Mercredi, 4 Mars, 2015
Humanite.fr
Après Matignon, John Chambers, PDG de Cisco Systems, a foncé au Medef saluer Gattaz
AFP
Manuel Valls a passé un accord avec le géant américain Cisco, au cœur du scandale des écoutes de la NSA, lui offrant notamment les clés de l’éducation et de la formation professionnelle au numérique et de la cyber-sécurité. Une annonce qui pose plusieurs problèmes de fond.
L’accord, fruit d’une rencontre le 16 février dernier entre le Premier ministre et le PDG de Cisco, est passé plutôt inaperçu. Pourtant, il est très important et si Cisco promet d’investir 100 millions de dollars dans les entreprises innovantes françaises, l’Etat a en échange confié à l’entreprise américaine deux pans stratégiques de la souveraineté numérique: la sécurité et la formation.
Confier l’éducation (le fameux plan de l’éducation au numérique promis par François Hollande ?) et la formation professionnelle à un groupe privé, qui plus est étranger, est une erreur. Comme le prouve le lobbying intensif de Microsoft et d’Apple auprès au sein de l’éducation national et des écoles privés : lorsqu’on se forme sur un logiciel ou un matériel, on a tendance à l’utiliser toute sa vie. Cela fidélise le client. Alors que tant sur le plan informatique qu’éducatif, la France possède ses atouts. Pourtant c’est bien la plate-forme d’éducation Netacad (la Cisco Networking Academy) qui formera au numérique 200 000 Français sur ces trois prochaines années. Elle devrait être déployée dans 1500 établissements scolaires de France, à destination des étudiants comme de personnes en formation continue ou reconversion.
Enfin comme le montrent les derniers rapports de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), Cisco n’est pas irréprochable en matière de faille de sécurité… L'agence était pourtant présente, avec la Sécurité Intérieure, aux réunions entre Cisco et le gouvernement (6 ministères) qui ont précédé l'accord. C'est que plus ou moins 80 % de l'Internet mondial passe, à un moment, par du matériel Cisco...
Communiqué de Matignon :"Ce partenariat ambitieux comprend des coopérations dans le domaine de l’éducation et de la formation professionnelle aux métiers des réseaux numériques, avec un objectif de formation de 200.000 personnes en trois ans, et le financement de plusieurs chaires d’excellence. Le partenariat s’étendra également à des collaborations académiques et industrielles dans les domaines de la cybersécurité, des réseaux intelligents et de la ville intelligente"Pour l’heure, seule la députée UMP Laure de la Raudière, l’une des rares élues du parlement à suivre avec attention les questions du numérique, a tiré la sonnette d’alarme à l’Assemblée Nationale. Elle pose avant tout la question de la souveraineté. «La France doit-elle se laisser “acheter” par les géants américains du numérique ou doit-elle au contraire, se transformer à partir de ses forces » ?
Confier l’éducation (le fameux plan de l’éducation au numérique promis par François Hollande ?) et la formation professionnelle à un groupe privé, qui plus est étranger, est une erreur. Comme le prouve le lobbying intensif de Microsoft et d’Apple auprès au sein de l’éducation national et des écoles privés : lorsqu’on se forme sur un logiciel ou un matériel, on a tendance à l’utiliser toute sa vie. Cela fidélise le client. Alors que tant sur le plan informatique qu’éducatif, la France possède ses atouts. Pourtant c’est bien la plate-forme d’éducation Netacad (la Cisco Networking Academy) qui formera au numérique 200 000 Français sur ces trois prochaines années. Elle devrait être déployée dans 1500 établissements scolaires de France, à destination des étudiants comme de personnes en formation continue ou reconversion.
Question à l’Assemblée du 3 mars 2015: "Mme Laure de La Raudière souhaiterait avoir communication des raisons pour lesquelles le Premier ministre a souhaité confier ce programme de formation à une entreprise américaine plutôt que par exemple à des partenaires français tels que l'Ecole 42, OVH, Atos, Orange, Cap Gemini... en capitalisant sur nos laboratoires publics (CNRS, INRIA... ).""Les collaborations académiques et industrielles dans la cybersécurité" dont parle le communiqué sont particulièrement inquiétantes. En 2014, parmi les nombreuses révélations fournies par Edward Snowden, on se souvient du document qui montrait que Cisco, leader mondial des équipements réseaux, plaçait des mouchards dans ses matériels (routeurs) à destination de la NSA… Un véritable souci. D’autant que les missions de Cisco seraient d’accompagner les entreprises françaises et les administrations en matière de cybersécurité. On imagine la masse de données personnelles et confidentielles qui pourraient être absorbées.
Enfin comme le montrent les derniers rapports de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), Cisco n’est pas irréprochable en matière de faille de sécurité… L'agence était pourtant présente, avec la Sécurité Intérieure, aux réunions entre Cisco et le gouvernement (6 ministères) qui ont précédé l'accord. C'est que plus ou moins 80 % de l'Internet mondial passe, à un moment, par du matériel Cisco...