluff inspiré par Zbigniew Brzezinski en Ukraine, avec tous ses tenants et aboutissants. L'Empire du Chaos [6] est furieux et il n'y a rien d'étonnant à cela.
Il existe pourtant une solution pour mettre fin à cette course effrénée à la logique de guerre. Dans l'article indiqué en note [7], je me suis arrêté à la façon dont Washington joue à la roulette russe. Voici venue l'heure de présenter une proposition modeste, qui a déjà été abordée par quelques analystes que la situation préoccupe aux USA, en Europe et en Asie.
Essentiellement, la proposition est très simple. Tout dépend de l'Allemagne et il ne s'agit que de défaire l'œuvre de Staline. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Staline a ravi la Prusse orientale à l'Allemagne et a transféré la partie orientale de la Pologne à l'Ukraine. L'est de l'Ukraine faisait partie à l'origine du territoire russe et c'est Lénine qui l'a remis à l'Ukraine.
Redonnons donc la Prusse orientale à l'Allemagne, la partie orientale de la Pologne à la Pologne et l'est de l'Ukraine (ainsi que la Crimée, que Khrouchtchev a donné à l'Ukraine) à la Russie. Tout le monde y trouverait son compte. Fini Staline. Fini les frontières arbitraires. C'est ce que les Chinois qualifieraient de donnant-donnant-donnant. Évidemment, l'Empire du Chaos s'y opposerait à mort. On mettrait ainsi fin à la manipulation du chaos pour justifier une croisade contre une agression russe bidon.
La balle est dans le camp de l'Allemagne. Il revient maintenant aux habitants de la Prusse orientale de présenter les faits à Angela Merkel. Voyons voir si elle va saisir le message.
Notes :
[1] Does Russia Think Their New Nuclear Weapons Could Win a War ?, Forbes, 20-11-2014
[2] Russia prepares nuclear surprise for NATO, Pravda.ru, 12-11-2014
[3] La technique du mirvage permet d'équiper un missile de plusieurs têtes suivant chacune leur trajectoire en entrant dans l'atmosphère. Wikipédia
[4] Sukhoï T-50 PAK-FA, AviationsMilitaires.net, 17-09-2014
[5] Une déclaration de première importance de Sergueï Lavrov, le Saker francophone, 27-11-2014
[6] Empire of Chaos : The Roving Eye Collection, par Pepe Escobar, Amazon, 2014
[7] Washington joue à la roulette russe, le Saker francophone, 22-11-2014