Martin COUTELLIER
Ayatollah responsable de l’épuration du journalisme, des médias et de la
critique des médias, Philippe Val, patron licencieur (de Siné, Porte et Guillon)
et chasseur de têtes, n’est jamais en panne d’inspiration : la liste est longue
de ses mensonges et calomnies d’une insondable bêtise. Et elle vient de
s’allonger...
Il y a peu, parmi les facteurs qui expliqueraient selon lui « la crise que
traverse le journalisme », Philippe Val avait découvert celui-ci, sans doute le
principal : « On peut relever l’intérêt des jeunes journalistes pour l’idéologie
de Bourdieu selon laquelle les dominants ont toujours tort et les dominés
toujours raison » [1]. Pierre Bourdieu, c’est connu, a soutenu une pareille
imbécilité ! Mais c’est dans le Causeur du mois de février
que nous découvrons une nouvelle façon originale de présenter, toujours en le
dénigrant, le rôle qu’a pu jouer la critique radicale des médias, et en
particulier Acrimed. Élisabeth Lévy déclare (p. 93), non sans déploration
sous-entendue, « [que] la dénonciation de "l’islamophobie" bat son plein » : une
occasion pour Philippe Val d’affirmer avec un sens subtil de l’à-propos :
Si elle n’était produite par un psychiatre [2], cette prose inquiéterait
véritablement pour les capacités intellectuelles de son auteur. Mais, en grand
penseur qu’il est [3], peut-être Philippe Val a-t-il été trop vite pour
nous.
Reprenons le déroulement de la pensée Valienne. « L’information est de plus
en plus idéologique en France ». Admettons que Philippe Val ait des éléments
permettant de le soutenir, et qu’il préfère les garder pour lui. « Vers 1995, on
a vu arriver des petites boutiques comme Acrimed, assez marginales mais
virulentes, qui se sont lancées dans la critique des "médias dominants". Après
tout, pourquoi pas, c’était marrant de dénoncer les collusions ». Que Philippe
Val réduise la critique des médias dominants à la dénonciation de collusions
révèle peut-être une vision complotiste de la situation des médias, mais nous
n’osons le penser. Quoiqu’il en soit, pour Philippe Val : Acrimed, au début,
c’était marrant. « L’ennui, c’est que c’est très vite devenu une fabrique de
complotisme ». Acrimed, une « fabrique de complotisme » ? Sur quelle
intervention publique d’Acrimed, écrite ou orale, peut reposer une telle
déclaration ? Nous ne le saurons pas. Et quand on n’a aucun argument pour le
démontrer, « complotisme » n’est rien d’autre qu’une insulte.
La suite du propos de Philippe Val peut nécessiter la prise de paracétamol à
doses croissantes : « les gens qui sont sortis de là sont devenus profs et
formateurs de journalistes ». Est-ce grâce à sa virulence, et malgré sa
marginalité, qu’Acrimed a produit tant de profs et formateurs de journalistes,
sans même le savoir ? L’association est-elle devenue, sans qu’aucun de ses
membres ne le réalise, un genre d’officine de formation, d’où l’on « sort »
avant de se précipiter en hordes conspirationnistes, dans les écoles et les facs
pour former les journalistes de demain ? Une enquête de terrain menée de toute
urgence semble montrer que non : pas un seul des « gens qui sont sortis »
d’Acrimed n’enseigne dans les écoles de journalistes. À court d’hypothèses, nous
prendrons la seule restante : Philippe Val raconte n’importe quoi.
Mais comme souvent, le meilleur est pour la fin : « on se retrouve avec une
génération de journalistes massivement convaincue qu’il faut dire certaines
choses et pas d’autres, qu’il y a une vision du "Bien" par rapport à laquelle on
doit se situer ». Tentons de résumer : il existe une génération de journalistes
à l’esprit déformé par la formation inculquée par Acrimed [4] ; or cette
déformation a des conséquences que Philippe Val veut critiquer ; mais cette
critique ressemble à une mauvaise caricature de celle développée par Acrimed. Il
ne manquerait plus que Philippe Val forme des journalistes...
Martin Coutellier (grâce à un signalement et une image diffusés sur Twitter
par Sébastien Fontenelle)
- L’occasion de se plonger dans notre rubrique « Philippe Val,
fabuliste et patron ».
Notes
[1] « Philippe Val victime d’une insolation ».
[2] Voir « Philippe Val, critique, stratège et ... psychiatre », « Philippe
Val se charge de l’épuration de l’Observatoire français des médias » et « Droit
de réponse à Philippe Val, psychiatre, historien et patron de presse ».
[3] Voir l’article de PLPL « Les grands
esprits pensent comme Val ».
[4] Il faut le dire : lorsqu’on écrit cela, on se pince...
9 février 2015