Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
L’un de mes amis, qui se reconnaîtra, m’avait plus que vivement conseillé de lire le livre La Grève
d’Ayn Rand. C’est un très vieux bouquin américain, le deuxième le plus
lu après la Bible, ce qui n’est pas rien. Il a été traduit très
récemment en français et il est disponible auprès de la maison d’édition
Les belles lettres. Cet ouvrage est très puissant et devrait être lu
par le plus grand nombre.
« D’après l’auteur elle-même, Atlas Shrugged a pour thème «
le rôle de l’esprit humain dans la société ». Il décrit ce qui se passe
lorsque la violence de l’État empêche l’esprit de fonctionner, soit
directement, soit en poussant les « hommes d’esprit », les créateurs de
richesse, à refuser de servir une société qui trouve normal de les
traiter comme des esclaves. L’intrigue met donc en scène des « hommes
d’esprit » (scientifiques indépendants, entrepreneurs honnêtes, artistes
individualistes, travailleurs consciencieux) dont la disparition
mystérieuse provoque crises et catastrophes. Celui qui les entraîne dans
cette « grève », dans ce retrait, est John Galt, héros randien type, à
la fois entrepreneur, philosophe et grand savant inventeur. »
Pour celles et ceux qui ne l’auraient pas compris, c’est exactement
ce qu’il s’est passé dans l’ex-URSS, devenue tellement étouffante
qu’évidemment tous les hommes d’esprit ont jeté l’éponge. Il faut noter
qu’un créateur de « richesses » ce n’est pas forcément un patron… loin
de là ! D’ailleurs dans cet ouvrage, il y a des patrons créateurs de
richesses mais également tout plein de patrons imbéciles ; cela montre
la finesse de la connaissance de l’humain de l’auteur et surtout
l’intemporalité de son livre publié en… 1957.
Pourquoi vous parler de ce livre aujourd’hui ? Tout simplement parce
que, fait très rare, les patrons sont dans la rue et manifestent leur
mécontentement.
Ils ont raison et voyons pourquoi.
Fronde des patrons : 10 000 manifestants selon la CGPME
Voici ce qu’en raconte Le Parisien : « Peu habitués à battre
le pavé avec des pancartes, plusieurs milliers de patrons sont
descendus dans la rue lundi matin à Paris et Toulouse, en ouverture
d’une semaine de mobilisation des chefs d’entreprise contre 30 années
d’une politique qui a, selon eux, « bridé » l’économie. »
Encore plus symptomatique… « Grogne des patrons : 59 % des Français comprennent le mouvement… »
Pourquoi les patrons ont raison et pourquoi les gens soutiennent les patrons ?
Tout d’abord, il faut différencier deux types d’entreprise. Le grand
groupe coté en bourse c’est une chose, la PME ou la TPE du coin c’en est
une autre : la seconde est infiniment plus fragile que la première et
participe beaucoup plus aux créations d’emplois d’ailleurs puisque 80%
de l’emploi est dans les TPE.
C’est la grève générale et le soutien du peuple à ses patrons c’est
la fin de la lutte des classes au profit de l’unification. Les intérêts
de tous désormais convergent. Il faut pour tous moins d’État. Non pas
plus d’État du tout. Mais moins d’État oppressant.
Les patrons ont raison car cet État, notre État est devenu obèse et
étouffant. Les citoyens, qu’ils soient patrons ou simples citoyens,
étouffent tout simplement. Il y a le poids des charges et des impôts
mais pas uniquement. Il y a des règles infinies, des alinéas, des
paragraphes, des tonnes de normes et de règlements.
Mais pas uniquement.
Mais pas uniquement.
Il y a une stérilisation de la pensée, une interdiction d’aborder
certains dogmes, une confiscation du débat démocratique, une
stérilisation du langage. Le politiquement correct est étouffant.
En réalité, notre système devient tout simplement une immense
entreprise de stérilisation. On n’a plus envie de créer, on n’a plus
envie d’avancer, on n’a plus envie de réfléchir, on n’a plus envie, on
n’a plus envie parce que tout est devenu épuisant. Faire quelque chose
est risqué économiquement, socialement, politiquement.
On ne peut plus rien dire, on ne peut plus rire, on ne peut plus
manger, on ne peut plus fumer, très prochainement on ne pourra plus
vapoter, on ne peut plus picoler, on ne peut plus rien faire et dès le
1er janvier, les feux de cheminée avec ou sans foyer ouvert seront
purement et simplement interdits dans Paris. Dans l’Île-de-France, ce
sont les cheminées qui seront interdites… Pensez donc ! Votre santé
c’est sacré. Les feux de cheminée vous tuent à petit feu… Pas les gaz
d’échappement du diesel…
Lorsque le peuple étouffe, la révolution est proche
C’est immanquablement ce qui se passera dans notre pays. À force de
nous emmerder, à force d’emmerder tout le monde, eh bien dans une
première étape on constate une diminution drastique de la création de
richesses. Nous y sommes. Entre les Français qui partent se faire tondre
ailleurs et ceux qui ne font plus d’efforts ici, ce n’est qu’une
question de temps pour que l’État-providence français ne s’effondre sous
son propre poids faute de joueurs. La grève mes amis… la véritable
grève, celle capable de tout renverser pacifiquement ce n’est pas la
révolution par les armes ou par la violence. Non, c’est la grève qui
consiste à se mettre en retrait du système. N’achetez plus rien. Ne
consommez plus. Uniquement l’essentiel et l’indispensable. C’est légal
après tout. On paye ses factures, on paye ses impôts, mais on ne change
plus sa voiture, on part en vacances chez des amis. Plus de séjours
organisés, plus de soldes, plus d’achat en promotion. Rien. Ne changez
pas votre téléphone ni votre tablette et encore moins votre écran tout
plat. Épargnez comme vous ne l’avez jamais fait. Voilà une grève
fantastique car l’État obèse a besoin de joueurs, de consommateurs pour
collecter sa TVA, ses taxes sur l’essence, etc.
Si demain tous les Français faisaient la grève de la consommation, si
demain tous les patrons faisaient la grève des embauches, si demain
nous refusions tous pacifiquement de jouer le jeu du système, alors en
quelques semaines, le système s’effondrerait…
Utopique ? Évidemment que non. C’est ce qui va se passer par la force
des choses. Entre ceux qui ne peuvent plus consommer et ceux qui auront
peur de ne plus pouvoir consommer, entre les patrons qui ne veulent
plus embaucher parce qu’ils ne veulent plus en prendre le risque et ceux
contraints de licencier, le chômage va encore augmenter plus vite et la
consommation chuter plus rapidement… Les recettes de l’État ne seront
pas au rendez-vous. L’État, dans sa logique mortifère, ira jusqu’au bout
de son propre fonctionnement et taxera encore plus, décourageant encore
plus. Au bout du compte, avec ou sans mot d’ordre, avec ou sans grève,
le résultat sera le même. Comme dans l’ex-URSS. L’État français
s’effondrera, comme l’éducation nationale est en train de s’effondrer
sous son propre poids et sa propre idéologie, toutes les classes
moyennes la fuyant au profit des établissements privés.
Pourtant, la grève a déjà commencé, et pour la première fois de ma
vie, moi aussi, j’ai envie de faire grève. Je me demande qui est John
Galt.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
À demain… si vous le voulez bien !!