Vous trouverez sur ce blog, beaucoup d'articles et de vidéos d'actualité. Les points de vue présentés dans ces articles et vidéos ne sont pas forcément les miens, mais ils peuvent amener une réflexion. Chacun se fera une opinion avec autre chose que le discours formaté des politiques et des médias.Vous y trouverez aussi les réponses aux questions qui me sont posées concernant mes livres.
Les thèmes de mes ouvrages sont le développement personnel et la spiritualité.
Une cinquantaine d’établissements de l’enseignement supérieur dont onze universités font les frais de la ponction de 100 millions opérés sur leur budget par le gouvernement.
La piste de la ponction sur les fonds de roulement était envisagée depuis plusieurs mois. C’est fait. Passage obligé, le conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) s’est enfin réuni, hier lundi, pour s’entendre confirmer le projet ministériel : récupérer 100 millions dans les caisses des établissements de l’enseignement supérieur. Un choix loin de faire l’unanimité puisque 49 élus sur 51 présents se sont prononcés contre la répartition des moyens proposés par Najat Vallaud Belkacem.
A deux mois de la fin de l’année universitaire, il était temps que la ministre trouve des fonds de caisse à ponctionner pour boucler la répartition des dotations de l’Etat aux universités pour l’année en cours. Ayant tant promis, il lui fallait renflouer le budget de l’enseignement supérieur bien trop juste pour financer, entre autre, la moitié de l’augmentation mécanique de la masse salariale (glissement vieillesse technicité), l’exonération des droits d’inscription accordés aux étudiants boursiers mais également la création de 1000 emplois.
Jacques Comby, le président de l’université Lyon 3, a été prévenu jeudi dernier, par un appel téléphonique du cabinet de la ministre, qu’il était au nombre de la cinquantaine d’élus, pas vraiment heureux de la ponction ministérielle. Pour lui, la soustraction s’élève à trois millions d’euros. «Il y a pire », ironise-t-il, mais en attendant, le président ne comprend pas ce qui lui arrive : «Je viens de perdre trois millions d’autonomie. Cet argent nous sommes allés le chercher auprès du monde économique. Je comprends les difficultés de l’Etat mais je ne comprends pas que l’on s’en prenne à ceux qui sont le plus engagés dans les réformes » s’insurge-t-il et poursuit : «Franchement, au départ je n’y ai pas cru et d’autant moins que le ministère ne m’a jamais contacté pour connaître mes projets d’investissements ».
11 universités fournissent 60 millions d’euros
Au total onze universités sur 76 fournissent 60 millions d’euros sur les 100 millions captés. Les établissements du Nord (Artois, Lille2 notamment) perdent 35 millions, soit un tiers de la captation gouvernementale. Suivent les établissements d’Ile de France (Paris 2 Assas) et de Rhône Alpes (Lyon 3, Grenoble 2 et 3) pour un quart du prélèvement. L’opération, « une mesure de solidarité », selon Najat Vallaud Belkacem, repose sur une logique impitoyablement comptable. Sont visés les fonds de roulement équivalents à plus de deux mois du budget de fonctionnement. Le ciseau comptable passe ainsi par les universités de Corte (2.5 M€), de Polynésie (2.3 M€), de Bretagne-sud (1.1M€), de Bourgogne. Vingt cinq écoles ingénieurs sur 36 subissent le même sort, pour un montant de 23,5 millions. Et une dizaine de grands établissements voient leurs fonds de roulement mis à contribution, « sans que cela n'affecte leurs projets d'investissements », tente de rassurer le ministère de l'Education.
Une affirmation qui ne rassure pas. « Le budget de l’enseignement supérieur n’est pas sanctuarisé mais en baisse notamment sous l’effet de l’inflation. En fait, les universités assument le financement des nouvelles mesures au prix de restrictions tous azimuts, de dégradations des conditions d’études et de travail, de suppressions de filières, de gel de postes », commente Marc Champesme, du Snesup, principal syndicat des enseignants du supérieur. Les principes qui ont prévalu au choix des universités ponctionnées laisse septique cet élu au Cneser «Le ministère a décortiqué le fonctionnement de neuf fonds de roulement. Il en a tiré des critères qui ont abouti au choix de la cinquantaine d’établissements ponctionnés. »
Forcer les écoles à augmenter leurs frais d’inscriptions
A Lyon 3, pour le président Jacques Comby, le contexte c’est la sous-dotation en postes que doit supporter son université. Sa contribution à l’effort national en quelque sorte « Il manque 250 postes si je les multiplie par le salaire annuel de 65 000 euros, cela fait une belle économie pour l’Etat », s’impatiente-t-il. Et puis, il y a les travaux d’entretien des bâtiments, la rénovation des corniches à entreprendre estimées à plus d’un millions d’euros ou encore le projet de maison de l’entreprenariat, prévu au plan prévisionnel d’investissements, six millions déjà engagés sur le fameux fonds de roulement qui vient d’être amputé. « Encore une raison que me fait rager », conclut-il.
Vent debout, une quarantaine d’élus du Cneser ont adopté une motion proposée par les représentants du syndicat étudiant, l’Unef : «Ces prélèvements obèrent la capacité des établissements à investir et sont une fuite en avant qui ne répond pas à la pénurie budgétaire de l’enseignement supérieur. C’est aussi une remise en cause de l’accès à l’enseignement supérieur sans sélection par les moyens qui sous-entend une volonté de forcer les écoles à augmenter leurs frais d’inscriptions », y lit-on. La motion propose à Najat Vallaud Belkacem de s’intéresser au Crédit Impôt recherche dont six milliards d’euros sont partis en fumée.
Entre 2000 et 2013, les importations françaises de fruits et légumes en provenance des pays non membres de l’Union européenne ont augmenté de 50%. Le déclin de la production nationale est imputable à la stratégie commerciale des grandes surfaces pour faire chuter les cours grâce aux accords bilatéraux que la Commission européenne a négocié avec des pays tiers comme le Maroc.
Selon le correspondant de l’hebdomadaire « La France Agricole » à Bruxelles auprès de la Commission européenne, la consommation de fruits et légumes frais, régulièrement recommandée par ladite Commission, diminue d’année en année dans les pays membres de l’Union. On imagine que la baisse du pouvoir d’achat d’une majorité de ménages y est pour beaucoup. Néanmoins, pour 2015 et 2016, la Commission consacrera un budget de 150 millions d’euros à la promotion des cinq fruits et légumes par jour, avec notamment une conférence du 3 au 5 juin à Milan sur la « fruit full economy ». Mais, selon le rapporteur belge devant le Parlement européen, « force est de constater que la consommation de fruits, de légumes et de lait diminue partout en Europe ».
Plus grave encore, la part des fruits et légumes produits dans les pays membres de l’Union européenne a baissé de 6% entre 2003 et 2010 dans la consommation globale des européens. La situation est bien pire en France puisque notre pays a connu une augmentation de 50% des importations (hors produits exotiques) en provenance des pays tiers entre 2000 et 2013.
Faut-il s’en étonner? Les sept centrales d’achat de la grande distribution ont pris l’habitude de privilégier des importations préventives de pommes, de poires , de tomates et autres fruits et légumes en provenance de pays tiers dans le seul but de faire baisser les prix payés aux producteurs français lors des transactions qui se négocient selon le principe des « enchères descendantes » sur les marchés au cadran. L’enchère descendante consiste à fixer un prix de départ pour un lot de pommes ou de tomates. Le prix continue ensuite de baisser jusqu’au moment où un acheteur appuie sur la touche achat sur son pupitre. Le vendeur peut choisir de vendre à ce prix ou de refuser. Mais dans ce cas, sa marchandise périssable risque de ne pas se vendre.
