samedi 7 février 2015

Rama Yade: « Les hommes qui nous gouvernent ont peur du peuple » (cercle des volontaires)

PAR  / LE 7 FÉVRIER 2015


Nombreux d’entre vous sont ceux qui ne se souviennent de Rama Yade qu’en tant qu’une des nombreuses personnalités ayant servi à témoigner de l’absence de racisme chez le président français d’origine hongroise N.Sarkozy. Secrétaire d’État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’homme de 2007 à 2009, puis chargée des Sports jusqu’en 2010, elle dénonce pourtant dans un entretien accordé récemment au site d’informationEnquête & Débat  le fait d’avoir été « jugée sur l’apparence », son engagement politique ayant été « discrédité », du fait qu’elle ne « ressemble pas au système politique traditionnel ». Ceci explique sans doute pourquoi elle quittera l’UMP un mois après son départ du gouvernement pour rejoindre le Parti Radical.
Et en effet, les idées et les propos qui sont tenus durant cette interview ne reflètent pas du tout le portrait que les médias avaient dressé de Rama Yade, elle dénonce l’échec du « projet Républicain », ainsi que « la crise morale que vit notre pays » puisque selon Rama Yade, jadis c’était « l’école qui nous permettait de réussir », elle affirme que ce n’est plus le cas désormais et que « selon des experts, il faudrait revenir à l’Instruction ». Elle dénonce aussi les dérives de l’antiracisme, affirmant qu’« il ne faut pas faire le procès de la France à longueur de temps, sinon, il faut pas rester ici » – encore des échos de « La France, tu l’aimes ou tu la quittes » – ce qui n’est pas sans nous rappeler les propos de l’ex-président français d’origine hongroise N.Sarkozy, avec qui elle semble toujours conserver un attachement particulier, allant jusqu’à le qualifier de « révolutionnaire », en opposition au conservatisme de l’UMP. Elle regrette néanmoins qu’il ne soit pas allé « au bout de la rupture ».
L’ancienne secrétaire d’État soulève la question de la représentativité, dénonçant l’absence de femmes au Parlement – le journaliste répondant à cela qu’il n’y a pas d’ouvriers non plus – de jeunes, et autres « gueux du système ». Selon Mme Yade, il faut « changer le système » et le meilleur moyen : l’élection ! Certes, on ne se défait pas de toutes ses illusions aussi facilement, pourtant elle observe à travers les procédés anti-démocratiques qui lui ont été appliqués, la possibilité de « tortiller » ou « bidouiller » la démocratie, puisque selon elle, elle « est ce qu’en font les hommes et les femmes politiques ». Pour modifier le système, « il faut se servir à la fois des outils proposés par le système », et des autres ? Mme Yade n’expliquera pas dans cet interview quels sont les autres.
Lors du référendum pour la Constitution européenne de 2005, Rama Yade avait voté non, et elle dénonce le fait qu’ « on décide par je ne sais quel moyen, dans les coulisses, de changer le vote ». Elle se positionne contre la politique du « vote utile », souhaitant incarner la « pluralité de l’offre politique », toutefois elle reste lucide, déclarant « Je sais que la révolution viendra du peuple… Je ne vois pas… Je sais que ce que je suis en train de dire ne va pas plaider en ma faveur. », d’ailleurs selon elle « les hommes qui nous gouvernent ont peur du peuple ». A la fin de l’interview, on comprend mieux son message, clair et simple, et qui pourrait être résumé ainsi : « les hommes et les femmes qui font la France doivent s’engager ».


Interview de Rama Yade le 13 janvier 2012... par enquete-debat