Grèce : Yánis Varoufákis semble prêt à lâcher du lest face à l’Eurogroupe
Lors de la réunion de l’Eurogroupe vendredi, le ministre des Finances grec, Yánis Varoufákis, s’est retrouvé seul face à des ministres inquiets et agacés, qui lui ont unanimement demandé d’accélérer les travaux pour présenter la liste de réformes. - Photo Nicholas Kamm/AFP
Le ministre grec des Finances isolé face à ses homologues. La Grèce menace de tenir un référendum si on la pousse trop dans ses retranchements.
Plus le temps passe, plus la Grèce est à court de liquidités, plus elle approche du défaut de paiement et moins sa position de négociation est forte. Le ministre des Finances grec, Yánis Varoufákis, en a fait l’amère expérience lors de la réunion de l’Eurogroupe vendredi. Il s’est retrouvé seul face à des ministres inquiets, agacés et fatigués, qui lui ont unanimement demandé d’accélérer les travaux pour présenter la liste de réformes exigées par l’accord de l’Eurogroupe conclu le 20 février.
Plus le temps passe, plus la Grèce est à court de liquidités, plus elle approche du défaut de paiement et moins sa position de négociation est forte. Le ministre des Finances grec, Yánis Varoufákis, en a fait l’amère expérience lors de la réunion de l’Eurogroupe vendredi. Il s’est retrouvé seul face à des ministres inquiets, agacés et fatigués, qui lui ont unanimement demandé d’accélérer les travaux pour présenter la liste de réformes exigées par l’accord de l’Eurogroupe conclu le 20 février.
C’est sûr que si on s’imagine qu’on va trouver UN pays solidaire pour aider la Grèce qui lui doit de l’argent – vive l’Europe !
Une réunion pleine d’acrimonie, les ministres des Finances européens exprimant leur frustration en face d’un ministre toujours jugé trop professoral et condescendant.
Ah j’ai cru que c’était parce que la Grèce ne pouvait pas payer – si c’est juste à cause du sourire du gars, ça va alors…
In fine, le ministre des Finances français, Michel Sapin, a évoqué une réunion « utile », puisque tous ont demandé, une nouvelle fois, au gouvernement grec d’accélérer les travaux. A l’inverse, l’équipe de Yánis Varoufákis a évoqué une réunion « inutile », où les ministres font des remontrances sans intérêt au lieu d’aller au fond des dossiers.
Désormais la donne est claire : il reste au plus tard jusqu’au 30 juin, date d’échéance de l’aide européenne pour trouver un accord. A Riga, Jeroen Dijsselbloem a rejeté d’accorder des prêts partiels en échange d’un début de programme de réformes. Il a répété la nécessité d’obtenir un programme de réformes global.« Il faut faire l’addition des mesures pour comprendre quel est l’équilibre sur les finances publiques grecques, sur l’excédent primaire budgétaire et c’est ce que nous attendons toujours », a expliqué Michel Sapin.
Des garanties adéquates
Isolé, Yánis Varoufákis a rencontré, samedi, le président de la BCE, Mario Draghi, celui de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, et le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, pour faire le point. Pour l’heure, la BCE a, infailliblement, soutenu Athènes, grâce à son aide d’urgence (ELA – Emergency liquidity assistance) au système bancaire grec. Mais pour continuer, les banques grecques doivent être solvables et apporter des garanties adéquates. Or, si les retraits des dépôts bancaires se poursuivent et si les taux d’intérêts des obligations grecques s’envolent, réduisant d’autant la valeur des obligations grecques apportées en garantie à la BCE, la banque centrale aurait du mal à maintenir son aide. Pour autant, personne n’admet préparer de plan B. Pour la Grèce, instaurer un contrôle des capitaux, à la veille de la saison touristique, serait une catastrophe.
Aussi Yánis Varoufákis a reconnu qu’il n’y avait pas d’autres issues que d’accélérer les négociations. « L’accord viendra au plus vite car nous n’avons d’autres options », a-t-il admis.
Sérieusement, il m’épate le type ! Quel négociateur quand même… “La négo est dure, mais je n’ai pas d’autre option que d’obtenir un accord”, c’est sûr qu’il est en position de force… [Mode ironie là]
La Grèce va, donc, reprendre les sujets des retraites – elle reconnaît, à présent, la nécessité d’une réforme -, de la TVA, des privatisations. Il faudra trouver une issue sur les saisies immobilières. Un sujet difficile, pour aboutir à l’équilibre entre la protection des plus démunis et la nécessaire épuration des comptes pour faire redémarrer le crédit. Le prochain Eurogroupe est prévu le 11 mai à Bruxelles. Il reste beaucoup de travail avant un accord, et la Grèce menace de tenir un référendum si on la pousse trop dans ses retranchements. Toutefois, comme l’a déclaré Yánis Varoufákis , ni la zone euro, ni la Grèce « n’ont le droit de ne pas trouver un accord ».
Les Grecs ont voté pour des changements, mais comme le montre un sondage publié par « To Vima », ce week-end, 72 % veulent un accord entre Athènes et ses créanciers, et une minorité prône le refus de tout compromis. 80 % d’entre eux disent vouloir rester dans l’Union européenne et 74 % dans l’Otan. L’accord viendra.
Ils sont vraiment lobotomisés par l’euro les pauvres grecs
Source : Anne Bauer, pour Les Echos, le 27 avril 2015.
Grèce : Athènes remanie son équipe de négociation avec ses créanciers
Critiqué et isolé, le ministre de l’Economie grec, Yanis Varoufakis, sauve les apparences mais perd un peu la main dans les négociations avec les créancier d’Athènes - AFP – Paul J Richards
Officiellement le ministre de l’Economie, Yanis Varoufakis, continue de superviser l’équipe de négociateurs grecs. Mais la coordination de leur travail et l’élaboration du programme de croissance destiné à servir de base à un accord sont confiés à d’autres.