Pour faire baisser les cours de la pomme, de la tomate ou du melon sur les principaux marchés au cadran de l’Hexagone, il suffit aux centrales d’achat de Leclerc, Carrefour, Auchan et les autres , de remplir les chambres froides de pommes du Chili , de tomates et de melons du Maroc , pays avec lequel la Commission européenne a négocié voilà deux ans un accord bilatéral de libre échange. Depuis la conclusion de cet accord, les distributeurs français ont augmenté considérablement les importations de fruits et légumes marocains et ruinent progressivement la production nationale. Il suffit d’ailleurs de voir en cette fin du mois d’avril la provenance marocaine des melons et des tomates dans les grands surfaces comme sur les marchés urbains pour se rendre compte que la place prise par ces produits importés va encore réduire celle de la production nationale sur les étals.
Voilà qui rend incongrus les propos de Phil Hogan, le nouveau commissaire européen en charge de l’Agriculture. Il était interrogé voilà deux semaines par un eurodéputé portugais qui lui indiquait que les producteurs européens devaient souvent vendre leurs fruits et légumes à des prix qui ne couvrent pas les coûts de production. Selon le commissaire Hogan, de nationalité irlandaise et à ce titre peu concerné par la production de fruit et légumes frais, « la diminution du nombre d’exploitations démontre que le secteur devient compétitif et les organisations de producteurs soutenus par la Commission jouent un rôle central dans le renforcement des postions des producteurs depuis qu’ils ont amélioré leur pouvoir de négociation dans la chaîne alimentaire».
Le député portugais disait exactement le contraire. Les chiffres fournis par les services de Phil Hogan lui-même sur la place prise en Europe par les importations en provenance des pays tiers donnaient raison à ce député contre le commissaire en charge de l’Agriculture. Voilà qui nous donne aussi une idée de la manière dont fonctionne cette Commission.
Obésité, infertilité, retard intellectuel, autisme, troubles de l’attention… : la liste des pathologies liées aux perturbateurs endocriniens est (de plus en plus ) longue. Et ces maladies, ou troubles chroniques, coûtent très cher : au moins 157 milliards d’euros par an (soit 1,2 % du PIB), rien que pour l’Union européenne. Publiée dans le « Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism », l’étude qui a débouché sur ces chiffres a été menée par 18 chercheurs européens et américains. Ils ont admis des marges d’incertitudes, et placent la fourchette haute de leur estimation à 270 milliards d’euros annuels, soit 2 % du PIB européen [1] !
Présents dans de nombreux pesticides et plastiques, dans certains cosmétiques et matériaux de conditionnement alimentaires, les perturbateurs endocriniens sont « des imposteurs hormonaux, qui imitent si bien la structure chimique des hormones naturelles que le corps n’y voit que du feu et les confond », détaillent Marine Jobert et François Veillerette, auteurs d’un récent ouvrage sur le sujet, Perturbateurs endocriniens, la menace invisible [2]. Une fois entrées dans les cellules du corps, ces substances synthétiques « troublent leur fonctionnement normal ». Et ce n’est pas la dose qui fait l’effet... Même d’infimes quantités de ces produits peuvent avoir des conséquences graves sur la santé, notamment en cas d’exposition in utero, le fœtus étant en plein développement et donc très vulnérable.
Des poisons encore autorisés
Pour les chercheurs qui ont mené cette étude sur le coût sanitaire des perturbateurs endocriniens, l’exposition prénatale aux organophosphorés a par exemple un impact redoutable sur le développement cérébral. 13 millions de retards mentaux pourraient leur être attribués chaque année ! « Pire encore, certains perturbateurs endocriniens peuvent provoquer des effets délétères qui ricochent d’une génération à la suivante, les effets sont dits "transgénérationnels" », insistent Marine Jobert et François Veillerette. Les auteurs citent le cas du distilbène, cette hormone de synthèse utiliser pour « soigner » la ménopause, puis pour lutter contre les fausses couches. « Ce sont les jeunes femmes dont les mères ont absorbé le "médicament" pendant la première moitié de leur grossesse, qui développent aujourd’hui plus de cancers du vagin que la moyenne. »
Ces poisons seront-ils interdits un jour ? Certains d’entre eux – bisphénol A et phtalates – ont fait l’objet de restrictions ou d’interdiction, mais la plupart des perturbateurs endocriniens que l’on connait sont encore autorisés. L’adoption d’un cadre règlementaire européen, qui pourrait conduire à l’interdiction de nombreux produits (pesticides, composés d’emballages alimentaires, composés de cosmétiques) ne cesse d’être repoussée. Elle a pour le moment été renvoyée à 2016. Il faut dire que les intérêts économiques sont énormes ! Les industriels veillent donc au grain. Les lobbies industriels « cherchent d’abord à empêcher toute nouvelle mesure ; puis, lorsqu’une nouvelle réglementation apparaît inévitable, ils s’efforcent d’en limiter la portée, en d’en retarder l’adoption », explique le député écologiste Jean-Louis Roumégas, auteur d’un rapport d’information sur la stratégie européenne en matière de perturbateurs endocriniens [3].
Une menace au quotidien
Ajoutons que, pour renoncer aux perturbateurs endocriniens, il faudrait revoir une bonne partie de nos comportements quotidiens et des objets qui nous entourent. Prenons le bisphénol A. « S’il se retrouve dans les urines de 95% de la population, c’est bien parce qu’il rend de fiers services », estiment Marine Jobert et François Veillerette. Les auteurs dressent une liste vertigineuse d’objets dans lesquels on retrouve ce composé miracle qui sert notamment à fabriquer le polycarbonate, un plastique très solide : ordinateurs, housses pour téléphones mobiles, récipients alimentaires pour le micro-ondes, vinyles, appareils électroménagers, adhésifs et joints, amalgames dentaires, encres d’imprimerie, jouets, lentilles de contact, billets d’avion, reçus de parkings, pneus, verres de lunettes... Éradiquer cette menace invisible prendra du temps. Et si on commençait rapidement ?
Habiter autrement les centres des petites villes, accéder à la propriété quand on n’a pas de très gros moyens, vivre sans voiture et partager les problèmes : c’est l’aventure dans laquelle s’est lancé un collectif à Auch. Avec un projet de réhabilitation hors du commun : un important corps de bâtiments sur 3000 m² de terrain, réparti sur 7 niveaux, enclavé en plein centre-ville, accessible essentiellement par des escaliers sinueux. Ici on partage beaucoup – travaux, réflexions, espaces communs à rénover. La topographie particulière du terrain, le choix d’un collectif démocratique, la mixité sociale, en font une expérience assez unique, qui tâtonne encore mais veut s’inscrire dans la durée. Et qui, pour l’instant, essuie les plâtres, au propre comme au figuré. Rencontre.
Pour profiter de ce reportage en grand format, c’est ici.
On m’avait parlé d’un immeuble en plein centre-ville, retapé par une sorte de communauté. Je connais un peu le coin, un enchevêtrement de ruelles médiévales qui cascadent à flanc de coteau au cœur d’Auch, la capitale du Gers et de la Gascogne. C’est toujours un peu étroit et très pentu, et j’ai imaginé une petite baraque biscornue habitée par une bande de hippies, enclavée dans un quartier sombre et triste. Je décide de tenter l’approche par les « pousterles », ces escaliers uniques en leur genre qui relient la haute-ville d’Auch à la rive gauche du Gers.
En fait, la pousterle des Couloumats (les « pigeons », en Gascon) est l’une des plus longues de la ville — et donc du monde, puisque les pousterles n’existent que dans cette ville et sur ces coteaux qui soutiennent la cathédrale. Il y a là tout un Monopoly de petites maisons en terrasse auxquelles on ne peut accéder que par les escaliers. Plus haut dans mon ascension, je croise une vielle dame qui se moque gentiment de mon souffle court et me glisse : « Surtout, il faut de bonnes cuisses ! » J’atteins enfin une petite rue encaissée qui s’accroche dans la pente. Derrière un portail en bois, sur lequel est scotché un permis de construire, je plonge avec délice dans l’ombre d’un garage encombré de matériaux de construction éparpillés. Suivant les bruits de coups et de coupe caractéristiques des travaux, je débouche brutalement à la lumière et dans un monde totalement inattendu.
