Clotilde Mathieu
Mercredi, 4 Mars, 2015
L'Humanité
L’État actionnaire s’est défait de 3,96 % du capital de Safran pour un montant de 1,2 milliard d’euros. Il ne possédera plus que 18 % de l’équipementier.
Photo : Pierre Verdy/AFP
Hier, le ministre Emmanuel Macron a vendu des parts
de l’équipementier aéronautique Safran. Le début d’un vaste plan
de cessions de 10 milliards d’euros pour l’ex-banquier d’affaires.
C’est reparti. Le gouvernement poursuit la vente à la découpe des bijoux de famille. Et c’est de nouveau le groupe d’aéronautique et de défense Safran, avec ses 20 % de marges dégagées en 2014, son chiffre d’affaires, ses bénéfices et sa trésorerie supérieurs aux attentes, qui en fait les frais. 3,96 % de capital vendu pour 1,2 milliard d’euros. À la suite de l’opération, l’État ne possédera plus que 18 % de l’équipementier, explique, hier, Bercy dans son communiqué, mais restera toutefois premier actionnaire, précise-t-il. Une stratégie de l’État actionnaire qui consiste à jouer en Bourse le patrimoine national estimé à 110 milliards d’euros, dont 85 milliards dans treize entreprises cotées. La stratégie mise en place en 2013 va crescendo. Cette année-là, le gouvernement avait vendu pour 1,7 milliard d’euros d’actions dans les entreprises publiques.
Pour le gouvernement, la stratégie imaginée n’a pas plus d’horizon que celle des financiers. Il s’agit de contenter Bruxelles, les marchés financiers, et de parvenir aux 3 % de déficit public promis pour 2017. Ce qui oblige la France à ramener son déficit à 4 % en 2015 au lieu des 4,1 % prévus par le gouvernement, puis à 3,4 % en 2016 au lieu des 3,6 % prévus par Paris, et enfin à 2,8 % en 2017. Et de réaliser 30 milliards d’économies supplémentaires, soit un total d’économies de 80 milliards d’euros, sur trois ans. Une austérité renforcée « pas raisonnable macro-économiquement », a déclaré lundi Emmanuel Macron, estimant que cela « cassera la croissance ». Et côté recettes fiscales, c’est également l’impasse. Avec une économie au ralenti, une inflation basse, les recettes fiscales ne rentrent pas. N’en déplaise au ministre, la machine est déjà cassée. D’autant que François Hollande se refuse à toute réforme fiscale. Préférant laisser à une poignée de personnes l’utilisation des 56 milliards d’euros de dividendes versés par les entreprises en France cette année.
La menace qui pèse sur le marché de Rungis
En octobre, le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, a annoncé que l’État allait céder 5 à 10 milliards d’euros d’actifs dans les dix-huit mois suivants. Avec, notamment, les privatisations des aéroports de Lyon et de Nice, du constructeur de blindés Nexter actées dans la loi Macron. Ou encore le projet de vente de l’aéroport de Toulouse- Blagnac à un consortium chinois. À cela s’ajoute la menace qui pèse sur le marché de Rungis qui, selon les rumeurs, pourrait être cédé pour 1,5 milliard d’euros. Pour parvenir à ses fins, l’ex-banquier d’affaires s’est doté d’outils. Avec la loi dite « Florange » qui permet à l’État de disposer de droits de vote double, le gouvernement pourra céder un nombre plus important de parts. Et d’affirmer comme hier que « les droits de vote double dont dispose l’État lui permettront de maintenir à terme son influence à l’assemblée générale de l’entreprise ». Selon les calculs effectués par la société de conseil en gouvernance Sodali, si l’État cédait tout ce qu’il peut sans perdre son influence, la grande braderie pourrait rapporter jusqu’à 16 milliards d’euros, relate le Journal du dimanche dans son édition du 16 novembre. Reste qu’une fois vendues, les actions ne rapportent plus. En 2013, après la première grosse salve de cession, le total des dividendes reçus par l’État avait fondu de 30 % pour s’établir à 3,2 milliards d’euros contre 4,5 milliards un an plus tôt.Pour le gouvernement, la stratégie imaginée n’a pas plus d’horizon que celle des financiers. Il s’agit de contenter Bruxelles, les marchés financiers, et de parvenir aux 3 % de déficit public promis pour 2017. Ce qui oblige la France à ramener son déficit à 4 % en 2015 au lieu des 4,1 % prévus par le gouvernement, puis à 3,4 % en 2016 au lieu des 3,6 % prévus par Paris, et enfin à 2,8 % en 2017. Et de réaliser 30 milliards d’économies supplémentaires, soit un total d’économies de 80 milliards d’euros, sur trois ans. Une austérité renforcée « pas raisonnable macro-économiquement », a déclaré lundi Emmanuel Macron, estimant que cela « cassera la croissance ». Et côté recettes fiscales, c’est également l’impasse. Avec une économie au ralenti, une inflation basse, les recettes fiscales ne rentrent pas. N’en déplaise au ministre, la machine est déjà cassée. D’autant que François Hollande se refuse à toute réforme fiscale. Préférant laisser à une poignée de personnes l’utilisation des 56 milliards d’euros de dividendes versés par les entreprises en France cette année.
L’aérien, cible privilégiée des privatisations depuis 2013. Le gros milliard d’euros attendu de la cession de parts de l’État dans Safran va porter à plus de 5 milliards le total des produits de la vente des actifs publics depuis 2013 par les gouvernements Ayrault-Valls, qui ont concerné, outre Safran, les entreprises EADS, Airbus, les aéroports de Paris et celui de Toulouse.