Kevin Boucaud
Mercredi, 25 Février, 2015
L'Humanité
Photo AFP
Pourtant bien portant, l’équipementier automobile a conclu un accord de compétitivité. L’entreprise s’engage à n’effectuer aucun plan social contre de fortes concessions salariales.
Un des plus grands accords de compétitivité depuis le début de la crise a été signé, en fin de semaine dernière, chez Faurecia, filiale de PSA Peugeot Citroën spécialisée dans la production d’équipements automobiles. Plus de 1 200 personnes sont touchées avec une baisse de leur revenu à la clé. Le groupe, qui met régulièrement en compétition ses usines pour l’attribution de nouveaux produits, a déjà mis en œuvre plusieurs accords de ce type, mais c’est la première fois qu’autant de sites sont concernés.
Un gel des salaires pour les trois prochaines années
Dans la division échappements, l’une des quatre grandes de l’équipementier automobile, la direction de l’entreprise s’est engagée à ne pas lancer de plan social pendant les trois prochaines années en échange de grosses concessions de ses salariés. L’accord a été signé par la CFE-CGC et la CFDT, à l’issue d’un référendum interne qui a recueilli 55 % de suffrages favorables. Alors que, de son côté, la CGT a annoncé, dès le 2 février, dans un communiqué, qu’elle refuserait de faire partie des signataires de cet accord qu’elle juge « injuste » et dangereux pour « les acquis sociaux » des salariés de l’entreprise. Selon le représentant du syndicat, Andrès Gomez, « la direction n’a donné aucune contrepartie ». « Il n’y avait pas de plan social de prévu et l’entreprise se porte très bien, la preuve c’est que les profits devraient doubler en 2015 par rapport à 2014 », rappelle-t-il. L’accord de compétitivité prévoit un gel des salaires pour les trois prochaines années, une suppression de l’intéressement en 2015, puis sa baisse en 2016 et 2017. De plus, les salariés devront accepter qu’un jour de congé d’ancienneté soit supprimé. La direction de Faurecia a également promis aux salariés d’investir 12 millions d’euros pour maintenir la charge de travail sur les sept sites concernés (usines, centres de R&D, et le siège social à Nanterre). De la poudre aux yeux d’après Andrès Gomez qui explique qu’« il s’agit d’investissements qui auraient dû être réalisés depuis des années ». Pour finir, l’entreprise va remplacer un départ à la retraite sur trois, alors qu’ils ne l’étaient généralement pas. Très insuffisant pour le représentant cégétiste, car, selon lui, « l’âge moyen des salariés est élevé, l’entreprise devra faire face à de nombreux départs. Les effectifs risquent donc de diminuer très fortement ». De quoi redouter « une hausse des embauches en intérim », pour le syndicaliste.
L’accord au profit des actionnaires
Dans ces conditions, il estime que signer l’accord revient à « marcher avec les actionnaires », alors que la CGT entend « se battre avec les salariés ». L’histoire récente ne lui donne pas tort, puisque les derniers accords de ce type qui ont été signés – chez PSA et chez Renault en 2013 – ont, à chaque fois, profité aux actionnaires, qui ont vu leurs profits croître, au détriment des salariés.
Allemagne des hausses de salaires bienvenues dans l’industrie Alors qu’en France décideurs politiques et patronat prônent la « modération salariale » en prenant exemple sur l’industrie allemande, il semblerait qu’outre-Rhin les choses ne se passent pas toujours comme ils le prétendent.
En effet, le puissant syndicat allemand de la métallurgie IG Metall et
le patronat se sont mis d’accord hier matin pour augmenter de 3,4 %
les salaires du secteur dans l’État-région du Bade-Wurtemberg. Outre-Rhin, les négociations sont toujours menées région par région et, traditionnellement, le premier accord trouvé dans une région est ensuite validé par les autres. Les négociations salariales actuelles concernent au total presque quatre millions de salariés dans le pays, dans des domaines industriels très divers.