Chantier de la terrasse
La terrasse du bloc — un immeuble de 5 étages — d’où sont sortis 150 m³ de gravats et où, un jour, poussera un jardin potager.
Un lieu incroyable
L’histoire commence au printemps 2013 quand Sylvie et Fred, jeune couple avec deux enfants, cherchent à louer un logement un peu plus grand dans la ville. Fred raconte :
« Être propriétaires n’a jamais franchement été dans nos projets ou notre façon de vivre. Nous voulions juste que les enfants aient chacun leur chambre. Et habiter dans le centre-ville pour pouvoir nous rendre à pied à la plupart de nos activités quotidiennes, utiliser le moins possible la voiture. Le problème, c’est que nous ne trouvions rien de bien convaincant sur le marché. On a commencé à se dire qu’il fallait peut-être chercher à louer plus grand, quitte à vivre en colocation.
C’est alors que l’agent immobilier nous a proposé de visiter cet endroit. Cela ne correspondait pas à notre demande, mais cela ne coûtait rien de venir visiter. C’était un weekend où nous recevions des copains et nous nous sommes retrouvés à 25 dans… ce lieu incroyable. »
Cour commune
Les arcades sur la cour ouest, niveau rue, futur cabinet d’architectes.
Ce lieu incroyable, c’est un ancien institut médico-éducatif (IME), en vente depuis 7 ans : 3000 m² de foncier dont 1800 m² habitables, répartis sur 5 niveaux en terrasses, avec une vue imprenable sur la rivière qui roule ses eaux boueuses des dernières pluies en contrebas, la ville qui ondule sur ses collines et même la barre bleue des Pyrénées, au loin, quand il fait beau. Le tout à un jet de caillou de la cathédrale, de la mairie, des commerces, du collège, de tout ce qui fait l’attrait d’une petite ville de province.
Percer des portes
Jean-Marc et Nicolas, les deux architectes qui n’ont pas peur de prendre la poussière et de donner de leur personne, en train de percer une nouvelle porte sur la pousterle latérale ouest.
Entre deux coups de masse pour faire tomber un mur, Nicolas prend le relai du récit. Il fait partie du projet comme architecte associé, avec Jean-Marc et Sophie. À eux trois, ils ont acheté un lot pour monter leur cabinet dans la résidence. Si Nicolas ne compte pas habiter ici, il est maître d’œuvre pour trois des propriétaires de la résidence. Mais surtout, il participe activement aux corvées qui font travailler tous les membres du collectif sur les parties communes.
« Il y a trois grands corps de bâtiment : ce qu’on appelle « le bloc », qui est le plus récent, formé de deux immeubles de 4 et 5 étages ; les arcades, sur deux étages avec les coursives et dont le rez-de-chaussée est au niveau de la rue ; les communs, essentiellement la cour, la terrasse et les pièces et dessous – l’atelier, le gymnase dont on va peut-être faire une salle des fêtes et un local à vélo. D’après nos recherches, c’était un monastère des pénitents blancs au 17e siècle. On voit encore la façade de la chapelle depuis la rue. Il semblerait même que sur ces terrasses, on ait cultivé la fameuse poire d’Auch, servie sur la table des rois.
Les arcades et les colonnades ont dû être ajoutées au XIXe siècle, car on n’en trouve pas trace dans le cadastre napoléonien. Ensuite, il y a eu une école primaire et maternelle au XXe siècle et à partir des années 70, elle a été aménagée en IME. L’IME a été contraint d’abandonner ces bâtiments devant l’impossibilité de les mettre aux dernières normes et a déménagé en 2008 aux confins de la ville. Depuis, le bâtiment est resté en vente. Pas facile de vendre un espace pareil aussi peu accessible bien qu’en plein centre-ville ! Qui pouvait acheter quelque chose comme cela ? Sans compter qu’il y avait deux vendeurs, la mairie et l’ADSEA (Association départementale de la sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence). Au départ, le prix était de un million d’euros. Lors de la première visite, ce n’était plus que 250 000 euros. Et là, ça change tout ! »
Vue sur la ville
Arcades, coursives, niveaux imbriqués et ouverture sur la ville : c’est un voyage immobile sur les ponts d’un paquebot qui domine la ville.
Un projet démocratique et intergénérationnel, avec une grande mixité sociale
Pour comprendre le fonctionnement de cet endroit, il faut parler avec Manu. Instituteur militant, il ne s’est jamais imaginé propriétaire : trop cher, trop lourd, pas pour lui. Mais voilà, il y a la magie du lieu, l’enthousiasme de ses amis Sylvie et Fred, et la possibilité de construire un projet d’habitat partagé compatible avec ses valeurs profondes et ses petits moyens. C’est lui qui a rédigé la charte qui doit permettre à tous les résidents de vivre en bonne harmonie.
« Il a fallu 18 mois de tractations entre la première visite et la conclusion de la vente. Il fallait constituer un collectif. Il y a eu du mouvement, des gens qui ont laissé tomber et d’autres qui sont arrivés. Un couple proche de la retraite a préféré se retirer à cause de l’accessibilité. Il nous fallait décider de la manière dont nous allions répartir les lots afin d’être le plus équitables possible. Nous sommes arrivés à un total de 14 lots avec des prix et des contraintes différentes. Mais nous ne voulions pas d’une simple copropriété. Il y a donc des communs.
Nous voulions un projet démocratique, ouvert, intergénérationnel, avec une grande mixité de classes sociales. Nous voulions surtout en profiter pour permettre à des personnes modestes d’accéder à la propriété. Toutes les décisions sont prises par consensus. Nous avons aussi intégré des propriétaires bailleurs en plus des propriétaires habitants pour améliorer encore la mixité sociale. »
- Comment répartissez-vous les décisions ?
« Il y a deux niveaux d’accès au projet : les 14 lots qui correspondent aux habitats privés et le collectif qui gère les communs. Au départ, nous voulions que les communs appartiennent à l’association du collectif. Mais le notaire nous a dissuadé de ce montage, compliqué et coûteux à gérer dans le temps. Donc, les lots sont intégrés dans une copropriété classique et les communs sont rattachés à la copropriété sur la base des tantièmes. Mais les communs sont aussi gérés par un collectif que nous allons transformer en association. Tous les propriétaires habitants doivent participer au collectif, mais c’est optionnel pour les propriétaires bailleurs et les locataires. Cela dit, à peu près tout le monde a choisi de participer au collectif. Dans le collectif, on part du principe que tout le monde est égal. Donc, nous avons aussi décidé que les enfants qui le souhaitent participent également au collectif. »
- Tu veux dire qu’un enfant a le pouvoir de bloquer le consensus sur l’usage des communs ?
« Oui, c’est l’idée. Jusqu’à présent, nous sommes toujours parvenus au consensus, même si cela nous prend pas mal de temps et n’est pas facile tous les jours. Appartenir au collectif permet de décider de l’usage des communs et d’y accéder. Nous comptons y installer un garage à vélos, un congélateur collectif et probablement une sorte de salle des fêtes commune. Appartenir au collectif signifie également participer aux corvées sur les communs, exactement comme aujourd’hui où nous sommes tous réunis pour élaguer et évacuer le figuier qui a poussé contre le mur de la salle commune, remplir les tranchées de la terrasse et surtout démonter l’escalier métallique du bloc. »
- Mais si vous n’arrivez pas au consensus, comment ça se passe ?
« Ce sont les règles standards de la copropriété qui prennent le relai, avec décision à la majorité (un lot = une voix). Mais jusqu’à présent, nous avons réussi à faire autrement. Cela vient peut-être du fait que nous n’avons pas le profil de propriétaires fonciers : nous sommes pratiquement tous des familles recomposées, c’est-à-dire des ménages monoparentaux majoritairement modestes, avec des enfants en gardes alternées, ce genre de choses. Aucun de nous ne pensait avoir les moyens d’accéder à la propriété un jour.