Si l’on dit toujours qu’on ne change pas une équipe qui gagne, de toute évidence le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a pris la mesure des critiques qui, en fin de semaine dernière, se sont abattues son ministre des Finances, Yanis Varoufakis à la suite de la réunion de l’Eurogroupe.
Yanis Varoufakis, dont le style et le discours peu conventionnels déplaisent à certains de ses pairs, est en effet une nouvelle fois apparu isolé lors de cette réunion avec ses homologues de la zone euro en Lettonie, dont il est revenu les mains vides. L’Eurogroupe a ainsi averti le gouvernement grec qu’il n’obtiendrait le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide financière qu’en échange d’un plan de réformes économiques complet et détaillé, et que le délai pour y parvenir était de plus en plus court.
La coordination des négociateurs échappe à Varoufakis
Conséquence directe de cette situation, les apparences sont sauves pour Yanis Varoufakis qui garde le soutien d’Alexis Tsipras et conserve le rôle de superviseur de l’équipe des négociateurs. Mais la coordination de leur travail a été confiée à Euclide Tsakalatos, ministre délégué aux Affaires économiques internationales au sein du ministère des Affaires étrangères.
Une décision qui donne à penser que ce professeur d’économie diplômé de l’université d’Oxford, né en 1960, exercera un rôle accru dans les discussions directes avec les représentants des créanciers de la Grèce (Union européenne et Fonds monétaire international).
Un proche du vice-Premier ministre élaborera le programme de croissance
Autre choix renforçant cette impression de mise sous surveillance de Yanis Varoufakis, son secrétaire général Nikos Theocharakis, qui dirigeait les discussions au niveau technique avec le “groupe de Bruxelles”, va désormais s’attacher à élaborer un programme de croissance économique destiné à servir de base à un accord avec les créanciers en juin.
George Chouliarakis, considéré comme un proche de l’influent vice-Premier ministre Yannis Dragasakis, va prendre la responsabilité des discussions avec le groupe de Bruxelles.
Enfin, une nouvelle équipe a aussi été constituée pour collaborer avec les représentants de l’UE et du FMI chargés de la collecte des informations à Athènes sur la situation de la Grèce.
L’ensemble de ce remaniement a été salué par les Bourses européennes , qui se sont retournées à la hausse après cette annonce.
Source : Les Echos, le 27 avril 2015.
Grèce : les taux d’emprunt plongent, la Bourse s’envole
Le taux grecs à 3 ans se détendent de 300 points de base dans l’espoir d’avancées dans les négociations - Shutterstock
Le remaniement de l’équipe chargée des négociations de la Grèce avec ses créanciers soulage les marchés. Les Bourses européennes ont rebondi.
« Ils sont unanimes dans leur haine contre moi et leur haine me fait plaisir ». Ce tweet envoyé dimanche par Yanis Varoufakis, le ministre des Finances grec -, qui fait référence au discours de Roosevelt de 1936 en faveur du New Deal – a trouvé un sombre écho ce lundi. La perspective d’un amoindrissement du rôle du ministre « super star » dans les négociations avec les créanciers d’Athènes a en effet réjoui la communauté financière.
La Bourse de Paris au plus haut depuis 2008
Le rendement des emprunts grecs à 3 ans a fondu de pas moins de 400 points de base, passant de plus de 26 % à 22,3 %. La Bourse d’Athènes a aussi bien réagi, gagnant 4,37% en clôture. Et l’espoir d’ une sortie de l’impasse pour la Grèce a eu des répercussions sur le reste de la zone euro. Les taux des pays de la « périphérie » (Portugal, Espagne, Italie) se sont détendus et les places boursières européennes ont retrouvé des couleurs. La Bourse de Paris a même terminé au plus haut depuis janvier 2008, avec un gain de 1,3 % à 5.268,91 points.
Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, a manifestement pris la mesure des critiques exprimées à l’encontre de son ministre des Finances lors de l’Eurogroupe qui s’est tenu à Riga en fin de semaine passée. Yanis Varoufakis est rentré les mains vides et les partenaires européens ont manifesté une impatience accrue à l’égard d’Athènes. D’où l’annonce d’un remaniement de l’équipe en charge des négociations ce lundi : le ministre grec dont la renommée est sans égal n’est pas totalement écarté, mais il jouera un rôle de second plan. Ce qui, du point de vue des investisseurs, améliore les chances de trouver une solution, alors que la Grèce court derrière les liquidités et risque prochainement l’accident de paiement.
Forte contagion en cas de « Grexit »
Selon la banque Goldman Sachs, un scénario de « Grexit » (sortie de la Grèce de la zone euro, suite à un accident de paiement et un échec total des négociations avec les créanciers) serait bien un « événement systémique » pour les marchés financiers. S’il se réalisait – ce n’est pas le scénario central de Goldman Sachs – l’écart des taux italien ou espagnol avec ceux de l’Allemagne pourrait atteindre 350 à 400 points de base avant qu’un pare-feu soit mis en place. Comme la plupart des spécialistes, Goldman Sachs estime que la Banque centrale européenne (BCE) serait obligée d’intervenir pour calmer la contagion, de même que le Mécanisme européen de supervision (MES).
Les analystes rappellent cependant que les investisseurs privés sont peu exposés à la dette grecque : ils détiennent 36 milliards d’euros d’obligations (concentrées dans les mains d’une poignée d’investisseurs).
Source : Les Echos, le 27 avril 2015.