Nous avons chiffré les besoins en financement de la réfection des parties communes à 150 000 euros. Autrement dit, le ticket d’entrée pour chaque lot commençait à 10 000 €. Dans mon cas, pour mon duplex de 70 m² avec jardin sur la terrasse, j’ai payé 30 000 € en tout. Bien sûr, pour cette somme, on a surtout les murs. Mais après chacun finance l’aménagement intérieur à son rythme et selon ses moyens. J’espère aménager d’ici la fin de l’été ».
« Sans le collectif, 90 % d’entre nous n’auraient pas pu devenir propriétaires »
Déblayer les gravats, ensemble
Le principe de la corvée est que tout le monde participe en fonction de ses possibilités, sans distinction de genre.
Même si le ciel se couvre, la petite communauté des corvées du jour continue de s’activer. Pour démonter l’escalier, c’est Loïc le charpentier qui fait profiter le groupe de son expertise. Il a acheté un lot de 127 m² de plain-pied dans le bloc, au niveau de la rue, pour 41 000 euros. Il s’agit d’une partie qui demande moins de travaux, d’anciens bureaux. Il ne sait pas encore s’il va louer ou habiter son lot. Il n’a pas envie d’abandonner son petit jardin, mais Sophie, sa compagne, préfère l’accès piéton au centre-ville et la perspective de voir son petit Achille grandir avec les autres enfants de la résidence :
Huile de coude, grandeur nature
Démontage de l’escalier de service du bloc façade ouest : tout doit se faire à la force des bras.
« Ce que j’apprécie beaucoup ici, c’est le principe de solidarité : sans le collectif, il n’y aurait pas eu de projet. Comme toujours, au fur et à mesure des travaux, on a eu des mauvaises surprises, comme la cuve à fuel chez Manu, l’insuffisance d’étayage des poutres porteuses du loft de Stéphane, ou un mur porteur affaibli chez Frédérique. Nous avons débattu de chacun de ces problèmes et décidé de répartir la charge supplémentaire de travaux sur les communs plutôt que de planter un membre du collectif. Parce que sans cette idée de collectif, de mutualisation, 90 % d’entre nous n’auraient pas pu devenir propriétaires.
D’ailleurs, dans la charte, il est prévu qu’en cas de départ et de revente, nous nous engageons à ne pas revendre au prix du marché, mais de rester dans la démarche d’accessibilité aux foyers modestes. »
Valérie est comédienne et fait partie du groupe des fondateurs :
« Si l’idée d’investir cet endroit a été enthousiasmante dès le départ, très rapidement, on s’est mis à tourner en rond, entre les visites, les départs, les atermoiements. À moment donné, il a fallu réellement lancer le projet. Ça a commencé par le chiffrage, le fait d’évaluer le cout réel du projet, et d’arrêter un groupe pour le porter. C’est là que l’aide de professionnels comme Jean-Marc est décisive pour évaluer les possibilités concrètes que nous avions, le coût des travaux de viabilisation des communs, etc.
Ce projet implique avant tout de vivre les contraintes du collectif : les corvées – en fonction des disponibilités des uns et des autres – le fait de vivre ensemble, de fonctionner sur la base du consensus. Il nous a fallu un an de réunions et de débats pour arriver à concrétiser tout ça. »
« Nous avons bâti des murs, mais nous avons aussi percé des portes ! »
Jean-Marc est l’un des trois architectes du futur cabinet qui va s’installer dans la résidence. Il compte travailler ici, mais aussi y vivre et y installer son atelier bois. Pour ne pas créer de futures tensions, il a refusé de mener les chantiers chez ses futurs voisins. Mais il est maitre d’œuvre de la réfection des communs. Ce qui est bien pratique puisqu’il est agréé par les Bâtiments de France. Le quartier est classé historique.
Un lieu incroyable
Les arcades côté est dominent la ville et leurs magnifiques éléments en pierre taillée qui vont être préservés par le collectif.
« C’est vraiment un lieu incroyable. Quand on l’a découvert, on s’est dit qu’il y avait un truc à faire, réinvestir le centre-ville, pour reconquérir les mobilités douces. C’était vertigineux. L’Agence nationale de l’habitat nous a tout de suite soutenus, ses aides à l’amélioration thermique vont financer 50 % des travaux des foyers les plus modestes. C’est la force du collectif : trouver des réponses ensemble.
Il nous a fallu 18 mois pour arriver à la signature. Cela aurait pu trainer encore un peu, mais des promoteurs ont commencé à présenter des projets concurrents et à faire pression sur le prix. Ce qui nous a sauvés, c’est que nous avons été capables de nous mettre d’accord pour présenter une offre ferme, alors que les promoteurs coinçaient sur la question de l’accessibilité. Les promoteurs doivent proposer une place de garage pour chaque lot vendu, ce qui, vu la configuration, est très difficile à mettre en œuvre. Certains avaient réfléchi à un ascenseur à voitures, creusé directement dans la roche, quelque chose qui récupère la voiture au niveau de la rue et la range automatique dans les sous-sols... Rien que cela, ça devait couler leurs budgets !
Le fait que nous cherchions à nous affranchir de la voiture et que nous ne sommes pas soumis à cette règlementation en tant que particuliers nous a particulièrement aidés. Nous nous sommes donc lancés, sans clause de résiliation. »
Un échange constant d’idées, de coups de main et de dialogue
Un travail de sherpas
Chaque tronçon d’escalier doit être évacué à la main. Une caractéristique du terrain qui a fait fuir bien des entrepreneurs et qui nécessite une main-d’œuvre abondante et volontaire.
Frédérique est la voisine de Manu, et la dernière arrivée sur le projet en juillet 2014, juste avant la signature. Elle n’imaginait sans doute pas alors, que moins d’un an plus tard, elle serait embarquée dans des travaux de terrassement. Son père, Gérard, passe très régulièrement dans la résidence pour donner un coup de main. C’est en fait une sorte d’auberge espagnole de la construction, avec les amis et la famille qui participent aussi à l’aventure. C’est un échange constant d’idées, de coups de main et de dialogue.
« Je vis à Mauvezin (petit village à 30 km) et je travaille à Auch, avec Fred (le compagnon de Sylvie : il faut suivre, il y a au moins trois Fred embarqués dans cette aventure !). Je cherchais à me rapprocher pour arrêter tous ces trajets en voiture. Fred m’a parlé d’un studio à vendre dans le collectif, mais c’est un format qui ne convient plus à grand monde. Jean-Marc a fusionné le studio qui demandait trop de travaux avec son lot et du coup, je suis devenue voisine de Manu, dans un duplex. »
Aurélie ne s’est pas embarquée dans l’aventure pour ses implications politiques, mais bien pour son côté pratique :
« J’ai deux enfants avec Jean-Marc. Je n’adhère pas vraiment à tous ces trucs collectifs, les débats qui n’en finissent plus, le fait qu’il faille écouter le point de vue de chacun sur tout, mais depuis qu’on est passés aux choses concrètes, c’est nettement plus stimulant. J’ai toujours eu envie de m’investir dans un gros projet de « retape ». Là, il y avait le côté pratique pour les enfants qui pourront facilement aller de chez moi à chez leur père. Mais ce qui me plait vraiment, c’est qu’à présent nous faisons tout cela ensemble. Cela permet de surmonter la difficulté de l’entente au quotidien. En fait, j’adore ça ! »
Un ensemble de difficultés et de défis à surmonter ensemble
Manu a fini de boucher les tranchées de la terrasse, de déménager les fagots de figuier et surtout de transporter avec les autres les tronçons de l’escalier de service.
La force du collectif
La disparité des moyens financier pour les parties privées attise un peu les jalousies et les récriminations, mais les conflits se résolvent mieux en mode participatif, comme lors de la pause repas commune pendant les corvées.
« L’un des grands défis du projet : le déblaiement de la terrasse. Il y avait des préfabriqués et une maison branlante collée au bloc que personne ne voulait habiter. Quand les bâtisseurs contactés ont vu que notre terrain était inaccessible aux engins, ils sont partis en courant. Finalement, on est tombé sur Gilles Duplan, un gars vraiment inventif et volontaire, dont on a fêté tous ensemble les 70 ans. Il a monté une sorte de passerelle qui partait de la cour des arcades, niveau rue et qui traversait toute la terrasse en surplomb. Dessus, il fait tourner des brouettes thermiques, ces sortes de mini-chenilles qui passent partout.
Avec ça, on a sorti 150 m³ de gravats de la terrasse avec nos bras. Comme des sherpas. On a rempli 80 bennes de chantier qui tournaient dans la rue. Sans l’ingéniosité de Gilles, rien n’était plus possible. On a tout fait entre septembre et décembre 2014. C’est ça l’histoire du collectif : un ensemble de difficultés et de défis que nous avons surmontés tous ensemble, en se serrant les coudes. »
La pluie menace franchement et l’activité ne faiblit pas. Car beaucoup d’entre eux s’apprêtent à investir les lieux définitivement dans les prochaines semaines. Sylvie et Fred sont dans les cartons, d’autres ont posé leurs préavis. Alors, il faut bien que ça avance. Mais les écueils sont toujours plus faciles à supporter à plusieurs, même si les tensions finissent toujours par survenir.
« En fait, il y a un seul truc sur lequel on n’a toujours pas réussi à se mettre d’accord ! »
Tout le monde sourit d’un air entendu.
C’est sur le nom que nous allons donner à cet endroit !
Journal de 20h, le 26 avril 2015, TF1 utilise les images de l’effondrement d’un immeuble en Egypte pour alimenter son reportage sur le tremblement de terre au Népal. Incompétence ou malhonnêteté ? A vous de juger.
Commentaire : Nous avons publié hier un article à propos de George Friedman (fondateur de Stratfor, think-tank proche de la CIA) qui assure, en 13 points, que la politique stratégique étasunienne « ...c'est cynique, amoral, mais ça marche », lors de son discours devant le Chicago Council, le 4 février 2015.
L'implacable et sombre logique psychopathique étasunienne est particulièrement mise en lumière par les paroles de Vladimir Poutine lors du dernier grand rendez-vous télévisé annuel en Russie, « Ligne directe », à Moscou le 16 avril 2015. Pendant plus de 4 heures, les Russes posent des questions en direct au chef de l'État. De ce rendez-vous, ont été extraits 15 points détaillés ci-dessous. Dès lors, établir un comparatif entre les deux discours devient tentant et... révélateur. Que chacun se fasse sa propre opinion.
Extrait du discours de Georges Friedman pour Stratfor devant le Chicago Council, le 4 février 2015 :
1 - L'Europe n'existe pas, La France ou la Roumanie, oui, mais l'Europe, non.
2 - Seule une union Allemagne-Russie pourrait nous [les Américains] menacer, ça n'arrivera jamais, nous faisons ce qu'il faut pour cela.
3 - L'armée ukrainienne est une armée US, la preuve : nous donnons nos médailles à leurs soldats méritants, alors que les décorations sont réservées aux citoyens US.
4 - Nous livrons des armes dans tous les pays de l'est européen, même en Ukraine où nous entraînons les troupes.
5 - Notre but est d'installer un cordon sanitaire autour de la Russie, afin qu'elle ne soit jamais stabilisée et pour en chasser toute velléité d'alliance européenne.
6 - Nous intervenons militairement dans le monde entier, nous dominons les océans et toute la terre.
7 - Nous faisons se battre nos ennemis entre eux, « c'est cynique mais ça marche ».
8 - Les attaques préventives déstabilisent les ennemis, nous faisons ça dans toutes les guerres.
9 - Nous installons des régimes favorables à nos intérêts.
10 - Nous sommes un empire, nous ne pouvons pas nous relâcher.
11 - L'Otan doit occuper tout l'espace terrestre entre la mer Baltique et la mer Noire.
12 - Nous ne savons pas ce que va faire l'Allemagne, elle est dans une situation très difficile.
13 - Une coopération entre le capital allemand et les matières premières russes serait désastreuse pour les États-Unis. Les USA l'empêchent depuis un siècle et continueront. Le destin de l'Europe dépendra de la décision des Allemands. Ils ont besoin des Russes, mais ils sont menottés par les USA.
Voici les réponses extraites de la conférence de Vladimir Poutine :
1 - La Russie n'attaque pas l'Occident, elle n'agresse personne, elle défend ses intérêts.
2 - En 1990, la Russie a arrêté les vols de ses bombardiers stratégiques, mais les avions US continuaient à voler avec des armes nucléaires à bord. Pourquoi ? Contre qui ? Nous avons recommencé depuis trois ans, alors qui provoque ?
3 - Nous avons deux base militaires hors de Russie, à la frontière afghane, c'est même l'intérêt des USA. Eux ont plus de mille bases partout dans le monde, et nous sommes des agresseurs ? Où est le bon sens ? Que font les armes nucléaires américaines en Europe ?
4 - Le budget militaire du Pentagone est dix fois plus élevé que le nôtre et nous menons une politique agressive ? Il faut garder son bon sens. Avons-nous des bases aux frontières des USA ?
5 - Pourquoi veut-on nous interdire de nous défendre ? Qui a résilié le traité sur les missiles ? Qui installe ses missiles aux frontières de l'autre ? Et nous sommes agressifs ?
6 - Nous voulons des relations d'égalité avec l'Occident, en accord avec nos intérêts nationaux.
7 - Nous avons attendu 20 ans avant d'être acceptés à l'OMC, avec beaucoup de concessions, les règles solides sont violées, celles de l'OMC, de l'ONU, du droit international avec les sanctions contre nous.
8 - Nous voulons collaborer sur les problèmes de l'humanité, sécurité, désarmement, terrorisme, santé, drogue, crime organisé.
9 - Après la chute du mur de Berlin, on nous avait promis un gel de l'Otan, et aujourd'hui elle est partout à nos frontières, c'est un nouveau mur. Les Occidentaux ont décidé qu'ils étaient vainqueurs.
10 - Il faut arrêter de construire de nouveaux murs et faire un monde commun humain, prospère et en sécurité.
11 - Les sanctions économiques ne sont pas le prix que nous payons pour la Crimée, mais pour notre volonté d'exister en tant que nation et civilisation libre.
12 - Quoi que nous fassions pour la détente, nous rencontrons toujours des refus et des résistances de l'Occident. Les derniers jeux Olympiques d'hiver de Sotchi ont été calomniés et discrédités avant, pendant et après, pourquoi ?
13 - L'Occident veut enchaîner l'ours russe, même s'il reste dans sa tanière, il veut arracher les dents et les griffes de l'ours, ses armes nucléaires. Ensuite il empaillera l'ours et s'appropriera sa taïga, son territoire. Les USA trouvent injuste que la Russie soit si grande, elle en veut un morceau, comme elle avait volé le Texas au Mexique en 1848 [plus la moitié de ses terres, du Texas à la Californie, NdT].
14 - Nous utilisons les sanctions économiques comme tremplin pour améliorer notre économie, nous serons plus indépendants.
15 - Nous ne voulons pas que la peau de l'ours soit accrochée au mur, cela n'a rien à voir avec la Crimée.
Extrait vidéo de la conférence de presse de Vladimir Poutine, avec voix française :
Commentaire : Vladimir Poutine a également nié que la Russie ait envie de rétablir un empire, et a même reconnu qu'imposer le modèle soviétique en Europe après 1945 n'était pas « une bonne chose ». « Après la deuxième guerre mondiale l'URSS a voulu imposer son modèle dans les pays est-européens, et cela s'est retournée contre nous » et, a-t-il lancé à l'attention de Washington, « si les Américains se comportent de la même façon, eux aussi vont échouer ».
Voir aussi : À la rencontre de Vladimir Poutine, selon Radio Courtoisie :
Pour Vivien Rebière, auteur de « Les territoires face au Grand marché transatlantique », le dispositif de règlement des litiges investisseurs/Etat prévu dans le traité transatlantique « est un mécanisme dangereux pour nos services publics, nos normes sociales et environnementales, pour la souveraineté de nos Etats ». Car de fait, « les nationalisations, régionalisations, municipalisations d'entreprises et de services publics seront considérées comme des expropriations directes et des mesures déraisonnables ». Des décisions susceptibles d'être attaquées par les multinationales...
L'Investor State Dispute Settlement (ISDS), en français le Règlement des litiges investisseur/État est un mécanisme d'arbitrage qui existe dans plus de 3 000 traités de libre-échange. Le principe est simple : les différends entre la puissance publique et les entreprises sont réglés non pas devant les tribunaux nationaux et publics, mais devant une cour arbitrale privée, sans possibilité d'appel. L'objectif est double : protéger les investisseurs de la meilleure façon, en s'assurant que ceux-ci évoluent dans un cadre économique stable où l'État de droit est respecté, et permettre aux entrepreneurs d'attaquer la puissance publique en cas d'atteinte à leurs investissements. Or, l'État de droit est respecté aux États-Unis et dans l'Union européenne et la sécurité des investissements largement assurée.
Le mandat de négociations de la Commission européenne avance clairement les raisons de l'ISDS : l'« interdiction des mesures déraisonnables, arbitraires ou discriminatoires », le refus du « traitement national », la « protection contre l'expropriation directe et indirecte », la « protection et sécurité entières des investisseurs et des investissements ». Toutes les formes de protectionnisme seront proscrites. Les nationalisations, régionalisations, municipalisations d'entreprises et de services publics seront considérées comme des expropriations directes et des mesures déraisonnables. On peut légitimement supposer que les critères sociaux et environnementaux (interdiction des OGM, des pesticides, etc.) seront jugés comme des freins au libre commerce. Ainsi, la véritable raison de l'ISDS est politique et économique. Le but est d'assurer le moins d'entraves possibles aux investisseurs et d'empêcher toutes les mesures publiques qui iraient à l'encontre du libre-échange.
« Le coût moyen d'une procédure est de 8 millions de dollars »
En effet, les multinationales ne se privent pas d'attaquer les Etats via les tribunaux d'arbitrage existants. L'entreprise américaine Lone Pine réclame 250 millions de dollars au Canada après que le Québec a imposé un moratoire sur l'exploitation du gaz de schiste. Le suédois Vattenfall exige 4,7 milliards d'euros à l'Allemagne pour sa sortie du nucléaire. Or le coût moyen d'une procédure est de 8 millions de dollars (il peut atteindre 30 millions). Et c'est sans compter le montant des dédommagements obtenus par les multinationales. A ce prix, nul doute que la meilleure option pour les États serait d'obtenir un accord à l'amiable et de se conformer aux desiderata des grands groupes.
Puisque tous les échelons de gouvernement seront visés par l'accord, du gouvernement à la commune, les services publics locaux seront directement touchés. La reprise en gestion publique de l'eau semble compromise par le principe des « expropriations », ou à défaut très coûteuse pour la collectivité. Le mandat de négociations évoque l'obligation d'équité entre secteur public et privé. Il serait donc impossible de soutenir une entreprise publique ou une association au détriment d'entreprises privées, à moins de financer ces dernières au même niveau. L'insertion dans un contrat de marché public de clauses environnementales ou sociales, l'instauration de politiques sanitaires ou écologiques (paquets de cigarettes neutres, indicateurs de polluants sur les produits de consommation, etc.) qui visent à protéger les consommateurs, pourront être perçues comme une expropriation indirecte. D'après les ONG, les services de santé seront aussi concernés. Les centres de santé municipaux feront-ils une concurrence déloyale aux centres privés ?
Pour l'heure, les positions sur l'ISDS sont confuses. Le gouvernement Merkel semblait très réticent, mais l'Allemagne est le pays européen qui pousse le plus à la conclusion d'un accord. Le grouvernement français envoie des messages contradictoires. Matthias Fekl, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur se dit très vigilant sur le mécanisme, mais Matignon aurait envoyé aux eurodéputés français des consignes de vote en faveur du tribunal d'arbitrage. Par ailleurs, les sociaux-démocrates européens ont tranché en faveur d'un ISDS amendé le 21 février dernier, lors d'une réunion à Madrid, en présence de Manuel Valls, Sigmar Gabriel et Martin Schulz. Alors qu'à la commission emploi du Parlement européen, les députés ont voté le 1er avril pour l'exclusion de l'ISDS, la Commission européenne a rejeté l'initiative citoyenne européenne demandant son exclusion, et ne prend pas en compte sa propre consultation publique qui a révélé de véritables inquiétudes sur le sujet.
L'ISDS est un mécanisme dangereux pour nos services publics, nos normes sociales et environnementales, pour la souveraineté de nos Etats. Mobilisons-nous le 18 avril, pour la journée internationale contre les traités de libre-échange et d'investissement, contre le tribunal d'arbitrage et le Tafta.
(VIDEO) Le Jugement – Extraordinaire Court Métrage à Voir sur l’Industrie Alimentaire…
30 avril, 2015
Posté par voltigeur
Ce n’est pas de la propagande végan, mais un constat sans concession, de la société dans laquelle nous vivons. Partagez, repostez, likez, copiez, collez, tweetez, mais faites tourner ce court-métrage… Merci àMerlin.
Maxime Ginolin
En décembre 2013 est sortie un court métrage qui fait maintenant un énorme buzz en France et au Canada (et autres pays francophones). La vidéo sortira bientôt en anglais pour pouvoir toucher cette fois un public international.
Ayant totalisé 500 000 vues en 3 semaines, cette vidéo a déclenché une réelle remise en question pour des milliers de personnes. Ce court métrage réalisé sous forme de fiction mais avec de réelles images aussi provenant de documentaires, parle de la réalité actuelle de l’industrie alimentaire et des lobbys, du génocide animal, des mensonges adressés aux consommateurs et des problèmes de santé que tout cela cause auprès de la population.
Pollution, élevage intensif, déforestation… Toute ces pratiques aux conséquences néfastes sont pratiquées depuis des décennies par l’homme et contribuent à la destruction de notre planète. Parmi les victimes, nos amis animaux sont les premiers à souffrir de nos abus. C’est ce que dénonce ce court-métrage à travers un tribunal d’animaux qui juge l’espèce humaine pour ses actes.
La personne qui se cache derrière cette vidéo extra ordinaire s’appelle Maxime Ginolin et il n’a que 25 ans. Il dédie sa vie et son art à l’éveil des consciences en ce qui concerne la maltraitance faite aux animaux, mais aussi aux femmes et aux enfants, ainsi que toutes les déviations de notre système. Il est réalisateur, acteur, chanteur, compositeur, et grand activiste pour le droit des animaux, mais aussi le droit des femmes et des enfants.
Alors que la plupart des jeunes de son âge vivent une jeunesse pour la plupart plutôt « insouciante », centrée sur leur propre vie, Maxime dédie sa vie et son quotidien à la lutte contre toutes les injustices et cruautés qui se passent chaque jour à une échelle inconcevable, et pourtant c’est bien réel. C’est avec des personnes comme lui que le monde pourra réellement évoluer.
Maxime est donc le réalisateur de ce court métrage, il est également l’acteur de tous les personnages déguisés, l’auteur des textes et le créateur de la musique de fond. (Voir l’article complet de LauraMarie)
Un nombre indéterminé de migrants est mort en Méditerranée. Parfois, les vagues rapportent des corps sur les plages italiennes ou les douanes saisissent une embarcation remplie de cadavres.
Les responsables de l'Union européenne se trompent complètement sur les attentats islamistes en Europe et les migrations vers l'Union de gens fuyant les guerres. Thierry Meyssan montre ici que tout ceci n'est pas la conséquence accidentelle des conflits au Moyen-Orient élargi et en Afrique, mais un objectif stratégique des États-Unis.
Les dirigeants de l'Union européenne se trouvent soudainement confrontés à des situations inattendues. D'une part des attentats ou tentatives d'attentats perpétrées ou préparées par des individus n'appartenant pas à des groupes politiques identifiés ; d'autre part un afflux de migrants via la Méditerranée, dont plusieurs milliers meurent à leurs portes.
En l'absence d'analyse stratégique, ces deux événements sont considérés a priori comme sans relation et sont traités par des administrations différentes. Les premiers ressortent du Renseignement et de la police, les seconds des douanes et de la Défense. Ils ont pourtant une origine commune : l'instabilité politique au Levant et en Afrique.
L'Union européenne s'est privée des moyens de comprendre
Si les académies militaires de l'Union européenne avaient fait leur travail, elles auraient étudié depuis une quinzaine d'années la doctrine du « grand frère » états-unien. En effet, depuis de très longues années, le Pentagone publie toutes sortes de documents sur la « théorie du chaos » empruntée au philosophe Leo Strauss. Il y a quelques mois encore, un fonctionnaire qui aurait dû être à la retraite depuis plus de 25 ans, Andrew Marshall, disposait d'un budget de 10 millions de dollars annuels pour mener des recherches à ce sujet [1]. Mais aucune académie militaire de l'Union n'a sérieusement étudié cette doctrine et ses conséquences. À la fois parce que c'est une forme de guerre barbare et parce qu'elle a été conçue par un maître à penser des élites juives états-uniennes. Or, c'est bien connu, les États-Unis-qui-nous-ont-sauvés-du-nazisme ne peuvent préconiser de telles atrocités [2].
Si les hommes politiques de l'Union européenne avaient voyagé un tant soit peu, non seulement en Irak, en Syrie, en Libye, dans la corne de l'Afrique, au Nigeria et au Mali, mais aussi en Ukraine, ils auraient vu de leurs propres yeux l'application de cette doctrine stratégique. Mais, ils se sont contentés de venir parler dans un bâtiment de la zone verte à Bagdad, sur une estrade à Tripoli ou sur la place Maïdan de Kiev. Ils ignorent ce que vivent les populations et, sur requête de leur « grand frère », ont souvent fermé leurs ambassades de sorte qu'ils se sont privés d'yeux et d'oreilles sur place. Mieux, ils ont souscrit, toujours à la requête de leur « grand frère », à des embargos, de sorte qu'aucun homme d'affaire n'ira non plus sur place voir ce qui s'y passe.
Le chaos n'est pas un accident, c'est le but
Contrairement à ce qu'a dit le président François Hollande, la migration des Libyens n'est pas la conséquence d'un « manque de suivi » de l'opération « Protecteur unifié », mais le résultat recherché par cette opération dans laquelle son pays jouait un rôle leader. Le chaos ne s'est pas installé parce que les « révolutionnaires libyens » n'ont pas su se mettre d'accord entre eux après la « chute » de Mouammar el-Kadhafi, il était le but stratégique des États-Unis. Et ceux-ci y sont parvenus. Il n'y a jamais eu de « révolution démocratique » en Libye, mais une sécession de la Cyrénaïque. Il n'y a jamais eu d'application du mandat de l'Onu visant à « protéger la population », mais le massacre de 160 000 Libyens, dont trois quart de civils, sous les bombardements de l'Alliance (chiffres de la Croix-Rouge internationale).
Je me souviens, avant que je n'intègre le gouvernement de la Jamahiriya arabe libyenne, avoir été sollicité pour servir de témoin lors d'une rencontre à Tripoli entre une délégation états-unienne et des représentants libyens. Lors de cette longue conversation, le chef de la délégation US a expliqué à ses interlocuteurs que le Pentagone était prêt à les sauver d'une mort certaine, mais exigeait que le Guide leur soit livré. Il a ajouté que lorsque el-Kadhafi serait mort, la société tribale ne parviendrait pas à valider un nouveau leader avant au moins une génération, le pays serait alors plongé dans un chaos qu'il n'a jamais connu. J'ai relaté cet entretien dans de nombreuses circonstances et n'ai cessé, dès le lynchage du Guide, en octobre 2011, de prédire ce qui advient aujourd'hui.
Leo Strauss (1899-1973) était un spécialiste de la philosophie politique. Il constitua autour de lui un petit groupe d’élèves dont la plupart travaillèrent ultérieurement pour le secrétariat à la Défense. Ils formèrent une sorte de secte et inspirèrent la stratégie du Pentagone.
La « théorie du chaos »
Lorsqu'en 2003, la presse états-unienne a commencé à évoquer la « théorie du chaos », la Maison-Blanche a riposté en évoquant un « chaos constructeur », laissant entendre que l'on détruirait des structures d'oppression pour que la vie puisse jaillir sans contrainte. Mais jamais Leo Strauss, ni le Pentagone jusque-là, n'avaient employé cette expression. Au contraire, selon eux, le chaos devait être tel que rien ne puisse s'y structurer, hormis la volonté du Créateur de l'Ordre nouveau, les États-Unis [3].
Le principe de cette doctrine stratégique peut être résumé ainsi : le plus simple pour piller les ressources naturelles d'un pays sur une longue période, ce n'est pas de l'occuper, mais de détruire l'État. Sans État, pas d'armée. Sans armée ennemie, aucun risque de défaite. Dès lors, le but stratégique de l'armée US et de l'alliance qu'elle dirige, l'Otan, c'est exclusivement de détruire des États. Ce que deviennent les populations concernées n'est pas le problème de Washington.
Ce projet est inconcevable pour des Européens qui, depuis la guerre civile anglaise, ont été convaincus par le Léviathan de Thomas Hobbes qu'il est nécessaire de renoncer à certaines libertés, voire même d'accepter un État tyrannique, plutôt que d'être plongé dans le chaos.
L'Union européenne dénie sa complicité dans les crimes US
Les guerres d'Afghanistan et d'Irak ont déjà coûté la vie à 4 millions de personnes [4]. Elles ont été présentées au Conseil de sécurité comme des ripostes nécessaires « en légitime défense », mais il est admis aujourd'hui qu'elles avaient été planifiées bien avant le 11-Septembre dans un contexte beaucoup plus large de « remodelage du Moyen-Orient élargi » et que les raisons évoquées pour les déclencher n'étaient que des fabrications de propagande.
Il est d'usage de reconnaître les génocides commis par le colonialisme européen, mais rares sont ceux qui aujourd'hui admettent ces 4 millions de morts malgré les études scientifiques qui l'attestent. C'est que nos parents étaient « mauvais », mais nous sommes « bons » et ne pouvons pas être complices de ces horreurs.
Il est commun de se moquer de ce pauvre peuple allemand qui conserva jusque à la fin sa confiance dans ses dirigeants nazis et ne prit conscience qu'après sa défaite des crimes commis en son nom. Mais nous agissons exactement pareil. Nous conservons notre confiance dans notre « grand frère » et ne voulons pas voir les crimes dans lesquels il nous implique. Surement, nos enfants se moqueront de nous...
Les erreurs d'interprétation de l'Union européenne
Aucun dirigeant ouest-européen, absolument aucun, n'a osé envisager publiquement que les réfugiés d'Irak, de Syrie, de Libye, de la corne de l'Afrique, du Nigeria et du Mali ne fuient pas des dictatures, mais le chaos dans lequel nous avons volontairement, mais inconsciemment, plongé leurs pays.
Aucun dirigeant ouest-européen, absolument aucun, n'a osé envisager publiquement que les attentats « islamistes » qui touchent l'Europe ne sont pas l'extension des guerres du « Moyen-Orient élargi », mais sont commandités par ceux qui ont également commandités le chaos dans cette région. Nous préférons continuer à penser que les « islamistes » en veulent aux juifs et aux chrétiens, alors que l'immense majorité de leurs victimes ne sont ni juives, ni chrétiennes, mais musulmanes. Avec aplomb, nous les accusons de promouvoir la « guerre des civilisations », alors que ce concept a été forgé au sein du Conseil de sécurité nationale des États-Unis et reste étranger à leur culture [5].
Aucun dirigeant ouest-européen, absolument aucun, n'a osé envisager publiquement que la prochaine étape sera l' « islamisation » des réseaux de diffusion de drogues sur le modèle des Contras du Nicaragua vendant des drogues dans la communauté noire de Californie avec l'aide et sous les ordres de la CIA [6]. Nous avons décidé d'ignorer que la famille Karzaï a retiré la distribution de l'héroïne afghane à la mafia kosovare et l'a transmise à Daesh [7].
La secrétaire d’État adjointe, Victoria Nuland, et l’ambassadeur états-unien à Kiev, Geoffrey R. Pyatt. Dans une interception téléphonique révélée par les partisans de la légalité, elle lui indique vouloir « baiser l’Union européenne » (sic).
Les États-Unis n'ont jamais voulu que l'Ukraine rejoigne l'Union
Les académies militaires de l'Union européennes n'ont pas étudié la « théorie du chaos » parce qu'elle se le sont vu interdire. Les quelques enseignants et chercheurs qui se sont aventurés sur ce terrain ont été lourdement sanctionnés, tandis que la presse a qualifié de « conspirationnistes » les auteurs civils qui s'y intéressaient.
Les politiciens de l'Union européenne pensaient que les événements de la place Maïdan étaient spontanés et que les manifestants souhaitaient quitter l'orbite autoritaire russe et entrer dans le paradis de l'Union. Ils ont été stupéfaits lors de la publication de la conversation de la sous-secrétaire d'État, Victoria Nuland, évoquant son contrôle secret des événements et affirmant que son but était de « baiser l'Union » (sic) [8]. À partir de ce moment-là, ils n'ont plus rien compris à ce qui se passait.
S'ils avaient laissé la recherche libre dans leurs pays, ils auraient compris qu'en intervenant en Ukraine et en y organisant le « changement du régime », les États-Unis s'assuraient que l'Union européenne resterait à leur service. La grande angoisse de Washington, depuis le discours de Vladimir Poutine à la Conférence sur la sécurité de Munich de 2007, c'est que l'Allemagne réalise où se trouve son intérêt : pas avec Washington, mais avec Moscou [9]. En détruisant progressivement l'État ukrainien, les États-Unis coupent la principale voie de communication entre l'Union européenne et la Russie. Vous pourrez tourner et retourner dans tous les sens la succession d'événements, vous ne pourrez pas leur trouver d'autre sens. Washington ne souhaite pas que l'Ukraine rejoigne l'Union, comme l'attestent les propos de Madame Nuland. Son unique but est de transformer ce territoire en une zone dangereuse à traverser.
Le 8 mai 2007 (date anniversaire de la chute du régime nazi allemand), à Ternopol (ouest de l’Ukraine), des groupuscules nazis et islamistes créent un prétendu Front anti-impérialiste afin de lutter contre la Russie. Des organisations de Lituanie, de Pologne, d’Ukraine et de Russie y participent, dont les séparatistes islamistes de Crimée, d’Adyguée, du Dagestan, d’Ingouchie, du Kabardino-Balkarie, du Karatchaïévo-Tcherkessie, d’Ossétie, de Tchétchénie. Ne pouvant s’y rendre du fait des sanctions internationales, Dokka Umarov, y fait lire sa contribution. Le Front est présidé par Dmytro Yarosh, devenu aujourd’hui conseiller au ministère de la Défense ukrainien.
La planification militaire US
Nous voici donc face à deux problèmes qui se développent très rapidement : les attentats « islamistes » ne font que commencer. Les migrations ont triplé en Méditerranée en une seule année.
Si mon analyse est exacte, nous verrons au cours de la prochaine décennie les attentats « islamistes » liés au Moyen-Orient élargi et à l'Afrique se doubler d'attentats « nazis » liés à l'Ukraine. On découvrira alors qu'al-Qaïda et les nazis ukrainiens sont connectés depuis leur congrès commun, en 2007 à Ternopol (Ukraine). En réalité, les grands-parents des uns et des autres se connaissaient depuis la Seconde Guerre mondiale. Les nazis avaient alors recruté des musulmans soviétiques pour lutter contre Moscou (c'était le programme de Gerhard von Mende à l'Ostministerium). À la fin de la guerre, les uns et les autres avaient été récupérés par la CIA (le programme de Frank Wisner avec l'AmComLib) pour conduire des opérations de sabotage en URSS.
Les migrations en Méditerranée, qui pour le moment ne sont qu'un problème humanitaire (200 000 personnes en 2014), continueront à croître jusqu'à devenir un grave problème économique. Les récentes décisions de l'Union d'aller couler les navires des trafiquants en Libye ne serviront pas à enrayer les migrations, mais à justifier de nouvelles opérations militaires pour maintenir le chaos en Libye (et non pour le résoudre).
Tout cela provoquera des troubles importants dans l'Union européenne qui paraît aujourd'hui un havre de paix. Il n'est pas question pour Washington de détruire ce marché qui lui reste indispensable, mais de s'assurer qu'il ne se placera jamais en compétition face à lui, et de limiter son développement.
En 1991, le président Bush père chargea un disciple de Leo Strauss, Paul Wolfowitz (alors inconnu du grand public), d'élaborer une stratégie pour l'ère post-soviétique. La « Doctrine Wolfowitz » expliquait que la suprématie des États-Unis sur le reste du monde exige, pour être garantie, de brider l'Union européenne [10]. En 2008, lors de la crise financière aux États-Unis, la présidente du Conseil économique de la Maison-Blanche, l'historienne Christina Rohmer, expliqua que le seul moyen de renflouer les banques était de fermer les paradis fiscaux des pays tiers, puis de provoquer des troubles en Europe de sorte que les capitaux refluent vers les États-Unis. En définitive, Washington se propose aujourd'hui de faire fusionner l'Alena et l'Union européenne, le dollar et l'euro, et de rabaisser les États membres de l'Union au niveau du Mexique [11].
Malheureusement pour eux, ni les Peuples de l'Union européenne, ni leurs dirigeants n'ont conscience de ce que le président Barack Obama leur prépare.
[10] Le document est toujours classifié, mais son contenu a été révélé dans « US Strategy Plan Calls For Insuring No Rivals Develop » par Patrick E. Tyler, New York Times du 8 mars 1992. Le quotidien publie également de larges extraits en page 14 : « Excerpts from Pentagon's Plan : "Prevent the Re-Emergence of a New Rival" ». Des informations supplémentaires sont apportées dans « Keeping the US First, Pentagon Would preclude a Rival Superpower » par Barton Gellman, The Washington Post du 11 mars 1992.
Commentaire : Vladimir Poutine a également nié que la Russie ait envie de rétablir un empire, et a même reconnu qu'imposer le modèle soviétique en Europe après 1945 n'était pas « une bonne chose ». « Après la deuxième guerre mondiale l'URSS a voulu imposer son modèle dans les pays est-européens, et cela s'est retournée contre nous » et, a-t-il lancé à l'attention de Washington, « si les Américains se comportent de la même façon, eux aussi vont échouer ».
Voir aussi : À la rencontre de Vladimir Poutine, selon Radio Courtoisie :